RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
28 
Il, elle, masculin, féminin : la langue et l’égalité des sexes

Questions de genres

Messieurs de l’Académie, excusez mon audace, puis-je attenter à votre divine quiétude sous la coupole et vous interpeler un instant d’éternité pour vous soumettre une question de genre ou plutôt le problème délicat de l’accord, de la concordance des genres humains et grammaticaux ?

Certaines féministes, extrémistes de leur genre sexué, revendiquent et veulent imposer, comme reconnaissance de leur talentueuse féminité, la féminisation de certains mots communs dont l’usage séculaire ne connaît que le genre grammatical masculin. Ainsi en va-t-il notamment pour professeur, écrivain, auteur, ces professions des belles lettres. L’usage se répand chez les journalistes et parmi les universitaires d’une féminisation telle que professeure, écrivaine, auteure, docteure en ajoutant un "e" novateur à la fin du mot introduit par un article féminin. Et des querelles enflamment même l’hémicycle parlementaire pour l’appellation de "madame la Ministre" ou de "madame le Ministre", alors qu’au sénat on fait usage, sans polémiques, d’un "madame le rapporteur des lois". Alors messieurs les Académiciens et mesdames les Académiciennes, faut-il accorder le genre féminin à tous ces estimables titres pour en reconnaître et légitimer la femme qui les porte au-delà des cas usités comme un instituteur, une institutrice, un conducteur, une conductrice, un roi, une reine… ?

Comme par exemple, un député, une députée. Facile. Ça ne mange pas de pain. Un président, une présidente. Inutile, il n’y en a jamais eu en France. Pas de problème pour le ou la gynécologue. Alors un maçon, une maçonne (comme maçonnerie) ? Ça sonne bien (attention à la cédille). Mais c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de féministes maçonnes. Dommage. Un pécheur, une "pécheuse" ? Ça coince. Une pécheresse ? Ce n’est pas le même poisson. Un maire, une maire ? Mais attention à la confusion de la mère. Plutôt une mairesse comme maîtresse pour maître. On rencontre à l’université une telle "maîtresse de conférence" du laboratoire du professeur Casanova : un terme malheureusement équivoque qui se prête par homonymie et paronomase à l’ironie tentante de la promotion de la chaire. Mais pourquoi "docteure" en science et non doctoresse ? Il y a plus embarrassant. Un chef d’État, une cheffe d’État ? Un officier, une officière ? Incongru. Un chauffeur, une chauffeuse. Chaleur ! Il y a pire : un pompier, une pompière ! De très mauvais goût surtout si elle est aspirante. Un assassin… une meurtrière ? Non, dit madame le ou la juge ? Difficile… Dernièrement, une revue technico-militaire, révélait qu’une femme avait été promue à la tête d’un organisme stratégique comme "colonelle". Attention au quiproquo ! Traditionnellement, le terme de madame la "colonelle", comme celui de madame la "générale", était réservé, selon une hiérarchie domestique parallèle, à l’épouse du colonel ou du général. Enfin, on a appris, cet été, qu’une première femme était devenue "entraîneur" d’un club de foot. L’annonce disait bien une femme "entraîneur" et non pas entraîneure (entrain heure ?) et surtout pas "entraîneuse", un rôle féminin, il est vrai, déjà assuré auprès de célèbres footballeurs par une certaine Zahia.

A contrario, faudra-t-il changer le genre grammatical de ces occupations mâles qui sont outrageusement nommées par un mot du genre féminin ? Comme par exemple un homme de ménage comme pendant à la femme de ménage. Mais pour cette sentinelle que devient le soldat qui monte la garde ? Faudra-t-il conserver ce féminin pour accorder ladite sentinelle, qui lui sied parfaitement, à cette femme soldat qui monterait la garde justement (il y en a actuellement un nombre croissant dans l’armée de métier) ? Et donc, pour ce malheureux soldat efféminé, lui restituer sa virilité en le nommant désormais "un sentinel". Idem pour une estafette qui deviendrait "un estafet" pour l’homme ? Mais pour une pute, un put ? Ça jure ! Seul le féminin semble supportable, même pour les hommes, honteusement féminisés dans l’opprobre.

Décidément la langue française a parfois mauvais genre.

Essayer de régler ce dilemme par la règle de la majorité. Par exemple, aujourd’hui, plus de 60% des enseignants sont des femmes. Dans un retournement historique, qui ne serait que justice, il serait donc légitime, en reconnaissance de cette domination, d’attribuer à cette fonction le genre féminin : monsieur Thalès deviendrait une professeure. Ou un professeure. La gent enseignante pourrait bien s’en accommoder puisqu’elle a accepté sans difficulté d’être un ou une collègue, un ou une auxiliaire et un ou une camarade, toutes appellations qui supportent l’ambivalence du masculin et du féminin. Mais à quoi bon ces distinctions sexuelles ? Les sciences de l’éducation objecteront qu’il n’existe aucune différence significative dans le travail des enseignants en fonction de leurs genres.

Alors mesdames les académiciennes (priorité au féminin), pour résoudre cette quadrature du genre, ne serait-il pas plus simple d’inventer dans la langue française le genre neutre pour l’universel ? Enfin ! Comme en allemand avec "der man", "die frau" et "das mench" pour l’Homme au sens de l’humain. Inventer deux nouveaux articles singuliers neutres comme "li" ou "lo" et "uni" ou "uno" (en s’inspirant de l’italien) pour nommer les fonctions, les titres et les professions neutralisés : uno professeur, lo ministre, uno auteur, écrivain, lo président, uno officier, lo chef d’état. Au diable leurs genres sexués, seule compte la fonction ! Au pays des lumières, une révolution grammaticale ! Réconcilier ainsi les hommes et les femmes d’autorité pour faire cesser par le neutre la guerre des genres humains pour la domination et établir la paix sémantique et l’égalité par la grammaire.

Il n’est pas nécessaire de me répondre de sitôt. Il n’y a pas urgence. La longueur des débats savants, du genre du sexe des anges, pourrait accoucher d’un arrêté dans le temps long et lent de la réflexion protocolaire, disons… dans un siècle.

Claude Mattiussi
Docteur en sciences de l’éducation.

ET VOIR (entre autres dans nos archives) :
www.legrandsoir.info/reprenons-langue-s.html

http://www.legrandsoir.info/Le-la-Grand-e-Soir-ee-a-ses-lecteurs-trice...

URL de cet article 26952
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Histoire du fascisme aux États-Unis
Larry Lee Portis
Deux tendances contradictoires se côtoient dans l’évolution politique du pays : la préservation des “ libertés fondamentales” et la tentative de bafouer celles-ci dès que la “ nation” semble menacée. Entre mythe et réalité, les États-Unis se désignent comme les champions de la « démocratie » alors que la conformité et la répression dominent la culture politique. Depuis la création des États-Unis et son idéologie nationaliste jusqu’à George W. Bush et la droite chrétienne, en passant par les milices privées, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

En Occident, la guerre deviendra la norme, la guerre constante. Les gens grandiront, atteindront la maturité, deviendront adultes, avec l’idée qu’il y a toujours une guerre. Alors la guerre ne sera plus une chose exceptionnelle, inhabituelle ou horrible. La guerre deviendra la nouvelle normalité.

Julian Assange

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.