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Festival international du film engagé à Alger

Belle et rebelle

Angela Davis, une battante et combattante défiant l’establishment américain. | © D. R.

Une coiffure afro légendaire. Un poing levé. Une cause jusqu’au bout des ongles. Celle d’une panthère noire : Angela Davis.
Shola Lynch en a fait un documentaire, Free Angela and All Political Prisonners qui a été projeté à Alger, à l’occasion du Festival international du film engagé se déroulant du 19 au 26 décembre 2013...

Le film documentaire intitulé Free Angela and All Political Prisonners (Libérez Angela et tous les prisonniers politiques) réalisé par Shola Lynch, a été projeté vendredi après-midi (20 décembre 2013 -NdE) à la salle El Mouggar, à Alger. Et ce, à l’occasion du Festival international du film engagé — dont c’est la 4e édition — se déroulant du 19 au 26 décembre 2013.
Free Angela… est en compétition avec 10 autres films. C’est l’œuvre d’une diplômée d’histoire et de journalisme américaine, actrice et productrice.
Shola Lynch est déjà l’auteure d’un documentaire portant sur la députée Shirley Chilsom, en 2004.

S’intéressant aux grandes figures afro-américaines ayant marqué l’histoire des États-Unis, Shola Lynch relatera immanquablement l’histoire d’Angela Davis. Elle signe le parcours d’une battante et combattante avec Free Angela… en 2012. Angela Davis, cette intellectuelle féministe, militante, professeur de philosophie de l’université d’UCLA (San Francisco, Californie), activiste des Blacks Panthers — branche radicale et « hardliner » du mouvement civique afro-américain —, communiste, membre du club Che Lumumba, était une révolutionnaire.

Surveillée, renvoyée, traquée, incarcérée, jugée...

À son corps défendant, Angela Davis, dont le nom est magique, claque, sonne et résonne, est entrée dans l’histoire. Elle a tout « plaqué » depuis sa ville natale, Birmingham en Alabama, giron pionnier des droits civiques des afro-américains avec la dame de « cœur », Rosa Parks. Alors qu’elle était destinée à un avenir confortable. Puisqu’elle est issue d’une famille aisée du sud. Shola Lynch propose un flash-back dans les années 1960 et 1970. Un ballet incessant entre le noir et blanc et la couleur ou encore le technicolor. Entre images d’archives et celles actuelles, les témoignages.

Entre la beauté du diable d’Angela Davis en 1970, irradiant et crevant l’écran — on dirait une icône « jacksonnienne », funky haranguant la foule — et la maturité canonique d’aujourd’hui. Un compromis esthétique et narratif avec, de surcroît, un montage bien ficelé. Ainsi, en compulsant l’« album-inventaire » de Shola Lynch, l’on découvrira qu’Angela Davis, pour les Afro-américains, c’est une légende, une courageuse activiste qui est passée à l’acte légalement. Dans le monde, en Allemagne de l’Est et de l’Ouest, en Italie, en Pologne, en URSS, en Tchécoslovaquie, en France ou encore dans les pays africains, elle est adulée et on adhère à son combat.

Pour le FBI, Angela Davis est une terroriste ; pour Ronald Reagan, alors gouverneur de Californie, une dangereuse criminelle, la femme la plus recherchée des États-Unis, figurant parmi le top 10 des « most wanted ». Une ennemie publique n°1 ! Car elle sera harcelée, menacée de mort, renvoyée de l’université, lynchée médiatiquement, surveillée et puis traquée par le FBI, en Californie, en Floride et puis à New York, appréhendée manu militari, emprisonnée et jugée pour trois chefs d’inculpation, dont celui pour complicité de meurtre dans une prise d’otage sanglante dans un tribunal pour libérer des détenus politiques afro-américains. Dans le milieu carcéral, Angela Davis écrira et méditera pour s’extirper de l’isolement, l’angoisse et la psychose de la condamnation à mort.

En portraitiste documentariste, Shola Lynch brosse un profil pas du tout bas. Au contraire ! Humain, humaniste, émouvant et lacrymal émaillé par des anecdotes comme celle de ce fermier blanc qui a proposé d’hypothéquer sa ferme pour payer la caution d’Angela Davis. Ou encore la caution de Jean Genet, Nina Simone, Aretha Franklin… La musique de ce film a été composée subtilement par le grand guitariste Vernon Reid, ex-membre du groupe Living Colour ayant officié entre autres aux côtés de Mick Jagger et Kieth Richards. Et il a été coproduit par Jay-Z et Will Smith, une autre précieuse caution.

K. Smail, le 22.12.13.

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(Propos rapportés par le New York Times, 27/3/2010).

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