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Pour qu’il n’y ait pas de quatrième mandat pour Abdelaziz Bouteflika.

Dans un pays où la courtisanerie est banalisée, il n’est pas impossible d’entendre des bêtises à couper le souffle. En effet, le soutien du FLN au chef d’État, de surcroit grabataire, pour qu’il brigue un quatrième mandat est – qu’on le veuille ou non – une façon servile de faire de la politique.

Bien que le peuple algérien n’ait rien à attendre du FLN actuel (peut-on d’ailleurs comparer le FLN de Larbi Ben Mhidi, de Mohammed Boudiaf, de Hocine Ait Ahmed, qui l’ont créé pour mettre fin au joug colonial à celui d’Amar Saidani ?), cette annonce constitue une injure au peuple algérien. En toute âme et conscience, le fait-il dans l’intérêt de l’Algérie ? Ce n’est pas sûr. Pour le régime algérien, les intérêts du clan passent avant ceux de l’Algérie.

Cela dit, sans remettre en cause le droit de quiconque de débiter des niaiseries, le chef de l’État est incapable – dans le respect des normes de la fonction présidentielle – d’assumer un tel rôle. D’ailleurs, dans un pays où le pouvoir émane réellement du peuple, le conseil constitutionnel aurait prononcé, depuis pas mal de temps déjà, son incapacité à gérer le pays. Hélas, dans le cas algérien, les institutions sont tellement inopérantes qu’une certaine opposition, connue par ailleurs pour sa promptitude à appeler au coup d’État militaire, en appelle carrément à sa destitution. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cet esprit est en contradiction avec l’idée de bâtir des institutions démocratiques. En tout cas, le cas algérien des années 1990 est assez éloquent pour ne pas croire à une démocratie sous la protection de l’armée. Normalement, c’est au peuple qu’échoit ce rôle.

Quoi qu’il en soit, bien que les Algériens ne sachent pas ce qu’ils veulent en ce moment, ce choix – et ne serait-ce que pour ne pas être la risée des peuples – devra être rejeté si le chef de l’État se présente. Car, au mieux, il va conduire à une situation de non-changement et, au pire, dans le cas notamment où la donne pétrolière changerait, à une explosion sociale. Pour étayer cette thèse, voilà ce qu’écrit Nadjia Bouaricha, après l’annonce de Saidani appelant à la candidature de Bouteflika :
« quatorze années plus tard, le peuple algérien en est à chercher un objet de fierté dans le football faute de le trouver ailleurs. Est-ce bien cela, le bilan qu’on va plaider pour ce statu quo suicidaire qu’on veut habiller du burnous de la stabilité. »

De toute façon, au-delà d’une polémique sur les chiffres et les bilans, la question qui se pose est la suivante : l’Algérie a-t-elle besoin d’un pouvoir issu du peuple ? En fait, même si le chef de l’État a accompli des réalisations (en tenant compte des moyens dont dispose le pays, celles-ci sont en deçà des attentes), le système de gouvernement doit changer littéralement.
À ce propos, la comparaison entre le chef de l’État algérien et le président Roosevelt est limite une insulte au peuple algérien. Car, si le président américain avait accumulé autant de mandats, son pays était uniment en guerre.
En outre, le président Roosevelt ne s’est pas maintenu en vue d’assouvir une soif de pouvoir. Quant au peuple américain (il faut rappeler que l’amendement de la constitution en 1951, relatif à la limitation du nombre de mandats présidentiels), il l’a promulgué, à travers ses élus au Congrès, pour éviter de tels scénarios. Or, dans le cas algérien, Abdelaziz Bouteflika a sauté le verrou constitutionnel en novembre 2008 pour qu’il meure sur le trône.
Par conséquent, la comparaison d’Amar Saidani, secrétaire général du FLN (le vrai FLN a été liquidé en 1962 par le recours au coup d’État), ne tient nullement compte de contexte historique.

Incontestablement, cela montre aussi que les dirigeants actuels ne doivent pas être associés à la recherche d’une solution de sortie de crise. S’il doit y avoir un changement en Algérie, celui-ci devra se faire sans l’équipe dirigeante. En effet, si les Algériens veulent construire un État égalitaire, selon les principes énoncés le 1er novembre 1954, il faudra qu’ils comptent sur eux-mêmes. Et surtout, il faut qu’ils se rendent à la seule évidence : les dirigeants vivent dans l’opulence, donc ils feront tout pour maintenir ce statu quo ante. Qu’ils se nomment Amar Saidani, Amar Ghoul, Amara Benyounès, Ahmed Ouyahia, Abdelkader Bensalah, ils tètent tous la même mamelle. Par conséquent, la solution réside dans la mobilisation des citoyens. Et s’ils ne peuvent pas s’entendre sur un programme politique, ils devront infliger une défaite électorale à ce régime. Car, quel que soit les défauts de leur candidat vainqueur, il ne fera pas pire que le pouvoir actuel.

Pour conclure, il va de soi que le maintien du statu quo est catastrophique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le constat est partagé par la majorité. Bien qu’ils ne soient pas d’accord sur la manière, les différentes échéances électorales ont prouvé que le régime n’avait pas de base populaire. Profitant de cette mésentente endémique entre les Algériens, le régime parvient à se maintenir sans ambages. Mais, faut-il continuer à se désintéresser du sort du pays ? En abandonnant l’arène, les Algériens commettraient une erreur grave. Si les conséquences sont à présent atténuées par l’aisance financière, leur persévérance dans cette voie condamnerait l’Algérie à la déliquescence.

Ait Benali Boubekeur

»» http://ait-benali.over-blog.com/
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Cette démocratie si parfaite fabrique elle-même son inconcevable ennemi, le terrorisme. Elle veut, en effet, être jugée sur ses ennemis plutôt que sur ses résultats. L’histoire du terrorisme est écrite par l’État ; elle est donc éducative. Les populations spectatrices ne peuvent certes pas tout savoir du terrorisme, mais elles peuvent toujours en savoir assez pour être persuadées que, par rapport à ce terrorisme, tout le reste devra leur sembler plutôt acceptable, en tout cas plus rationnel et plus démocratique.

Guy DEBORD

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