Sous le silence international, des groupes liés à Al-Qaïda attaquent les Kurdes syriens depuis plus d’une semaine, même s’ils sont incapables de gagner cette bataille. Seule la Russie a condamné « résolument » les attaques visant la population kurde. Depuis 16 juillet, près de 200 membres d’Al-Qaïda ont été tués par des forces kurdes.
Les combattants d’Al-Qaïda et la Turquie étaient voisins à Rass-al Ain (Sêrékaniyé) jusqu’au 16 juillet. Ils utilisaient la frontière de la Turquie comme base arrière. Ils recevaient et reçoivent toujours le soutien militaire et économique depuis la Turquie.
L’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) et le front Al-Nosra disposent de chars et d’armes lourdes. Pour les Kurdes, ces groupes ont été installés par la Turquie près des zones kurdes. Quand les combattants kurdes ont pris le contrôle total de Rass al-Ain, le 17 juillet, en chassant ces « bandes armées » qui se cachent derrière l’Islam pour dissimuler leur barbarie, la Turquie a ouvertement manifesté son mécontentement.
MOSCOU CONDAMNE LES ATTAQUES CONTRE LES KURDES
Des centaines de civils kurdes ont été enlevés et utilisés comme bouclier humain, leurs maisons ont été pillées et détruites par ces groupes, appelés « rebelles ». Seule la Russie a condamné les attaques visant les Kurdes en Syrie. « Ces derniers jours, la situation s’est dégradée dans le secteur Est de la frontière syro-turque, surtout aux environs des villes syriennes de Ras El Ain et de Tal Abyad où des combats opposent des groupes d’extrémistes internationaux liés avec Al-Qaïda aux milices kurdes défendant leurs foyers contre les islamistes radicaux », a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères sur son site internet.
« Les extrémistes retiennent toujours près de 200 civils qu’ils utilisent comme bouclier vivant » a-t-il ajouté avant de poursuivre : « Moscou condamne résolument les atrocités commises par les terroristes internationaux dans le nord-est de la Syrie à l’égard des civils kurdes qui se tiennent à l’égard du conflit politique et militaire syrien. C’est une nouvelle provocation sanglante appelée à attiser les haines intercommunautaires, à disloquer le pays et à créer une plaque tournante du terrorisme international sur le territoire syrien. »
LE SILENCE COMPLICE DE L’OCCIDENT
Les Etats-Unis et le Conseil de sécurité de l’ONU ont ajouté le front Al-Nosra à sa liste d’organisations « terroristes », mais les pays de l’union européenne et les Etats-Unis n’ont fait aucune déclaration condamnant les attaques visant les Kurdes. Ni ces pays, ni l’opposition syrienne soutenue pars ces pays, n’ont pris une position claire sur les revendications légitimes et démocratiques du peuple Kurde au Moyen-Orient. Au contraire, ils croient être les seules forces qui peuvent avoir des idées et des projets sur l’avenir de la Syrie. Comment peut-on demander aux Kurdes de rejeter leurs droits légitimes et de vivres avec un statut prédéfini par des colonialistes ? Les kurdes sont l’un des plus enceins peuples de cette région et ils n’accepteront plus de vivre sous des régimes répressifs et négationnistes dans les frontières artificielles, dessinées au début du 20 e siècle.
AL-QAIDA SUBISSENT DE LOURDES PERTES
Malgré le soutien militaire et économique, ainsi que le silence des pays occidentaux, l’Al-Qaïda a subi une défaite cuisante. Des dizaines de membres d’Al-Qaïda ont été tués par des forces kurdes. A Tal-Abyad, entre les 20 et 23 juillet, plus de 110 membres d’Al-Qaïda ont été tués et des dizaines d’autre ont été capturés dont deux émirs de l’EIIL par les Unités de défense du peuple (YPG) et le Jabhat al-Akrad, a-t-on appris des sources proches de ces deux forces armées.
L’YPG est une armée kurde, créée en juillet 2012, constituée d’hommes et de femmes, tandis que le Front al-Akrad (Kurde), allié de l’YPG, a une quarantaine de bataillons, notamment dans les régions de Bab, Azzaz et Alep. Créé par les Kurdes, mais constitué de membres de toutes les ethnies en Syrie, ce front fait partie du conseil militaire du « véritable » armée syrienne libre (ASL).
Dans la nuit du 23 au 24 juillet, au moins 41 membres d’Al-Qaïda ont été tués par des combattants kurdes de l’YPG, près du village de « Misrafa », à 4 km de Rass al-Ain, suite à une attaque contre un barrage de l’armée kurde, selon des sources locales. Quatre combattants kurdes ont perdu la vie dans cette attaque menée par un char, a-t-on appris.
Dans le même temps, des affrontements ont lieu dans le village de Sikeriye, entre la ville kurde de Girkê Lêgué et celui à majorité arabe de Til Kocher. 25 membres d’Al-Qaïda et un combattant kurde ont été tués dans ces combats violents qui se poursuivaient le 24 juillet.
Les 16 et 17 juillet, les combattants kurdes avaient pris le contrôle d’une importante poste frontière avec la Turquie et s’étaient emparés du QG des groupes liés à Al- Qaïda sur la frontière, dans la ville de Rass al-Ain. Tous les groupes qui menaçaient les habitants et commettaient des crimes de guerre avaient été chassés de la ville.
Maxime Azadi