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Harcèlement policier et émeutes à Trappes

Christian (comité SQY) et Claude (comité SQY)

Trappes : une ville de 30.000 habitants dont 50 % ont moins de 30 ans. Une forte présence de population immigrée, victime du racisme quotidien de la police municipale du maire proche du PS, Guy Malandin. Une ville dont la population, très longtemps à forte représentation cheminote, est durement frappée par le chômage et le mal logement.

Une ville où il n’y a pas d’hôpital public mais un hôpital privé pratiquant des tarifs qui, allant jusqu’à 80% de dépassement du tarif sécu pour certains actes, interdisent aux trappistes de s’y faire soigner. Une ville où la mairie s’attaque à tous les services publics, à l’enseignement, à la culture. Une ville où la frustration et la colère de la jeunesse et de la population pauvre qui y habitent est de plus en plus palpable pour les militants du NPA qui diffusent régulièrement sur le marché.

Jeudi 18 juillet, un contrôle d’identité musclé d’une femme voilée intégralement, a donné lieu à des insultes policières et à des brutalités exercées sur sa mère et vis-à-vis de son mari qui a été placé en garde à vue. Le vendredi, environ 250 jeunes habitant-e-s faisaient le siège du commissariat pour exiger sa libération. Un affrontement violent a eu lieu avec la police et la gendarmerie qui ont utilisé des flash-balls et provoqué des blessures graves sur un jeune de 14 ans qui risque de perdre un œil.

La police et les medias ont entonné le couplet habituel des « casseurs », allant même jusqu’à inventer une propagation des émeutes dans les villes proches d’Elancourt et Guyancourt. Des photos truquées, à partir d’archives de 2005 et de montages, ont circulé sur internet et à la télé. De fausses informations ont été diffusées par la radio d’Etat, France Info. Cependant, ces médias sont obligés de reconnaître aujourd’hui qu’il s’agit de faux.

Des jeunes trappistes ont témoigné que ce n’était pas simplement pour « un contrôle d’identité qui tourne mal » qu’ils se révoltaient, mais parce que les contrôles au faciès visent systématiquement les personnes originaires du Maghreb et que, comme le disait la jeune Fatiha « quand on est contrôlé 100 fois, la 101ème fois, ça pète ! ».

La haine raciste des bandes armées du capital ne fait aucun doute quand on consulte le « Forum Police Info » sur Facebook où l’on peut lire les propos tenus par des policiers (enquête COPWATCH) dont certains ont participé aux affrontements. En voici quelques exemples : « C’est pas le Ramadan normellement ? (orthographe policière !) Et ben vous allez ramasser vos dents ! Loi, force et honneur ! »… A propos du jeune grièvement blessé par un flash-ball : « Merde ! Il aura plus qu’un œil pour pleurer ! »… « J’ai pris du plaisirs (orthographe policière toujours !) hier soir ! Sur 300 mecs contre 30 policiers, ça a même pas les couilles de venir au corps à corps ! »… Et encore ceci qui a le mérite de la clarté : « J’ai passé la nuit à Trappes hier avec les collègues. Pauvre France ! Vive le bleu marine ! ».

Valls et le maire Malandin ont soutenu sans réserve les forces de répression. Face à des femmes qui les interpellaient, Valls a osé répondre « qu’en aucun cas elles n’avaient le droit de profiter de la présence d’un micro pour critiquer l’action du ministre de la république et d’un excellent maire ».

C’est cette politique raciste et antisociale qui renforce dans les quartiers les autorités communautaires et l’islamisme politique réactionnaire dont on mesure aujourd’hui, dans les révolutions arabes, en Turquie ou en Afrique noire, de quel côté il se situe par rapport aux aspirations progressistes des masses, aux droits des femmes et des exploité-e-s. Dans les cités de l’Hexagone, traitées par l’Etat et ses forces de répression comme de véritables colonies intérieures, ces médiations religieuses jouent un rôle d’encadrement et de déviation de la colère des jeunes et des habitant-e-s.

Annulation de toutes les condamnation et arrêt de toutes les poursuites !

En comparution immédiate, 5 jeunes ont été jugés ; 2 peines de prison ferme ont été prononcées, l’une de 10 mois (avec mandat de dépôt) et l’autre de 6 mois, respectivement pour des jeunes hommes de 21 et 19 ans. Un jeune de 18 ans a en outre écopé de 6 mois de prison avec sursis, tandis qu’un agent de sécurité et un étudiant en licence de sciences éco étaient relaxés (mais le parquet a fait appel).

Les organisations ouvrières doivent entendre la colère des jeunes de Trappes et de nos frères et sœurs de classe opprimés dans les quartiers !

Il y a bientôt un an, ce n’était pas à Trappes mais à Amiens Nord que les jeunes et les habitants des quartiers se levaient. A chaque fois, c’est les mêmes discussions d’experts sur les plateaux télés de la bourgeoisie, où les uns et les autres s’interrogent sur le caractère « politique » de ces révoltes, comme si elles n’étaient pas générées par le racisme, l’oppression policière permanente et la misère imposée. Ce discours n’est que la rhétorique qui convient à une stratégie profonde des classes dominantes en France, qui vise à séparer et opposer au sein de notre classe les secteurs les plus « intégrés » de ceux les plus fragiles et les plus opprimés (notamment les travailleurs et jeunes immigré-e-s). Voilà pourquoi il est primordial pour les organisations de notre classe de lutter contre l’isolement de ces derniers, en se solidarisant de leurs mobilisations, en prenant en charge leurs revendications et en leur proposant une perspective. Voici donc ce que nous écrivions juste après les émeutes d’Amiens :

« (...) Avec le développement de la crise capitaliste et le terrain ouvert par elle aux divisions et à la recherche de boucs émissaires – phénomène largement exploité par l’extrême droite –, plus que jamais la question de l’unité de tous les travailleurs et des couches populaires est fondamentale, quelle que soit leur origine ou lieu d’habitation. La montée du chômage et de la misère, heurtée à une répression croissante, donneront lieu à de nombreuses explosions de colère et de révolte plus que justifiées de la part des jeunes et des couches les plus exploitées du prolétariat. Les évènements d’Amiens n’en sont qu’un premier symptôme. Mais ce n’est qu’en brisant leur isolement et en participant à un mouvement d’ensemble, aux côtés des autres travailleurs, avec ou sans emploi, que toute cette énergie pourra être mise au service d’une inversion du rapport de forces, qui commence à pouvoir régler le problème de la ségrégation et s’opposer efficacement à la dégradation constante des conditions de vie, qui fasse payer la crise aux capitalistes, mette à bas leur système et ouvre la voie à une société sans exploitation ni oppression.

Dans l’état actuel des choses, les habitants des quartiers entretiennent, dans une certaine mesure à juste titre, une grande méfiance envers les organisations politiques. D’un côté, les partis bourgeois utilisent épisodiquement quelques banlieusards pour faire croire à leur respect de la « diversité ». De l’autre, le PCF a gouverné pendant cinquante ans nombre de « banlieues rouges » où il a administré le capitalisme tout en conservant une rhétorique populiste, et en installant tout un système clientéliste de distribution des maigres avantages (logements sociaux, postes, colonies de vacances, etc.). C’était le couvercle nécessaire à la marmite.

La question posée aujourd’hui est alors de savoir si, au moment où cette médiation historique s’affaiblit (le PCF a par exemple perdu nombre de ses circonscriptions lors des dernières législatives, au profit du PS), les révolutionnaires seront capables d’aider à faire converger le combat de tous les travailleurs et de la jeunesse et de gagner ainsi la confiance des secteurs les plus radicalisés et conscients des banlieues.

Cela demande de faire des démonstrations, mais aussi de se battre au quotidien pour imposer aux organisations du mouvement ouvrier un programme en ce sens, défendant le partage du temps de travail entre toutes et tous, l’embauche massive dans le secteur public, la régularisation de tous les sans-papiers, la dissolution des forces répressives, l’abrogation de toutes les lois racistes et xénophobes.

S’adressant aux révolutionnaires français juste après la Première Guerre mondiale, Léon Trotsky répétait souvent que la lutte implacable contre l’impérialisme de « leur » bourgeoisie serait la preuve de l’existence d’un parti vraiment révolutionnaire en France. En allant dans le même sens, alors que près d’un siècle supplémentaire d’histoire impérialiste a installé dans les banlieues plusieurs générations d’immigré-e-s, on pourrait dire que la preuve de la présence en France d’un tel parti sera donnée lorsque les secteurs radicalisés de toutes les cités lui accorderont leur confiance » [1].

En conséquence, nous pensons que le NPA doit s’adresser à toutes les organisations du mouvement ouvrier et démocratique pour construire une mobilisation unitaire et de masse exigeant la levée des poursuites et l’annulation des sanctions contre les jeunes qui ont été réprimés, la régularisation de tou-te-s les sans-papiers, la dissolution des forces répressives (BAC, CRS, GIGN...) et l’abrogation de toutes les lois xénophobes et racistes.
24/08/2013

»» http://www.ccr4.org/Harcelement-policier-et-emeutes-a-Trappes

[1Voir L. Guillaume, 13/09/2012, « Emeutes à Amiens Nord. Solidarité avec nos frères et sœurs de classe contre la répression du gouvernement PS », http://www.ccr4.org/Solidarite-avec-nos-freres-de-classe-contre-la-repression-du-gouvernement-PS


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« Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! »

John Swinton, célèbre journaliste, le 25 septembre 1880, lors d’un banquet à New York quand on lui propose de porter un toast à la liberté de la presse

(Cité dans : Labor’s Untold Story, de Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, NY, 1955/1979.)

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