Depuis le 26 mars dernier, l’utilisation des OGM devient juridiquement intouchable aux États-Unis. L’amendement dit « Monsanto protection Act » à la loi américaine ( Plant Protection Act ) précise que « sur simple demande d’un cultivateur, exploitant ou producteur, le ministère de l’agriculture doit accorder une autorisation, ou une dérogation, même si l’autorisation a été précédemment annulée ou invalidée ».
En d’autres termes, cette loi ne permettra plus aux tribunaux américains de s’opposer à la vente ou à la plantation de plantes OGM même si elles n’ont pas été approuvées par la procédure officielle et même si elles font l’objet d’une suspension décrétée par un tribunal.
Monsanto devient en quelque sorte une exception à la règle universelle faisant du pouvoir judiciaire le garant de l’ordre public. En délivrant un chèque en blanc à Monsanto, les autorités étasuniennes jouent avec la santé de dizaines de millions d’Américains et menacent également l’Europe (par l’extension de cette loi à l’UE devenue partenaire des USA), et finalement la planète entière.
Décrire le géant multinational Monsanto peut s’apparenter à déboucher les égouts de l’Histoire récente et pas seulement dans le domaine de l’agro-alimentaire industriel et des pesticides, mais également dans des segments dans lesquels on ne s’attend pas du tout à trouver une société commercialisant des denrées alimentaires. Et la liste des activités nauséabondes paraît interminable…
En 1901, Monsanto a été initialement créée pour produire de la Saccharine vendue pour l’essentiel à une petite société en développement nommée Coca-Cola. Monsanto diversifie ses activités dès 1904 avec la production de caféine et de vanilline.
C’est en 1918 que débute la production d’aspirine : Monsanto en restera le premier producteur étasunien jusque dans les années 1980.
En 1940, Monsanto devient partenaire de l’armée des États-Unis, en effectuant des recherches sur l’uranium dans le cadre du projet Manhattan, qui vise la fabrication de la première bombe atomique. Parallèlement Monsanto crée « l’agent orange », désherbant hyper toxique, que l’armée des États-Unis perçoit comme une arme chimique potentielle. Monsanto développe donc son désherbant à usage militaire, qui sera employé par l’armée américaine lors de la guerre du Vietnam, en particulier entre 1961 et 1971 provoquant aujourd’hui encore de nombreux cancers, malformations congénitales et maladies diverses.
Ensuite on retrouve Monsanto dans ce qui se fait de pire : l’hormone de croissance bovine, les PCB hautement cancérigènes (désormais interdits), les insecticides et herbicides dont le tristement célèbre « Round-up » accusé entre autres d’être la cause de la mort de 60 % des abeilles aux USA, mais aussi en Europe ; ce phénomène particulièrement alarmant remet en cause tout simplement le rôle primordial des abeilles dans l’agriculture.
Via ses filiales, Monsanto est aussi un producteur d’aspartame, (succédané du sucre présent dans quasiment toutes les boissons allégées et dont certaines études vite démenties par les autorités sanitaires tendraient à prouver le caractère cancérigène.
Vous lisez bien ; l’aspartame que l’on retrouve dans vos sucrettes prises avec votre café du matin ou dans le soda « light » de vos enfants a été fabriqué par le même empoisonneur industriel qui a conçu le PCB, l’agent orange, le Round-up ou encore qui a collaboré à des recherches sur l’uranium qui a servi à vitrifier les habitants d’Hiroshima et de Nagasaki.
Le coup le plus réussi de cette firme est sans doute, pour l’instant, la céréale « round up Ready » savant mélange d’une plante génétiquement modifiée pour résister à l’herbicide total « round up « aussi commercialisé par Monsanto qui fait un coup de maître en vendant non seulement le poison mais également son antidote . Toutes les plantes sont détruites par Monsanto, sauf celles commercialisées par Monsanto. Le résultat est le suivant ; le maïs OGM fut suivi par le colza, le soja et même le coton « round up ready » qui dominent actuellement le marché étasunien, mais s’attaquent également aux pays émergents comme l’Inde, gros producteur traditionnel de coton) et l’Argentine, sans compter l’Europe qui devient de plus en liée à l’économie américaine. Aucune région ne semble échapper à la voracité du géant agro-chimique.
Par exemple, suite au tremblement de terre de 2010 à Haïti, Monsanto a annoncé la fourniture à titre gracieux de 475 tonnes de semences OGM aux paysans haïtiens.
Quoi de plus normal effectivement que de profiter d’une catastrophe naturelle de grande ampleur pour tenter de conquérir un marché jusque là basé sur l’agriculture traditionnelle.
Suite à cet élan de bienfaisance suspecte de la part de la compagnie, des milliers de paysans haïtiens ont manifesté contre Monsanto et dénoncé la volonté de la multinationale de détruire l’agriculture paysanne, la biodiversité, et de rendre les paysans locaux dépendants de ses produits.
Monsanto réalise des profits avec le blé et Haïti, comme d’autres, l’ont parfaitement saisi et se sont protégés de ce suicide agricole vers lequel la firme américaine a voulu les pousser.
En France, malgré l’interdiction de la culture à grande échelle des OGM, Monsanto a pourtant réussi à vendre des céréales modifiées par le biais de la nourriture pour le bétail qui n’est pas soumise à la même loi et qui finalement, va se retrouver indirectement dans le métabolisme des consommateurs que nous sommes. Votre santé n’a pas la même saveur qu’un bon bilan à présenter à Wall Street et puis si vous êtes atteint d’un cancer ou d’on ne sait quelle autre maladie, vous irez acheter les produits pharmaceutiques fabriqués par le groupe Monsanto, Bayer and Co., puisque toutes ses sociétés ont différentes adresses mais le même propriétaire Un peu comme le round up ready : on vous a vendu le poison et on vous vendra l’antidote.
Si la situation n’est pas désespérée, elle devient alarmante avec le « Monsanto Act » qui délivre un permis de nuire à l’agriculture traditionnelle et globale. Monsanto, nous l’avons vu, n’est pas issu de la dernière pluie en ce qui concerne la commercialisation de produits qui se sont avérés par la suite très nocifs, voire mortels. Ainsi il n’est pas impossible qu’un un jour cette firme sorte de son chapeau un lapin à huit pattes ou que demain les étalages de nos supermarchés soient remplis d’œufs cubiques pondus par des poules carrées génétiquement modifiées, nous laissant impuissants devant le constat que décidément il y avait quelque chose de pourri au royaume de l’agro-alimentaire. La mort des paysans, comme la disparition des abeilles, préfigurera l’ère du génétiquement manipulé : du précuit, du prémâché, du prédigéré, du précancéreux. Bref, le goût du cadavre dans la bouche.
http://www.palestine-solidarite.org/analyses.Olivier_Berlanda.060613.htm