Vendredi 25 janvier à l’aube la police anti-émeute est entrée dans les dépôts du métro d’Athènes afin d’en expulser les travailleurs en grève. Ce jour-là , les travailleurs commençaient leur neuvième jour de débrayage, défiant gouvernement, patronat et pouvoir judiciaire. L’action de la police anti-émeute s’est achevée par le quadrillage du quartier de façon à ce que personne ne puisse accéder aux dépôts pour soutenir les grévistes. Plusieurs travailleurs du métro ont été arrêtés pendant l’expulsion.
La veille, le gouvernement d’Antoni Samaras avait menacé d’arrêter les travailleurs qui ne respecteraient pas l’ordre de reprise du travail. Le gouvernement avait déclaré l’état d’urgence pour faire plier le mouvement ainsi que l’ordre de « mobilisation civile forcée », pour obliger les travailleurs à reprendre le travail, avec le risque, pour les contrevenants, d’être licenciés, arrêtés et incarcérés. Pour ce faire, la police s’apprêtait à perquisitionner le domicile des 2500 travailleurs du métro, mais ces derniers ont décidé de défier le décret et poursuivre leur mouvement. Pour ce faire, ils se sont retranchés pendant la nuit du jeudi 24 dans les dépôts du métro pour résister.
La grève avait été déclarée illégale quelques jours auparavant par le pouvoir judiciaire car les travailleurs avaient refusé d’assurer le service minimum exigé par le gouvernement et l’entreprise privée qui contrôle les transports ferrés de la capitale grecque. Ce chantage avait pour but d’entamer un peu plus le droit à la grève dans des secteurs stratégiques comme les transports. En défiant cette imposition du patronat, les travailleurs ont paralysé l’un des principaux moyens de transport de la ville d’Athènes pendant plus d’une semaine.
Vendredi 26 janvier, une grève totale des transports d’Athènes a eu lieu en solidarité avec les travailleurs du métro et contre la répression. Des nouvelles grèves du même secteur ont été annoncées pour le mardi 29 et le jeudi 31 janvier, auxquelles vont s’associer également les traminots assurant les transports de banlieue.
Dans le cas spécifique du métro athénien, les travailleurs luttent contre la tentative du gouvernement de baisser leur salaire, comme cela a déjà été eu lieu dans le public, mais aussi contre la suppression de la convention collective du métro. Les baisses salariales, 25% en moyenne, pourraient même atteindre parfois 50%.
La répression et l’ordre de « mobilisation forcée » ont suscité un rejet parmi de larges secteurs du monde du travail, mais aussi à gauche, qui a accusé le gouvernement d’union nationale Nouvelle Démocratie-PASOK d’avoir recours aux méthodes de la dictature militaire. Les sociaux-démocrates grecs qui participent au gouvernement ont d’ailleurs qualifié la grève d’inacceptable. Le décret gouvernemental se base sur une loi de 1974, date de la chute de la dictature des Colonels, amendée par la suite en 2007, et qui confère des pouvoirs extraordinaires au gouvernement et à la police pour forcer les grévistes à reprendre le travail.
Bien que la répression du gouvernement a momentanément réussi à faire plier la grève, les syndicats du transport ont déjà annoncé de nouvelles mesures de lutte pour la semaine à venir. Les travailleurs du métro d’Athènes sont un exemple de combativité pour tous les travailleurs grecs, car ils défient l mise en place du service minimum ainsi que le décret rendant leur mouvement illégal. La grève en solidarité de la part de tous les secteurs du transport public constitue un autre exemple pour tous les travailleurs, pour souder l’unité et la solidarité.
Josefina Martinez
Source : http://www.ccr4.org/Greve-des-travailleurs-du-metro-a-Athenes
26/01/13