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Une victoire contre la marchandisation de l’école. Les « Masters de l’économie » condamnés par la justice.

Communiqué d’Attac.

Depuis plusieurs années, Attac mène le combat contre la marchandisation
de l’éducation, et notamment contre l’intrusion des intérêts
commerciaux, des marques et de la publicité à l’école. Dans ce registre,
le cas le plus emblématique est le scandaleux jeu concours « Les Masters
de l’économie », du groupe bancaire CIC, qui organise l’apprentissage de
la spéculation boursière au sein des établissements. Multipliant
lettres, pétitions, manifestations et délégations, Attac en avait
demandé l’interdiction au ministres successifs de l’éducation nationale
 : Claude Allegre, Jack Lang, Luc Ferry, François Fillon. Aucun d’entre
eux n’avait osé déplaire à cette puissante banque privée. Seul Jean-Luc
Mélenchon, ministre délégué à l’enseignement professionnel, avait
interdit le jeu concours du CIC dans les établissements, relativement
peu nombreux, relevant de son autorité.

En s’appuyant sur une décision de la 4ème Chambre du Tribunal
administratif de Cergy-Pontoise, en date du 1er juillet 2004, Attac va
mener campagne pour bouter définitivement les « Masters » hors des
établissements publics. Faisant droit à une requête de Gilbert Molinier,
professeur de philosophie au lycée Auguste Blanqui de Saint-Ouen
(Seine-Saint-Denis), le tribunal a en effet déclaré « illégal » le jeu
du CIC dans cet établissement. Les attendus de sa décision sont
particulièrement sévères : « Ce jeu avait clairement des objectifs
publicitaires et commerciaux pour la banque organisatrice » et « tombait
sous le coup de la prohibition des initiatives de nature publicitaire,
commerciale, politique ou confessionnelle figurant au règlement
intérieur de l’établissement » ; il « contrevenait également au
principe de neutralité de l’école rappelé par de nombreuses circulaires
et notes de service émanant du ministère de l’éducation nationale ». La
justice inflige ainsi un cinglant camouflet à des ministres qui, en
pleine connaissance de cause et par complaisance envers les entreprises
privées, ont refusé de faire appliquer les textes de leur propre
administration.

La décision du Tribunal administratif de Cergy-Pontoise est appelée à 
faire jurisprudence. Attac va se mobiliser pour qu’elle soit appliquée
dans tous les établissements où sévit ce jeu, ainsi que d’autres
opérations du même acabit. Dans une lettre au ministre François Fillon
et à tous les recteurs, Attac leur demande de faire mettre un terme
immédiat aux Masters. Parallèlement, les militants et sympathisants
d’Attac, qu’ils soient enseignants, parents d’élèves, élèves ou
représentants de collectivités, doivent, établissement par
établissement, informer la communauté éducative du jugement du tribunal
de Cergy-Pontoise. En se fondant sur lui, ils doivent ensuite exiger
une délibération du conseil d’administration afin d’interdire toute
intrusion des intérêts marchands, qu’il s’agisse des Masters ou de toute
autre forme de prosélytisme commercial des marques, camouflé en outil « 
pédagogique ». Le Tribunal administratif de Cergy-Pontoise rappelle en
effet que c’est le conseil d’administration qui, aux termes de l’article
L. 421-4 du Code de l’éducation, « règle, par ses délibérations, les
affaires de l’établissement ».

Par ailleurs, Attac va renforcer son combat pour l’abrogation du « Code
de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire »
qui a fait l’objet de la circulaire 2001-053 du 5 avril 2001 de Jack
Lang, alors ministre de l’éducation nationale. Ce Code , sous couvert de
« partenariats » avec les entreprises privées, légitime la pénétration
de l’école par les marques et les intérêts commerciaux, et il a servi de
prétexte à la poursuite de l’opération « Masters ». A son modeste
niveau, il n’est que l’un des symptômes de la subordination de
l’éducation aux impératifs économiques et marchands.

Cette subordination est un objectif central du projet néolibéral à 
l’échelle planétaire, et en particulier au niveau européen. Ce projet
s’élabore à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), avec l’Accord
général sur le commerce des services (AGCS) ; à la Banque mondiale ; au
sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques
(OCDE) ; dans les documents de la Commission européenne et dans les
conclusions de certains Sommets européens, notamment celui de Lisbonne
de mars 2000, repris dans le contenu du traité constitutionnel européen.
Leur objectif est de façonner et d’encadrer les politiques nationales en
présentant comme naturelle et même désirable - prétendument au nom de
l’emploi - l’adaptation des systèmes éducatifs aux lois du marché.

De l’AGCS au traité constitutionnel européen, en passant par la
marchandisation de l’école, le projet néolibéral affiche sa cohérence.
Attac le combat donc sur tous les fronts.

Attac, Paris, 6 octobre 2005.

(Le texte du jugement du tribunal administratif de Cergy-Pontoise est
disponible sur le site d’Attac :
http://www.france.attac.org/a3594)
Pour tout contact s’adresser à Régine Tassi, coordinatrice de la
commission Education d’Attac (regine@attac.org).


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L’Histoire m’acquittera
Fidel CASTRO, Jacques-François BONALDI
L’Histoire m’acquittera (en espagnol : La Historia me absolvera) est un manifeste d’auto-défense écrit par Fidel Castro en octobre 1953, à la veille de son procès (il est jugé pour avoir attaqué la caserne de Moncada le 26 juillet 1953, en réaction au coup d’état de Batista). Fidel Castro est diplômé en droit, il manie la plaidoirie, exercice qu’il connaît bien, avec aisance : il y explique ses actes et son implication dans le soulèvement contre Batista mais surtout, il y développe ses (…)
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Lorsque l’on tente, comme ce fut le cas récemment en France, d’obliger une femme à quitter la Burqa plutôt que de créer les conditions où elle aurait le choix, ce n’est pas une question de libération mais de déshabillage. Cela devient un acte d’humiliation et d’impérialisme culturel. Ce n’est pas une question de Burqa. C’est une question de coercition. Contraindre une femme à quitter une Burqa est autant un acte de coercition que l’obliger à la porter. Considérer le genre sous cet angle, débarrassé de tout contexte social, politique ou économique, c’est le transformer en une question d’identité, une bataille d’accessoires et de costumes. C’est ce qui a permis au gouvernement des Etats-Unis de faire appel à des groupes féministes pour servir de caution morale à l’invasion de l’Afghanistan en 2001. Sous les Talibans, les femmes afghanes étaient (et sont) dans une situation très difficile. Mais larguer des "faucheuses de marguerites" (bombes particulièrement meurtrières) n’allait pas résoudre leurs problèmes.

Arundhati Roy - Capitalism : A Ghost Story (2014), p. 37

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