RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
23 

Ce qui doit être dit (Süddeutsche Zeitung)

(nouvelle traduction)

Pourquoi me taire, pourquoi taire trop longtemps
ce qui est manifeste, ce à quoi l’on s’est exercé
dans des jeux de stratégie au terme desquels
nous autres survivants sommes tout au plus
des notes de bas de pages.

C’est le droit affirmé à la première frappe
susceptible d’effacer un peuple iranien
soumis au joug d’une grande gueule
qui le guide vers la liesse organisée,
sous prétexte qu’on le soupçonne, dans sa zone de pouvoir,
de construire une bombe atomique.

Mais pourquoi est-ce que je m’interdis
de désigner par son nom cet autre pays
dans lequel depuis des années, même si c’est en secret,
on dispose d’un potentiel nucléaire en expansion
mais sans contrôle, parce qu’inaccessible
a toute vérification ?

Le silence général sur cet état de fait
silence auquel s’est soumis mon propre silence,
pèse sur moi comme un mensonge
une contrainte qui s’exerce sous peine de sanction
en cas de transgression ;
le verdict d’"antisémitisme" est courant.

Mais à présent, parce que de mon pays,
régulièrement rattrapé par des crimes
qui lui sont propres, sans pareils,
et pour lesquels on lui demande des comptes,
de ce pays-là , une fois de plus, selon la pure règle des affaires,
quoiqu’en le présentant habilement comme une réparation,
de ce pays, disais-je, Israël
attend la livraison d’un autre sous-marin
dont la spécialité est de pouvoir orienter des têtes explosives
capables de tout réduire à néant
en direction d’un lieu où l’on n’a pu prouver l’existence
ne fût-ce que d’une seule bombe atomique,
mais où la seule crainte veut avoir force de preuve,
je dis ce qui doit être dit.

Mais pourquoi me suis-je tu jusqu’ici ?
Parce que je pensais que mon origine,
entachée d’une tare à tout jamais ineffaçable,
m’interdit de suspecter de ce fait, comme d’une vérité avérée,
le pays d’Israël, auquel je suis lié
et veux rester lié.

Pourquoi ai-je attendu ce jour pour le dire,
vieilli, et de ma dernière encre :
La puissance atomique d’Israël menace
une paix du monde déjà fragile ?
Parce qu’il faut dire,
ce qui, dit demain, pourrait déjà l’être trop tard ;
et aussi parce que nous - Allemands,
qui en avons bien assez comme cela sur la conscience -
pourrions fournir l’arme d’un crime prévisible,
raison pour laquelle aucun
des subterfuges habituels n’effacerait notre complicité.

Et admettons-le : je ne me tais plus,
parce que je suis las de l’hypocrisie de l’Occident ; il faut en outre espérer
que beaucoup puissent se libérer du silence,
et inviter aussi celui qui fait peser cette menace flagrante
à renoncer à la violence
qu’ils réclament pareillement
un contrôle permanent et sans entraves
du potentiel nucléaire israélien
et des installations nucléaires iraniennes
exercé par une instance internationale
et accepté par les gouvernements des deux pays.

C’est la seule manière dont nous puissions les aider
tous, Israéliens, Palestiniens,
plus encore, tous ceux qui, dans cette
région occupée par le délire
vivent côte à côte en ennemis
et puis aussi, au bout du compte, nous aider nous-mêmes.

Günter Grass, le 04/04/2012

Traduit de l’allemand par Olivier Mannoni

Source Was gesagt werden muss - Günter Grass (Süddeutsche Zeitung)

Traduction en espagnol de Miguel Sáenz

Traduction en italien de Claudio Groff

Traduction en anglais de Breon Mitchell

Traduction en portugais (traducteur NC)

Traduction en russe (traducteur NC)

Traduction en persan (traducteur NC)

Traduction en arabe (traducteur NC)

Traduction en grec (traducteur NC)

Traduction en japonais de Taichiro Kajimura

Traduction en turc (traducteur NC)

Traductions téléchargeables ici (doc pdf)

URL de cet article 16296
   
Les Chinois sont des hommes comme les autres
Maxime VIVAS
Zheng Ruolin (Ruolin est le prénom) publie chez Denoël un livre délicieux et malicieux : « Les Chinois sont des hommes comme les autres ». L’auteur vit en France depuis une vingtaine d’années. Son père, récemment décédé, était un intellectuel Chinois célèbre dans son pays et un traducteur d’auteurs français (dont Balzac). Il avait subi la rigueur de la terrible époque de la Révolution culturelle à l’époque de Mao. Voici ce que dit le quatrième de couverture du livre de ZhengRuolin : (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Informer n’est pas une liberté pour la presse, mais un devoir. La liberté de la presse a bien une limite : elle s’arrête exactement là où commence mon droit à une véritable information.

Viktor Dedaj

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.