Le débat, qui doit se conclure par un vote peu après minuit heure locale (22H00 GMT), en vertu d’une procédure d’urgence d’emblée dénoncée par l’opposition de gauche, a été ouvert à 14H20 (12H20 GMT) par le président du parlement, Philippos Petsalnikos, qui a souligné que le moment était "crucial".
Il a auparavant fait prêter serment aux suppléants de trois députés socialistes démissionnaires pour leur opposition au train de mesures, et rejoint dimanche par un quatrième parlementaire, conservateur.
Le porte-parole du groupe socialiste, Christos Protoppapas, a réclamé "le plus de oui possible" pour "adresser à l’Europe le message" selon lequel "les Grecs sont en mesure" d’oeuvrer au sauvetage du pays.
Dans un discours télévisé solennel à la nation, le Premier ministre Lucas Papademos avait averti samedi que la Grèce, au bord de la faillite, jouerait sur ce vote sa survie financière et son maintien dans l’euro, pour empêcher le "chaos".
Le parlement, où le gouvernement de coalition socialiste-conservateur dispose en principe de 236 voix sur 300, devra assumer une "responsabilité historique" en avalisant des "sacrifices douloureux", a-t-il lancé, résumant le dilemme imposé aux Grecs par leurs bailleurs de fonds.
Sans cet aval, la Grèce n’a aucune chance de recevoir le moindre centime d’aide pour éviter un défaut de paiement incontrôlé en mars, à l’échéance de créances de 14,5 milliards d’euros.
Quelque 3.000 policiers ont par ailleurs commencé à se déployer dans le centre-ville pour sécuriser les rassemblements syndicaux et de gauche prévus contre le plan.
Les organisateurs espérant orchestrer, à partir de 15H00 GMT, un encerclement du parlement, les accès au bâtiment étaient progressivement bouclés, tandis que les stations de métro proches ont été fermées.
Les dirigeants socialiste, Georges Papandréou, et conservateur, Antonis Samaras, ont prévenu leurs députés que tout écart vaudrait exclusion, au cours de réunions samedi de leurs groupes parlementaires.
Au vu de la sévérité de la cure prescrite qui, entre autres, ouvre la voie à une chute brutale des salaires dans le privé censée redonner de la compétitivité au pays, les dissidents déclarés ou présumés atteignaient toutefois une dizaine dans chacun des partis gouvernementaux, selon le comptage des médias.
Pas de quoi augurer d’un rejet, mais le représentant des créanciers privés, Charles Dallara, n’en a pas moins lancé un appel à ne pas jouer avec le feu, dans un entretien avec le quotidien Kathimérini.
Les députés grecs "doivent comprendre ce qui est en jeu et reconnaître qu’au-delà de la rigueur (...) il y a des profits nombreux et tangibles" à attendre, a-t-il affirmé.
L’adoption du projet de loi est requise par la zone euro pour permettre à la fois le renflouement de la Grèce par des prêts publics de 130 milliards et son désendettement via l’effacement de 100 milliards de créances détenues par banques et fonds.
La Grèce "à l’heure du jugement", titrait Kathimérini, tandis que To Vima (centre-gauche) estimait que le pays était secoué par un "séisme" mettant "politique, économie et société en morceaux".
Syndicats et gauche communiste et radicale sont de fait résolus à faire tonner le "non" de la rue, les premiers dénonçant un plan "tombeau de la société", les seconds réclamant des élections immédiates et jugeant que la Grèce n’a rien à perdre à mettre ses créanciers au défi de le lâcher.
Entravée par le débrayage des transports, la mobilisation à l’occasion des manifestations, qui ont rassemblé jusqu’à 20.000 personnes en marge de grèves générales mardi, puis vendredi et samedi, était en retrait sur celle des grands sursauts de contestation qui avaient regroupé de 50.000 à 100.000 personnes sur la place Syntagma, en juin et octobre.
Les députés devront se prononcer pour un texte qui prévoit notamment un abaissement de 22% du salaire minimum, ramené à 586 euros brut sur 14 mois, la suppression dans l’année de 15.000 emplois publics et de nouvelles coupes dans certaines retraites.
Le vote portera aussi sur les modalités du programme d’échange d’obligations avec les créanciers privés pour réduire la dette souveraine à 120% du PIB d’ici à 2020, ainsi que sur le schéma de recapitalisation des banques grecques.
L’accord gouvernemental affiché jeudi sur ce plan s’est vite fissuré, avec la démission dès le lendemain de six membres du gouvernement : deux socialistes et quatre cadres de la formation d’extrême droite Laos, qui avait rallié en novembre le gouvernement de coalition.
Le Laos a appelé ses 16 députés à voter non, accusés par ses ex-partenaires de vouloir ainsi tirer son épingle du jeu en vue des élections législatives anticipées prévues pour le printemps.