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TOUS ENSEMBLE POUR UN NOUVEAU COMBAT SOCIAL EUROPÉEN

Vendredi 9 décembre, 8 dirigeants syndicaux européens (Allemagne, Belgique, France, Espagne, Italie) dont François Chérèque et Bernard Thibault pour la France, ont signé un texte intitulé « POUR UN NOUVEAU CONTRAT SOCIAL EUROPÉEN » adressé de fait aux dirigeants et élus de l’Union Européenne (UE).

Les positions affichées dans ce texte relèvent quant au fond de celles qui ont motivé les forces du OUI de droite et de « gauche » lors du referendum sur le Traité constitutionnel européen de 2005.

Concernant la CGT, on est en droit de se demander si la signature de ce texte par Bernard Thibault engage bien toute la CGT !

La Commission exécutive a-t-elle été consultée ? le Comité confédéral national a-t-il eu son mot à dire ?

Qu’on se souvienne, dans des circonstances qui y ressemblent donc par leur contenu, le CCN avait dû désavouer la position de Bernard Thibault, le secrétaire général s’opposant à une prise de position publique de la CGT en faveur du "NON" !


Mais venons au fond :

Le texte part du constat de l’échec patent des politiques d’austérité pour soi-disant résoudre la crise actuelle. A l’inverse, elles l’aggravent.

Soit !

Les signataires constatent aussi que "fait inédit, les institutions européennes encouragent une profonde érosion du modèle social, dont les valeurs et les principes sont le signe d’identité et la colonne vertébrale de l’Union européenne, ce modèle dont les valeurs et les principes sont inscrits dans le Traité de Lisbonne."

Les dirigeants politiques de l’Europe sont accusés de n’être pas conscients du fait que "les institutions européennes sont en train de briser le pacte social qui avait permis, après la Seconde Guerre mondiale, de construire les Etats Providence européens et le projet commun qui a abouti à l’Union européenne. "

Et à quoi conduit ce constat ?

"Malgré le désenchantement profond ressenti par de nombreux travailleurs, nous continuons de soutenir qu’il n’y a pas d’autre solution que l’approfondissement du projet européen…"

Après avoir dénoncé la spéculation dont les Etats sont actuellement victimes, la cause serait que "nous n’agissons pas comme une véritable Union", les signataires soucieux de faire preuve de leur esprit de responsabilité auprès des classes dominantes ajoutant bien entendu que "le syndicalisme européen, lui aussi, est vivement préoccupé par la stabilité des finances publiques".

Pour sortir de la crise, les 8 syndicalistes proposent enfin une harmonisation fiscale européenne et une "gouvernance économique forte de la zone Euro", l’économie européenne étant priée de donner la priorité aux politiques en faveur de la création d’emplois de qualité et la banque centrale à ne pas se contenter de combattre l’inflation mais d’acheter aussi directement de la dette. L’objectif final étant d’ "établir un nouveau contrat social et économique avec la participation active des partenaires sociaux… "


Ce positionnement, cette analyse et ces propositions illustrent les dérives profondes de nombre de dirigeants du mouvement syndical européen :

â— Certes le constat de départ est juste, parce qu’incontournable : les politiques de rigueur imposées au nom de la dette en même temps qu’elles plongent de plus en plus de travailleurs et de peuples dans la précarité et la misère aggravent la dette des Etats et la crise elle-même.

â— Mais dans ce constat, ce qui alarme "nos" dirigeants, c’est que la crise sociale et financière a eu pour conséquence la crise politique de l’UE et qu’ils n’envisagent de solution d’une certaine manière qu’en sauvant l’UE d’elle-même, comme la CES entend sauver le capitalisme de lui-même !

â— Revendiquer auprès des dirigeants européens aux ordres du capital un nouveau contrat social entre partenaires sociaux, après avoir admis que les adresses antécédentes n’ont eu aucun écho, c’est ne pas voir que la crise actuelle est une crise systémique et que pour les oligarchies dominantes, européennes en tête, la décision politique majeure a été prise de faire payer aux travailleurs, aux populations les conséquences de cette crise.

Le modèle social européen (ou français) évoqué n’a jamais résulté d’une concertation entre partenaires sociaux !

Au sortir de la seconde guerre mondiale, l’affaiblissement des classes dirigeantes impliquées souvent dans la collaboration avec le fascisme, le poids de la classe ouvrière et des partis communistes, l’existence d’un "camp socialiste" et donc la crainte de perdre le contrôle de la situation ont conduit les bourgeoisies occidentales à accepter un compromis social favorable aux conquêtes salariales (statut de la fonction publique, sécurité sociale, retraite, droit à la santé, nationalisations…).

Mais ces avancées reposaient exclusivement sur le rapport de force entre classes et sur l’intervention permanente des travailleurs et de leurs organisations pour ne pas laisser remettre en cause ces conquêtes jamais vraiment admises et tolérées par les classes dominantes !

Il y a une trentaine d’années, la contre-offensive réactionnaire (baptisée néo-libéralisme) personnifiée par les Reagan et Thatcher, et dans un pays comme la France incarnée par le tournant de la rigueur des années 83/84 donc les années Mitterrand combinée aux changements géopolitiques (effondrement des pays socialistes) ont conduit les oligarchies à considérer l’heure venue de prendre leur revanche.

Jusqu’à la crise actuelle qui est précisément le résultat de ces politiques et de cette contre-offensive !

Il est donc profondément inutile et contre-productif d’en appeler à la raison des "élites européennes" pour sortir de l’impasse actuelle !

L’Union européenne, ses institutions ne sont pas destinées à garantir quelque contrat social que ce soit !

Ses institutions, ses traités, sa banque centrale ont été construits dès le départ, pour garantir le respect de la concurrence libre et non faussée comme ils disent, c’est-à -dire la liberté du loup dans la bergerie, le dumping social, l’abaissement des pensions et des retraites, la privatisation de la santé, de l’éducation, des transports, de l’énergie etc. et tenir les peuples en sujétion !

Et la défense conséquente des travailleurs et des salariés passe par la dénonciation de ces institutions et de ces politiques !

Se dire fortement préoccupé des finances publiques, c’est céder au chantage éhonté à la dette, instrument privilégié pour imposer les politiques d’austérité et en appeler à l’harmonisation fiscale, à une "gouvernance économique forte de la zone Euro" c’est tout simplement reprendre les arguments d’un Sarkozy, soucieux de préserver les intérêts des privilégiés qu’il n’a cessé de favoriser durant tout son mandat, et cautionner la recherche des solutions dans la fuite en avant fédéraliste de l’Europe !

Un mouvement syndical digne de ce nom, doit d’abord s’adresser aux travailleurs et non à leurs exploiteurs pour les appeler à l’action déterminée, TOUS ENSEMBLE, face à la plus grande attaque contre le monde du travail depuis la Libération !

En agissant pour coordonner et amplifier les luttes qui partout se développent en Europe contre les mêmes politiques et contre les mêmes adversaires :

- plus de 14 grèves nationales en Grèce, des manifestations, des occupations de ministères, les travailleurs de l’électricité coupant des ministères et le rétablissant pour les familles sanctionnées pour dette

- des mouvements puissants et répétés au Portugal, en Italie, mais aussi en Grande-Bretagne.

Ce que précisément ne font ni la CES, ni la Confédération Syndicale Internationale !

Plus que jamais l’heure est à la lutte et non aux compromissions et au larbinisme européen !

Dans ces circonstances exceptionnelles, la responsabilité de tous les militants syndicaux et des organisations de base est engagée pour que renaisse un authentique syndicalisme de classe et de combat !

Le Front Syndical de Classe

11 décembre 2011

Pour la lecture complète du texte des dirigeants syndicaux, se reporter à l’adresse :

http://www.cgt.fr/Pour-un-nouveau-contrat-social.html

URL de cet article 15373
   
Eric Hazan. Changement de propriétaire. La guerre civile continue. Le Seuil, 2007
Bernard GENSANE
Très incisif et très complet livre du directeur des éditions La Fabrique (qui publie Rancière, Depardon, Benjamin etc.), ce texte n’est pas près de perdre de son actualité. Tout y est sur les conséquences extrêmement néfastes de l’élection de Sarkozy. Je me contenterai d’en citer le sombrement lucide incipit, et l’excipit qui force l’espoir. « Dimanche 6 mai 2007. Au bureau de vote, la cabine dont on tire les rideaux derrière soi pour mettre son bulletin dans l’enveloppe s’appelle un (…)
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