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Goodyear Amiens, Hollande et les licenciements boursiers : d’abord la lutte maintenant et après mai 2012

François Hollande (à présent candidat du parti socialiste), a rendu visite aux Goodyear d’Amiens Nord à la veille du 2eme tour des primaires, le vendredi 14 octobre.
Travailleurs qui depuis 4 ans tiennent en échec le géant mondial du pneu, pourtant pressé de délocaliser (plus de 1000 emplois en jeu et plus de 2000 si on inclue les Dunlop d’Amiens Sud eux aussi dans le collimateur en fait !)

A la question posée par le secrétaire du syndicat CGT, Mickaël Wamen :

" En 2002 les salariés en lutte de LU avaient demandé à Lionel Jospin ce qu’il ferait s’il devenait Président de la République pour empêcher la fermeture de leur usine, il leur avait répondu « l’état ne peut pas tout ! ». Depuis ils ont fait condamner leur employeur pour licenciement boursier. Que feriez-vous si vous étiez Président de la République, pour empêcher la délocalisation de notre usine alors que GOODYEAR vient d’annoncer de bénéfices historiques ?
"

François Hollande répond :

"Vous êtes depuis plusieurs années confrontés à un plan qui vise à délocaliser l’activité sur le seul principe du rendement, alors même que votre groupe fait des bénéfices et que votre site est rentable.

Vous avez engagé une procédure devant les tribunaux … qui a permis de suspendre l’opération qui était prévue. Mais vous avez toujours la même épée de Damoclès sur votre tête.
Moi je ne suis pas comme d’autres, vous allez le reconnaître assez facilement, qui vient devant les travailleurs dans leur usine et qui leur promet ce qu’il n’est pas capable de tenir après.
Donc ce que je dois dire doit être aussi ce que je tiendrai.

Il faut que face à ces situations où il y a des plans sociaux, des licenciements dont la seule justification est le rendement d’un cours boursier, il faut que la jurisprudence qui maintenant s’est établie puisse être en forme de loi, pour que vous puissiez là , non pas empêcher des licenciements, nous ne les empêcherons jamais dans les entreprises qui connaissant hélas des diminutions de charges ou d’activité. Mais là où il y a la recherche de licenciements pour un seul but boursier, il faut qu’il y ait la saisine d’un tribunal qui puisse suspendre ce plan et obliger l’entreprise et le groupe à revenir dans la négociation et dans la discussion avec les salariés.
L’état peut fixer les règles

Ensuite il faut aussi que les partenaires sociaux, vous puissiez jouer votre rôle dans une négociation et que vous puissiez empêcher, ou en tout cas prévenir ce type de délocalisation."


Ne rêvons plus ?

les promesses d’avant

Par exemple dès 1983 après la victoire de 81 c’est le tournant de la rigueur et la désindexation des salaires sur les prix qui se soldera au fil des années par un transfert de 190 milliards d’euros par an au détriment des salariés et au profit des actionnaires !
C’est aussi dès cette époque que s’amorce et s’accélèrent les politiques de désindustrialisation massive avec le lâchage de la sidérurgie, du textile …

En 97 Jospin déclare "si nous sommes aux commandes Renault-Vilvorde ne sera pas fermé !" 3 semaines après sa nomination comme premier ministre il déclare "c’est trop tard je ne peux rien faire !!!! "

Et actuellement, en Europe, malgré les promesses pré-électorales, les socialistes Zapatero et Papandréou appliquent soigneusement les injonctions draconiennes de la troïka (Banque centrale européenne, FMI et Union Européenne) pour le peuple.


Le réalisme d’aujourd’hui

F. Hollande tient un autre discours.

"Je ne promet que ce que je pourrai tenir". Apparemment ça inspire la confiance !

Sous-entendu, avant les socialistes (et les candidats en général) faisaient des promesses pour se faire élire tout en sachant qu’ils ne les tiendraient pas parvenus au pouvoir. La déception et la colère étant au bout.

Sous-entendu aussi, la crise actuelle, la dette actuelle, la "nécessité" de garder la confiance des marchés financiers et de revenir aux contraintes du traité de Maastricht (un déficit budgétaire inférieur à 3% du PIB) vont nous contraindre à des mesures de rigueur et d’austérité.

Ce retour à 3% dès 2013 qui répond à l’injonction de F. Fillon selon lequel cet objectif est "intangible", impliquant une purge budgétaire de 110 milliards d’euros, soit 40 % des dépenses de l’Etat !! Bonjour le recrutement de nouveaux enseignants !

Au fond en semblant se différencier de la position de Jospin de 2002, la position de F. Hollande renvoie à la même soumission politique puisqu’en substance il répond aux travailleurs de Goodyear, "si je suis élu je ne pourrai pas tout ! ".

D’ailleurs en évoquant le rôle de réglementation de l’état, en fait il renvoie immédiatement à la saisine d’un tribunal et à des négociations entre "partenaires sociaux" alors qu’il ne peut ignorer que dans ce cas comme toute l’histoire en atteste, un tel tête à tête profite à celui qui tient le manche et donc au capital.

Au fond donc pour la social démocratie et le parti socialiste AUPARAVANT on faisait lors des élections des promesses qu’on ne tenait pas après, pour se montrer "responsable", "raisonnable" et "rigoureux" parvenu au pouvoir, et MAINTENANT c’est dès avant les élections qu’il faut se montrer "responsable", "raisonnable" et "rigoureux" !

Le contenu permanent lui, de ce "responsable"-"raisonnable"-"rigoureux" étant que dans la lutte de classes qui oppose le travail au capital les socialistes au pouvoir tranchent toujours en faveur des intérêts du capital.

Les licenciements boursiers

En matière de licenciements boursiers et donc de délocalisations il est faux de prétendre qu’il s’agit d’un simple problème de jurisprudence et de "dialogue social" !

Ce qui permet les délocalisations ce sont : la prévalence de la recherche effrénée du profit, la mise en concurrence des travailleurs dans le monde comme au sein de l’Union européenne, la libre circulation sans aucun contrôle et sans aucune entrave des capitaux (mise en place en France dès 83-84 par Bérégovoy / Mauroy), la domination du capital financier sur la vie économique elle-même et le fait que les dirigeants politiques au pouvoir -de droite et de gauche- soient en fait les commis des détenteurs du pouvoir économique.

Par conséquent le maintien de l’emploi, la réindustrialisation du pays (rappelons que l’emploi industriel représentait 25,1% de l’emploi total en 1997 et qu’il n’en représentait plus que 13,6% en 2007 ! -source Bercy) passent ET par la lutte des travailleurs eux-mêmes D’ABORD (maintenant et après) ET au plan politique par la mise en cause de la domination des marchés financiers et du capital sur l’économie ET la mise en cause des institutions qui sont au service de cette politique comme la Banque centrale européenne et l’Union européenne elle-même !

Alors que le parti socialiste -contre la volonté du peuple français exprimée en 2005 contre le traité constitutionnel- a soutenu et continue de soutenir le traité de Lisbonne qui constitutionnalise cette mise en concurrence des travailleurs et cette domination du capital !
Le rôle de la puissance publique ce devrait être de peser en faveur des travailleurs, garder leur confiance et non pas celle des agences de notation et des institutions supranationales au service de l’oligarchie mondiale et européenne !

Il s’agit bien donc là de volonté politique, de projet, d’esprit de résistance non pas face aux dérives du capitalisme mais de rupture avec lui pour commencer à satisfaire les aspirations profondes des travailleurs et d’une manière générale des salariés et du peuple lui-même dans son ensemble.

Et c’est précisément cette volonté qui fait défaut à un parti socialiste fortement recentré, fortement consensuel et à son candidat si "raisonnable" !

C’est pourquoi nous appelons la classe ouvrière, les salariés à ne pas se laisser aller aux illusions d’un changement "raisonnable" qui ne changerait pas grand-chose pour les victimes de la crise et à compter d’abord sur leurs propres luttes dès à présent et demain quel que soit le résultat des présidentielles de 2012 !

Et c’est pourquoi aussi nous soutenons de toutes nos forces la lutte des Goodyear et appelons à les soutenir en particulier lors de leur venue à Rueil à la direction de Goodyear le 30 novembre prochain !

Le Front Syndical de Classe

Lundi 17 octobre 2011

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Puisque le commerce ignore les frontières nationales, et que le fabricant insiste pour avoir le monde comme marché, le drapeau de son pays doit le suivre, et les portes des nations qui lui sont fermées doivent être enfoncées. Les concessions obtenues par les financiers doivent être protégées par les ministres de l’Etat, même si la souveraineté des nations réticentes est violée dans le processus. Les colonies doivent être obtenues ou plantées afin que pas un coin du monde n’en réchappe ou reste inutilisé.

Woodrow Wilson
Président des Etats-Unis de 1913 à 1921

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