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« Nous, les Yaminawa », F. Roberto FERNANDEZ - ERQUICIA

Les anciens racontent que, dans la nuit des temps, nous, les Yaminawa, on pouvait parler avec les animaux, et eux avec nous. N’existait pas chez nous la division entre nature et culture. On était connus comme les hommes aux haches de fer ou les hommes chauve-souris.

On vivait en communauté dans des malocas, grandes maisons de bois, de bambou et de feuilles de bananier. On n’avait pas besoin d’autorité, sauf en cas de guerre, avec nos amis/ennemis les Sharanawa, Machinéri. et les Rastanawa. On ne tuait pas les prisonniers, on les adoptait une fois la guerre finie.

Notre système économique suivait le principe du don et du contre-don. La monnaie n’existait pas, l’exploitation et l’accumulation de richesses non plus.

Tout en respectant les cycles naturels de reproduction, on se nourrissait d’une grande variété de poissons et autres animaux de la forêt, sauf la sicuri (boa géant) qui règne sur les fleuves amazoniens, et qui nous a donné la vie. Une fois mort, on se transforme en petits serpents pour regagner le fleuve Acre et la rejoindre.

Quant aux maladies, on les soignait avec les herbes de la forêt et l’aide du Chamane, seule personne apte à communiquer avec la nature. Pour cela, il se procure l’ayawaska et avec l’aide de la musique, nous tous parlons avec la forêt. Le rituel fini, on vomit toutes les maladies, et c’est de nouveau l’équilibre homme/nature.

Maintenant, les choses ont changé. On nous exploite économiquement et culturellement. Les colons venus d’ailleurs se considèrent supérieurs, on nous oblige à tuer la nature pour un salaire misérable. La place du Chamane est prise par des missionnaires qui forcent nos enfants à prier un dieu étrange, qui appartient à ceux qui nous exploitent.

Sans nous consulter, les états coloniaux nous ont divisés en plusieurs soi-disant patries. D’un coup, nos familles qui habitent de part et d’autre du fleuve sont devenues brésiliennes, boliviennes ou péruviennes.

Lorsque ces états coloniaux sont en conflit, nous sommes les premières victimes, car on refuse à s’entretuer. Ces mêmes états obligent nos jeunes à faire le service militaire et à rendre hommage à des drapeaux qui sont ceux de nos exploiteurs, considérant toujours nos terres comme « territoire à coloniser » en nous ignorant complètement.

Les chercheurs d’or, l’élevage intensif et extensif du bétail désertifient l’Amazonie en polluant nos rivières. La pêche à la dynamite a décimé nos poissons en faisant disparaître à jamais nos sources d’alimentation.

Notre vie est devenue une tragédie, nos leaders sont assassinés et personne ne dit rien. Les états coloniaux nous ont réduit à l’état d’objets touristiques et notre culture au « folklore ».

Mais nous sommes déterminés. On va se battre jusqu’au bout et si les états nationaux/coloniaux nous éliminent, on mourra en brandissant haut nos bannières : les parabas, les piranhas, les tatous, les tarentules, les tortues, les caïmans, les singes et les arbres...toute la nature, sans jamais quitter notre Amazonie qui nous appartient depuis plus de 7000 années.

« ET LE JOUR VIENDRA Oà™ LE SOLEIL SORTIRA DES TENEBRES POUR TOUJOURS ».

Lutèce, hiver 2002, F. Roberto FERNANDEZ-ERQUICIA, ethnologue bolivien

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Michael PARENTI
Analyste politique progressiste de tout premier plan aux États-Unis, Michael PARENTI, docteur en Sciences Politiques de l’Université de Yale, est un auteur et conférencier de renommée internationale. Il a publié plus de 250 articles et 17 livres. Ses écrits sont diffusés dans des périodiques populaires aussi bien que dans des revues savantes, et ses textes engagés l’ont été dans des journaux tels que le New York Times et le Los Angeles Times. Ses livres et ses conférences, informatives et (…)
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