@Fethi : tout à fait d’accord
@Maxime Vivas :
"L’histoire de Mélenchon approuvant les bombardements de la Libye est du même niveau que celle qui nous a décrit un Chavez antisémite (à partir d’un faux fabriqué par Libération) et d’Ahmadinejad voulant « rayer Israël de la carte » (à partir d’un faux médiatique mondial qui tourne en boucle)".
Ca, c’est inacceptable. Et pourquoi ne pas, aussi, faire référence aux camps de la mort, tant qu’on y est !
Mélenchon a déclaré :
"La résolution 1973 de l’ONU concernant la Libye doit être fidèlement appliquée. Son objet est clairement délimité. Il s’agit de mettre en place une zone d’exclusion aérienne, actuellement effective, pour protéger les civils libyens. "
Il savait donc parfaitement que la Libye allait être bombardée, sinon comment, depuis les airs, pouvaient-ils immobiliser les avions de Kadhafi ?
Il comprenait peut-être aussi que pour "protéger les civils" il y aurait également des bombardements sur des infrastructures et des équipements militaires. Non ?
Donc, cela ne s’appelle pas bombarder aveuglément (d’ailleurs bien des civils en ont subi les conséquences) et détruire les infrastructures du pays, ça ?
Mais voyons ce qu’a omis de faire Mélenchon avant le vote :
Les hostilités avaient commencé à la mi-février ; le vote au Parlement européen favorable à une intervention en Libye a eu lieu le 10 mars.
Alors, dire que "les hommes publics sont obligés de répondre à chaud", c’est dire qu’ils ne s’intéressent à un sujet donné qu’au moment où ils doivent voter, et que, donc, JLM a été pris par surprise ?
Ils font quoi, les élus quand ils rencontrent d’autres élus ou leurs militants ? Ils se tapent sur le ventre et se racontent leurs vacances ?
Moi, bêtement, je pensais qu’ils se documentaient de diverses façons, d’après diverses sources, réfléchissaient sur les grandes questions de ce monde et discutaient de la façon de les traiter.
Oui, parce qu’après tout, ils ont un mandat pour ce faire, me semble-t-il.
Un leader de gauche, d’autre part, n’est-il pas censé consulter sa base et non pas prendre des décisions de son propre chef ?
Or, le dossier libyen méritait bien qu’on y réfléchisse et qu’on en débatte. C’est ce qui se fait dans un parti dit "démocratique".
Et comment ils s’informent les élus ? Avec la presse des marchands de canons ? Parce que si JLM avait eu des doutes, quelqu’un aurait pu le mettre un peu sur la voie, s’il avait eu quelque curiosité à se renseigner :
– Le 22 février 2011, celui-ci écrivait (extraits, mais les textes sont intéressants dans leur intégralité), dans Le plan de l’OTAN est d’occuper la Libye :
"Je n’imagine pas, quant à moi, que le dirigeant libyen puisse abandonner le pays et fuir les responsabilités qu’on lui impute, qu’elles soient fausses ou non en tout ou partie.
Toute personne honnête sera toujours opposée à n’importe quelle injustice commise contre n’importe quel peuple du monde. La pire serait maintenant de faire silence sur le crime que l’OTAN s’apprête à commettre contre le peuple libyen.
Pour les chefs de cette organisation belliciste, il y a urgence. Il faut le dénoncer !"
– Le 23 février dans "La danse macabre du cynisme"
Les principaux leaders de l’OTAN jubilent.
Le Premier ministre britannique, David Cameron - selon ANSA - « ...a admis dans un discours au Koweït que les pays occidentaux avaient fait erreur d’avoir soutenu des gouvernements non démocratiques dans le monde arabe. »
Son collègue français Nicolas Sarkozy a déclaré : « La poursuite de la répression brutale et sanglante contre la population civile libyenne est répugnante. »
Le ministre italien des affaires étrangères, Franco Frattini, a jugé « crédible » la quantité de mille morts à Tripoli, et a parlé de "chiffres tragiques" et de "bain de sang".
Selon Hillary Clinton, le « bain de sang » est « absolument inacceptable » et « doit cesser ».
Pour Ban Ki-moon, « le recours à la violence dans ce pays est absolument inacceptable"...
Le président étasunien a parlé ce mercredi après-midi. Il a fait savoir que sa secrétaire d’Etat partirait en Europe afin de décider avec les alliés de l’OTAN des mesures à prendre.
(...)
[L’OTAN] va s’efforcer de tirer le plus gros profit des regrettables événements libyens. Nul n’est capable de savoir actuellement ce qu’il se passe dans ce pays. L’Empire a fait publier par ses médias toutes sortes de chiffres et de versions, jusqu’aux plus saugrenus, afin de semer le chaos et la désinformation.
De toute évidence, une guerre civile se déroule en Libye.
– Le 2 mars , encore :
Libye : La guerre inévitable de l’OTAN
La colossale campagne de mensonges orchestrée par les médias a provoqué une grande confusion dans l’opinion publique mondiale. Il se passera du temps avant qu’on puisse reconstruire ce qu’il s’est vraiment passé en Libye et trier les faits réels des mensonges divulgués.
L’Empire et l’OTAN - sérieusement inquiets devant la vague révolutionnaire déclenchée dans le monde arabe qui produit une grande partie du pétrole sur lequel repose l’économie de consommation des pays développés et riches - ne pouvaient pas laisser filer l’occasion du conflit interne surgi en Libye pour promouvoir une intervention militaire. Les déclarations formulées par l’administration étasunienne dès le premier moment ont été catégoriques à cet égard.
Les circonstances ne pouvaient être plus propices.
Sur le CNT :
« Le Conseil est constitué d’avocats, d’universitaires, de juges et de notables de la société libyenne.
« The Washington Post a cité des rebelles qui reconnaissent que, sans l’appui de l’Occident, les combats contre les forces loyales à Kadhafi pourraient durer longtemps et coûter beaucoup de vie. »
Il est curieux que cette liste du Conseil ne signale aucun ouvrier, aucun paysan, aucun bâtisseur, aucune personne en rapport avec la production matérielle, ou un jeune étudiant ou un combattant de ceux qu’on voit dans les manifestations. Pourquoi cette insistance à présenter les rebelles comme des membres éminents de la société libyenne en train d’inviter les États-Unis et l’OTAN à bombarder et à tuer des Libyens ?
mais aussi :
Toutes ces guerres, comme celle du Viet Nam qui a coûté des millions de vies, ont eu pour points de départ les justifications et les mesures les plus cyniques.
Pour ceux qui doutent encore qu’une intervention militaire aura forcément lieu en Libye, je tiens à citer l’agence de presse AP, que je considère bien informée, dont une dépêche d’aujourd’hui affirme :
« Les pays de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) élaborent un plan d’urgence qui prend pour modèle les zones d’exclusion de vols établies dans les Balkans dans les années 90, au cas où la communauté internationale déciderait d’imposer un embargo aérien sur la Libye, ont affirmé des diplomates. »
Et de conclure :
« Selon ces fonctionnaires, qui devaient conserver l’anonymat en raison du caractère délicat de la question, les options envisagées reprennent l’idée de la zone d’exclusion de vols imposée par l’alliance militaire occidentale sur la Bosnie en 1993, qui eut l’aval du Conseil de sécurité, et lors des bombardements de l’OTAN sur le Kosovo en 1999, QUI NE L’EURENT PAS. »
– Le 3 mars (une semaine avant le vote), dans : "La guerre inévitable de l’OTAN (II)"
Je me demande tout simplement : pourquoi veulent-ils maintenant envahir la Libye et traduire Kadhafi devant la Cour pénale internationale de La Haye ?
On l’accuse du matin au soir d’avoir fait tirer contre des citoyens désarmés qui protestaient. Pourquoi ne dit-on pas au monde que ce sont les États-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres hôtes illustres de Kadhafi qui lui ont fourni les armes et surtout les équipements de répression sophistiqués qu’il possède ?
Je m’oppose aux mensonges cyniques par lesquels on prétend justifier l’invasion et l’occupation de la Libye.
Le président bolivarien Hugo Chávez tente un vaillant effort pour trouver un règlement en Libye sans intervention de l’OTAN. Ses possibilités de succès augmenteraient s’il parvenait - ce qui serait un exploit - à créer un vaste mouvement d’opinion avant, et non après, l’intervention, afin que les peuples ne voient pas se répéter dans d’autres pays l’atroce expérience de l’Iraq.
– Et le 9 mars, veille du vote, il écrivait encore : L’OTAN, la guerre, le mensonge et les affaires
Evidemment, vous l’avez reconnu, c’est bien Fidel qui a écrit tout cela. Il est vrai qu’à l’époque, les Castro, les Chavez et autres Morales étaient accusés par les médias occidentaux de soutenir un "dictateur sanguinaire" .
Outre ces billets, il y a des dizaines d’autres billets écrits par divers auteurs sur ce site allant dans ce sens.
La réalité actuelle prouve qu’ils n’avaient pas tort, malgré les sarcasmes et les dénigrements qu’on leur a fait subir.
Si Mélenchon s’était vraiment posé des questions, il aurait eu de quoi nourrir sa pensée. Et dans ce cas, dans le doute, il aurait pu s’abstenir.
Mais, non, il a voté pour.
Et ça, que ce soit par naïveté ou par conviction personnelle, c’est, pour moi, inexcusable. Et rédhibitoire.
Pour info, le 21 mars, JML déclarait : « Si le Front de gauche gouvernait le pays, aurait-il regardé la révolution libyenne se débattre comme nos prédécesseurs ont regardé les révolutionnaires espagnols mourir ? Non. ».
Trop fort. On dirait du BHL.
Et enfin :
Jean-Luc Mélenchon et la guerre en Libye (analyse sur La Riposte, blog communiste)