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Les grands enjeux de l’election turque

Dans les grandes villes de Turquie la jeunesse, et d’autant plus celle que l’on appelle dorée, s’écarte du mode de vie turc et accueille en liesse les enseignes de la mondialisation.

En Turquie comme ailleurs, les campagnes politiques ressemblent à s’y méprendre à des campagnes de publicité.

Presque tous les partis y participent, de l’AKP (Parti de la justice et du développement au pouvoir depuis 2001 ; 341 sièges sur 500 au parlement monocaméral de Turquie) au TKP( parti communiste de Turquie).

Chaque jour dans les villes et campagnes de Turquie des camions diffusent les promesses des candidats des trois plus grands partis (principalement de l’AKP, du CHP (parti de la république du peuple, parti d’Ataturk ; de centre gauche nationaliste et ataturkiste) et du MHP (parti d’extrême droite ultra-nationaliste xénophobe en partie lié au coup d’Etat de 1980).

Le plus souvent, et toutes tendances confondues, ces méthodes de propagande excèdent les habitants à défaut de les convaincre.

D’immenses affiches recouvrent les principaux immeubles d’Istanbul depuis plusieurs mois.

Le plus souvent ce sont celles du premier ministre Tayyip Erdogan qui vante les réussites de l’AKP et les promesses qu’il entend tenir s’il est réélu.

Un nombre innombrable de chantiers sont lancés dont notamment la construction d’un troisième pont, d’un troisième aéroport et d’un second "Bosphore" à 150 km à l’ouest du premier. La modernisation à marche forcée constitue l’un des points forts et une des raisons du puissant soutien populaire dont dispose l’AKP depuis 2002. Ces dix dernières années 14 000 km de routes ont été construits. Erdogan promet de faire en sorte que la Turquie fabrique ses propres automobiles, avions et satellites ainsi que des tanks, avions et hélicoptères de combat (Hélicoptères ATAK). Tous ces projets entrent dans la volonté de préparer la Turquie à 2023, date du centenaire de la révolution kémaliste.

Un des slogans vante également les mérites de l’armée turque dans son action à l’est du pays contre le mouvement des travailleurs du Kurdistan ou PKK.

Son gouvernement à constamment cherché à créer un consensus entre toutes les couches de la population.

Sur une de ces affiches Erdogan affirme qu’il offrira un livre électronique à chaque étudiant bien que les droits d’inscriptions à l’université aient encore augmenté cette année.

Il promet également un règlement du conflit avec les kurdes en initiant peut être un dialogue.

Le parti de Sebahat Tuncel, non représentée par le BDP sachant qu’ils ne pourront pas passer la barre des 10% nécessaires pour avoir un siège, est quelque peu différent.

La campagne législative de 2011 est la première à pouvoir être menée dans une autre langue que le turc. Les partis représentant la minorité kurde ont donc saisi l’occasion pour maximiser leurs intentions de vote en faisant l’essentiel de leur campagne en langue kurde. Sebahat Tuncel dispose en outre d’un fort charisme politique : emprisonnée pour liens supposes avec le PKK elle réussit à se faire élire députée en 2007 depuis la prison.

Les thèmes principaux de la campagne évoquées par tous les partis sont :

- L’augmentation des dépenses sociales et la création de nouvelles protections ( chômage, sante, éducation ) et la question de immixtion toujours plus grande du privé dans les assurances sociales ainsi que la privatisation éventuelle des entreprises d’Etat.

- La place de la religion à l’école et dans la société en général et notamment savoir jusqu’à quel point la laïcité doit elle être protégée.

- La modernisation du pays par d’immenses projets urbains, portuaires et autoroutiers.

- La lutte contre le terrorisme du PKK et la coopération avec les Etats Unis en lien avec la réduction de la durée voire l’éventuelle suppression du service militaire.

- La rédaction d’une nouvelle constitution contrebalançant celle datant du coup d’Etat.

- La place de la femme dans la société et au sein de la famille.

La diversité des thèmes abordés montre à quel point la Turquie se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins.

Son développement économique extrêmement rapide a bouleversé nombre de structures traditionnelles.

Les villes se sont considérablement étendues en taille et en hauteur.

Des projets pharaoniques comme celui de Bahcesehir dans l’Ouest d’Istanbul où des résidences 5 étoiles verront le jour avec au centre un gigantesque mall et des piscines sont légions. Il existe également l’équivalent pour les moins riches dans le quartier de Ferhatpasa par exemple. Situé à l’extrême est de la ville, les forêts de tours aux minuscules fenêtres côtoient les projets immobiliers avortés.

Ces projets de tours et de "ville dans la ville" sont orientés vers 3 publics différents qui reflètent la structure sociale du pays : soit les riches et très riches soit les pauvres et très pauvres (classe moyenne comprise). Pour les plus pauvres ce sont de véritables cités dortoirs loin de tout et surtout de leur travail.

En moyenne les salariés travaillent 45 heures par semaine, 6 jours sur 7 avec un salaire minimum à environ 350 euros. Et encore il ne s’agit que des entreprises aux normes les plus occidentales. En effet le taux de chômage en Turquie est tel que la majorité ne compte pas les heures de travail ni ne peut exprimer de revendications syndicales.

La jeunesse plus populaire aspire évidemment au confort matériel mais se réjouit surtout de la plus grande liberté d’expression accordée en général et particulièrement à la minorité kurde (il y a 10 ans encore il était interdit de parler kurde). En effet la Turquie a connu ces dernières années des progrès considérables en matière de démocratie, même si elle est très loin de faire du respect des droits de l’homme son objectif.

Parmi ces évolutions, une même demande émane de toutes les couches de la population : celle de pouvoir voyager plus librement. En effet l’Europe a récemment durci sa politique migratoire et même touristique envers la Turquie. Les visas sont très difficiles à obtenir voire parfois impossibles. Évidemment, comme partout, tout dépend du niveau de fortune et des garanties dont on dispose.

En outre les journalistes, bien que toujours menacés et craintifs quant à ce qu’ils publient, ne sont plus dans la même position qu’en 1994 où 14 journalistes avaient trouvé la mort dans des affaires impliquant l’Etat et l’armée. Une partie de ces évènements sont relatés dans l’excellent film PRESS de Sedat Yilmaz.

De même les relations diplomatiques avec ses voisins et surtout la Syrie, avant la révolution, se sont réchauffées. Le modèle de l’AKP a inspiré de nombreux mouvements comme le "Movement for justice and development" qui apparaît comme une des alternatives possibles au régime de Bachar al-Assad.

Les élections législatives du 12 juin 2011 donneront peut-être la majorité absolue des sièges à l’AKP qui verra son pouvoir décuplé. En outre, dans le contexte des révolutions arabes, l’influence régionale du pays ne cesse de croître.

Hadrien Basch

http://www.akparti.org.tr/site/video/8332/buyuk-hedefler-icin-biz-haziriz

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