et « La vie renaîtra de la nuit »
« Le paradoxe de la condition humaine, c’est qu’on ne peut devenir soi-même que sous l’influence des autres. L’homme seul n’est pas un homme. »...
« Nous sommes l’espèce vivante qui a le plus accès à la manière dont l’autre se représente son monde, la violence procède alors de l’intolérance, c’est à dire de l’incapacité à sortir de son propre monde de représentations. »... « Le « Je » ne peut exister qu’à l’intérieur d’un « Nous » auquel il appartient. »... « Que les mythes soient des récits qui emblématisent le groupe ne signifie pas que cet imaginaire soit coupé du réel. »
« la violence est un point de vue, exprimé par des comportements qui ne tiennent pas compte de l’existence de l’autre »...comme le théoricien qui cherche à imposer ses idées en réduisant les autres au silence, enfin et surtout, d’organisme sociaux qui peuvent en détruire un autre pour conquérir son territoire ou faire triompher son économie »... « chez l’homme, la représentation d’un monde peut exister en dehors de toute perception, alors que chez l’animal les deux processus restent associés »... « C’est à coup sûr notre aptitude à vivre dans un monde de représentation qui crée notre aptitude à la violence en même temps qu’à la culture. L’animal reste soumis au réel qui contrôle sa violence, alors que l’homme travaille à se soumettre à l’idée qu’il se fait du monde, ce qui l’invite à la violence créatrice : détruire un ordre pour en inventer un nouveau (palimpseste), car (cite René Girard « Des choses cachées » : « c’est bien du désordre extrême que l’ordre surgit dans la nature humaine »... « L’absence de rituel mène au chaos, comme l’hégémonie d’un rituel mène à la destruction de l’autre, deux formes de violence qui reviennent au même.
La seule issue, c’est l’invention d’un rituel de confrontation des rituels organisant ainsi leur reconnaissance réciproque. On appelle ce rituel « conflit social » ou « débat philosophique »... « table ronde »...Son inconvénient, c’est d’instituer l’incertitude, alors que l’illusion de la vérité unique possède un grand effet tranquillisant. »... « on connaît les excès de tranquillisant : une culture qui supprimerai toute violence humaine cesserait d’être créatrice. »... « L’ennui , c’est que l’anomie, en déritualisant les groupes sociaux, les désagrège et laisse émerger toutes les violences. Comme si les grands groupes ne savaient pas créer leur évolution culturelle autrement que par la violence, alors que les petits groupes ritualisés utilisent le débat pour faire changer les mentalités et les structures sociales. »... « Les notes prises au jour le jour donnent forme à l’impression du moment que l’on vit, mais c’est la relation du moment où l’on parle qui donne forme à nos souvenirs. Voilà pourquoi le palimpseste s’oppose au récit et pourquoi « les récits sont des impostures » (P.Valéry, JP.Sartre) qui témoignent moins du réel passé que de l’intimité du narrateur »... « ce qui compte, c’est de créer du sens pour ordonner notre perception du monde afin de pouvoir agir sur lui ». Boris Cyrulnik « les nourritures affectives »
Les 23 et 24 Avril 2011 les portraits des « liquidateurs » de Tchernobyl ont été exposé sur le parvis du Trocadéro, 1 à 5% des touristes passant d’abord pour la vue sur la tour Eiffel s’arrêtaient devant ces panneaux didactiques bien rôdé.
http://www.independentwho.info/vigies_FR.php?sous_menu=vigie
Il est à noter plusieurs rencontres :
- Un couple de type caucasien, la soixantaine, l’homme en marchant dit que « la-bas est-ce qu’ils s’en souviennent encore ? » Ils s’éloignaient déjà , et je lançais : « la mémoire ! » ils acquiesçaient et continuaient leur chemin.
- Un couple, la quarantaine se tenaient près du stand, l’homme rondouillard au chapeau semblait vouloir nous provoquer, en découdre etc.. Il parlait entre ses dents, pro-nucléaire convaincu il nous amusait de gauchiste, écologiste, bref le refrain habituel. Au cours de la conversation, nous avons parlé de colonialisme, de guerre de tous contre tous, est-ce cela qu’il souhaiterait etc, que ces personnes en photo ne demandaient qu’à vivre, et les enfants souhaitent aussi vivre en bonne santé, nous avons parlé des milliers d’hectares de terre contaminées, que cela devait parler aux paysans productivistes ou non, nous avons parlé...
Toujours par provocation, il affirmait que si il y avait une catastrophe en France, il n’avait pas honte de dire qu’il quitterait le pays, « mais pour aller où ? Vous croyez que vous serez à l’abri ailleurs ? Et que les gens vous accepterons ? » je lui indiquais les africains qui vendaient des bibelots à la sauvette dont un nous avait dit qu’il avait une licence en histoire. « ailleurs, regardez, ce sera vous « les africains ». Il est resté sans réponse plusieurs fois notamment lorsque je lui expliquais que le prix de l’énergie, d’un billet d’avion etc étaient complètement faussés, qu’il faut énormément de moyens pour maintenir ce degré extrême de sécurité etc. Qu’une catastrophe nucléaire est démesurément différente d’une catastrophe aérienne. Et que même si pour la France le barillet est plus grand qu’à Fukushima, cela reste jouer à la roulette russe avec la vie de millions de personnes et ce sur plusieurs générations. De quel droit ?
Il parti toujours tendu mais je le remerciais d’être resté aussi longtemps car d’habitude les gens comme lui parlaient de leur argument et s’éloignaient aussitôt. Tous ce qu’on demande c’est de s’expliquer car nous n’avons pas de moyens de nous faire entendre ; le rituel...
- Un homme d’une soixantaine d’année cheveux gris mi long s’est approché du stand avec une canne décorée de type indienne, il voulait prendre un maillot avec le logo « IWHO ». Il demandait s’il y avait d’autres manifestations antinucléaires prévues ; « Pas avant mardi 26 »
Il me répondit qu’il serait sur la table d’opération ce jour là et qu’il ne savait pas s’il allait en revenir.
Il nous parla de ses cancers successifs, (thymus etc). Que cela ne se voyait pas mais qu’il souffrait énormément. Nous avions pourtant remarqué sa voix qui faisait « des trous d’air » dû à une sorte de poinçon qu’il avait d’enfoncé dans la gorge. Ils semblait pessimiste en affirmant qu’il avait milité toute sa vie et pour quel résultat ? C’est seulement lorsqu’il partait que je compris et lui lançait : « Jusqu’au bout ! », et là c’est moi qui avait quelque chose dans la gorge qui remontait jusqu’aux yeux. C’est homme malgré son pessimisme avait remarqué le logo de la santé entouré de sigle de radiation qui le « neutralise » et ce maillot, il comptait bien le porter le jour de l’opération et pas seulement pour interpeller les professionnels de la santé, c’était aussi son dernier acte de résistance, sa dernière volonté de dignité.
Je ne sais pas si cet homme est encore en vie à ce jour, si ces proches le reconnaisse à ce faible signalement, là où il est dites lui que nous tenons et nous continuerons tant qu’il y aura des hommes.
- Une dame de Radio Enghien aussi paraissait pessimiste, je lui parlait longuement, de cet homme et d’aussi de ce jeune couple venu signer le manifeste le matin, le jeune homme parlait de sa mère malade de la thyroïde, ils semblaient pleinement conscient de ce que nous dénonçons. C’est ces jeunes que l’on veut voir et qu’on ne montre pas dans les médias, les médias aux ordres montrent que des jeunes casseurs pour les stigmatiser, la violence... Ils ne montrent pas les jeunes « constructeurs » que nous voyons régulièrement dans les rues et dans ces réseaux, il y a des millions de « jeunes de Tarnac » dans le monde et c’est sur eux qu’il faut compter. J’en avais déjà vu lors du passage de la « Karavane » anti OGM à Genève et lors des dernières réunions pour préparer les procès des derniers fauchages ; des jeunes de 20-25ans qui avaient fauché pour la première fois en 2010 affirmaient qu’ils étaient près à aller jusque la prison si il le faut. Ils veulent en finir aussi et ils le feront ce changement, on peut compter sur eux, ils sont de plus en plus nombreux et c’est cela qu’il faut voir. On se doute bien que nous allons vers plus de conflits et d’épreuves mais il s’en trouvera toujours pour continuer ce chemin, tant qu’il y aura des hommes, des femmes et des abeilles et « la vie renaîtra de la nuit ». D’autres ont déjà témoigné. Nous savons pertinemment que tous ces résistants d’hier et d’aujourd’hui, nous ne leur arrivons pas aux chevilles, mais nous tacherons de leur faire honneur.
On voit autour de nous de multiples preuves de cette dislocation de cette société du spectacle : guerre de tous contre tous convertie en ce moment : tout le monde fait procès à tout le monde (Michéa) , un pays où les avocats sont rois, c’est déjà un échec de la démocratie, du vivre ensemble. Si on laisse faire, bientôt lorsque deux personnes se rencontreront, ils ne diront plus : « bonjour, comment ça va ? » mais « Je me plaindrai à mon avocat ! ».
Tous partent dans tous les sens comme des souris paniquées par l’ombre de la patte du chat.
C’est du n’importe quoi du moment que l’on ne parle pas de Fukushima.
On profite habilement du fait de la complexité de cette technologie, du fait que la radioactivité ne se voit pas et ne se sent pas et peut affecter 10 ou 20ans après la contamination, elle affecte le système immunitaire donc ce sont toutes les pathologies qui sont à prendre en compte et qui sont facilement noyées dans la masse des pollutions industrielles. Elle affecte le génome donc les générations suivantes..Mais aussi on profite du fait que les gens ont honte de leur maladie et qu’ils la cache dans la plupart des cas alors qu’ils doivent se regrouper pour retrouver cette dignité qui leur échappe lorsqu’ils restent seul.
- Le 4 mai 2011 : M. Chan directrice de l’OMS a reçu une délégation du collectif « pour l’indépendance de l’OMS » http://www.independentwho.info/documentation_FR.php au bout de quatre ans et deux catastrophes nucléaires, surtout pour communiquer à ses employés en vue d’un prochain mandat. On attend les actes...
- Le 22 avril 2011, l’ASN, autorité de sûreté nucléaire a reçu une délégation des « désobéissants » http://www.desobeir.net/
L’ASN l’a fait aussi pour « faire de la communication » ; discours et monologues stériles des politiciens et autres potentats fonctionnaires irresponsables etc , on ne communique plus ; on « fait de la com »
- et ce cas des Renault qui veulent réhabiliter leur collabo de grand père. Avec des moyens financiers pour s’acheter autant d’avocats qu’ils voudrons pour trouver les failles d’un système qui a prouvé sa faillite, sans s’interroger ni même s’imaginer le moins du monde de ce qu’en penseraient les familles des millions de victimes des camps.
- l’Orwellisations des States et de l’occident ; on passe du virtuel à la chosification des médias-mensonges (Collon) de Ben Laden au Pakistan à la Libye en passant par Haïti.
- La dernière cochonnerie de DSK ou de la CIA, aux États Unies tout est permis.
Un socialiste du FMI, c’était déjà comique mais là , c’est comique et graveleux. Cela permet de rappeler qu’il n’y a pas de socialiste en France, le dernier s’est fait assassiner en 1914, il y en aurait bien un qui aurait élevé la voix en 1925 et aurait déclaré « les banques on les ferme, les banquiers on les enferme. » mais on la fait taire , par le haut ; il est devenu président par la suite pour qu’il se calme et rentre dans le rang. Par le haut, c’est toujours mieux, c’est comme cela que tout ce qu’avait construit le Conseil National de la Résistance a commencé à être grignoté dès la libération. Les répressions ouvrières ont repris dès 1948 et les répressions, massacres et pillages colonialistes, eux ne se sont jamais arrêtés. Et la secte des vestes retournées est revenue aux affaires.
Un esclave ne demande pas les 35h ni du « pouvoir d’achat », un esclave se débarrasse de ses chaînes pour devenir un homme libre.
Et Voyons quelques questions :
- Peut on se pavaner sur les Glières et détruire ce qu’a fait le CNR ?
http://www.citoyens-resistants.fr/
- Peut on faire lire la lettre d’un jeune résistant dans les écoles et se torcher avec ?
- Peut on faire passer Aimé Césaire au Panthéon et continuer la Françafrique et le colonialisme et s’en vanter en plus dans un discours de Dakar ?
Qu’on ne nous raconte pas des histoires !
La France était largement antisémite et tellement anticommuniste qu’elle a accueilli à bras ouvert le nazisme. Quarante mille collabo ont été exécuté en 45 (Aron) alors qu’ils étaient sept millions d’actifs. Les résistants n’étaient qu’une poignée avant que les retourneurs de veste n’arrivent en 44 une fois qu’ils se sont aperçu que l’Allemagne nazie ne pouvait plus gagner la guerre.
Nuremberg a été aussi une farce, les gros poissons comme les banquiers, les industriels et les scientifiques sont passés au travers du filet.
Non, décidément ce système a montré sa faillite : par représentation actuelle, il n’attire que la morve en cravate aveuglé par l’ambition, le pouvoir et l’argent. Ce n’est pas comme me l’a dit ironiquement une amie faucheuse volontaire « alors tous pourris ? » non, c’est plutôt « Tous complices, au minimum ! »
- La complexité des compétences actuelles exigés impose « des experts » qui virent aux lobbies des multinationales et grands financiers.
- La séparation du travail (Anders et Arendt) qui fait qu’une personne ne se rend pas compte qu’il est en train de fabriquer la pièce détachée pour la construction d’une « mégamachine » (Latouche) qui le dévorera lui, ses proches et sa descendance.
Dans ce floue artistique, il y a bien une gestion des priorités à avoir : la capacité technique d’autodestruction du monde humain et peut-être de toute vie : Le nucléaire (Anders)
Alors, nous allons recréer ce rituel déjà usité de longue date ; le signal est le drapeau blanc, ce qu’on demande en gros et on reprendra cette lutte de tous contre tous après ; les anti nucléaire contre les pro, les anti OGM contre les pro, les anticapitalistes contre les capitalistes, les français contre les français, etc. On demande simplement de laisser passer l’ambulance pour que les médecins puissent faire leur travail. On demande que la France par l’intermédiaire de son ministère de la santé demande la révision de l’accord entre l’OMS et l’AIEA lors de l’assemblée mondiale de la santé qui a lieu dès ce 16 Mai 2011 à Genève, « au coeur du monstre ».
Car la France a cette lourde responsabilité d’avoir étouffé les conséquences sanitaires de Tchernobyl, et des méfaits de la contamination interne sur toute la population. « L’élu du peuple » qui était chargé d’arrêter le nuage à la frontière a fait du zèle depuis en devenant VRP au grand dam de l’AFMT, AVEN Mururoa e tatou, Avigolfe etc. Les enfants du Niger, de la Libye d’Algerie de Polynésie de Tchernobyl Bassora (Voir ACDN) Gaza Fallujah et d’Afganistan etc rejoignent les enfants de Fukushima dans cette ronde infernale.
Après on demande de faire rentrer la société civile au pouvoir avec le reste de la population, car le Conseil économique et social est lui aussi une farce. Le gouvernement du peuple pour le peuple par le peuple, voilà ce qu’on veut.
Nous remettons les vieux mythes en avant, et nous en faisons des autres par dessus, bien sûr nous jouons un rôle, mais nous sommes des millions à le jouer tous les jours, et nous adorons cela, tant qu’il y aura des hommes, des femmes et des abeilles et « la vie renaîtra de la nuit » (Martin Gray).
http://belrad-institute.org/
http://enfants-tchernobyl-belarus.org/doku.php
http://www.contratom.ch/spip/
http://www.criirad.org/
http://www.sortirdunucleaire.org/
www.lesenfantsdetchernobyl.fr
www.ippnw.ch
www.resosol.org
http://tchernobyl.verites.free.fr
http://www.dissident-media.org/infonucleaire/
http://burestop.free.fr/spip/
http://www.villesurterre.com/
http://observ.nucleaire.free.fr/
http://www.nonaumissilem51.org/ ACDN
http://www.next-p.org
www.independentwho.info
premier essai à peaufiner :http://www.monde-solidaire.org/spip/spip.php?article5123