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Libye : Perte de vitesse au front et sur le plan diplomatique (Il Manifesto)

« Jusqu’à hier (jeudi 7 avril 2011) nous n’étions pas informés que les forces de l’opposition utilisaient des tanks ». C’est en ces termes agacés que le contre-amiral Russell Haring, du Commandement unifié de l’OTAN, a refusé hier à Naples de « s’excuser » pour la tragique erreur de jeudi, où au moins quatre roquettes tirées par ces chasseurs bombardiers de la coalition ont touché un convoi de tanks des insurgés qui allait d’Ajdabiya vers Braga, donc vers la ligne de front, provocant la mort de 4 (ou 13) (ou « 6.000 », NdT) anti-kadhafistes.

La réaction des insurgés a été âpre : nous les avions avisés que nous allions nous déplacer vers l’ouest, a dit Abdel Fattah Younis, le chef militaire des rebelles (qui a révélé pour la première fois avoir reçu des « armes antichars » d’un pays tiers, le Qatar). C’est le troisième cas reconnu d’erreurs tragiques ou d’effets collatéraux depuis que l’OTAN a pris la conduite de la guerre humanitaire, il y a une semaine (à part la quarantaine de civils morts dans les attaques sur Tripoli dénoncés par l’évêque catholique Martinelli). « Il arrive qu’il y ait des erreurs », a dit le ministre des affaires étrangères anglais Hague, et l’OTAN dira « sorry ». Plus tard, le secrétaire de l’Alliance, Rasmussen, a corrigé le tir : il n’a pas présenté d’excuses mais a dit que l’OTAN « regrette fortement la perte de vies humaines » et essaiera d’être plus attentive (peut-être est-ce pour cela que les rebelles ont décidé de peindre en rose les toits des véhicules qu’ils utilisent), même si l’irritation est palpable envers les insurgés qui, il y a deux jours seulement, avaient demandé une forte augmentation des « air strikes ». Le cas témoigne en tous cas de la situation chaotique, sur le terrain militaire comme sur le plan diplomatique où prolifèrent les rencontres et les initiatives mais où, pour le moment, les résultats font défaut. Hier la polémique portait sur l’état de la guerre : « en perte de vitesse », « fluide » ou « impasse » ? L’OTAN travaille « pour trouver une solution politique » qui passe par un cessez-le-feu immédiat et « la transition vers la démocratie », a déclaré un porte-parole.

Quoi qu’il en soit, le front, 20 jours après le début de l’intervention humanitaire, semble à l’arrêt. On se bat autour de Ajdabiya et Brega et - situation la plus dramatique - à Misurata, où hier un navire de la FAO a apporté des vivres et des médicaments de première nécessité, et où l’Unicef et la Croix-Rouge essaient de vérifier les accusations selon lesquelles des tireurs embusqués tirent sur les enfants. Mardi est programmée à Luxembourg une réunion des ministres des affaires étrangères de l’Union européenne (on est en train de discuter si on invite aussi « à un niveau formel » des représentants du Conseil national de transition de Bengazi, ainsi que l’ont demandé la France, l’Italie et l’Espagne) ; et mercredi, à Doha (Qatar), la deuxième réunion du Groupe de contact sur la Libye : où l’on fera le point sur la situation, et où le premier ministre turc Erdogan présentera sa « roadmap » pour la pacification de la Libye (déjà rejetée par le Cnt en tant qu’ «  initiative personnelle » : « aucune négociation avant que Kadhafi et sa famille n’aient quitté le pays »).

A l’ONU on parle d’une possible mission « militaire humanitaire » à Misurata, à confier à l’OTAN ou à l’UE. Mission qui pourrait cependant être aussi le prétexte pour contourner l’interdiction d’envoyer des troupes sur le terrain. Demain, enfin, partira pour la Libye (« l’est et l’ouest ») la commission d’enquête sur les violations des droits humains instituée en février par la résolution du Conseil de l’ONU pour les droits humains. A Genève on assure qu’elle sera « juste, impartiale et indépendante ».

Dommage qu’elle parte après et non avant que la guerre (motivée à l’ONU par la violation des droits humains sur le terrain, NdT) n’ait été déclenchée. s.d.q.

Edition de samedi 9 avril 2011 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20110409/manip2pg/06/manip2pz/300974/

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

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