Nous sommes un état laïc, c’est à dire qu’il y a séparation entre l’église et l’Etat, pourtant l’Etat subventionne des lycées privés confessionnels. Dans les villes les réparations des églises sont effectuées avec des deniers publics, néanmoins l’utilisation des édifices est soumise au bon vouloir de l’évêché ! Les jours fériés religieux sont reconnus par l’Etat et le président de la république est chanoine de Latran. Lors de catastrophes, il fait donner des messes pour les victimes auxquelles il assiste en tant que président et effectue le signe de croix. Et lorsque nos politiques rencontrent officiellement le pape, combien d’entre eux s’agenouillent et lui baisent la main ?
L’Abbé Pierre élu député, Christine Boutin brandissant la Bible dans l’hémicycle ou Dominique Strauss-Kahn faisant sa campagne électorale kippa sur la tête, les exemples de mélange des genres sont nombreux. Cela n’a apparemment jamais choqué personne, et les critiques n’ont jamais été très virulentes ! Dans ces cas là , l’irruption de la religion dans la sphère publique était plutôt bien tolérée.
Ne soyons pas naïf, la question de la laïcité ressort surtout quand il s’agit de la religion musulmane. Le fantasme de l’invasion islamo-musulmane est toujours très présent, relayé sans cesse par l’extrême droite qui en a fait son fond de commerce. On a commencé à parler de signes ostentatoires avec la progression de la religion musulmane, car ce sont des signes qui ne correspondent pas à notre culture. Dans la religion chrétienne les signes sont plutôt discrets, souvent une croix au bout d’une chaine. Parfois il s’agit de tatouages bien visibles, mais qui n’ont jamais interdit l’accès d’un lieu public !
Les quartiers sont devenus des déserts politiques, et certains voient d’un mauvais oeil leurs habitants s’émanciper et participer à la vie politique. En particulier des femmes avec un foulard, car se sont les plus visibles. Certains sous couvert de féminisme préféreraient les voir fréquenter seulement les mosquées .D’autres posent des conditions, ou elles adhérent aux références de libération de la femme telle que nous la concevons, ou elles retournent dans leurs quartiers. Est-ce cette conception du dialogue que nous devons imposer ? Après tout ce n’est qu’un voile, un peu comme Mère Thérésa.
Au nom de la république nous devrions nous réjouir de voir les habitants des quartiers dits défavorisés participer à la vie politique, même avec un foulard sur les cheveux. Nous devons seulement veiller à ce qu’il n’y ait pas interférence entre le fait politique et le discourt religieux. Nous ne pouvons pas au nom de la liberté leur interdire de porter un foulard. Si nous repoussons cette partie de la population maintenant sous de faux prétextes, nous risquons de les repousser dans des lieux où notre parole n’aura plus aucune portée !
Dans un monde idéal, aucun signe religieux ne devrait être permis à l’intérieur des instances de la République, ni aucun élu ayant des accointances avec des groupes d’intérêts privés ne devrait y siéger. Pourtant de nombreuses personnalités politiques vont régulièrement à l’université d’été du Medef ou au diner du Crif ! La laïcité nous permet de vivre ensemble, malgré nos différences d’opinions et de croyances. Ce n’est ni une négation de la religion ni une négation de la sphère privée. La laïcité c’est simplement le refus de l’Etat de se soumettre à quelque idéologie partisane que ce soit.
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