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Nasrallah renverse les rôles et devient accusateur : Le 14 Mars doit procéder à son autocritique

Hezbollah
En quatre ans, c’est la troisième conférence de presse du secrétaire général du Hezbollah. D’emblée, Hassan Nasrallah a annoncé qu’il donnera une autre conférence en plus des discours prévus le 25 et le 30 juillet. Devant un parterre de députés du Hezb et de journalistes, Nasrallah a demandé aux leaders du 14 Mars de faire leur autocritique au sujet des quatre dernières années au cours desquelles « le pays était chaque jour au bord de la guerre civile ». Interrogé sur une possible action sur le plan politique comme par exemple un changement de gouvernement, le sayyed a indiqué que rien ne serait décidé « avant la publication de l’acte d’accusation ».

Avec une pointe d’humour, sayyed Hassan Nasrallah a commencé par préciser que ses proches lui ont demandé : « Mais qui donne une conférence de presse à 20h30 ? » Il leur aurait répondu : « Je veux donner à tous les Libanais l’occasion de m’écouter s’ils le souhaitent sans avoir à se contenter des extraits rapportés par les médias. »
Il a ensuite affirmé que le Liban traverse une période « délicate, complexe et sensible », non pas à cause d’une guerre ou d’événements internes, mais à cause du TSL. Il a ensuite ajouté que certains se sont déclarés surpris de la réaction du Hezbollah face aux confidences faites sur le contenu de l’acte d’accusation, alors que d’autres ont estimé qu’il n’a pas le droit de se défendre. Enfin, d’autres encore, ceux qu’il a appelés les « nouveaux philosophes », ont affirmé que le fait de se défendre équivaut à un aveu de culpabilité.

Nasrallah a encore affirmé que selon toutes les données détenues par le Hezbollah, l’acte d’accusation a été écrit en 2008, avant même que des membres de son parti n’aient été entendus en tant que témoins en avril dernier. Sa publication, a-t-il dit, a été toutefois reportée pour des raisons politiques. Selon lui, les concertations actuelles portent sur le timing de la publication, non sur le contenu. Il a ensuite confirmé les informations selon lesquelles avant de se rendre à Washington, le Premier ministre Saad Hariri lui a rendu visite pour l’informer de la publication prochaine de l’acte d’accusation et du fait que le TSL compte accuser des membres du Hezbollah. Nasrallah a ajouté que Saad Hariri a évoqué cette question avec beaucoup de bonne volonté dans un souci réel de coopérer et d’aider le parti. Il a d’ailleurs proposé immédiatement de déclarer à la presse que ces éléments du Hezbollah sont des infiltrés et qu’ils n’agissent pas pour le compte du commandement. Le secrétaire général du Hezb n’a pas voulu pour l’instant donner plus de détails sur la teneur de cet entretien, se contentant de se demander pourquoi les enquêteurs comptent entendre de nouveaux membres du Hezbollah, alors que tout a été déjà décidé. Il a répété qu’il rejette toute accusation contre un des membres du parti, précisant que la machine qui était en place avant l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et qui s’est mise en marche aussitôt après l’assassinat est de nouveau en place aujourd’hui.

Nasrallah a également affirmé que le Liban se trouve aujourd’hui devant un grave projet qui vise la Résistance, mais aussi tout le Liban. Ce projet a été élaboré, selon lui, après l’échec de toutes les autres tentatives de briser le Hezbollah. Et cette fois, il ne s’agit plus de s’en prendre à la Syrie ou à ses alliés, mais directement au Hezbollah, en utilisant un événement chargé d’émotion qui concerne tous les Libanais.
Tout en précisant qu’il n’a pas de données précises sur la date de publication de l’acte d’accusation, il a affirmé que des parties au Liban et à l’étranger estiment qu’il ne faut plus attendre et donner du temps à la Résistance pour qu’elle se renforce.

Nasrallah a déclaré qu’il faut certes s’entendre et s’épauler, mais cela commence, selon lui, par la necessité de s’écouter, « sans se contenter de lire des papiers transmis par des conseillers ».
« Lorsqu’on m’a dit que l’acte d’accusation serait publié dans les prochains mois, a déclaré Nasrallah, j’ai pensé à deux résultats : le premier positif concerne le fait que cet acte n’incrimine plus la Syrie ni ses alliés, ni les quatre généraux ; et le second négatif qui veut que l’acte accusera quelques membres du Hezbollah. Cela dans une première étape, mais qui sait ce qui arrivera plus tard, car il pourrait y avoir d’autres accusations. Nous sommes conscients du tunnel dans lequel on veut nous entraîner »...

Nasrallah a ensuite développé le point du rejet de la thèse de l’implication de la Syrie, estimant que c’est un point positif, car c’était la vision du Hezbollah depuis le début. Il a ensuite appelé les leaders du 14 Mars à procéder à une autocritique au sujet de leurs positions à ce sujet, car celles-ci ont eu des conséquences sur tous les Libanais. Il a précisé qu’un seul leader a eu le courage de procéder à une telle autocritique et c’est Walid Joumblatt, « d’abord parce qu’il est courageux, a ajouté le sayyed, et ensuite parce qu’il est sûr de son leadership et de la compréhension de sa base et enfin parce qu’il sait qu’il est désormais dans le vrai... J’invite les leaders du 14 Mars à en faire de même. Il ne suffit pas de dire : je veux des relations normales avec la Syrie, en 2010. Il faut préciser aux partisans et à tous les Libanais, qu’en 2005, on a eu tort et qu’on a failli vous mener au précipice. Personne ne réclame des excuses, a-t-il indiqué, surtout pas la Syrie qui a surmonté cette question, car il est dans son intérêt de vouloir des relations normalisées avec le Liban. Mais par égard pour tous les Libanais, pour les leaders qui ont été injustement accusés pendant quatre ans et qui ont été abreuvés d’insultes et ont été diffamés, ainsi que pour les familles des travailleurs syriens qui ont été assassinés sur l’incitation politique de ces leaders qui ont assuré une sorte d’environnement politique favorable à ces assassinats ».

Nasrallah a ensuite insisté sur la nécessité de procéder à cette autocritique, car il n’y a, selon lui, aucune garantie pour qu’ils ne rééditent pas ce genre d’action, pour une période indéterminée. Il a rappelé que le 14 février 2005, les accusations ont été portées, le jugement émis et la sentence exécutée sans preuves, celles-ci ayant été fabriquées par la suite. Il a ensuite évoqué les insultes émises contre ceux au sein de l’opposition qui disaient : attendez les preuves avant de lancer des accusations. Il a ensuite affirmé avoir dit au Premier ministre Saad Hariri, au cours de l’une de leurs rencontres : « Donnez-moi une preuve de l’implication de la Syrie et je me tiendrai à vos côtés. »

Nasrallah a aussi précisé que la Syrie a été isolée pendant des années sur la base de ces accusations et que certains leaders libanais ont réclamé le déploiement de l’armée aux frontières avec la Syrie, avant de qualifier les accords conclus avec elle d’humiliants. Résultat, a-t-il dit, ces accords ont été validés récemment, avec des amendements de pure forme.

Il a ensuite évoqué les insultes adressées au président Émile Lahoud, l’injustice commise à l’égard des quatre généraux et la condamnation à l’égard de l’opposition, notamment sunnite. Il a ensuite précisé que personne ne veut juger les faux témoins, ni ceux qui les ont fabriqués, car ce serait un véritable scandale. Le minimum à faire, selon lui, serait de lever au moins l’injustice qui a touché ceux qui ont été accusés injustement. Il s’est également adressé au public du 14 Mars pour lui demander de réclamer une autocritique de la part de ses leaders. C’est à ce moment-là qu’on pourra passer à une nouvelle étape, a déclaré le sayyed.

Et de conclure que le Hezbollah n’a pas peur. « C’est celui qui a comploté qui doit avoir peur, a-t-il martelé. Nous autres, nous sommes des gens de droit, nous savons ce que nous avons fait. Que ceux qui ont fait de faux calculs, pendant des années, en fassent cette fois de bons. »

Nasrallah a ensuite répondu aux questions. Il a notamment démenti les informations selon lesquelles le général Aoun lui aurait demandé d’envahir les régions chrétiennes pour mettre un terme aux agissements de groupes extrémistes chrétiens, tout comme il a affirmé « n’avoir pas évoqué avec lui la situation gouvernementale ».

Au sujet des informations sur une infiltration du Hezbollah transmise par le département des informations aux FSI, il a reconnu avoir reçu ces informations et le parti a aussitôt effectué une enquête et il s’est avéré que les trois jeunes gens n’étaient pas infiltrés. D’ailleurs, ils sont toujours à leurs postes.
à la question de savoir ce qu’il ferait si ses revendications ne sont pas exécutées, Nasrallah a affirmé qu’il ne s’agit pas d’ultimatums et qu’il y aura d’autres interventions pour préciser d’autres points.

Scarlett HADDAD

Voir aussi le discours du 22/07/2010

Discours et conférence de presse d’Hassan Nasrallah

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