RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Eurosatory : le grand pince-fesses des VRP de la mort

A quoi ressemble un marchand d’armes ? Est-ce que le mal est inscrit sur ses traits, transparent ? Ou bien arbore-t-il au contraire une ganache de pékin moyen ? Question d’importance. La tenue du salon de l’armement terrestre Eurosatory (Villepinte, 14-18 juin), summum du genre, semblait l’occasion parfaite d’enquêter sur le sujet. Plongée dans l’univers boueux des VRP de la mort.

Dans toutes les allées, les mêmes faces rubicondes et satisfaites, les mêmes uniformes - chemise blanche, costume passe-partout, coiffure bien dégagée sur les côtés et/ou dégarnie, peau luisante - , les mêmes rires gras. Un verre de champagne à la main, un attaché-case à l’autre, une naïade plus ou moins peinturlurée pendue au bras (pour les plus éminents), ils s’agglutinent devant les stands, ravis d’être là , paradant parmi leurs pairs. En grappes, ils échangent force commentaires sur les merveilles présentées, du Taser XREP/X12 à la grenade assourdissante Splinterless SV-135, en passant par les nouvelles joyeusetés balistiques made in Israël et les bon vieux Renault-trucks des familles, yeux gourmands, ravis de tant de puissance de feu.

Ils sont à la fête. C’est que le grand raout de l’armement n’est pas seulement commerce de mort, il est aussi l’occasion pour les représentants ès grande faucheuse de tous les pays de se rencontrer dans une ambiance décontractée. C’est là qu’ils discutent des nouveaux petits bijoux semeurs de morts, présentent leurs nouveautés et signent de juteux contrats. Normal, dans ces conditions, que l’atmosphère soit à la bonne humeur et à la courbette servile : il y en aura pour tout le monde. Quelques gradés - médailles et uniformes en bandoulière - déambulent l’air grave, détonnent presque dans le paysage. Les autres, qu’ils soient brésiliens, russes, français, américains, bulgares ou saoudiens, se ressemblent tous : VRP funèbres fabriqués en série, un peu minables, un peu beaufs, un peu grandes-gueules. La grande foire à la saloperie humaine ressemble à une FIAC du pauvre, voire à un salon de Ils sont à la fête. C’est que le grand raout de l’armement n’est pas seulement commerce de mort, il est aussi l’occasion pour les représentants ès grande faucheuse de tous les pays de se rencontrer dans une ambiance décontractée. C’est là qu’ils discutent des nouveaux petits bijoux semeurs de morts, présentent leurs nouveautés et signent de juteux contrats. Normal, dans ces conditions, que l’atmosphère soit à la bonne humeur et à la courbette servile : il y en aura pour tout le monde. Quelques gradés - médailles et uniformes en bandoulière - déambulent l’air grave, détonnent presque dans le paysage. Les autres, qu’ils soient brésiliens, russes, français, américains, bulgares ou saoudiens, se ressemblent tous : VRP funèbres fabriqués en série, un peu minables, un peu beaufs, un peu grandes-gueules. La grande foire à la saloperie humaine ressemble à une FIAC du pauvre, voire à un salon de l’électro-ménager (si on fait abstraction des marchandises présentées, évidemment). Perturbant.

Pour le Rouletabille naïf égaré au salon Eurosatory, l’expérience est plutôt éprouvante [1], voire carrément effrayante. Horreur à la mesure de nerfs de géant [2] ! Difficile de s’imaginer la chose, l’ampleur du désastre : 50 000 professionnels du secteurs attendus sur quatre jours, 1 300 exposants qui tous ont placé leurs billes (ou une partie d’icelles) dans l’armement terrestre, de Dassault à Taser, de Lockhead Martin (le roi du missile) à EADS, affichant leurs marchandises rutilantes comme d’autres leurs tapis. Opulents et joyeux. Il faut dire, comme le rappelle Philippe Leymarie sur son blog du Monde Diplo (ici), qu’ils auraient tort de faire la gueule, tant leur industrie est plus que jamais florissante :

« En dépit de la crise, les dépenses militaires mondiales - toutes spécialités - ont atteint un nouveau record pour 2009, selon le rapport de l’Institut de recherche pour la Paix de Stockholm (SIPRI) publié le 2 juin dernier : 1531 milliards de dollars ont été consacrés au secteur militaire (+ 6 % par rapport à 2008, et + 49 % par rapport à l’année 2000). »

Alors, d’un stand à l’autre, c’est le même spectacle : champagne et petites pépées, rires et claques dans le dos. Les affaires tournent, l’heure n’est pas à la sinistrose. Dehors, un petit train touristique [3] permet aux plus impotents d’aller jeter un coup d’oeil à la ribambelle de tanks s’étalant sur un parking immense, chenille vicieuse. Pas loin, une escouade d’officiels allemands s’engouffre dans un gigantesque véhicule blindé, visite guidée ponctuée d’exclamations enthousiastes. Allée F4, des yeux égrillards suivent les croupes des hôtesses d’accueil, quelques blagues fusent en polonais. Devant un stand, un type à l’accent belge, manifestement bourré, s’adresse à son interlocuteur japonais dans un anglais hésitant : « Cette roquette, mon vieux, elle te défonce un tank d’un claquement de doigt. Notre grande fierté. » Un temps. « Bon, on va la boire cette bière ? » A deux pas, un ricain excité, l’air ado, s’empare des mitraillettes d’un stand, l’une après l’autre, méthodiquement, pour les soupeser et mimer l’assaut furieux, l’oeil en érection. Plus loin, les représentants de Taser tentent de m’expliquer que jamais au grand jamais l’on n’a pas pu faire état d’un lien direct entre un décès et l’utilisation d’une de leurs merveilles. Litanie déprimante.

De cette plongée de quelques heures dans le raout des marchands de mort, je ne retiendrai finalement pas grand chose. Quelques instantanés mentaux saisis au vol. Quelques photos parlantes (ci-dessous). Une impression de dégoût omniprésent - gerbe en embuscade. Et, en fond neuronesque, ce vieux refrain sur la « banalité du mal » qui tambourine à l’esprit. Vus comme ça, ils ont presque l’air normaux. Est-ce vraiment une excuse ?

Articles source avec de nombreuses photos du morbide pince-fesse :
http://article11.info/spip/spip.php?article838

URL de cet article 10905
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Gabriel Péri : homme politique, député et journaliste
Bernard GENSANE
Mais c’est vrai que des morts Font sur terre un silence Plus fort que le sommeil (Eugène Guillevic, 1947). Gabriel Péri fut de ces martyrs qui nourrirent l’inspiration des meilleurs poètes : Pierre Emmanuel, Nazim Hikmet, ou encore Paul Eluard : Péri est mort pour ce qui nous fait vivre Tutoyons-le sa poitrine est trouée Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux Tutoyons-nous son espoir est vivant. Et puis, il y eu, bien sûr, l’immortel « La rose et le réséda » qu’Aragon consacra (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

On l’appelle le "Rêve Américain" parce qu’il faut être endormi pour y croire.

George Carlin

Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.