Un article du journaliste et politologue argentin pour le quotidien mexicain La Jornada à propos de la Bolivie. Une analyse rapide, mais sans concession, du mouvement initié par Evo Morales et le parti MAS.
José Carlos Mariátegui [1], notre Amauta [2] andin moderne, a édifié les trois piliers fondateurs des sciences sociales en Amérique Latine après avoir déclaré que sans la libération des indigènes il n’y aurait pas de démocratie et de socialisme en amérique, que les rachitiques bourgeoisies nationales et leurs forces politiques ne pourraient pas accomplir les conquêtes démocratiques (comme la question de l’indépendance nationale ou celle de la terre) et que par conséquent, celles-ci devraient être concrétisées par le socialisme et qu’enfin sur nos terres, ne pouvait être ni calquées ni copiées les expériences faites sur d’autres continents, où existe une densité historique et culturelle très différente.
Le cours révolutionnaire actuel en Bolivie confirme ces affirmations. Dans la voie ouverte par le gouvernement nationaliste de Gualberto Villarroel (1943-1946) avec la première assemblée indigène, par la révolution de 1952 et ensuite par l’assemblée populaire de la fin des années 60 à l’époque du gouvernement nationaliste du général Juan José Torres, le gouvernement d’Evo Morales-Alvaro Garcàa Lineras construit une Bolivie dont l’État est basé sur un consensus indigène massif, une nation démocratique et moderne qui lutte pour son indépendance et celle de tous les pays latino-américains, dans la perspective de la création d’un régime social différent qui sorte le pays du capitalisme qui l’a placé dans une position de dépendance aiguë.
Là les problèmes commencent, parce que le but social est beaucoup plus défini par ce qu’il ne doit pas être - ni le "socialisme réel" totalitaire, ni l’impossible politique de la social-démocratie - que par un projet commun. Il existe la conviction que ce changement social ne peut être ni calqué ni copié sur l’expérience russe, yougoslave, chinoise ou cubaine, mais il doit s’attacher à l’histoire et aux conditions boliviennes. Et, bien sûr, la conscience d’un appareil étatique fort qui s’appuie sur le mouvement paysan et sur les travailleurs urbains sera l’outil fondamental pour construire les bases d’une transformation profonde de la Bolivie, qui est un pays vaste et très riche, peuplé par moins de 10 millions d’habitants et une grande quantité de travailleurs émigrés, surtout en Argentine, au Brésil et en Espagne.
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