Il semble effectivement désespérant, désespéré et même vain de contredire une fable encore plus profondément ancrée à gauche, particulièrement dans le microcosme politico-médiatique parisien à tendance germanopratine.
Si cela concerne aussi la Russie aujourd’hui, quoique dans une moindre mesure, le cas chinois sur le supposé génocide ouïghour est particulièrement éclairant sur la bêtise, l’ignorance et la lâcheté d’une certaine gauche.
On notera qu’à la moindre contestation de ce discours, la promptitude à demander des preuves de l’inexistence du génocide est inversement proportionnelle à la rigueur à en donner afin de prouver qu’il existe. En bref, ceux qui ne croient pas en Dieu ont la charge de la preuve, tandis que ceux qui y croient peuvent se reposer sur leurs lauriers sûrs de leur fait. Dieu existe jusqu’à ce qu’on me prouve que non. Pourtant il est plus facile de prouver l’inexistence du génocide des Ouïghours que celle de Dieu, mais lorsqu’on y apporte des preuves concrètes, l’on est automatiquement classé comme agent du PCC ou maoïste. C’est commode.
Quelles preuves ont en leur possession les tenants du génocide des Ouïghours en Occident ? Elles sont de deux types qu’on pourra résumer selon l’ancienne devise de Paris-Match, le poids des mots, le choc des photos.
Les premières, sensées être génératrices de choc, sont des images de détenus masculins, en photos ou en vidéos. Selon la définition, un détenu est une personne mise en prison pour des crimes ou délits variés. Il y a des détenus dans tous les pays du monde car la criminalité et la délinquance sont des choses largement partagées par l’humanité entière. Il est vrai aussi que des détenus peuvent l’être de manière abusive et hors des lois, comme à Guantanamo, dont les clichés n’ont pour le coup pas l’heur d’émouvoir nos journalistes ou politicards de gauche. Sur lesdites photos brandies par nos chers médias, on voit toujours la même chose : des détenus, donc, assis parterre et les yeux bandés, ce qui semble être la seule violence qu’on leur inflige. On est à peu près certain que ces photos ont été prises en Chine, mais on ne sait pas par qui. Peu de chance que ce soit un de nos journalistes qui soit allé enquêter, hein. Probablement un gardien ou un employé du centre de détention. On ne connaît évidemment pas le contexte, et on n’est même pas sûr que les détenus soient des Ouïghours. La seule chose qui rattache ces clichés à la Chine sont les inscriptions dans le dos des détenus (que personne n’a pris la peine de traduire oeuf corse) ou tout bonnement, le fait qu’ils aient l’air... chinois.
Les vidéos disponibles sont également toutes du même acabit : des détenus, souvent les yeux bandés, attendant sur le quai d’une gare ou montant dans le train. Peu importe où ça se passe, du moment que c’est en Chine. Un enfant de 10 ans pourrait comprendre ces vidéos comme montrant un simple transfert de prisonniers, chose somme toute courante dans le secteur pénitentiaire. Je crois que nous avons à faire ici à une tentative malhonnête de « raccrocher les wagons », si je peux me permettre ce jeu de mots facile, avec une sale mémoire européenne... La vision banale d’un quai de gare envahi de prisonniers aura un impact certain sur la conscience de naïfs Occidentaux.
En résumé, je redemanderais ceci à ceux qui autour de moi croient dur comme fer à ce génocide : est-ce que si je prends en photos des détenus dans les prisons françaises surpeuplées, cela signifie que la France commet un génocide ? Est-ce que si je vais au pied des murs d’une prison pour prendre en photo les miradors et les barbelés qui la surplombent, c’en devient automatiquement une preuve d’un ethnocide ? Est-ce que la présence de centres de détention massifs sur un territoire est un indice de meurtre de masse en cours ? Est-ce que transférer des prisonniers d’un lieu de détention vers un autre indique que leur mort est proche ? À cette dernière question, on pourrait répondre par l’inverse : que leurs conditions de vie vont peut-être s’améliorer...
Le deuxième type de preuves à disposition pour prouver l’existence du génocide du peuple ouïghour, ce sont les témoignages apportés par une brochette féminine de dissidentes ouïghoures, menées en France par Dilnur Reyhan. Or, il suffit de dire que cette dernière a approuvé l’engagement djihadiste de radicaux islamistes ouïghours en Syrie et qu’à l’instar de Laurent Fabius, elle a déclaré à sa manière que, mine de rien, ils faisaient aussi du bon boulot. On ne saurait trop répéter que ces mêmes radicaux ont commis nombres d’attentats sur le sol chinois qui ont fait plus de 150 morts. Morts qui pour le petit monde médiatico-politique parisien valent moins que ceux du Bataclan et de CH. La majorité de ces témoignages sont des faux relayés par un cureton teuton peu fréquentable, viscéralement anti-coco. Pour Dilnur Reyhan, mieux vaut un Xinjiang sous la coupe d’islamistes sanguinaires que dirigé par un état profondément laïque. On n’a pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir d’où vient cette façon de voir.
De fait, les médias occidentaux oscillent entre génocide et répression, tant ils savent au fond que le premier est invraisemblable et surtout indémontrable. Seuls les médias de gauche, plutôt bons dans leurs analyses nationales mais absolument cloches à l’international, s’entêtent à brandir le génocide comme un mantra, car quand il s’agit de s’enfoncer dans la connerie, la gauche ne montre jamais assez de zèle. Quand il faudrait au moins faire preuve de scepticisme devant la pauvreté des preuves, ils plongent tête baissée, nez sur le guidon. Mais parlons un instant de répression. Y a-t-il en Chine une répression anti-Ouïghours ? Probablement, mais il serait bon d’être plus précis. Dans le dictionnaire, réprimer, ayant donné le substantif répression, signifie empêcher une chose jugée dangereuse pour la société de se manifester, de se développer. Qu’est-ce qui en Chine est jugé dangereux pour la société, sinon ceux qui organisent des attentats sur le sol national pour assassiner le plus grand nombre possible de ses citoyens ? Oui, sans nul doute, la Chine réprime, comme la France ou tout autre pays touché par ce fléau, les terroristes islamistes localisés principalement dans la province du Xinjiang dans laquelle l’extrémisme religieux a rejoint d’autres intérêts plus proches de velléités d’indépendance que du bonheur du peuple ouïghour. Dans sa grande, très grande majorité, l’ethnie ouïghoure continue de vivre paisiblement au Xinjiang mais aussi dans les autres provinces de la Chine. Celles et ceux qui se sont rendus en Chine peuvent en témoigner, eux.
Alors pourquoi, si ce n’est Mélenchon, la gauche continue-t-elle à se tromper à ce point ?
Je pense que la raison est simple. Certes, avec le temps, certains pays sont devenus de manière tout à fait pavlovienne des ennemis dont les horreurs ne nécessitent plus la moindre preuve pour devenir vraies. Et ce sont toujours les mêmes nations, celles que l’Oncle Sam nous montre du doigt. Encore une fois, ici, la gauche est la plus zélée servante de l’atlantisme. Mais dans le cas précis des Ouïghours entre en ligne de compte un travers systématique, quasi freudien, de la gauche, c’est de voir dans les musulmans les éternelles victimes. S’il y a du vrai dans ce tableau, la gauche a tellement peur de se tromper qu’elle choisit de croire à ce discours clé en main. Mais il en résulte qu’on ne peut être qu’effaré de constater à quel point elle se ridiculise en surjouant l’indignation face à du néant tout en restant parfaitement indifférente à la souffrance du peuple palestinien, bien réelle, bien démontrée, bien là, sans qu’il n’y ait besoin de lobbyistes pour nous le dire... Pire, qu’elle n’ait tiré aucune leçon du passé et des affabulations qui nous ont conduit dans le sillage de l’infanterie yankee. L’amnésie et la lâcheté.