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Arrêter un journaliste à la fois et instaurer la démocratie en Afghanistan (Counterpunch)

Les forces dirigées par les Etats-Unis ont vraiment frappé un grand coup dans la promotion du concept de la «  démocratie » à l’occidentale.

La force de coalition (ISAF) et le service de renseignement du gouvernement afghan ont, à eux deux, arrêté et détenu trois journalistes. Rahmatullah Nekzad, journaliste indépendant pour Al Jazeera et Associated Press, Mohammed Nader, correspondant et cameraman pour Al Jazeera, et Hojatullah Mojadadi, directeur d’une radio locale afghane, ont été détenus sans charges pour le «  crime » d’avoir noué des contacts avec les Talibans. Nekzada et Nader ont été détenus pendant trois jours par les forces US. Mojadadi a été détenu six jours par les autorités afghanes.

Tous les trois ont finalement été libérés grâce aux pressions internationales et suite aux appels du président afghan Hamid Karzai pour la libération des deux journalistes détenus par les forces de l’OTAN.

L’armée US était contrarié par le fait que le journaliste d’AP et Al Jazeera, Nekzad, avait noué des contacts avec les forces Talibanes. En fait, dans le communiqué de presse initial de l’OTAN, il a été dit qu’il était «  soupçonné d’aider les médias et la propagande Talibans, en filmant leurs attaques contre les élections. » Ce qui signifie en clair qu’il avait réussi à pénétrer dans «  le camp adverse » pour donner à voir ce qui se passait réellement en Afghanistan. Nader était accusé de faire de la propagande pour les Talibans.

Pour expliquer la détention des deux hommes, l’ISAF a dit «  les insurgés emploient la propagande, souvent diffusée par les agences de presse, comme un moyen de pression et, souvent, pour intimider la population afghane. Il est de la responsabilité des Forces de la Coalition et des Forces Afghanes d’empêcher les activités de ces réseaux de propagande des insurgés. »

Le gouvernement afghan n’a fourni aucune explication pour la détention du directeur de radio Mojadadi, et les trois hommes ont été libérés sans charges retenues contre eux.

Le moment choisi pour précéder à ces arrestations - au beau milieu des élections législatives largement annoncées mais totalement corrompues, que les Talibans cherchaient à déstabiliser - révèlent les intentions des Etats-Unis : empêcher toute couverture honnête de cette mise en scène qui est avant tout destinée aux public américain pour donner l’impression que tout l’argent dépensé et tout le sang versé ont servi à quelque chose.

Bien-sûr, ce n’est pas la première fois que les forces US ou des forces de la coalition ont arrêté des journalistes en Afghanistan. Selon le Comité pour la Protection des Journalistes, nombre de journalistes ont été arrêtés ou détenus en Afghanistan au cours des neuf années de guerre. Certains ont été rapidement libérés, mais d’autres ont connu des sorts funestes qui constituent probablement des messages envoyés aux autres journalistes présents dans le pays. Jawed Ahmad, correspondant pour la CTV du Canada, a été emprisonné dans les conditions sévères et mystérieuses de la prison de la base aérienne de Bagram pendant 11 mois, pour être finalement libéré sans charges contre lui. (Peu après sa libération, il a été abattu dans la rue. A ce jour, les coupables n’ont pas été retrouvés). Sami al-Haz, autre correspondant d’Al Jazeera, a été emprisonné après avoir été arrêté en train de traverser la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan en décembre 2001, et il a passé six ans à Guantanamo, sans charges, avant d’être libéré.

Apparemment, si vous ne donnez pas uniquement la version américain sur l’Afghanistan, si vous faites l’effort de donner l’opinion de «  l’autre camp », et surtout sur vous travaillez pour Al Jazeera, vous êtes un ennemi potentiel, et vous risquez l’arrestation et une détention arbitraire. Ou pire : rappelez-vous la guerre en Irak, les États-Unis ont bombardé les bureaux d’Al Jazeera à Bagdad au cours des premiers jours de l’invasion, en tuant plusieurs membres du personnel, et Bush a même envisagé de faire sauter le siège de l’organisation située dans les Emirats Arabes Unis.

C’est ça la démocratie que nous instaurons en Afghanistan ?

Peut-être que l’armée US a tellement l’habitude d’avoir affaire à une presse servile avec ses journalistes porteurs de laissez-passer pour la salle de presse du Pentagone, et des journalistes américains embarqués dans la zone de guerre prêts à répéter comme des perroquets la ligne officielle du parti servi par d’aimables fonctionnaires de l’armée, et qui acceptent la censure, que les responsables ne comprennent même plus ce qu’un journaliste est censé faire, à savoir : chercher la vérité et présenter l’ensemble des données à ses lecteurs. Dans le même temps, comme on a pu le constater avec l’arrestation et la détention au Koweït du lanceur d’alerte, le soldat Bradley Manning, dire la vérité constitue un délit lorsque des crimes de guerres sont commis par des responsables. Le mensonge perpétuel est intrinsèque à la culture militaire.

Lorsqu’on examine les choses de plus près, la plupart de ce qui se fait passer pour du journalisme dans les médias de masse aux Etats-Unis n’est que de la propagande. Ceux d’entre nous qui font encore un véritable métier de journaliste, comme ceux de ce modeste magazine, sont aux yeux de l’armée, du FBI et d’une bonne partie de la classe politique, et peut-être même d’une bonne partie de l’opinion publique, des traîtres.

Il est cependant pathétique de penser que le gouvernement des Etats-Unis nous dit que nous combattons en Afghanistan pour y promouvoir la démocratie alors que nos forces emprisonnent les journalistes qui ne font que leur métier.

Ces journalistes ne sont même pas Américains. Je veux dire que, si vous êtes un journaliste américain et que vous accompagnez des combattants Talibans pour filmer leurs embuscades contres des soldats US, j’arrive à comprendre que l’armée US puisse vous considérer comme une sorte de traître. Mais les correspondants d’Al Jazeera ne sont pas des Américains, et leur organisation, basée dans les Emirats Arabes Unis, est neutre dans le conflit afghan. Comme pendant la Deuxième Guerre Mondiale, on s’attendrait à voir des journalistes Suisses et Espagnols, pays neutres dans ce conflit, faire leur métier dans les deux camps.

Arrêter des journalistes pour avoir fait leur métier, à l’étranger ou à l’intérieur du pays, est un mauvais présage. C’est un pas de plus vers l’abîme totalitaire.

J’ai croisé l’autre jour une voiture avec un autocollant qui disait «  Vétéran de l’Afghanistan ». Un deuxième autocollant, décoré de camouflages du désert, disait «  Les soldats US : c’est leur courage qui garantit vos libertés »

Je ne crois pas, non.

Dave Lindorff

http://www.counterpunch.org/lindorff09272010.html

Traduction VD pour le Grand Soir

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Si j’étais le président, je pourrais arrêter le terrorisme contre les Etats-Unis en quelques jours. Définitivement. D’abord je demanderais pardon - très publiquement et très sincèrement - à tous les veuves et orphelins, les victimes de tortures et les pauvres, et les millions et millions d’autres victimes de l’Impérialisme Américain. Puis j’annoncerais la fin des interventions des Etats-Unis à travers le monde et j’informerais Israël qu’il n’est plus le 51ème Etat de l’Union mais - bizarrement - un pays étranger. Je réduirais alors le budget militaire d’au moins 90% et consacrerais les économies réalisées à indemniser nos victimes et à réparer les dégâts provoqués par nos bombardements. Il y aurait suffisamment d’argent. Savez-vous à combien s’élève le budget militaire pour une année ? Une seule année. A plus de 20.000 dollars par heure depuis la naissance de Jésus Christ.

Voilà ce que je ferais au cours de mes trois premiers jours à la Maison Blanche.

Le quatrième jour, je serais assassiné.

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