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Andalousie : Rendre « Las Turquillas » au peuple, démanteler les bases militaires (Noviolencia62)

Panneau : "Terrain militaire, défense d’entrer"

Avec la revendication de la propriété « Las Turquillas », les travailleurs du Syndicat Andalou des Travailleurs dénoncent d’une part la complicité et le manque de volonté politique pour régler le problème du chômage, et d’autre part les limites absurdes de la militarisation en Andalousie. Les récentes condamnations du maire de Marinaleda et du secrétaire général du SAT ont pour toile de fond la contestation populaire face aux intérêts militaires dans la zone.

C’est de notoriété publique que l’Andalousie subit une sévère militarisation de son territoire : de grandes bases militaires, la légion présente à Ronda et à Almeria, d’importantes usines d’armes (comme le très coûteux avion de guerre A400M ou les navires d’" action maritime ") à Cadiz et Séville, des installations sophistiquées pour la conception et la construction de drones de guerre à Huelva, des batteries de missiles sur les côtes de Cadiz, des manœuvres navales dans la zone du détroit, des attaques de sous-marins nucléaires à Rota et Gibraltar, etc.Mais ce phénomène va bien au delà du seul chapelet interminable d’installations à la fameuse mention " interdit, zone militaire ".

Ce fort assujettissement militaire vécu ici s’explique par deux principales raisons connues : le territoire andalou reste le point géo-stratégique clé entre la Méditerranée et l’Atlantique ; ensuite, l’Andalousie est une communauté autonome avec de fortes nécessités sociales et des niveaux de chômage très élevés. Comme on dit ici mi-sérieux mi-blagueur, la faim rejoint l’envie de manger... ce qui signifie qu’une militarisation aussi sévère n’est possible que parce qu’un groupe d’Andalous s’accroche à un clou brûlant (ie les quelques postes de travail que crée la militarisation) pour pouvoir survivre.

Pour les intérêts militaires, une Andalousie soumise à la désespération économique assure une garantie certaine et une belle opportunité de débouchés.

Pour sa part, la Junte d’Andalousie, malgré ses discours excessifs sur la Culture de la paix, a cédé au commerce des armes en finançant directement une partie du pôle aéronautique militaire à Séville, en soutenant le bouclier anti-missile à Rota (base navale de l’Otan -Ndr), etc.La Junte d’Andalousie est en train de dynamiter, avec froideur et hypocrisie, les racines profondes de paix existantes dans la culture locale. Ceci, qui n’est pas passé inaperçu aux yeux de beaucoup, relève d’un sujet économique et politique qui est certes d’une importance essentielle mais surtout d’un symbolisme intense qui affecte négativement l’essence identitaire et culturelle andalouse.

Dans ce contexte, ici sommairement décrit, les conflits, bien sûr, sont assurés. La réponse des nombreux citoyens contre la présence du sous-marin nucléaire "Tireless" à Gibraltar (en avarie technique), les marches annuelles contre les bases militaires ou encore les nombreuses protestations des municipalités contre les obligations dûes aux installations militaires ou contre les affaires à caractère spéculatif de la Défense, etc..., témoignent des réactions de conscience collective face au problème et ce, malgré la férocité avec laquelle se déploient les intérêts militaires dans la zone.

A ce sujet, il faut dénoncer clairement la répression politique, vécue par les compagnons du Syndicat Andalou des Travailleurs (SAT), jugés pour avoir occupé la propriété militaire (située dans la province de Séville) "Las Turquillas" durant l’été de l’année dernière (1) . Leur demande pacifique concernant la désaffectation militaire de cette propriété sous-exploitée ainsi que sa transformation en coopérative agricole a non seulement été rejetée par les pouvoirs mais en plus est passible de sévères sanctions et peines de prison.

Rattacher l’oisiveté militaire aux revendications laborales et à la dignité de l’Andalousie donne des messages revendicatifs que les puissants essaieront de condamner. Les militaires sont ici bien pires que les propriétaires terriens....ce sont eux qui décident aujourd’hui si les grands investissements seront destinés à Navantia (les chantiers navals de la baie de Cadiz) ou à Airbus Military (Séville), etc...

ils représentent la poule aux oeufs d’or, et main dans la main avec l’appareil politico-judiciaire qui nourrit le pouvoir de la Junte d’Andalousie ainsi que le pouvoir économique de la communauté, ils tenteront d’enrayer, de tout leur poids répressif, cette lutte sociale qui a osé montrer du doigt le plus retors des beaux messieurs andalous : le ministère de la Défense.

Avec la revendication de "Las Turquillas" (une propriété qui ne sert pratiquement pas à la Défense mais qui pourrait, dans les mains des travailleurs, créer de nombreux emplois), les travailleurs du SAT dénoncent d’une part la complicité et le manque de volonté politique pour régler le problème du chômage, et d’autre part les limites absurdes de la militarisation en Andalousie.

Autant dire qu’ils exigent aussi de façon directe une démilitarisation de la communauté autonome et contestent comment les militaires gaspillent les ressources économiques qui devraient être destinées à l’emploi. Voilà un des thèmes de fond pour lesquels ces travailleurs seront jugés.

Nous déclarons publiquement notre solidarité avec cette action du SAT, qui pacifiquement revendique las Turquillas et exprimons notre rejet sur les sanctions du Ministère de la Défense et tous ceux qui, au sein de la Junte d’Andalousie, continuent de refuser l’adoption de mesures concrètes pour créer de l’emploi et freiner la militarisation de notre communauté.

Cristóbal Orellana González

Traduction : Collectif Investig’Action http://www.michelcollon.info/Rendre-Las-Turquillas-au-peuple

Source : Noviolencia62 http://noviolencia62.blogspot.com.es/2013/11/la-finca-las-turquillas-para-el-pueblo.html

Notes :

1. Lire aussi : Espagne, le maire de Marinaleda sous les verrous

D’autres informations sur ce sujet sont disponibles ( en espagnol) dans les liens suivants : http://ccaa.elpais.com/ccaa/2013/10/21/andalucia/1382380273_721615.html http://www.sindicatoandaluz.org/


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paru dans l’International Herald Tribune, 26 juin 2000.

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