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2005-03-12

Algérie-Palestine : même combat

Samedi 12 mars 2005 de 14 H à 23 H
à la Salle des Congrès de Nanterre
(88 rue du 8 mai 1945 - Nanterre - RER Nanterre Ville ou Université ou Préfecture)

Algérie-Palestine
Hier et aujourd’hui le même combat contre le colonialisme

avec la participation de

Leila Shahid Déléguée Générale de Palestine

Omar Somi Union des Etudiants Palestiniens (GUPS)

Jean-Luc Einaudi, Henri Alleg, Simone de Bollardière
Alban Liechti, Jean Lagrave
réfractaires, contre la guerre d’Algérie

Gaï Elhanan, Tamir Sorek refuzniks israéliens

MUSIQUE : DIWAN DE BECHAR FILMS

Repas - Vente de produits palestiniens - Expositions

Participation aux frais : 3 euros (hors repas), gratuit pour les enfants

Il y a cinquante ans commençait la guerre d’Algérie, la guerre d’un peuple pour reconquérir sa liberté. Face à une des premières puissances militaires du monde, la cause de la justice et du droit a fini par triompher. Ce succès, le peuple algérien le doit d’abord à son courage. Il le doit aussi au très large mouvement d’opinion en France et dans le monde qui a fini par exprimer son refus de la guerre et de son cortège de tortures et de massacres, de haine et de mort.

Des Français ont dit « non » à cette guerre. Beaucoup ont payé cette attitude d’une longue privation de liberté. Notamment des réfractaires qui ont refusé de faire cette sale guerre. Ces Français ont accepté de vivre la marginalisation au sein de leur propre société pour défendre des principes universels de solidarité entre les peuples, de liberté, de droit des peuples à leur indépendance.

Il y a cinquante huit ans était créé l’Etat d’Israël. Cet événement a jeté sur les routes de l’exode des centaines de milliers de Palestiniens. Il s’est accompagné de massacres, de destructions de villages au fil de l’expansion israélienne qui a conduit à l’établissement de cet Etat sur 78 % de la Palestine historique. Les 22 % restants ont été occupés après la « guerre des six jours », en juin 1967.

Les Palestiniens ont pris leur parti de l’existence d’Israël et réclament de pouvoir édifier leur Etat sur ces 22 % de territoire, reconnaissant ainsi la souveraineté israélienne sur le reste de la Palestine pour toujours. C’est ce qu’Israël refuse aujourd’hui.

Par delà les différences de situation et de contexte, une même logique coloniale est à l’oeuvre ! Comme aux Algériens hier, on refuse aux Palestiniens le droit à la liberté, on leur dénie leur existence même en tant que peuple, on emprisonne, on torture, on massacre.

Comme hier en France, des forces au sein même de la société israélienne proclament leur refus de cette situation. Comme leurs « aînés » réfractaires de la guerre d’Algérie, des centaines de refuzniks israéliens refusent d’endosser l’uniforme pour participer à la sale guerre que mène leur pays dans les territoires occupés. Des centaines d’intellectuels israéliens condamnent publiquement leur propre gouvernement.

Le gouvernement israélien d’union nationale, Travailliste et Likoud, Pérès et Sharon, évacue Gaza pour mieux tenir la Cisjordanie et Jérusalem. La construction du Mur continue. Les interventions terroristes de l’armée israélienne se poursuivent. Le vol de terres palestiniennes aussi.

Il ne peut y avoir de discussions de paix sérieuses et crédibles dans un tel contexte. Le peuple palestinien ne capitulera pas. Le droit international et l’opinion publique mondiale sont de son côté.

Le rapport de forces sur place est tellement disproportionné que, le peuple palestinien a besoin de l’aide internationale. Comme hier, la solidarité internationale doit s’exprimer.

Il est urgent que partout se lèvent les forces nécessaires pour imposer une paix juste au Proche-Orient. Cela est possible. Cela dépend de nous aussi, en France et partout dans le monde.

Action Citoyenne pour la Palestine, Association des Combattants de la Cause Anticoloniale, Collectif Palestine Banlieue Nord

Palestine-Algérie : D’une lutte anticoloniale à l’autre.

Le conflit israélo-palestinien est un conflit de nature coloniale. Tous les constituants bien connus d’une situation coloniale sont réunis. Il y a un occupant et un occupé. L’occupant s’ingénie à rendre la vie impossible à l’occupé en le privant de ses droits élémentaires, en le bombardant, en détruisant ses moyens de subsistance, en le maintenant dans un statut se citoyen de seconde, voire de troisième zone, en l’enfermant, en le niant en tant que peuple. Pourtant, même si l’opinion publique internationale éprouve de la compassion à l’égard de la situation des Palestiniens, la vision brouillée qu’elle a de ce conflit fait que son engagement en faveur des Palestiniens n’est pas à la hauteur de la sympathie qu’elle leur exprime ; il manque cruellement d’efficacité. Les raisons de ce brouillage sont connues.

Elles tiennent à deux aspects que la propagande israélienne exploite : l’existence de l’Etat d’Israël serait menacée et le chantage à l’antisémitisme.

Il faut lever ces inhibitions pour replacer ce conflit dans sa véritable dimension de guerre de décolonisation :

 Israël n’est pas menacé. La puissance militaire de cet Etat, adossé à l’hyperpuissance américaine et protégé par l’Europe, n’en fait certainement pas une proie possible pour des états arabes en état de déliquescence avancée. De plus, si les dirigeants israéliens avaient été réellement convaincus de la réalité de ce danger, ils auraient accepté avec enthousiasme la proposition de l’Arabie Saoudite, entérinée par l’ensemble des pays arabes, d’une normalisation totale des relations israélo-arabes en échange d’un retrait de l’ensemble des territoires occupés en 1967.

 En ce qui concerne l’argument de l’antisémitisme, Israël est un état comme les autres et doit se soumettre au droit international. Critiquer la politique israélienne n’est pas faire preuve d’antisémitisme. Comment ne pas se souvenir de cette phrase terrible d’Elie Wiesel, prix Nobel de la Paix, déclarant qu’ « Israël ne peut pas être jugé selon la loi normale » ? Une telle affirmation alimente à coup sûr l’antisémitisme. Le meilleur des antidotes contre ce poison est l’application du droit universel partout, toujours.

Un autre conflit colonial a marqué les esprits en France au cours du 20ème siècle. Il s’agit de l’Algérie. Tout en se gardant de dire que les situations sont identiques, on ne peut nier de nombreuses correspondances :
 Il y a une métropole, la France naguère, Israël dans ses frontières d’avant 1967 aujourd’hui.
 Il y a dans les deux cas occupation.
 Il y a la même volonté de faire des territoires occupés des colonies de peuplement.
 Il y a le même processus de déshumanisation de l’autre, processus nécessaire pour « faire passer » le traitement qu’on lui inflige.
 Il y a également des colons extrémistes que toute velléité de faire bouger les lignes fait se ruer sur les barricades.
 Il y a assassinat (Rabin), ou tentative d’assassinat (De Gaulle) de leaders perçus comme des traîtres parce qu’ils ont voulu rompre avec la logique suicidaire et sans issue d’une occupation sans fin.
 Il y a le code de l’indigénat en Algérie qui fait écho aux citoyennetés limitées des Palestiniens.
 Comme hier en Algérie, le gouvernement israélien veut choisir son partenaire pour la paix, en lieu et place du leader de l’heure (y compris, comme dans le cas de feu Yasser Arafat, s’il est élu de manière incontestée par son peuple). En réalité, hier comme aujourd’hui, il s’agit de favoriser celui qui acceptera de passer sous les fourches caudines de l’occupant.

Et il y a aussi des notes positives dans cette comparaison.

 Naguère, des intellectuels français ont pris position contre leur propre gouvernement, voire contre leur propre opinion publique, pour dénoncer la situation faite aux Algériens.
 Des soldats français ont refusé de servir en Algérie. Certains ont même été au delà , comme Francis Jeanson et le réseau des porteurs de valise. Comment ne pas évoquer ces Algériens « d’origine européenne » qui ont payé de leur vie leur engagement dans la lutte anticoloniale, comme Fernand Yveton, guillotiné, ou Maurice Audin, mort sans doute sous la torture. Des Israéliens, intellectuels, refuzniks, suivent cette même voie en plus grand nombre encore. Ils sont sans doute mal perçus aujourd’hui dans leur pays. Ils seront ses héros demain. Maurice Audin a donné son nom à une place algéroise et une place parisienne alors que le général tortionnaire Aussaresses est à jamais synonyme d’infamie.

Resituer le conflit israélo-palestinien dans sa véritable perspective anticolonialiste, tel est notre objectif à travers l’initiative d’un meeting organisé autour de la rencontre entre les réfractaires de la guerre d’Algérie et les refuzniks israéliens. Et par la même occasion combattre les relents du communautarisme ou d’une vision ethnique qui fait écho à la « guerre de civilisation » chère à Bush et Sharon. Et rappeler que juif ne veut pas dire sioniste ni israélien.

L’arme de la justice et le droit des peuples à résister contre l’oppression coloniale sont de mise pour qui veut s’engager à militer pour la reconnaissance du fait national palestinien. Les résolutions de l’ONU et les conventions de Genève seront son vade mecum.

L’image d’opposants à la colonisation, Français et Israéliens, dénonçant le colonialisme d’une même voix, ne pourra qu’avoir un effet positif.

URL de cet article 2006
   
Chroniques de GAZA 2001-2011
Christophe OBERLIN
L’auteur : Christophe OBERLIN est né en 1952. Chirurgien des hôpitaux et professeur à la faculté Denis Diderot à Paris, il enseigne l’anatomie, la chirurgie de la main et la microchirurgie en France et à l’étranger. Parallèlement à son travail hospitalier et universitaire, il participe depuis 30 ans à des activités de chirurgie humanitaire et d’enseignement en Afrique sub-saharienne, notamment dans le domaine de la chirurgie de la lèpre, au Maghreb et en Asie. Depuis 2001, il dirige (…)
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Puisque le commerce ignore les frontières nationales, et que le fabricant insiste pour avoir le monde comme marché, le drapeau de son pays doit le suivre, et les portes des nations qui lui sont fermées doivent être enfoncées. Les concessions obtenues par les financiers doivent être protégées par les ministres de l’Etat, même si la souveraineté des nations réticentes est violée dans le processus. Les colonies doivent être obtenues ou plantées afin que pas un coin du monde n’en réchappe ou reste inutilisé.

Woodrow Wilson
Président des Etats-Unis de 1913 à 1921

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