HOMMAGE A JOSEPH …. VENU DE L’UN DE SES FILS EN HUMANITE
Pour ceux qui ignoraient la personnalité de Joseph Minc, engagé dans les FTP-MOI, section de résistance des ces "˜immigrés’ que les amis politiques du fils pourchassent, expulsent ou même songent à remettre en cause leur nationalité ; quelques informations ci-dessous.
Leur "˜Identité Nationale’ il est vrai était incertaine, celle de Joseph Minc était des plus "˜suspectes’ en ces temps de matin brun.
Leur nom s’inscrirait mieux sur une nouvelle "˜Affiche Rouge’, sur laquelle Joseph Minc aurait pu figurer au côté de Manouchian si il avait eu le malheur d’être arrêté par la Milice Française ou son maître gestapiste ; que sur un bristol d’invitation pour une soirée "˜Français de Souche’, populaire ou distinguée. Il est vrai que dans le deuxième cas la fortune accumulée gomme les différences passées et qu’il est de bonne manière de serrer des mains pas toujours très propres, même au passé criminel sur ses propres ancêtres. Amnésie et infamie sont parfois jumelles, parvenu proche des sommets l’homme oublie par quelle face de la montagne il l’a gravie et n’y rencontre que des égaux en performance, c’est aussi cela le monde capitaliste où les fils se ressemblent tous dans la fraternelle universelle des vainqueurs. Ne parlait il pas, ce fils là , de « La mondialisation heureuse » ? Les erreurs d’hier se bradent sur le web à un bon prix à portée des bourses modestes (1)
LES FTP-MOI
JOSEPH MINC Est décédé à l’age de 102 ans. (2)
« Ce militant du Parti communiste polonais est contraint à l’exil. Il arrive en France à 18 ans. Au début de la SGM, il rejoint les rangs de l’armée polonaise en France, puis s’engage dans la Résistance aux côtés de la MOI (Main d’oeuvre immigrée)
Un petit extrait de Wiki pour resituer les FTP-MOI : "Les FTP-MOI :Les FTP-MOI sont issus de la main-d’oeuvre immigrée (MOI), structure mise en place dans les années 1920 et qui permettaient aux étrangers vivant en France d’être intégrés à la Troisième Internationale communiste sans dépendre directement de la section française, c’est-à -dire du PCF. Au moment même où le PCF décide de créer les FTP, il décide également de créer des groupes de FTP-MOI dans la région parisienne. Ces groupes peuvent collaborer avec les FTP mais ils sont rattachés directement à Jacques Duclos, qui a le contact direct avec l’Internationale communiste et d’une façon plus générale avec Moscou. Parce qu’ils n’attendent aucune clémence de la part des Allemands, parce que le régime de Vichy ne leur laisse guère de choix en dehors de la clandestinité ou de l’internement, les différents groupes FTP-MOI, composés principalement de résistants juifs, sont particulièrement déterminés dans la lutte contre l’occupant. Parce qu’ils dépendent directement du Komintern, par l’intermédiaire de Duclos, on a souvent pensé que ce sont eux que l’on envoie en première ligne lorsque vient l’ordre de Moscou d’intensifier le combat, alors que les groupes français sont beaucoup plus insérés dans une dynamique nationale. Le roumain Boris Holban a longtemps été le responsable des groupes parisiens. Il est ensuite remplacé par Missak Manouchian et lorsque ce dernier est arrêté, c’est à nouveau Holban qui prend le commandement, début 1944.
Des maquis MOI ont également joué un rôle de première importance dans la zone Sud, par exemple pour la libération des villes de Lyon et de Toulouse".
Je crains que nous ne découvrions l’engagement de tous ces hommes de l’ombre qu’à l’occasion de leur décès... »
SA VIE :
Sa vie, Joseph Minc en avait fait un livre : « L’extraordinaire histoire de ma vie ordinaire » (3)
Dans l’extrait choisi par l’éditeur pour la présentation, il termine par « Quel aurait été mon destin si nous n’avions pas croisé cet homme ? » Nous pouvons dire chacun « Quel aurait été notre destin si n’avaient pas existé des hommes comme lui ? »
La chronique mondaine compassée évitera de rappeler ses engagements, son éducation rabbinique initiale puis son adhésion a des idées plus universelles qui feront de lui un "˜étranger à Israël’ et un proche des fondateurs du MRAP. En un temps ou un de ses contemporains Stéphane Hessel est conspué par sa "˜communauté’ et poursuivi en justice pour antisémitisme "˜tout devient possible’ comme disait l’ami du fils du résistant… Y compris que les phases les plus lumineuses de la vie du défunt soient camouflées comme une honte par les inconditionnels d’autres solidarités que celles qui furent les siennes.
Présentation (Ed Stock) : Il n’a jamais faibli, cet homme. A 98 ans, il peut témoigner de presque tout un siècle de conflits mondiaux et d’enfermements idéologiques. Dire l’antisémitisme et revenir sur la barbarie de la Shoah. Parler de la résistance aux humiliations, rappeler son esprit combattant au sein d’un parti où le doute était interdit, voire coupable. Et exprimer aussi tant d’incertitudes... Joseph Minc est né en 1908 dans la communauté juive polonaise de Brest- Litovsk, du temps de l’Empire du tsar. A 6 ans, il connaît déjà la fuite, l’exode vers des contrées moins exposées aux pogroms. Juif ? Toute son éducation primaire le voue au rabbinat. Mais il rompt. Balaie les croyances religieuses. Comment se passe la vie quand elle est un permanent combat contre l’ignorance ? Celle de Joseph Minc est semée d’immenses douleurs, mais jamais il ne renonce à demeurer le maître de son chemin. Il va refuser de s’éloigner de sa terre d’Europe pour une autre, promise. Partir en Israël apparaîtra longtemps à ses yeux comme une forme de désertion. Il s’y rendra bien plus tard, mais il s’y sentira étranger. De Pologne en France, on le suit dans un récit, sans prétention littéraire, mais dont ne lâche pas une ligne. Son engagement communiste, la résistance, la clandestinité : lire Minc, c’est décliner une longue chronique où la grande histoire rejoint les confidences intimes. On apprend qu’il a participé à la création du MRAP, milité dans une myriade d’associations, auxquelles il a caché ou non son engagement communiste. Joseph Minc a fini par rompre en 1967 avec le Parti, après quarante ans. Tout comme il avait abandonné la religion à l’adolescence pour s’intéresser à Darwin et aux sciences. Ce monsieur discret (la modernité médiatique connaît bien Minc mais avec un autre prénom, celui de son fils) ne revendique aucun honneur. Et pourtant ses mots révèlent le sien. L’Extraordinaire Histoire de ma vie ordinaire est le petit livre d’un vieil honnête homme qui s’achève avec cet aveu impressionnant de lucidité : « Il ne me reste plus qu’à attendre. Attendre quoi ? Je ne sais pas. » Epok, l’Hebdo de la Fnac.
Extrait du livre : 1908-1919 Premiers souvenirs :
« Je suis né en 1908 à Brest-Litovsk. Cette ville faisait alors partie de l’Empire russe tsariste. Dix ans plus tard, en 1918, elle allait devenir célèbre dans le monde entier puisque c’est là que fut signée la paix entre les gouvernements bolchevique - représenté par Trotski - et allemand.
La ville comptait une cinquantaine de milliers d’habitants, dont une grande majorité de Juifs. L’antisémitisme en Russie était alors très prononcé, et les Juifs évitaient donc autant que possible les contacts extérieurs. La plupart d’entre eux vivaient très pauvrement, de l’artisanat, du petit commerce... Seuls quelques-uns s’en sortaient mieux, souvent des exploitants forestiers qui, eux, avaient des contacts hors de la communauté.
Ma mère, Batia, appartenait à une famille brestoise de bonne réputation, les Barlas. Elle avait une soeur aînée, Chaja, et neuf petits frères et soeurs, Herschl, Sarah, Freda, Zlata, Motl et Chaïm (des jumeaux), Rivka, Lea et Lebele. Ce dernier, bien qu’étant mon oncle, avait le même âge que moi. Mon père, de son côté, avait deux soeurs qui vivaient à Varsovie. Il avait fait une école rabbinique, et obtenu une sorte d’agrégation pour devenir lui aussi rabbin. Ayant finalement renoncé à ce choix, il avait épousé ma mère. Ils étaient alors très jeunes : dix-sept et dix-neuf ans. Je fus leur premier enfant, précédant de deux et six ans mes soeurs Frouma et Bella.
A ma naissance, mes grands-parents maternels et ma grand-mère paternelle étaient encore vivants. J’avais déjà des cousins car deux de mes tantes, une de chaque côté, avaient eu des enfants. Mon premier souvenir date, je crois, de mes quatre ans : un gigantesque incendie se déclara et ravagea plusieurs maisons, dont beaucoup étaient en bois. C’était bien sûr très impressionnant pour le petit garçon que j’étais.
A la même époque, je me souviens avoir failli être kidnappé. Alors que j’étais en train de jouer sur le petit balconnet de notre appartement qui donnait directement sur la rue, une femme s’approcha. Elle m’amadoua en me donnant des jouets. Puis elle me prit dans ses bras et m’emmena ! Le vol d’enfants juifs était alors monnaie courante. Il était le fait de Tsiganes, qui en faisaient des domestiques ou les exploitaient dans des cirques. Heureusement, alors que la femme m’emmenait vers la gare, nous croisâmes un voisin qui, me voyant aux mains d’une Tsigane, se mit à crier, l’obligeant à me relâcher. Quel aurait été mon destin si nous n’avions pas croisé cet homme ? »
MIEUX A FAIRE QUE VOMIR
Mieux que vomir sur l’indignité de certains qui doivent leur liberté à ceux là aussi ; écoutons encore une fois ce chant magnifique mis en parole par Aragon à partir d’une lettre authentique de Manouchian et chanté par le "˜vieux’ disparu aussi, l’immense Léo Ferré. (4)
C’est je crois l’hommage que nous pouvons faire à Joseph, comme un "˜Merci’ .
Jacques Richaud 14 1 2011
(1) La Mondialisation Heureuse Alain Minc
http://www.priceminister.com/offer/buy/9745172/Alain-Minc-La-Mondialisation-Heureuse-Livre.html
(2) JOSEPH MINC Est décédé à l’age de 102 ans.
http://www.39-45.org/viewtopic.php?f=52&t=27025
(3) L’extraordinaire histoire de ma vie ordinaire Joseph Minc Récit (broché). Paru en 09/2006 En Stock
http://livre.fnac.com/a1851274/Joseph-Minc-L-extraordinaire-histoire-de-ma-vie-ordinaire
(4) Léo Ferré - L’affiche rouge - L’armée du crime
http://www.youtube.com/watch?v=6HLB_EVtJK4&feature=player_embedded