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"J’ai du enlever mon pantalon. J’ai du enlever mes tennis et ensuite mes chaussettes. On m’a traité comme un criminel."

A mesure que l’empire américain s’étend à l’extérieur, il se transforme en état policier à l’intérieur

A mesure que l’empire américain s’étend, il devient de plus en plus policier. Les violentes méthodes utilisées par l’armée pour anéantir les étrangers sont ensuite appliquées à l’intérieur de la "patrie".

Dans un article du 25 septembre dernier intitulé "C’est officiel : les USA sont un état policier" Paul Craig Roberts, secrétaire adjoint du Trésor pendant les années Reagan, a écrit : " ’Violent extrémisme’ est un de ces termes vagues chers aux états policiers que le gouvernement peut interpréter comme il veut.

Aujourd’hui l’espionnage par le FBI de ce qui se passe dans les maisons des citoyens qui ont une conscience a pour cible les militants pacifistes dont les activités sont qualifiées de ’support matériel du terrorisme’..."

Les raids du FBI à l’intérieur du pays rappellent les raids de l’armée des USA au delà des mers. En Irak, par exemple, les forces d’occupation ont fait une descente dans les bureaux des syndicats en tirant des coups de feu et ont mis les leaders syndicalistes en prison. Leur "crime" était de s’opposer à de contrats pétroliers de complaisance avec des firmes privées.

Le vaste système carcéral des USA qui détient 2,4 millions d’étasuniens est comparable au goulag que les USA ont construit à l’étranger. L’Amérique d’aujourd’hui est le geôlier du monde. Comme le dit Allan Uthman sur AlterNet, en 2006 le régime de Bush s’est mis à construire des "centres de détention" pour y entreposer des détenus pour de vagues "nouveaux programmes" quand le corps des ingénieurs de l’armée (Army Corps of Engineers) a donné presque 400 millions de dollars à la filiale de Halliburton, Kellogg Brown & Root. Ce que nous faisons à l’étranger nous le faisons chez nous.

Adopter contre les citoyens américains les tactiques policières d’abord utilisées par l’empire américain à l’étranger n’est pas une nouveauté. Quand les Philippins se sont rebellés contre les USA après que leur pays ait été "libéré" de l’Espagne, les combattants de la résistance capturés étaient soumis à la torture de l’eau. Vingt ans plus tard, les pacifistes américains incarcérés ont été suspendus par les mains et on leur a enfoncé des tuyaux d’eau courante dans la bouche.

Dans son éditorial du 25 juin la magazine the Nation dénonçait l’utilisation américaine "d’armées secrètes, d’opérations secrètes.... de centres de torture offshore, de groupes armés hors de contrôle, de dépenses militaires incontrôlables, des guerres par des flottes de robots, des guerres par assassinat --- et toutes les autres caractéristiques de la présidence impériale..."

Le magazine lutte depuis longtemps contre ces pratiques. C’est toujours une belle idée mais c’est un peu tard. L’élite réactionnaire qui dirige les USA est puissante. Le Congrès a soutenu les cinq guerres d’agression d’Obama à l’étranger et vote des lois qui limitent la liberté individuelle. Avec comme résultat l’émergence d’un état policier.

L’autre jour je regardais des gens entrer dans la gare des autobus d’Orlando, en Floride ; deux officiers de la sécurité qui n’avaient probablement aucune raison spéciale de les contrôler soumettait les passagers au scanner corporel. Les Américains qui montent dans un train ou un avion acceptent maintenant ces scanners comme quelque chose de normal. Les Américains acceptent sans protester que leur intimité soit de plus en plus violée au nom de la "sécurité nationale". Le régime Bush a crée des listes de personnes "à surveiller" (75 000 personnes) et de "personnes interdites de vols" (45 000 personnes) qui restreignent le droit à voyager en avion des individus et ceux qui sont fouillés, scannés et/ou empêchés de prendre l’avion peuvent protester tant qu’ils veulent cela ne changera rien.

Robert Johnson, un citoyen américain dont Naomi Wolf parle dans son livre "La fin de l’Amérique (Chelsea Green), décrit l’humiliation d’être déshabillé pour être fouillé avant d’embarquer : "J’ai du enlever mon pantalon. J’ai du enlever mes tennis et ensuite mes chaussettes. On m’a traité comme un criminel." Tout ça est maintenant devenu le lot commun d’innombrables Américains. Même au plus fort de la seconde guerre mondiale, de telles violations des droits individuels auraient été impensables.

La peur du gouvernement se répand et c’est quelque chose de nouveau dans notre vie. Comment est-ce que je sais que les gens ont peur ? Parce que beaucoup de gens disent que je suis "courageux" (ce que je ne suis pas) d’oser défier le gouvernement, ce qui montre qu’ils ont vraiment peur de dire ce qu’ils pensent.

David Cole qui est professeur à l’école de droit de Georgetown a écrit dans The Nation que le Congrès en mai dernier a autorisé la remise en application de certaines parties du "Patriot Act" si mal nommé, qui permettent au gouvernement de faire des écoutes au hasard sans identifier la personne ou le téléphone qui doivent être écouté, d’obtenir des documents des bibliothèques ou des entreprises sans avoir à prouver de quelque manière que ce soit que leur cible est impliquée dans une action criminelle et encore moins terroriste ; et d’utiliser des outils et instances de surveillance auparavant réservés aux espions de gouvernements étrangers ou d’organisations terroristes, à des "loups solitaires" qui ne sont affiliés à aucun de ces groupes ni à aucun gouvernement. C’est un écho du système ECHELON que les USA et ses alliés du Commonwealth britannique utilisent depuis la seconde guerre mondiale pour mettre sur écoute toute la planète, traquer les dissidents et voler les secrets de fabrication.

Cole écrit aussi que le procureur général Eric Holder va désormais autoriser les agents du FBI "à fouiller les poubelles des citoyens, à mener des recherches dans les données des ordinateurs et à utiliser de manière répétée des brigades de surveillance, pour traquer des gens qui ne sont pas suspectés du moindre délit, sans avoir besoin d’autorisation légale." (exactement comme pour la fouille des passagers à la gare des autobus). L’absence d’autorisation légale est significative car la justice est le seul rempart du citoyen contre les abus de pouvoir de la police. Et maintenant ce rempart a disparu. Les peuples d’Afghanistan et d’Irak ont souffert bien davantage sous la botte de l’armée dirigée par les USA.

Le fait est que quand l’empire déclare la guerre à quelqu’un, la vie du citoyen individuel est dévaluée et dégradée -pas seulement sur le champ de bataille où elle est souvent sacrifiée pour toutes sortes de mauvaises raisons, mais dans la mère patrie aussi. C’est ce qui nous arrive. Le droit de se syndiquer librement est limité par peur de tous les travailleurs qui veulent se syndiquer. Le trésor Public est pillé par le Congrès pour renflouer les banques malgré les protestations de 100 pour 100 des citoyens. Les guerres étrangères sont menées sans le consentement de la majorité du peuple qui veut au contraire les voir se terminer.

A mesure qu’une liberté après l’autre est limitée ou éliminée les hommes et les femmes ordinaires sont réduits au rôle de serfs. Harold Laski, un ancien président du parti travailliste britannique, a dit un jour : "Nous vivons dans un système où le grand nombre est exploité par une petite minorité et la guerre est l’étape finale de cette exploitation." L’impérialisme -qu’il soit pratiqué par l’Espagne au 16ième siècle, l’Angleterre au 18ième, l’Union Soviétique, le Japon impérial, l’Allemagne nazie au 20ième siècle ou l’Amérique aujourd’hui- est un cancer qui instaure la tyrannie à l’intérieur du pays avec la même vélocité qu’il propage la guerre à l’étranger.

Sherwood Ross.

Sherwood Ross est directeur du service d’information contre la guerre (Anti-War News Service). Il écrivait auparavant des articles pour des quotidiens et des radios. On peut le joindre à sherwoodross10@gmail.com

Pour consulter l’original : http://countercurrents.org/ross250711.htm

Traduction : Dominique Muselet

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