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A l’occasion du décès d’Aussaresses

Aussaresses c’est le sinistre assassin du chahid Larbi Ben M’hidi. Il y a eu bien d’autres Aussaresses durant la colonisation. Pourtant, le peuple algérien et le peuple français ne se sont pas fait la guerre comme veulent le faire croire des historiens pas très « catholiques ». Il y a des aspects de l’Histoire encore inexplorés...

Le sujet, de cette semaine, s’est imposé à nous suite à l’annonce, hier, du décès de Paul Aussaresses, nom de guerre « commandant O », général du corps des parachutistes français en Algérie et sinistre assassin de la figure emblématique de notre lutte de Libération nationale, le chahid Larbi Ben M’hidi. Non point pour nous attarder sur son cadavre mais parce que la nouvelle fait inévitablement remonter à la surface une bonne partie de notre histoire. Celle de la colonisation.

En 132 années d’occupation, il y a eu bien d’autres Aussaresses, quelquefois plus sauvages que celui qui vient de rendre l’âme. Comme Cavaignac, Pélissier ou Saint Arnaud pour ne citer que ceux-là qui s’étaient distingués par l’extermination de nos populations civiles en les enfumant et emmurant dans les grottes où elles s’étaient réfugiées. Il y a eu beaucoup d’autres monstres comme eux tout au long de la colonisation. Du début à la fin. A qui décerner la palme de la cruauté ? Ils se valaient tous. Leurs noms resteront gravés à jamais dans notre histoire. Il y a eu cependant des anonymes comme ceux qui commettaient leurs actes sous le sigle de la « main rouge » et plus tard sous celui de l’OAS. Ils n’étaient pas forcément des militaires. Il y avait également ceux qu’on pourrait désigner comme monsieur tout-le-monde. C’était le petit pied-noir qui pouvait être plombier, facteur, menuisier, comptable, étudiant, etc. et qui, à ses heures, rejoignait la horde sauvage pour « faire la peau aux bicots ». Sous leurs coups sont tombés des femmes de ménage, des vendeurs ambulants ou des petits cireurs de chaussures. Ils se sont distingués par leurs tirs à partir des balcons et par la pose de bombes au plastic en visant la population civile pour relayer l’armée conventionnelle qui avait reçu l’ordre de cessez-le-feu après les accords d’Evian, le 19 mars 1962. Cette partie de la population civile des pieds-noirs ne s’est pas réveillée un beau matin avec l’instinct de tuer.

Elle l’a toujours porté en réalité. L’autre partie des pieds-noirs assurait la logistique. Il ne restait qu’une infime partie de Français d’Algérie à n’avoir pas « casser de l’arabe ». Les algériens qui n’ont pas vécu cette période tragique de notre histoire peuvent difficilement imaginer que des civils aient pu se comporter ainsi. Ils peuvent difficilement croire que les Français avec qui ils vivent aujourd’hui, pour ceux de nos compatriotes qui résident en France, ou qu’ils voient à la télé via les satellites aient pu commettre de telles atrocités. Ils côtoient ou voient des français aimables, courtois, humains, prêts à secourir les âmes en détresse comme dans les restos du coeur et qui sont incapables de faire du mal, pas même à un animal. A ces compatriotes nous rappellerons que les pieds-noirs n’avaient rien à voir avec le peuple français. Rien à voir avec la civilisation française. Ils étaient espagnols, italiens, maltais, juifs qui, pour la plupart, n’avaient jamais mis les pieds en France. Mieux ils se méfiaient des Français. Ils les appelaient tous des « parigos », terme péjoratif qui tire ses racines de la ville de Paris.

C’est ainsi que les pieds-noirs distinguaient les français de la « métropole ». Ceci est d’autant plus vrai que lors du référendum organisé dans l’Hexagone le 8 Avril 1962 et d’où étaient exclus les pieds-noirs, les Français étaient favorables, à 91% au droit à l’autodétermination des algériens. Ce qui n’était pas pour plaire aux pieds noirs évidemment. D’ailleurs, l’arrivée en masse des pieds-noirs, devenus les rapatriés d’Algérie, en 1962, a été très mal vécue par les Français. Les pieds-noirs en ont gardé un très mauvais souvenir, jusqu’à ce jour. Un autre fait historique pour appuyer cette différence. Alors qu’il était inconcevable, durant toute la colonisation, qu’un Algérien puisse épouser une femme pied-noir, le nombre d’Algériens ayant épousé des Françaises après l’indépendance était tellement important qu’on avait l’impression qu’une digue venait de rompre. Ceci pour dire que le peuple algérien et le peuple français ne se sont pas fait la guerre comme veulent le faire croire des historiens pas très « catholiques ». La colonisation de l’Algérie est le fait de l’Etat français qui en porte l’entière responsabilité. Les bourreaux des Algériens durant toute cette période ont été l’armée française et les pieds-noirs, à de très infimes exceptions. Il y a beaucoup d’aspects inexplorés sur cette armée française qui est venue en expédition puis s’est établie en colonisant et pour finir avec l’annexion pure et simple du territoire algérien en départements français. Pourquoi ces trois phases ? C’est un autre sujet que nous gardons pour une prochaine édition. Aujourd’hui, c’est Aussaresses, un bourreau, qui est mort. On parlera de leurs maîtres après !

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