Ceci est le résumé légèrement arrangé d’un article qui a fait la une du magazine bimensuel d’investigations grec HOT DOC -no 73. Un reportage de 14 pages de l’éditeur-journaliste Kostas Vaxevanis, avec une multitude de photos éloquentes. Y sont ajoutées quelques remarques du traducteur-rédacteur Nicolas Kosmidis.
Les héros de ce feuilleton immobilier sont :
1. Un opérateur boursier, nommé Léonidas Adamopoulos, qui cultivait des amitiés avec des hommes politiques et son épouse Anastasia Konstantellou.
Le financier en question fut en 1994 le protagoniste du premier d’une série de scandales à la Bourse d’Athènes. Sous l’impulsion du gouvernement socialiste et du premier ministre K. Simitis, lui-même, des dizaines de milliers de gens se ruèrent sur des actions bidon. Tout un peuple a été délesté de tous ses biens, des économies de vies entières. Le hold-up du siècle.
Poursuivi par la justice pour délit d’initié, il a bénéficié d’un non-lieu 9 ans plus tard.
Du début de l’affaire et jusqu’à ce non-lieu, à la tète de l’Economie grecque (et responsable du bon fonctionnement de la Bourse) était le ministre socialiste YANNOS PAPANTONIOU.
2. YANNOS PAPANTONIOU
Stavroula Kourakou, son épouse.
– eurodéputé en 1981 avec le PASOK (parti socialiste grec).
– député de 1989 à 2007.
– ministre de l’Economie en 1994.
– ministre de l’Economie et des Finances de 1996 à 2001.
– ministre de la Défense Nationale de 2001 à 2004.
3. YANNIS STOURNARAS
Stavroula Nikolopoulou-Stournara, son épouse.
– conseiller au ministère de l’Economie et des Finances (1986-1989).
– conseiller à la Banque de Grèce (1989-1994).
– conseiller-président du comité des experts auprès du ministre YANNOS PAPANTONIOU (1994-2000).
– PDG de la Banque Commerciale de Grèce (Emporiki Bank) (2000-2004)
– divers postes, toujours dans la fonction publique.
– ministre du gouvernement provisoire (mai 2012).
– ministre de l’Economie et des Finances du gouvernement de coalition tripartite (Droite, PASOK, Démocrates de gauche) de A. Samaras (juin 2012-juin 2014).
– gouverneur de la Banque de Grèce (juin 2014 -).
4. JEAN-MAURICE RIPERT, diplomate français.
Claudine Ripert-Landler, son épouse.
– entre à l’Administration en 1980.
– de 1983 à aujourd’hui il a servi à plusieurs cabinets de ministres et premiers ministres socialistes (Christian Nucci, Roland Dumas, Michel Rocard, Bernard Kouchner, Lionel Jospin).
Un fonctionnaire modèle.
– Il sert à plusieurs postes diplomatiques (Washington DC, Los Angeles, Nations Unis, Turquie).
– Ambassadeur à Athènes de juillet 2000 à septembre 2003.
– Ambassadeur à Moscou le 29 octobre 2013)
– Chevalier de l’Ordre national du Mérite en 1994.
– Chevalier de la Légion d’honneur en 2003.
CLAUDINE RIPERT-LANDLER, son épouse à l’époque des faits, journaliste, membre de plusieurs cabinets de gauche, elle est aujourd’hui conseillère du président Hollande pour la communication, la stratégie et l’international.
RIPERT avait beaucoup à faire, à l’époque. La Grèce préparait les Jeux Olympiques d’Athènes de 2004 et les grands pays, dont la France, aspiraient à avoir leur part à la grande bouffe des travaux à venir. En outre, en représentant d’un pays vendeur d’armes, il avait des contacts étroits avec le, dorénavant, ministre de la Défense Nationale PAPANTONIOU, pour l’éventuel achat par ce dernier de, entre autres, 300 chars « Leclerc ».
Les faits :
Le 6 mars 2000 l’opérateur boursier et son épouse achètent, au prix de 220.000 euros environ, 9,55 ha de terrain non constructible, difficile d’accès, dépourvu de la moindre infrastructure, à l’île de Syros, chef-lieu des îles Cyclades, en mer Egée. Mais un site de rêve, plein sud, avec vue sur toutes les îles.
Le 30 novembre 2000, par décision de l’Administration le terrain non constructible acheté 8 mois plus tôt, devient constructible.
Le 27 juin 2001 un ingénieur, nommé Andréas Bardis, achète une parcelle de ce terrain, de 5362 m², au bord de la mer et y construit une villa de 350 m² environ, plus garage et piscine.
Le 25 juillet 2002, l’ingénieur vend le tout à l’épouse du ministre YANNOS PAPANTONIOU, au prix de 100.541 euros, payés en espèces, hors cabinet du notaire (hcn).
Le 7 mars 2003, notre ingénieur achète 4213 m² de terrain limitrophe du précédent, au bord de la mer et le 6 avril 2012 le vend aux deux enfants d’un premier mariage de l’épouse de YANNOS PAPANTONIOU au prix de 75.000 euros, 25.000 en chèque, le reste en espèces (hcn).
Le 14 juillet 2001 l’épouse de YANNIS STOURNARAS achète 4053 m² de terrain, limitrophe du premier cité, au bord de la mer, au prix de 33.000 euros environ et y construit une villa de 495 m², avec piscine évidemment.
En 2003, JEAN-MAURICE RIPERT y achète, avec son épouse un terrain de 6242 m², au prix de 34.558 euros, réglé en espèces et construit sa villa avec piscine.
François Hollande, ami de longue date des deux époux RIPERT, passa, selon les médias grecs, des vacances à l’ile de Syros en 2009, 2010, 2011, 2012, 2013.
Il est à signaler qu’en l’occurrence, la piscine est un signe incontournable de richesse. Peut-être parce que l’eau, sur ces îles, est une des denrées des plus précieuses ?
Notons, aussi, que tous les terrains achetés dépassent les 4000 m², surface minimum pour avoir le droit de construire. La surface bâtie ne devant pas être supérieure aux 200 m², nous constatons quelques « petits » dépassements que l’œil nu ne décèle pas.
Enfin, nous nous trouvons devant une cité interdite réservée à une autoproclamée élite d’affairistes et politiques peu ou trop regardants, une communauté d’une dizaine de propriétaires de luxe loin de toute promiscuité plébéienne.
En l’an 2000 le patron de la Banque Commerciale de Grèce STOURNARAS qui connaissait bien l’ambassadeur RIPERT, vend 6,7% de la banque qu’il dirige au Crédit Agricole français, qui en 2006 en achètera la totalité et achèvera ainsi sa privatisation.
Toutes ces épouses (en particulier celles Papantoniou-Stournaras) actives et très acheteuses, c’était pour épargner à leurs maris de comprendre ces acquisitions à leurs déclaration de patrimoine.
Nous ignorons tout du fonctionnement de la déclaration du patrimoine en France.
Une petite omission (1,2 millions d’euros découverts sur un compte d’une banque suisse de madame et non déclarés au patrimoine de monsieur) a valu aux époux PAPANTONIOU la condamnation à 4 ans de prison et 10.000 euros d’amende chacun. Ce compte figurait sur la liste Falciani, dite liste Lagarde, du nom de la ministre française de l’économie, qui l’a livrée au gouvernement grec. D’autres procès suivront, le prochain le 8 juin 2015, pour des motifs similaires. YANNOS est aussi appelé à témoigner sur des surfacturations à des achats d’armes quand il était à la tête de la Défense Nationale.
STOURNARAS est encore gouverneur de la Banque de Grèce.
La Grèce en est à sa faillite actuelle, menée par une droite maffieuse, récemment associée à un socialisme d’égouts. Une amicale de ripoux que les gouvernements européens, dont le français, ont déclaré publiquement qui ils préféreraient avoir comme interlocuteurs pour le règlement de l’affaire de la dette grecque.
Tandis que le gouvernement actuel de la gauche radicale et de Tsipras mérite les sévères injonctions des Hollande, Valls, Moscovici ? Et de Lagarde du FMI ?