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Auteur : Tülay UMAY

Le virus de la "dé-tresse".

Jean-Claude PAYE, Tülay UMAY
Dans le champ des médias, la guerre en Ukraine a pris la place récemment occupée par 'la guerre contre le coronavirus.' La guerre contre le terrorisme, contre le coronavirus et en Ukraine s'inscrivent dans la continuité. Comme redéfinition permanente d'un l'ennemi occupant la figure du Mal contre le Bien, elles relèvent d'une sacralisation de la violence, d'une violence sacrificielle, comme support d'un ordre mondialisé. Relevant de la donation de sens au non sens, toutes les sanctions prévues donnent à voir notre propre sacrifice. Elles se révèlent, en fait, être des attaques contre les populations européennes. Les mandataires européens, par leurs sanctions, pourraient priver l'Union du gaz russe qui représente plus de 40% de sa consommation, conduisant les Etats membres à un suicide économique. Les sanctions prévues contre la Russie ne peuvent que se retourner contre l'industrie et les populations européennes. Le rejet du gaz russe par l'UE apparaît ainsi comme un élément de la (…) Lire la suite »
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Coronavirus : Pandémie ou le retour du grand Pan.

Jean-Claude PAYE, Tülay UMAY
Au cours des deux dernières décennies, les publications médicales n’utilisaient pas la notion de pandémie. Dans le cas du Covid-19, ce terme a été introduit par l’OMS, en date du 11 mars 2020. L’organisation sanitaire avait alors déclaré que « la Covid-19 pouvait être qualifiée de pandémie », ajoutant « qu’il s’agit de la première pandémie causée par un coronavirus [20] . » Ce choix permet de lui donner un caractère de démesure, d’exceptionnalité. Dans le cas du coronavirus, l’existence immédiatement mondiale de la maladie, a permis de créer une confusion entre sa sévérité et son ampleur, entre le mot et la chose. La métonymie, le déplacement d’un mot à un autre, de celui d’épidémie à pandémie, ne permet pas d’observer la réalité, mais de « convoquer le réel », afin de le mettre au service d’une mutation contrôlée de la société. Ce déplacement fabrique la chose qui nous regarde dans notre intimité : la pandémie. A travers ce cadrage, les objets se chargent d’une inquiétante (…) Lire la suite »
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Coronavirus : Une mutation anthropologique.

Jean-Claude PAYE, Tülay UMAY
La notion d’état d’urgence juridique nous est familière. Elle fait partie de notre vie depuis une vingtaine d’années, que l’état d’urgence ait été déclaré comme en France ou qu’il résulte simplement d’une transformation constante du droit pénal détruisant, au nom de la « lutte contre le terrorisme », l’essentiel des libertés collectives et individuelles. Ce processus, ayant pour objet la suppression de l’État de droit, a été nommé « état d’urgence permanent ». A cette transformation, au niveau du droit, s’ajoute aujourd’hui une notion « d’état d’urgence sanitaire ». Ici, dans l’état d’urgence sanitaire, le droit n’est pas suspendu, ni même supprimé, il n’a plus lieu d’être. Le pouvoir ne s’adresse plus à des citoyens, mais seulement à des malades ou à des porteurs potentiels de virus. Lorsque le droit est suspendu dans l’état d’urgence ou supprimé dans le cadre de la dictature, sa place demeure, même si elle reste inoccupée. Dans « l’état d’urgence sanitaire », c’est sa place (…) Lire la suite »
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Nous sommes tous devenus des victimes de l’effondrement des tours, des attentats de Paris et de Bruxelles.

« Je suis Bruxelles. »

Tülay UMAY
L’inscription « Je suis Bruxelles », mentionnée par des participants à la commémoration des attentats, fait penser au « nous sommes tous des américains », prononcé après le 11 septembre 2001, ainsi que au « je suis Charlie » revendiqué au lendemain du massacre de Charlie Hebdo et même au hashtag « je suis chien », lancé suite à la mort de Diesel, la chienne d’assaut des forces de l’ordre abattue lors de l’opération à Saint Denis. L'universalité de tout discours de la « lutte contre le terrorisme », comme celui sur le 11/9 ou celui sur attentats de Paris et de Bruxelles, réside dans l'affirmation que tout un chacun est touché dans sa vie quotidienne. Pour le site web de la chaîne Arte : « Parce que le choc, le 11 septembre 2001, a été tel que l’instant s’est gravé dans la mémoire, qu’il est devenu une date dans la vie de chacun. Aussi chacun sait où il était, ce qu’il faisait, dans quelle action, dans quel travail il a été interrompu quand il a appris la nouvelle. Le 11-Septembre (…) Lire la suite »
Au-delà de la propagande.

Discours de la guerre et double pensée. L’exemple de la Syrie.

Jean-Claude PAYE, Tülay UMAY

Depuis les attentats du 11 septembre, nous assistons à une transformation de la manière dont les médias rendent compte de l’actualité. Ils nous enferment dans l’irréel. Ils fondent une vérité non sur la cohérence d’un exposé, mais sur son caractère sidérant. Ainsi, le sujet reste pétrifié et ne peut plus établir un rapport à la réalité.

Les médias nous mentent, mais, en même temps, nous montrent qu'ils nous mentent. Il ne s'agit plus de modifier la perception des faits afin d'obtenir notre adhésion, mais de nous enfermer dans le spectacle de la toute puissance du pouvoir. L'exhibition de l'anéantissement de la Raison repose sur des images qui ont pour fonction de se substituer aux faits. L'information » ne porte plus sur la capacité de percevoir et de représenter une chose, mais sur la nécessité de l'éprouver ou plutôt de s'éprouver à travers elle. De Ben Laden à Merah, en passant par le « tyran » Bachar el-Assad, le discours des médias est devenu production permanente de fétiches, ordonnant de s'abandonner à ce qui est « donné à voir ». L’injonction n’a pas pour objectif, comme la propagande, de convaincre. Elle enjoint simplement le sujet à donner chair à l'image de la « guerre des civilisations ». Le dispositif discursif de la « guerre du bien contre le mal », actualisant le processus orwellien de la double (…) Lire la suite »
Affaire Merah : 4ème partie.

Le changement en se taisant - La parole confisquée.

Jean-Claude PAYE, Tülay UMAY
Alors qu'il était en campagne électorale, François Hollande ne s'était aucunement démarqué du gouvernement précédent en ce qui concerne la gestion de l'affaire Merah. Au contraire, il avait remercié les forces de police pour leur efficacité et déclaré que le père de Mohammed Merah, dénonçant le meurtre de son fils, devait se taire, nous indiquant par là l'attitude que nous devons aussi adopter. Ce faisant, le nouveau président s'est engagé pleinement dans le processus de pétrification induit par la violence de cette affaire. A l'opposé, seule une prise de parole peut nous sortir du surcroît de puissance manifesté par le pouvoir et entamer une action de dé-sidération. Jusqu'à présent les médias ont monopolisé le discours sur l'affaire Merah. Le discours développé n'a été confronté à aucune parole et a pu se construire en dehors de tout principe de réalité. Il s'est révélé comme jouissance libérée de tout objet de perception et à laquelle aucune limite n'a été posée. En l'absence (…) Lire la suite »
L’affaire Merah : troisième partie

Donner du sens au non sens. Le discours des «  petits maîtres ».

Jean-Claude PAYE, Tülay UMAY

Les différents commentateurs, que se soit pour appuyer directement le discours officiel ou pour communiquer leur malaise à propos de ce qui était signifié, n’ont pas parlé de l’affaire elle-même, mais seulement de la personne de Merah, de son intentionnalité supposée. A aucun moment, il n’a été question d’analyser ou de questionner le non-sens de ce qui était exhibé. Au contraire, la responsabilité de l’accusé s’est imposée comme une évidence. Ils ont exposé l’intentionnalité de l’accusé, le sens déjà donné, sans expliquer les faits.

Nous sommes ainsi placés dans un discours de re-sacralisation qui n’intègre aucune négativité. Cette procédure langagière, propre à la post-modernité, annule toute parole en lui substituant un fétiche. Elle supprime toute opposition au profit d’une simple concurrence entre les différents protagonistes, d’une rivalité dans l’image.

Avec les commentaires officiels ou « critiques » portant sur l'affaire Merah, nous ne sommes plus dans le discours politique, mais directement dans celui de la sacralisation. Ainsi, il ne peut plus y avoir d'opposition. Le sacré est en effet une mise en scène codée par des rites et des normes que l'on ne peut remettre en cause. (1) Il s'inscrit dans des formes de communication immuables car ritualisées. Comme pure donation de sens, il est au delà de la signification. Il n'y a donc plus place pour un questionnement. L'étonnement n'a plus cours, car nous sommes dans une répétition du "déjà su" , celui de la guerre des civilisations. Cette puissance hors mesure (2) exclut le politique et nous introduit dans le fétichisme. Elle ne tolére que le silence et clôt l'espace de la parole qui ne peut être que profanation. En renvoyant à l'originaire de la guerre cosmique des forces du Bien contre celles du Mal, l'existant est forclos. Ainsi, si pour Georges Bataille, dans son (…) Lire la suite »
L’affaire Merah : deuxième partie

Un effet de sidération. De la donation de sens au non sens.

Tülay UMAY, Jean-Claude PAYE
Si les attentats du 11 septembre sont une donation de sens - celui de la guerre des civilisations - les attentats de Toulouse et de Mautaubant donnent à voir un pas de sens. La stupeur que provoque cette affaire réside moins dans le caractère violent de l'évènement que dans la manifestation de toute puissance du pouvoir, celle de tout faire et de le montrer. C'est cette spécificité que les commentaires interdisent d'analyser en produisant du sacré, en donnant la primauté au sens, celui de la guerre du bien contre le mal. Tout ce qui pose un questionnement est traité comme profanation des victimes et comme « complotiste », c'est à dire comme profanation du pouvoir. Les premiers commentaires relatifs à l'affaire Merah se caractérisaient par le manque d'analyse et par l'absence de référence à la matérialité des faits. Les informations données n'ont pas été confrontées. Le non sens de ce qui est exhibé n'a été relevé à aucun moment. Au contraire, il a été déplacé derrière le sens (…) Lire la suite »
L’affaire Merah : première partie.

De Ben Laden à Merah : de l’icône à l’image.

Tülay UMAY, Jean-Claude PAYE
L'instrumentalisation de l'affaire Merah a été relevée par de nombreux observateurs. Le ministre de l'Intérieur Claude Géant est apparu, en violation avec la séparation des pouvoirs, comme le directeur des opérations judiciaires. Cependant, il ne s'agit là que de l'aspect secondaire de cette affaire. L'élément principal réside dans la capacité du pouvoir de s'exhiber comme terrorisme d'Etat, sans voilement et sans que cela suscite de réactions. Cette manifestation de toute puissance crée un état de sidération. Le pouvoir se donne la possibilité de nommer les individus comme terroristes, de les exécuter sans jugement et de nous enfermer dans l'injonction surmoïque de se taire Le discours des guerres de L'Empire, la lutte contre le terrorisme, ainsi que l'affaire Merah, ne peuvent être réduits à de simples actions de propagande. La production d'une fausse conscience n'est pas l'élément premier. [110] Ce qui est essentiel dans l'affaire Merah, comme dans l'ensemble de la lutte (…) Lire la suite »

Le lynchage de Kadhafi : L’image du sacrifice humain et le retour à la barbarie

Tülay UMAY, Jean-Claude PAYE

L’exhibition des images du lynchage de Mouammar Kadhafi rend nos sociétés transparentes. Elles pétrifient et nous demandent de déposer les armes. Ce sacrifice traduit un retour vers une société matriarcale, vers un « état de nature ». En nous fixant dans une violence sacralisée, ces images nous révèlent que l’Empire étasunien constitue une régression inédite dans l’histoire de l’humanité. Elles attestent que l’objectif de cette guerre n’est pas seulement la conquête d’un objet, le pillage du pétrole ou des avoirs libyens, mais aussi, comme dans les croisades, la destruction d’un ordre symbolique, au profit d’une pure machine de jouissance, d’un capitalisme déchaîné.

A l'occasion de la diffusion des images du lynchage de Mouammar Kadhafi, nos dirigeants politiques ont manifesté une étrange jouissance. « Strange Fruit » [1], ces images font immédiatement penser à celles de la pendaison de Saddam Hussein organisée le jour de « Aïd al-Adha », la fête du sacrifice. Ces deux affaires nous inscrivent dans une structure religieuse qui, par la substitution du sacrifice humain à celui du bélier [2], restaure la figure primitive de la déesse Mère. Elle renverse l'ancien testament et annule l'acte de la parole. Cette religion sans Livre se réduit au fétiche [3]. Elle n'a plus d'Autre, ni de Loi. Elle est simple injonction de jouir du spectacle de la mort. Grâce à l'image, la volonté de puissance devient illimitée. La transgression n'est plus bornée comme dans le rite sacrificiel, ni dans l'espace, ni dans le temps, elle est constante. Elle fait écho à la violation permanente de l'ordre du droit enregistré depuis l'acte fondateur des attentats du 11 (…) Lire la suite »
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