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Auteur : Jean STERN

Palestine, d’une Nakba à l’autre. Les tiraillements des Français juifs de gauche

Jean STERN

Edgar Morin : les trois visages de la diaspora. Edgar Morin garde un cap clair, et ne cesse lors de ses rares sorties de s’indigner du sort des Palestiniens. À 103 ans, l’auteur de La Rumeur d’Orléans ou de Vidal et les siens, dialogue par mail avec Orient XXI. Morin s’indigne du « silence du monde » face à ce que subissent les Palestiniens à Gaza, et constate « qu’une partie de la diaspora ne se reconnaît pas dans Israël, une autre partie s’identifie à lui et le justifie inconditionnellement et une dernière partie se sent liée à lui et évite de le condamner ». Il n’est pas surpris de ma question sur le silence des Français juifs : « L’amour d’Israël puis l’adhésion inconditionnelle à sa politique ont remplacé l’universalisme et le souci des opprimés chez beaucoup d’intellectuels juifs ». Morin nous renvoie à ce qu’il écrivait en 2006 dans Le monde moderne et la question juive : Le danger, la guerre, la justification d’une domination stimule l’israélisme clos, le judaïsme clos. Le messianisme sioniste s’est résorbé dans un nationalisme intégriste. Un manichéisme s’intensifie avec la justification à tout prix d’Israël (...) Le sentiment que l’attitude critique à l’égard de l’État d’Israël est de nature antijuive et la croyance que la compassion au malheur palestinien trahit l’absence de compassion à l’égard du destin juif n’ont fait que s’aiguiser. Morin a également analysé l’évolution de nombreux Français juifs sur Israël-Palestine. « C’est l’antisémitisme qui provoqua le retour au judaïsme et dynamisa le sionisme, lequel régénéra et renforça l’identité juive des judéo-gentils », écrit Morin, qui ajoute : « Le nouveau sens du terme juif retrouve en Israël un sens antique – à la fois nation, peuple et religion – et se répand dans diaspora ».

L’histoire n’a pas commencé le 7 octobre 2023. Dans ce focus, Orient XXI revient sur un an de guerre génocidaire à Gaza. Une partie de la communauté est désemparée face au bruyant soutien à Israël des institutions juives, y compris religieuses. Marqués par des valeurs de justice, effrayés par l’extrême droite et doutant de la gauche, des Français juifs témoignent. Jacques Derrida, star de la “ French Theory ” et cible aujourd’hui des antiwoke, le disait quelques années avant son décès en 2004 : peu de gens dans la communauté juive française contestent le droit d’Israël à exister. Mais le philosophe se donnait le droit de « s’opposer, parfois publiquement, à la politique de l’actuel gouvernement israélien » et, plus profondément, « de s’interroger de la façon la plus insomniaque sur les conditions dans lesquelles s’est installé l’État moderne d’Israël ». Combien de Français juifs partagent ces temps-ci les insomnies de Derrida ? Depuis le 7 octobre, depuis l’enchaînement (…) Lire la suite »
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Gaza. Fabien Roussel : « Je ne suis pas dupe de l’usage du mot terrorisme »

Jean STERN
En répondant en exclusivité à Orient XXI, le secrétaire national du PCF livre une analyse du conflit renvoyant dos-à-dos gouvernement israélien et Hamas. Le député du Nord exhorte la France à sortir de son effacement sur un sujet que le président qualifiait il y a peu - nous révèle-t-il - de second rang. Il parle ici de ce qui divise la gauche : le terrorisme, l’apartheid israélien, la solidarité avec la Palestine. Orient XXI - Depuis le 7 octobre, un débat autour du Hamas traverse la gauche. Si tout le monde s’accorde au PCF pour parler d’attaques terroristes, il y a des divergences d’analyse pour le qualifier de mouvement terroriste. Peut-on interdire un mouvement qui représente près de la moitié des Palestiniens ? Fabien Roussel - Tout le monde ne qualifie pas les actes du 7 octobre d’attaques terroristes et je le regrette. Et je dis, avec la même force, qu’elles ne justifient en rien les bombardements massifs et incessants sur Gaza. Pour gagner la paix, il faut cesser le (…) Lire la suite »

Gaza. Sérieuses fritures sur la ligne au Parti communiste français

Jean STERN
De nombreux communistes s’inquiètent de ce qu’ils estiment être une mollesse dans la riposte de leur parti depuis le 7 octobre 2023. Ils ajoutent que si une partie de la direction joue profil bas sur la solidarité avec Gaza, c’est d’abord pour préparer les esprits à un changement de ligne sur l’analyse du conflit et sur l’organisation de la solidarité. Les enjeux du débat n’ont donc rien d’anodin. C’est un débat où les mots volent parfois bas, sans toutefois franchir le plafond invisible entre polémiques internes et place publique. Certes le Parti communiste français (PCF) semble toujours aux premières loges de la solidarité avec la Palestine et les Palestiniens, Fabien Roussel le réaffirme haut et fort en exclusivité pour Orient XXI. Cependant, beaucoup de militants et d’élus locaux, engagés de longue date dans des associations ou des comités de jumelages, déplorent que leur parti fasse « profil bas » depuis le 7 octobre, pour reprendre le mot d’un élu. Le refus d’appeler à (…) Lire la suite »
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Jean-Luc Mélenchon. À Gaza, « ce n’est pas de la légitime défense mais un génocide »

Jean STERN, Alain GRESH

Cible de nombreuses critiques depuis des semaines, l’ancien candidat à la présidence de la République répond aux questions d’Orient XXI. Il explique pourquoi les fractures deviennent béantes entre l’Occident et le reste du monde sur le « deux poids deux mesures » en œuvre dans le soutien à Israël. Jean-Luc Mélenchon dénonce la polémique sur l’un de ses tweets et réfute sa mise en cause pour antisémitisme. Au-delà, il dresse un éloge du non-alignement comme « morale pour l’action politique ».

Orient XXI. — Tenir bon, c’est l’une de vos formules favorites en politique. Comment « tenir bon » pour un Gazaoui aujourd’hui, compte tenu de l’ampleur et de la répétition des destructions, depuis maintenant plusieurs semaines ? Compte tenu aussi de l’abandon des Gazaouis par la communauté internationale depuis des décennies. Jean-Luc Mélenchon. — Je suis depuis longtemps marqué par le caractère abominable de la situation à Gaza. C’est pour moi un choc moral absolu. Plus de deux millions de personnes ont été enfermées dans une sorte de prison à ciel ouvert. Je ne peux y reconnaître Israël comme organisateur d’une chose pareille, au vu de l’histoire de la persécution des juifs dans le monde et des raisons présentées pour la création de son État. Gaza est aussi un symptôme terrifiant de la nécrose de ce qui est appelé « l’Occident ». L’incapacité à mettre un terme immédiatement à une abomination comme celle-là est un signe de déchéance morale pour tous ceux qui trouvent que c’est (…) Lire la suite »
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