Tu es belle et large, Amérique du Nord
(...)
à toi, fille de l’Arkansas ou plutôt
à toi jeunesse dorée de West-Point ou mieux encore
à toi mécanicien de Detroit ou bien
à toi débardeur de la Vieille Orléans à tous
je m’adresse et je dis : affermis le pas,
ouvre ton oreille au vaste monde humain,
ce ne sont pas les élégants du State Department
ni les féroces seigneurs de l’acier
qui te parlent ici
mais un poète de l’extrême sud de l’Amérique,
fils d’un cheminot de Patagonie,
américain comme l’air des Andes,
aujourd’hui fugitif d’une patrie où
prison, tourment, angoisse règnent,
tandis que cuivre et pétrole lentement,
se convertissent en or pour des rois étrangers.
Toi tu n’es pas
l’idole qui d’une main tient l’or
et de l’autre la Bombe.
Toi tu es
ce que je suis, ce que je fus, ce que nous devons
sauvegarder, le fraternel sous-sol
de la très pure Amérique, les simples
hommes des chemins et des rues.
Mon frère Juan vend des souliers
comme ton frère John, (…)Lire la suite »