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Auteur : Seymour HERSH

Comment les Etats-Unis ont mis hors service le gazoduc Nord Stream.

Seymour HERSH
Le New York Times l'a qualifié de "mystère", mais les États-Unis ont exécuté une opération maritime secrète qui a été gardée secrète - jusqu'à présent. NORD STREAM Le centre de plongée et de sauvetage de la marine américaine se trouve dans un endroit aussi obscur que son nom, sur ce qui était autrefois un chemin de campagne dans la ville rurale de Panama City, une station balnéaire en plein essor située dans le sud-ouest de la Floride, à 100 km au sud de la frontière de l'Alabama. Le complexe du centre est aussi indescriptible que son emplacement : une structure en béton terne datant de l'après-guerre qui ressemble à un lycée professionnel de la banlieue ouest de Chicago. Une laverie automatique et une école de danse se trouvent de l'autre côté de ce qui est maintenant une route à quatre voies. Depuis des décennies, le centre forme des plongeurs en eaux profondes hautement qualifiés qui, après avoir été affectés à des unités militaires américaines dans le monde entier, sont (…) Lire la suite »
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La ligne rouge de Trump (Welt.de)

Seymour HERSH

Le président Donald Trump a ignoré les rapports importants des services de renseignement lorsqu’il a décidé d’attaquer la Syrie après avoir vu des photos d’enfants en train de mourir. Seymour M. Hersh a enquêté sur le cas de la prétendue attaque au gaz sarin.

Le 6 avril, le président des États-Unis, Donald Trump, a autorisé une frappe de missiles Tomahawk tôt le matin sur la base aérienne de Shayrat dans le centre de la Syrie, en représailles pour ce qu'il a déclaré être une attaque mortelle au gaz effectuée par le gouvernement syrien deux jours plus tôt dans la ville rebelle De Khan Sheikhoun. Trump a donné l'ordre en dépit des mises en garde des services de renseignement des États-Unis qui affirmaient n'avoir trouvé aucune preuve que les Syriens avaient utilisé une arme chimique. L'information disponible précisait que les Syriens avaient visé un lieu de rencontre jihadiste, le 4 avril, avec une bombe guidée russe munie d'explosifs classiques. Des détails sur l'attaque, y compris des informations sur ses objectifs dits de grande valeur, avaient été fournis au préalable par les Russes aux militaires américains et alliés à Doha, dont la mission est de coordonner toutes les opérations des forces aériennes américaines, alliées, syriennes (…) Lire la suite »

De militaires à militaires - sur le partage du renseignement étasunien dans la guerre en Syrie (London Review of Books)

Seymour HERSH

L’insistance répétée de Barack Obama selon laquelle Bachar al-Assad doit quitter ses fonctions – et selon laquelle il y aurait des groupes rebelles « modérés » en Syrie capables de le vaincre – a provoqué ces dernières années une dissidence feutrée, et même une opposition ouverte, chez certains des officiers les plus gradés de l’État-major interarmées du Pentagone.

Leur critique a mis l'accent sur ce qu'ils considèrent comme la fixation de l'administration sur le principal allié d'Assad, Vladimir Poutine. À leur avis, Obama est prisonnier d'une pensée issue de la guerre froide lorsqu'il s'agit de la Russie et la Chine, et n'a pas ajusté sa position sur la Syrie au fait que ces deux pays partagent l'inquiétude de Washington quant à la propagation du terrorisme en Syrie et au-delà ; comme Washington, ils croient que l'État islamique doit être endigué. La réticence au sein de l'armée remonte à l'été 2013, lorsqu'une évaluation hautement confidentielle, réalisée par la Defense Intelligence Agency (DIA – Services de renseignement de l'armée) et les chefs d'état-major, dirigé à l'époque par le général Martin Dempsey, prédisait que la chute du régime Assad conduirait au chaos et, potentiellement, à la prise de contrôle de la Syrie par des extrémistes djihadistes, à l'image de ce qui se déroulait alors en Libye. Un ancien haut conseiller de (…) Lire la suite »

L’Assassinat d’Oussama ben Laden (London Review of Books) - (4/4)

Seymour HERSH
En Juin 2011, il a été signalé dans le New York Times, le Washington Post et partout dans la presse pakistanaise, qu'Amir Aziz avait été détenu pour interrogation au Pakistan ; il était, disait-on, un informateur de la CIA qui avait espionné les allées et venues dans l'enceinte de Ben Laden. Aziz fut libéré, mais l'officiel à la retraite a dit que les services de renseignement américains étaient incapables de savoir qui avait divulgué l'information hautement classifiée sur sa participation à la mission. Les fonctionnaires à Washington ont décidé qu'ils « ne pouvaient pas courir le risque que le rôle d'Aziz dans l'obtention de l'ADN de Ben Laden soit aussi connu. » Il fallait un bouc émissaire, et l'élu fut Shakil Afridi, un médecin pakistanais de 48 ans, agent occasionnel de la CIA, qui avait été arrêté par les Pakistanais à la fin mai et accusé d'aider l'agence. « Nous sommes allés voir les Pakistanais et nous leur avons dit de s'en prendre à Afridi, » a dit le responsable à la (…) Lire la suite »

L’Assassinat d’Oussama ben Laden (London Review of Books) - (3/4)

Seymour HERSH
Le débat interne dans les coulisses de la Maison Blanche commença dès qu'il fut établi que la mission avait réussi. Le corps de Ben Laden était supposé être en route pour l'Afghanistan. Obama devait-il respecter ses engagements auprès de Kayani et Pasha et prétendre environ une semaine plus tard que Ben Laden avait été tué dans une attaque de drone dans les montagnes, ou devait-il rendre cela public immédiatement ? Le crash d'hélicoptère permit aux conseillers politiques d'Obama de préconiser plus facilement le second plan. L'explosion et la boule de feu seraient impossibles à dissimuler et le bruit de ce qui s'était passé était voué à fuiter. Obama allait devoir « prendre le pas sur l'histoire » avant que quelqu'un le fasse au Pentagone : attendre ne ferait qu'atténuer l'impact politique. Tout le monde n'était pas d'accord. Robert Gates, le ministre de la Défense, était le plus volubile de ceux qui insistaient pour honorer les accords avec les Pakistanais. Dans ses mémoires, (…) Lire la suite »

L’Assassinat d’Oussama ben Laden (London Review of Books) - (2/4)

Seymour HERSH
La demeure de ben Laden se trouvait à moins de quatre kilomètres de l'Académie militaire du Pakistan, et un quartier général du bataillon de combat de l'armée pakistanaise se trouvait à environ un kilomètre et demi encore plus loin. Abbottabad est à moins de 15 minutes en hélicoptère de Tarbela Ghazi, une base importante pour les opérations clandestines de l'ISI et le site où sont formés ceux qui gardent l'arsenal nucléaire du Pakistan. « Ghazi est la première raison pour laquelle l'ISI a mis Ben Laden à Abbottabad, » a déclaré l'officiel à la retraite, « pour le maintenir sous une surveillance constante. » Les risques pour Obama étaient élevés à ce stade précoce, en particulier parce qu'il y avait un précédent troublant : l'échec en 1980 de la tentative de sauvetage des otages américains à Téhéran. Cet échec a joué un rôle dans la défaite de Jimmy Carter face à Ronald Reagan. Les craintes d'Obama étaient fondées, a dit l'officiel retraité. « Est-ce que Ben Laden s'y trouvait (…) Lire la suite »

L’Assassinat d’Oussama ben Laden (London Review of Books) - (1/4)

Seymour HERSH

Le célèbre journaliste américain Seymour Hersh vient de publier dans la London Review of Books un long article sur l’assassinat d’Oussama ben Laden, qui n’a pas manqué de faire réagir. Démenti par l’administration Obama, vertement critiqué par quelques journalistes, voire qualifié de théorie du complot par d’autres, l’article de Hersh sème une nouvelle fois le trouble dans la version déjà controversée de la mort d’Oussama ben Laden. Pourtant, le journaliste Matthew Cole de NBC News a confirmé certaines de ses affirmations, tandis que The Intercept (fondé par Glenn Greenwald, Laura Poitras et Jeremy Scahill) rappelle que les même allégations avaient été tenues en 2011 par d’autres sources. En France, la méfiance est de mise, bien que Thomas Cantaloube souligne dans Mediapart que "le récit de l’assassinat de Ben Laden par Hersh est, jusqu’à preuve du contraire, aussi cohérent, crédible et informé que celui présenté par l’exécutif américain." Hersh a par ailleurs répondu à certaines critiques auprès du site Business Insider, et dans l’émission Democracy Now d’Amy Goodman.

Quatre ans se sont écoulés depuis qu’un groupe de Navy Seals américains a assassiné Oussama ben Laden lors d’un raid de nuit sur une grande maison d’Abbottabad au Pakistan. Le meurtre a été le point culminant du premier mandat d’Obama, et un facteur déterminant de sa réélection. La Maison Blanche maintient toujours que la mission était une affaire entièrement américaine et que les généraux de l’armée pakistanaise et de l’Inter-Services Intelligence agency (ISI) n’étaient pas informés à l’avance du raid. C’est faux, tout comme plusieurs autres éléments de la version de l’administration Obama. Le récit de la Maison Blanche aurait pu être écrit par Lewis Caroll [Écrivain, auteur des aventures d'Alice au Pays des merveilles, Ndt] : Ben Laden,la cible d’une gigantesque chasse à l’homme internationale, aurait-il vraiment décidé qu’un lieu de villégiature, à une soixantaine de kilomètres d’Islamabad, serait l’endroit le plus sûr pour vivre et diriger les opérations d’Al-Qaïda ? Il se (…) Lire la suite »
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"puisque nous avons accusé Assad, nous ne pouvons pas revenir en arrière et accuser Erdogan"

Obama, Erdogan, les rebelles syriens et la ligne rouge (London Review of Books)

Seymour HERSH
En 2011, Barack Obama a mené une intervention militaire alliée en Libye sans consulter le Congrès américain. En août dernier, après l'attaque au gaz sarin sur Ghouta, une banlieue de Damas, il était prêt à lancer une nouvelle attaque aérienne alliée, cette fois pour punir le gouvernement syrien pour avoir traversé la « ligne rouge » qu'il avait tracée en 2012 sur l'utilisation d'armes chimiques. Puis, deux jours avant la date prévue, il a annoncé qu'il allait demander l'approbation du Congrès. L'opération militaire fut reportée tandis que le Congrès se préparait pour les audiences, pour être finalement annulée lorsqu'Obama a accepté l'offre de M. Assad de renoncer à son arsenal chimique suite à un accord négocié par la Russie. Pourquoi Obama a-t-il temporisé puis cédé sur la Syrie alors qu'il n'avait pas hésité à se précipiter sur la Libye ? La réponse se trouve dans un affrontement entre ceux de l'administration qui étaient décidés à faire respecter la ligne rouge et les chefs (…) Lire la suite »

Le sarin de qui ? (London Review of Books)

Seymour HERSH
Barack Obama n'a pas tout dit cet automne quand il a essayé de nous convaincre que Bashar al-Assad était responsable des attaques à l'arme chimique près de Damas le 22 août. Dans certaines circonstances, il a omis des informations importantes, et dans d'autres, il a présenté des suppositions comme des faits. Plus important, il n'a pas reconnu un fait bien connu de la communauté des services de renseignements : que l'armée syrienne n'est pas la seule partie dans la guerre civile de ce pays à avoir accès au sarin, ce gaz neurotoxique qui d'après une étude de l'ONU – qui n'assigne aucune responsabilité – a été utilisé dans l'attaque à la roquette. Durant les mois qui ont précédé cette attaque, les services de renseignements américains ont produit une série de rapports classés hautement confidentiels, culminant par un Operation Order – un document de planification en prévision d'une invasion au sol – qui citait des preuves que le Front al-Nosra, un groupe de djihadistes affilié à (…) Lire la suite »

Moyen-Orient : La réorientation de la politique des Etats-Unis (New Yorker)

Seymour HERSH

Voici un article de mars 2007 qui nous avait échappé. Son auteur, Seymour M. Hersh, est une figure importante de la presse US et probablement un des ces journalistes qui jouent le rôle de «  garçon de courses » entre différentes factions du pouvoir et à qui on lâche des phrases destinées à qui de droit. Raison de plus pour le lire et, avec le recul, d’en juger. (Le Grand Soir)

UN CHANGEMENT DE STRATEGIE Au cours des derniers mois, avec la détérioration de la situation en Irak, l'administration Bush, à la fois dans sa diplomatie publique et ses opérations clandestines, a effectué un changement de stratégie significative au Moyen-Orient. La « réorientation », comme certains appellent cette nouvelle stratégie de la Maison Blanche, a amené les Etats-Unis plus près d'une confrontation ouverte avec l'Iran et, dans certaines parties de la région, provoqué un conflit sectaire élargi entre musulmans chiites et sunnites. Pour déstabiliser l'Iran, à majorité chiite, l'administration Bush a décidé de redéfinir ses priorités au Moyen-Orient. Au Liban, l'administration a coopéré avec le gouvernement d'Arabie saoudite, sunnite, dans des opérations clandestines visant à affaiblir le Hezbollah, l'organisation chiite appuyée par l'Iran. Les Etats-Unis ont aussi pris part dans des opérations clandestines contre l'Iran et son allié la Syrie. Un résultat indirect de ces (…) Lire la suite »