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Auteur : Youssef GIRARD

« Malheur aux vaincus » : note pour une lecture politique d’Ibn Khaldoun

Youssef GIRARD
Depuis la fin du XVIIIème siècle, l'Occident a imposé son hégémonie sur le monde musulman et sur l'ensemble des Trois continents. Partant à la conquête du monde, afin d'exporter leurs capitaux et leurs idéaux, « les bourgeois conquérants » occidentaux ont assujetti les peuples d'Asie et d'Afrique. L'invasion de l'Egypte par les armées de Bonaparte, la colonisation de l'Inde par l'Angleterre, la conquête de l'Algérie puis de l'Afrique subsaharienne et de l'ensemble du Maghreb ont marqué l'avancée inexorable des armées occidentales. Le démantèlement de l'Empire Ottoman au lendemain de la guerre 1914-1918 a signifié la mise sous tutelle, directe ou indirecte, de l'ensemble du monde musulman. Cette hégémonie occidentale n'est pas uniquement économique, militaire et politique. Elle est aussi culturelle, idéologique et spirituelle. Le discours orientaliste accompagne, et légitime, le projet de domination occidentale sur le monde musulman. Alliant ce discours dévalorisant l'Autre à la (…) Lire la suite »

Le Congrès anti-impérialiste de Bruxelles (1927) ou l’union des peuples des Trois continents

Youssef GIRARD
Du 10 au 15 février 1927, les communistes européens, dans leur volonté de lutter contre l'impérialisme, organisèrent un Congrès anti-impérialiste à Bruxelles au palais d'Egmont. Ils suivaient en cela la politique de Lénine qui avait appelé à soutenir les « mouvements nationaux révolutionnaires » dans les colonies. Le Congrès anti-impérialiste de Bruxelles réunissait des représentants des différents peuples vivant sous le joug de l'impérialisme occidental. Ce Congrès fut organisé côté français par la Ligue contre l'oppression coloniale qui avait été créée pour soutenir la politique anti-colonialiste de l'Internationale Communiste. Cependant, ce furent surtout des organisations allemandes, comme « l'Arbeitsanschub für die unterdruchen Volker » et la « Liga gegen koloniale unterdruchen », fondées par le Komintern qui fournirent la plus importante contribution à l'organisation de ce congrès. Si le Congrès anti-impérialiste de Bruxelles se voulait celui des peuples colonisés, de (…) Lire la suite »

Le « socialisme islamique » : rouvrir une perspective

Youssef GIRARD
La crise que connaît le capitalisme repose une nouvelle fois la question de la sortie de ce système socio-économique apparu il y a plus de cinq cent ans en Europe de l'Ouest. Construit sur le pillage et l'exploitation des périphéries par le centre occidental, sur l'exploitation des masses populaires de ces mêmes centres, durant plus de cinq siècles le capitalisme n'a profité qu'à une minorité de privilégiés. La crise, qui aiguise les contradictions portées en lui-même par le capitalisme, rend de plus en plus insupportable ce système intrinsèquement mortifère transformant, par un processus de réification, l'homme, la matière et l'esprit en marchandise. De fait, cela rouvre les champs du possible d'une contestation qui, si elle souhaite véritablement être globale, ne pourra se faire uniquement sur un mode symphonique entre tous ceux qui veulent construire un monde répondant à l'exigence éthique d'une justice globale. Au sein de l'islam cette crise, dont le discours dominant cherche (…) Lire la suite »

Le rapprochement Alain Soral - UOIF ou l’offensive de la réaction

Youssef GIRARD
« Sois plus sur tes gardes vis-à -vis de l'ennemi non déclaré que tu ne l'es envers l'ennemi déclaré ». L'Imam Ali Le fascisme est un mouvement contemporain inhérent au capitalisme et à ses crises qui le nourrissent. Ce mouvement politique et idéologico-culturel, apparut après la guerre 1914-1918, ne naît pas de manière spontanée, même s'il existe toujours des éléments réactionnaires, y compris dans les périodes de développement du capitalisme. L'essence du fascisme est de s'opposer à toute contestation sociale et à toute remise en cause des rapports de domination permettant le processus de reproduction social. Toutefois, il reste difficile de donner une définition précise du fascisme car c'est un mouvement possédant de multiples visages en fonction des conjonctures nationales ou des moments historiques. Comme le notait Georges Jackson : « jamais nous n'aurons une définition complète du fascisme, parce qu'il est en constante évolution, montrant un visage nouveau chaque fois (…) Lire la suite »
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Dien Bien Phu ou le colonialisme terrassé

Youssef GIRARD

En mai 1941, alors que les troupes japonaises occupaient le Vietnam, se tint le 8ème plénum du Comité central du Parti Communiste Indochinois. Considérant la situation du Vietnam, les dirigeants du Parti donnèrent la priorité à la lutte de libération nationale et créèrent la Ligue pour l’indépendance nationale, appelée Front Viet Minh. Les principaux mots d’ordre étaient : unir tout le peuple, résister aux Japonais et aux Français, reconquérir l’indépendance.

Expliquant cette politique d'unité nationale contre l'invasion japonaise et le colonialisme français, Vo Nguyen Giap affirmait : « Le Parti s'est consacré tout entier à ce travail, au rassemblement de toutes les forces nationales, à l'élargissement et à la consolidation d'un front national unifié, le Front Vietminh puis le Front Lien Viet qui fut un magnifique exemple de la plus large union des couches populaires dans la lutte anti-impérialiste dans un pays colonial. Ce front rassemblait en effet les forces patriotiques de toutes les classes et de toutes les couches sociales, voire des propriétaires terriens progressistes, toutes les nationalités du pays, majoritaires comme minoritaires ; les croyants patriotes de toutes les confessions religieuses » [1]. Après la défaite de l'Allemagne et du Japon, en août 1945, le Viet Minh mit sur pied un programme d'action, comprenant l'ordre d'insurrection générale et une Assemblée des délégués de la nation pour lutter contre le colonialisme (…) Lire la suite »

Capitalisme, marché « islamique » et occidentalisation du monde

Youssef GIRARD, Nadjib ACHOUR
« O hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle et Nous vous avons désignés en nations et tribus, pour que vous vous entreconnaissiez ». Coran 49 - 13 Ces dernières années, nous avons assisté à l'émergence d'un marché « islamique » pensé comme une version « hallal » du capitalisme occidental. Ce phénomène ne serait pour certains analystes qu'une consécration, voire le triomphe, d'une « révolution conservatrice » opérée au sein des élites issues du mouvement islamique après leur échec à conquérir le pouvoir. En effet, déroutés par les revers de leur combat politique, les acteurs du mouvement islamique auraient finalement investi le secteur marchand. En décidant d'entrer dans le monde de l'économie, ils ont importé dans cet univers des singes, des symboles, un éthos « islamique » afin de créer de nouveaux produits répondant aux attentes des consommateurs musulmans. Ce projet s'est matérialisé par l'apparition de biens et de services étiquetés « islamiques » à la (…) Lire la suite »
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La piraterie transplantée des océans à la terre ferme

Youssef GIRARD

1492, date de la chute de Grenade et de l’arrivée des navires de Christophe Colomb en Amérique, signe la naissance du capitalisme par ce que Marx appelait l’« accumulation primitive » exercée contre les peuples d’Amérique et d’Afrique. Cette première phase expansionniste qui fut marquée par l’extermination des Amérindiens et la réduction en esclavage de millions d’Africains, permit à l’Occident d’accumuler des richesses par le pillage et l’exploitation. Cela faisait dire à l’auteur du Capital que la naissance du capitalisme fut « célébrée par une sorte de massacre des innocents ».

Analysant l'« accumulation primitive » dans Le Capital, Marx écrivait : « la découverte des contrées aurifères et argentifères de l'Amérique, la réduction des indigènes en esclavage, leur enfouissement dans les mines ou leur extermination, les commencements de conquête et de pillage aux Indes orientales, la transformation de l'Afrique en une sorte de garenne commerciale pour la chasse aux peaux noires, voilà les procédés idylliques d'accumulation primitive qui signalent l'ère capitaliste à son aurore » [1]. Il ajoutait : « les trésors directement extorqués hors de l'Europe par le travail forcé des indigènes réduits en esclavage, par la concussion, le pillage et le meurtre refluaient à la mère patrie pour y fonctionner comme capital » [2]. Les richesses accumulées permirent à l'Occident de financer sa « révolution industrielle » qui engendra une nouvelle phase d'expansion occidentale. La deuxième phase expansionniste s'exerça contre les peuples des Trois continents - Afrique, Asie (…) Lire la suite »