Le voleur poursuit sa quête : donner un sens à son existence. Sa galerie de portraits et de doctrines s'enrichit ici de ceux des anarchistes de son époque. Elle montre qu'il est difficile de dire que les précédents portraits, ceux des socialistes, sont sortis de la plume d'un anarchiste... au sens des programmes et des partis du moins. Où l'on verra aussi que le copier-coller d'aujourd'hui se pratiquait alors de façon plus matérielle. Enfin que le droit à la caricature ne doit pas être réservé à celle d'un seul prophète. Mauris Dwaabala
Le Voleur de Georges Darien, réédité par Jean-Jacques Pauvert, est paru en 1898. Soixante ans passèrent. J'étais en classe de première. Pascal Lainé, un camarade dévoré par l'écriture – dans laquelle il se fit plus tard un grand nom, Médicis puis Goncourt, mais j'ignorais alors ce destin, me donna titre et auteur de ce qu'il lisait et vanta leurs mérites. Une vingtaine d'années plus tard, l'ouvrage vendu d'occasion dans une librairie de Tunis accrocha mon regard, je l'acquis pour lui laisser prendre la poussière. Une vingtaine d'années plus tard encore, ou davantage, ces jours-ci, je le redécouvris sur mes rayons et me mis enfin à le lire. Comme l'indique le titre, son narrateur a délibérément choisi de vivre en marge de la société. Il s'interroge pourtant, à peu près au milieu du roman, sur la voie à suivre, ce qui l'amène d'abord à fréquenter les cercles socialistes. C'est l'objet de ce premier volet. Dans le suivant, il rencontrera quelques sommités de l'anarchisme. Ici, il vient d'assister à une exécution sur la place publique, telle qu'elle se pratiquait encore à l'époque. Place, donc, au texte.
Mauris Dwaabala