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Auteur : Aziz DAKI

L’Å’UVRE IMPOSSIBLE DE COPPOLA

Aziz DAKI

Le grand réalisateur américain Francis Ford Coppola a tenu une conférence de presse à Marrakech, jeudi 19 septembre. En réponse à une question de « Aujourd’hui le Maroc », il a tout dit du projet du film le plus ambitieux de sa carrière : « Mégalopolis ».

Les grands créateurs portent en eux le projet d'une oeuvre unique. Celle où ils livrent leur vision de la vie, leur profession de foi esthétique. Cela s'est vu avec des écrivains comme Balzac et « La comédie humaine », Proust et « La recherche du temps perdu ». Quant au « Livre » de Mallarmé, celui où il voulait combiner son art poétique avec sa vision philosophique, il est resté à l'état embryonnaire de notes. L'ambition d'une oeuvre peut tuer l'oeuvre. C'est de cet esprit que participe le film de Francis Ford Coppola : « Mégalopolis ». Il le porte en lui depuis 15 ans, mais il est déterminé depuis 4 ans à ne rien faire d'autre avant que son film ne voie le jour. Cela fait donc déjà 4 ans que Coppola n'a pas réalisé de films, et il ne faut pas s'étonner de voir cette durée s'étendre, compte tenu de l'ambition qui sous-tend celui qu'il prépare. Le réalisateur a précisé qu'il possède déjà « une soixantaine d'heures d'images », qu'il travaille au montage un peu partout. « Y compris (…) Lire la suite »
ENTRETIEN

LYNCH, DERRIàˆRE LE MIROIR

Aziz DAKI

C’est très probablement l’un des plus grands réalisateurs dans le monde. Certains le considèrent même comme le plus grand de tous. David Lynch livre à ALM les dessous de son monde.

A. DAKI : Dès « Elephant man », vous avez marqué le cinéma en visionnant le monde du point de vue d'un personnage difforme. L'intérieur et l'extérieur, qu'est ce qu'ils représentent pour vous ? David Lynch : L'intérieur et l'extérieur ! C'est un sujet aux limites infinies. On peut en parler pendant des jours et des jours sans en épuiser la substance. On peut en parler aussi longtemps qu'on le voudra sans réussir à dire combien ce sujet est beau. On regarde la surface des choses comme devant une image lorsqu'on ouvre les yeux. L'oeil aperçoit ce qu'il voit, mais on sait sous cette surface qui se donne aux yeux, se cachent bien des choses. Sous le visage social des gens, sous la surface d'une chaise, sous ses matériaux, ses molécules, ses électrons. Et c'est dans la face cachée des choses que réside leur force. Ne pas chercher à en pénétrer le mystère, c'est passer à côté de l'essentiel. Cette préoccupation de la face interne des choses est si excitante qu'il ne m'est pas (…) Lire la suite »

Le Marocain, cet éternel ennemi

Aziz DAKI

L’Espagne et le Maroc commencent à peine d’entamer une réflexion sur les liens qui les unissent. Cette réflexion sera sans aucun doutre fructueuse. Elle a démarré il y a quelques années quand on a commencé à évoquer l’héritage arabo-andalou (des auteurs aussi fameux que Juan Goytisolo [1] y contribuent sans cesse) et elle continue maintenant à l’orée des petites guerres diplomatiques dans lesquels s’engagent les deux voisins. Aziz Daki, journaliste marocain, analyse pour un lectorat marocain, une récente publication faite par un historien catalan de renom.

Avez-vous déjà vu votre image telle que des « artistes » espagnols l'ont façonnée ? Un livre intitulé « La Imagen del magrebi en Espana » [2] vous la livre. Vous y êtes représentés en créatures sanguinaires, ridicules, lubriques et sans intelligence. On savait que les Espagnols ont une image nourrie de préjugés à l'égard des Marocains. On savait que le Maure est inscrit en lettres couleur de sang dans l'inconscient collectif de nos voisins du Nord. On savait que le poids de l'Histoire a été très mal digéré par ce peuple. On savait que cette Histoire conditionne jusqu'à aujourd'hui la représentation du Marocain chez nombre d'Espagnols. On savait que ces derniers posaient un regard à la fois hautain et dégradant sur nous. On savait qu'ils nous regardaient du haut de leur Nord, avec toutes les idées reçues de certains Occidentaux, mais exacerbées à l'extrême, parce que, pour une région située au Sud de l'Europe, il faut se démarquer avec plus de virulence d'un peuple à la proximité (…) Lire la suite »
Aujourd’hui le Maroc

Maroc : Les Instituts Français font la chasse aux livres étrangers

Aziz DAKI

Le communiqué de l’Association pour la Promotion des Ecrivains (APEC) est extraordinaire : les Bibliothèques des Instituts français au Maroc ont reçu l’instruction de retirer les ouvrages étrangers traduits en français. Que pensent les concernés de cette décision ? Et quelles en sont les raisons ?

Où sont passés Auster, Higgins, Faulkner et tous les auteurs du monde traduits en français ? Ils ne sont plus dans les rayonnages de la bibliothèque de l'Institut français de Kénitra ! L'homme qui a fait ce constat ahurissant est l'écrivain Jean-Pierre Koffel - également vice-président de l'Association pour la Promotion des Ecrivains (APEC). Il voulait lire des auteurs américains pour mener des recherches au sujet d'une table-ronde sur le roman policier. « J'ai cherché un premier auteur américain sans le trouver. Je me suis dit que les abonnés avaient emprunté tous ses livres. J'en ai cherché un deuxième sans succès non plus, un troisième et ainsi de suite... A la fin, j'ai dû me rendre à cette évidence : tous les auteurs non-français de polars ont disparu ! » nous a-t-il confié. Interloqué par cette disparition, il a mené des recherches et a appris que les médiathèques des Instituts français (IF) avaient reçu l'instruction de retirer de leurs bibliothèques les littératures (…) Lire la suite »

D’un 11 septembre l’Autre

Aziz DAKI

Qui aurait pu l’imaginer ? La ville de Paris a eu également son 11 septembre en 1937. L’émotion qui a succédé à cet attentat semble bien désuète. Celle qui accompagne notre 11 septembre noie dans la pitié et la compassion l’analyse et le sens

On a du mal à le croire. Le 11 septembre 1937, deux attentats ont secoué la ville de Paris. Deux explosions ont déchiré l'atmosphère. L'une d'elles a provoqué l'effondrement d'un immeuble. Une revue datant de 1937, envoyée à ALM (Aujourd'hui Le Maroc) par l'archéologue Robert Letan, a des allures fantastiques. Il s'agit du numéro du 17 septembre 1937 de « Miroir du monde ». Sur la couverture de cette revue, on lit le titre suivant : « Attentats terroristes dans la nuit du 11 septembre ». L'image qui orne cette couverture est impressionnante. Elle montre des pompiers alignés devant une façade béante. La grande échelle des pompiers est dressée. Elle crache de l'eau sur un bâtiment embrasé. Cela a des allures de déjà vu. Un déjà vu, qui s'est produit bien après. Car en plus de la coïncidence des dates, tout ou presque, évoque dans cette revue les attentats de notre 11 septembre : Les débris, les pompiers, les quelques objets éparpillés dans la rue et surtout l'émotion. L'un de (…) Lire la suite »