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Auteur : Leonardo BOFF

La crise brésilienne et la géopolitique mondiale

Leonardo BOFF

Il serait erroné de penser la crise actuelle au Brésil uniquement à partir du Brésil. Cette crise s'intègre dans l'équilibre des forces mondiales qu'est la soi-disant nouvelle guerre froide impliquant principalement les Etats-Unis et la Chine. L'espionnage étasunien, comme l'a révélé Snowden, a atteint la Petrobras et les réserves du pré-sal et n'a pas épargné la présidente Dilma. Cela fait partie de la stratégie du Pentagone pour remplir tous les espaces sous le slogan « un monde, un empire ». Voici quelques points qui nous font réfléchir.

Dans le contexte général il y a une montée visible de la droite dans le monde, à partir des propres États-Unis et de l'Europe. En Amérique latine se clôt un cycle de gouvernements progressistes qui ont élevé le niveau social des plus pauvres et consolidé la démocratie. Ils sont maintenant en proie à une vague droitière qui a déjà triomphé en Argentine et qui met la pression sur tous les pays d'Amérique du Sud. Ils parlent, comme ici (au Brésil NdT), de la démocratie, mais veulent en réalité la rendre insignifiante pour faire régner le marché et l'internationalisation de l'économie. Le Brésil en est la cible principale et l'impeachment de la présidente Dilma n'est qu'un épisode d'une stratégie globale, en particulier des grandes entreprises et du système financier, qu'articulent les gouvernements centraux. Les grands entrepreneurs nationaux veulent revenir au niveau des profits qu'ils avaient sous les politiques néolibérales, avant Lula. L'opposition à Dilma et le soutien à sa (…) Lire la suite »

Le passage difficile de l’ère technologique à l’ère écologique

Leonardo BOFF
Les grandes crises comportent de grandes décisions. Il y a des décisions qui signifient la vie ou le mort pour certaines sociétés, institutions ou personnes. La situation actuelle est celle d'un malade auquel le médecin dit : ou vous contrôler votre taux élevé de cholestérol et votre tension ou vous devrez vous attendre au pire. Vous choisissez. L'humanité entière a de la fièvre et est malade ; elle doit décider : ou bien continuer à un rythme hallucinant de production et de consommation, garantir toujours la croissance du PIB national et mondial, rythme hautement hostile à la vie, ou bien regarder en face d'ici peu les réactions du système-terre qui a déjà donné des signes clairs de stress global. Nous n'avons pas peur d'un cataclysme nucléaire, qui n'est pas impossible même s'il est improbable, qui signifierait la fin de l'espèce humaine. Mais ce que nous craignons c'est, comme beaucoup de scientifiques l'annoncent, un changement subit, brusque et radical du climat qui (…) Lire la suite »

Haïti : test pour l’humanité

Leonardo BOFF
Le désastre qui s'est abattu sur Haïti, détruisant Port-au-Prince, tuant des milliers de personnes et privant le peuple des structures minimales pour la survie, est une épreuve pour l'humanité. Selon les pronostics de ceux qui suivent systématiquement l'état de la Terre, il ne passera pas beaucoup de temps avant que nous soyons confrontés à d'autres Haïti, avec des millions et des millions de réfugiés climatiques provoqués par des événements extrêmes qui pourront occasionner une véritable destruction écologique et détruire d'innombrables vies humaines. Dans ce contexte, deux vertus, liées à l'essence même de l'être humain, doivent revêtir une importance spéciale : l'hospitalité et la solidarité. L'hospitalité, comme l'a dit le philosophe Kant, est un droit et un devoir de tous, car nous sommes tous des habitants, ou plutôt des fils et des filles de la même Terre. Nous avons le droit d'y circuler, de recevoir et d'offrir l'hospitalité. Les nations seront-elles prêtes à (…) Lire la suite »

Dépassement et effondrement du système mondial ?

Leonardo BOFF

On n’a jamais parlé autant qu’aujourd’hui, dans tous les pays et forums, de développement-croissance. C’est une obsession qui nous accompagne depuis au moins trois siècles. Maintenant que s’est produit l’effondrement économique, l’idée est revenue avec une vigueur renouvelée -parce que la logique du système ne permet pas d’abandonner cette idée-matrice sans s’autodétruire. Malheur aux économies qui ne parviennent pas à restaurer leurs niveaux de développement-croissance !
Elles vont succomber, et cela sera éventuellement accompagné d’une tragédie écologique et humanitaire.

Mais nous devons le dire bien clairement : reprendre cette idée est un piège dans lequel tombe la majorité, y compris Benoît XVI dans sa récente encyclique Caritas in veritate consacrée au développement. Cela peut se vérifier presque de manière unanime dans les discours des représentants des 192 peuples présents à la réunion de l'ONU, fin juin. La grande exception, qui a suscité l'étonnement, a été le discours d'ouverture et de clôture du président de l'Assemblée Générale Miguel d'Escoto, qui a pensé plus avant à la logique d'un autre paradigme de relation Terre-Vie-Humanité, subordonnant le développement au service de ces réalités centrales. Pour le reste, on n'entendait pas autre chose : il faut reprendre le développement-croissance, sinon la crise va s'éterniser. Pourquoi dis-je que c'est un piège ? Parce que pour atteindre les taux minimaux prévus de développement-croissance de 2% par an, nous aurions besoin d'ici peu de deux Terres égales à celle que nous avons. Ce n'est pas (…) Lire la suite »
Un Juste à l’ONU

Cette société mérite-t-elle de survivre ?

Leonardo BOFF
L'actuel Président de l'Assemblée Générale de l'ONU, Miguel d'Escoto Brockmann -ancien ministre des Affaires étrangères du Nicaragua sandiniste- est en train de donner un nouveau visage à l'organisme international. Il a créé des groupes d'étude sur les sujets les plus variés qui intéressent spécialement une humanité en souffrance, comme la question de l'eau douce, la relation entre énergies alternatives et sécurité alimentaire, la question mondiale des indigènes, et d'autres. Le groupe sans doute le plus significatif, qui inclut de grands noms de l'économie comme le prix Nobel Joseph Stiglitz, est celui qui recherche des issues collectives à la crise économique et financière. Tous sont conscients du fait que les pays du G-20, si importants qu'ils soient, ne peuvent représenter les 172 pays restants -où vivent les principales victimes des turbulences actuelles. D'Escoto prétend réunir au sein de l'Assemblée de l'ONU, les 1er, 2 et 3 juin de cette année, tous les chefs d'État des 192 (…) Lire la suite »