Si vous prenez le train à Jakarta, soyez averti : les images qui défileront derrière votre fenêtre pourraient être trop dérangeantes à supporter pour quelqu’un qui n’est ni un correspondant de guerre ni un docteur. C’est comme si les centaines de milliers de misérables sur terre avaient décidé de camper le long des voies, comme si les déchets de toute l’Asie du sud-est s’étaient échoués le long des rails, comme si l’enfer sur terre s’était réellement matérialisé ici à la place d’un royaume religieux imaginaire.
André Vltchek, natif de Léningrad (Saint-Pétersbourg) est un romancier, cinéaste, journaliste, photographe, conférencier international et analyste politique états-unien.
Il est interviewé sur la Chine, l’Amérique latine et l’impérialisme par Adam Chimienti, enseignant et doctorant à New York. (Note du GS).
L’Irak, l’Afghanistan, la Palestine et la Libye sont en ruines, écrasés par les lourdes bottes de l’impérialisme occidental. Mais on nous dit, nous avons peur de la Chine.
Quelquefois je suis poursuivi par des cauchemars : je suis en plein milieu d’un camp de réfugiés ravagé par des bombardements, peut-être au Congo (RDC) ou dans un autre pays désespéré à la périphérie de l’intérêt des médias. Les enfants courent autour avec des ventres gonflés, souffrant clairement de malnutrition. Beaucoup de femmes dans le camp ont des ventres gonflés aussi, mais pas à cause d’un acte d’amour, à la suite d’un viol qu’elles ont subi au cours des derniers mois. Il y a un tir d’artillerie venant des collines et les troupes de l’ONU sont impuissantes à l’arrêter.