RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Rubrique : Mémoire & Ecrits

Au lieu d’attaquer Wikileaks, il faut corriger ce que l’organisation a révélé (Stars and Stripes)

Ann Wright
Note du traducteur : Cet article présente deux intérêts. 1) Il a été publié par le magazine de l'armée US. 2) Il date de 2011. L'ancien ministre de la Défense Robert Gates avait raison lorsqu'il a dit que les révélations de Wikileaks étaient "embarrassantes" et "gênantes". Une telle évaluation – comme pour tant d'autres représentants du gouvernement – résulte de l'ampleur du non-dit. Car ces révélations ne sont pas seulement embarrassantes. Elles contiennent aussi des preuves d'actions et de politiques gouvernementales qui constituent un abus de pouvoir et qui violent les normes internationales en matière de droits de la personne auxquelles nous, Américains, sommes attachés. Par exemple, grâce aux informations provenant des documents de WikiLeaks, le public est maintenant au courant de "FRAGO 242" - un ordre officiel de ne pas signaler les preuves d'abus de prisonniers par les forces de sécurité irakiennes. Cette politique viole la Convention des Nations Unies contre la torture, ratifiée par le (...) Lire la suite »

Discours sur le colonialisme (1950 - extrait)

Aimé Césaire
Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. Le fait est que la civilisation dite « européenne », la civilisation « occidentale », telle que l’ont façonnée deux siècles de régime bourgeois, est incapable de résoudre les problèmes majeurs auxquels son existence a donné naissance : le problème du prolétariat et le problème colonial ; que, déférée à la barre de la « raison » comme à la barre de la « conscience », cette Europe-là est impuissante à se justifier ; et que, de plus en plus, elle se réfugie dans une hypocrisie d’autant plus odieuse qu’elle a de moins en moins chance de tromper. L’Europe est indéfendable. Il paraît que c’est la constatation que se confient tous bas les stratèges américains. En soi cela n’est pas grave. Le grave est (...) Lire la suite »

Ce que disait Jaurès (2)

Un lecteur du Grand Soir

Un siècle après son assassinat, la classe politique dans son ensemble ou presque va célébrer la mémoire de Jean Jaurès. L’occasion de mettre certains face à leurs responsabilités et leurs contradictions. Alors, qu’est-ce qu’il disait Jaurès ?

« Nous les avons souvent entendues, les grandes paroles contre la tyrannie du peuple ! Et pendant qu’on la dénonce, on maintient la tyrannie réelle du capital. Je n’ai pas entendu dire que depuis un siècle le peuple ait abusé des forces qui étaient dans ses mains ; c’est lui, en somme, qui a aidé, par les grandes journées révolutionnaires, au mouvement de la Révolution ; et pourtant à peine la Révolution fut-elle installée et maîtresse, que les citoyens actifs et riches supprimaient les droits politiques des prolétaires qui avaient fait la Révolution. Voilà comment le peuple abuse de sa victoire… La vérité, c’est que la force de la démocratie, du prolétariat, rencontre tous les jours devant elle des obstacles formidables, tous ceux du passé, tous ceux du présent, les résistances de l’Eglise, celles des grandes fortunes ; que l’ouvrier et le paysan ont à peine le temps de penser de loin en loin à l’exercice intermittent de leur souveraineté. C’est miracle s’ils arrivent à pouvoir faire passer une ou deux (...) Lire la suite »

Ce que disait Jaurès (1)

Un lecteur du Grand Soir

Un siècle après son assassinat, la classe politique dans son ensemble ou presque va célébrer la mémoire de Jean Jaurès. L’occasion de mettre certains face à leurs responsabilités et leurs contradictions. Alors, qu’est-ce qu’il disait Jaurès ?

« La vraie politique, ce n’est ni le parti pris d’invective contre les grands serviteurs du pays, ni la manie d’opposition, ni la légèreté à ouvrir des crises ministérielles sans issue, ni l’étourderie à risquer une réforme sans lui avoir préparé une majorité, ni la rivalité de groupes et la diplomatie de couloir, ni l’abus des formules vaines que l’étude ne remplit jamais, ni la déclamation démagogique qui corrompt le peuple et ne le sert pas, ni le don-quichottisme aveugle qui sacrifie aux solennelles erreurs du libre-échange la substance même de la nation, ni le dédain transcendant des intérêts matériels et positifs du pays, base nécessaire de sa grandeur comme nation et de son développement moral. Non, la vraie politique n’est rien de tout cela. Mais elle n’est pas davantage cette sagesse étroite et égoïste qui se borne à gérer les intérêts constitués de la nation, renonce à établir une égalité vraiment humaine d’intérêts, de puissance et de droits entre tous les membres de la famille française, et déguise (...) Lire la suite »
L’héroïsme face à son passé

Mémoires d’une combattante de l’ALN, zone autonome d’Alger de Zohra Drif

Kaddour M'HAMSADJI

Ici, point de paroles sonores, ni légèreté de pensée, ni jouissance personnelle ; c’est le souvenir de la lutte du droit à la liberté contre la guerre de la politique coloniale...

Que dire de plus ? Des « Mémoires », ces temps-ci, sont de juste circonstance et si utiles qu'ils sont réclamés par tous ceux qui, à tort ou à raison, bien ou mal intentionnés, veulent savoir, entre autres faits historiques, ce qui s'est passé « exactement » dans la Zone Autonome d'Alger (ZAA), structure de l'ALN-FLN, créée le 20 août 1956 et organisée en trois régions, pendant la Lutte de Libération Nationale. Certes, il y a eu des publications importantes (dont le célèbre ouvrage « La Bataille d'Alger » de Yacef Saadi) sur les activités glorieuses de nos combattants révolutionnaires chouhadâ ou vivants dans Alger, la capitale, pour la même période. Pour autant, il reste à connaître toujours davantage en exploitant les archives, souvent hélas, inaccessibles, et en lisant les écrits historiques rédigés par une personnalité qui se donne pour objet le récit de sa propre vie. C'est tout à fait le cas attendu et proposé par Zohra Drif qui a récemment publié un fort volume sous le titre Mémoires d'une combattante de (...) Lire la suite »

L’Irak envahit les États-Unis (Tomdispatch.com)

Eduardo GALEANO

« Le 20 mars de l’année 2003, les forces aériennes irakiennes ont bombardé les États-Unis d’Amérique. Dans le sillage de ces bombardements, les troupes irakiennes ont envahi le territoire US. Il y a eu des dommages collatéraux. Beaucoup de civils, la plupart des femmes et des enfants, ont été tués ou mutilés. La guerre était inévitable. La sécurité de l’Irak et de toute l’humanité était menacée par les armes de destruction massive amassées dans les arsenaux US. Il n’y avait aucun fondement, par contre, derrière les rumeurs insidieuses qui suggéraient que l’Irak avait l’intention de garder tout le pétrole de l’Alaska »....

Les passages suivants sont extraits du nouveau livre d’Eduardo Galeano, "Les Enfants des Jours : Un Calendrier de l’Histoire Humaine" : Le jour où le Mexique a envahi les USA (9 mars) En ce tôt matin de 1916, Pancho Villa a traversé la frontière avec ses cavaliers, a mis le feu à la ville de Colombus, tué plusieurs soldats, piqué quelques chevaux et fusils, et le jour suivant était de retour au Mexique pour raconter son histoire. Cette incursion-éclair est la seule invasion que les USA aient subi depuis les guerres menées pour se détacher de l’Angleterre. Par contraste, les USA ont envahi presque tous les pays du monde entier. Depuis 1947 son Ministère de la Guerre s’est appelé le Ministère de la Défense, et son budget de guerre le budget de la défense. Les noms sont une énigme aussi indéchiffrable que la Sainte Trinité. La bombe de Dieu (6 août) En 1945, alors que ce jour naissait, Hiroshima a perdu sa vie. La première apparition de la bombe atomique a incinéré cette ville et sa population en un (...) Lire la suite »

L’argent sans foi ni loi, par M. Pinçon et M. Pinçon-Charlot

Bernard GENSANE
Lire les Pinçon-Charlot est toujours utile : Ils sont précis, rigoureux, posent les questions utiles et apportent les bonnes réponses. Dans ce dernier ouvrage, ces grands connaisseurs de ceux qu'ils appellent « les riches » expliquent comment l'argent est devenu, par-delà tous les principes moraux ou religieux, et en se jouant des droits des personnes, la valeur suprême de nos existences individuelles et collectives. Pour les auteurs, le monde est divisé en trois classes : un prolétariat qui subit des formes d'exploitations de plus en plus brutales, des classes moyennes, précarisées, divisées et déboussolées par la prétendue « crise », et la classes dominante, celle qui a gagné - comme disait Warren Buffet - la « guerre » des classes parce qu'elle est solidaire, organisée, et parce que, selon une approche sartrienne, elle est « la seule classe sociale en soi et pour soi. » Aux États-Unis, tout à commencé avec la fin de l'indexation du dollar sur l'or décidée par Nixon, lorsque la devise devint une (...) Lire la suite »

Postmodernisme ? (ZNet)

Noam CHOMSKY

Récemment Z a reçu des questions à propos de la pertinence et de la portée éventuelle de ce qui est appelé postmodernisme. Nous avons dans le passé - lorsque c’était un sujet plus d’actualité, ou qui en tout cas semblait l’être - publié plusieurs essais, et même des débats sur le sujet. On peut facilement les trouver sur ZNet. Mais nous sommes tombés par hasard sur une reproduction de la longue réponse que Chomsky avait donnée sur ces questions dans un forum. Nous l’avons trouvée assez bien, et nous avons estimé qu’elle peut être publiée. Le texte ci-dessous avait été mis en ligne en novembre 1995, nous avons juste éliminé les noms des personnes qui interrogeaient Chomsky.

Il me semble que le débat avait commencé quand Mike et moi, avec peut-être d'autres personnes, avions été accusés de n'avoir point de théorie, et donc de ne pas pouvoir expliquer pourquoi les choses sont comme elles sont. Nous devions donc nous tourner vers la « théorie » et la « philosophie », ou « les constructions philosophiques », ou ce genre de choses, pour remédier à cette déficience et pouvoir comprendre ce qui se passe dans le monde, et pour agir. Ma réponse a toujours été de réitérer ce que j'avais écrit il y a trente-cinq ans*, longtemps avant l'éruption du « postmodernisme » dans la littérature : « S'il existe un corps de théorie, testé, vérifié, qui s'applique aux relations internationales ou à la résolution des conflits internationaux, voire même des conflits internes, son existence reste un secret bien gardé », malgré beaucoup de « prétentions pseudo-scientifiques ». A ma connaissance l'affirmation était juste il y a trente-cinq ans*, et le reste. On peut même la généraliser à l'ensemble des (...) Lire la suite »

Quelques souvenirs d’un appelé

A.R.

Un appelé parmi d’autres nous livre ici sa guerre d’Algérie. L’écriture, sobre, est au service d’une narration factuelle. Cet appelé a voulu rester anonyme.

Avant de partir, il s’était lancé deux défis : ne jamais tirer un coup de feu contre "l’ennemi" et préserver son intégrité morale et politique. Avec un peu de chance et beaucoup de volonté, et parce qu’il était déjà - malgré son jeune âge - très conscientisé, il y parvint. Il put ainsi vivre sa vie sans avoir été cassé par cette sale guerre.

Bernard Gensane

J'ai été appelé à l'activité, comme disent les autorités militaires, le 17 octobre 1955 avec un an de retard sur ma classe (1954). Je savais que je devais rejoindre, en Allemagne, le 302ème CMRA (Centre Militaire de Réparation Automobile) alors que la plupart des appelés partaient en Algérie. Je me suis rendu à Rivesaltes qui était un centre de regroupement et de tri pour les affectations, avant de rallier mon unité en Allemagne. Avec mes camarades, nous avons fait les deux ou trois kilomètres qui séparaient la gare du camp, à pied, nos valises à la main. Il faut dire que la mienne était assez lourde car j'avais emporté quelques livres. Equipés de pied en cap, nous prenons le train et nous arrivons, vingt-quatre heures après, le 20 octobre, à Kaiserslautern, où nous découvrons une caserne de construction récente, très propre, avec des sanitaires impeccables. Durant deux mois, nous faisons les classes, premier apprentissage du métier de soldat. Le 1er décembre, je suis affecté au 81ème BRDB (Bataillon de (...) Lire la suite »

Poésie et exil (2)

Bernard GENSANE
Ovide connut un exil que l'on pourrait qualifier, un peu méchamment, de doré. Il fut exilé sur l'ordre de l'empereur Auguste (dans l'actuelle Roumanie) pour des raisons non élucidées à ce jour. Exilé, mais non banni. Ce qui signifie qu'il put partir avec ses biens et ses esclaves. Il se construisit une belle villa et conserva tous ses droits en tant que citoyen romain. Ce qui n'empêcha pas la souffrance. Ci-dessous l'Élégie troisième des Tristes. Quand mon imagination me retrace cette nuit si cruelle, marquée par mes derniers moments à Rome ; quand je me reporte à cette nuit où j'abandonnai tant d'objets chers à mon coeur, maintenant encore les larmes coulent de mes yeux. Déjà le jour approchait, que César m'avait désigné pour quitter l'Ausonie ; ni mon esprit, ni le temps n'avaient pu suffire à mes préparatifs : mon âme était restée engourdie dans une longue inaction ; je ne m'étais oc cupé ni de mes esclaves, ni du choix de mes compagnons, ni de mon équipage et des autres besoins de l'exil ; j'étais (...) Lire la suite »
afficher la suite 0 | 10

 

Brèves
*« Il est vrai... », a dit De Gaulle...
« Il est vrai que parfois, les militaires, s’exagérant l’impuissance relative de l’intelligence, négligent de s’en servir » Charles De Gaulle. « Il est vrai que parfois, les journalistes, s’exagérant (...)