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Thème : Plan Condor

« Opération Condor », un homme face à la terreur

Maurice LEMOINE
« Surprenant petit bonhomme », personnage hors du commun, symbole de la lutte pour la justice, le Paraguayen dont le journaliste et écrivain Pablo Daniel Magee retrace l’histoire dans un livre passionnant s’appelle Martín Almada. Inconnu du grand public, celui-ci a pourtant reçu en 2002 le prix Nobel alternatif de la paix pour avoir mis à jour, preuves à l’appui, après en avoir lui-même été victime, l’une des entreprises criminelles les plus abjectes de l’histoire de l’Amérique latine : le plan Condor. 1964 : l’armée brésilienne renverse le président João Goulart. Le « golpe » marque le coup d’envoi de la période mortifère qui va affecter la Bolivie (1971), le Chili, l’Uruguay et le Pérou (1973), l’Argentine (1976) et le Paraguay (depuis 1954 sous la botte de l’« Honorablissime commandant en chef des Forces armées de la Nation » et Président de la République Alfredo Stroessner). Celui que, venu en 1958 inaugurer les installations de la CIA dans l’ambassade des Etats-Unis à (…) Lire la suite »

Le rôle du néo-fascisme dans l’opération Condor

Alessandro PAGANI

Ce texte est issu de l’intervention de Alessandro Pagani dans la Table ronde IX « La guerre froide » dans le cadre du “Deuxième Congrès d’Histoire et de Société Contemporaine de l’Université Autonome de la Ville de México (UACM) : cent ans après la Révolution d’Octobre”, qui a eu lieu dans la Ville de México les 23, 24, 25, 26 et 27 octobre 2017.

C’est un plaisir de pouvoir participer à cet important congrès de l’UACM qui commémore le centième anniversaire du succès de la Révolution d’Octobre, événement qui a changé l’histoire de l’humanité. Ces derniers jours, au cours des exposés et des conférences qui se sont tenus, nous avons entendu parler de « théorie révolutionnaire », de socialisme et de communisme, de lutte des classes et de lutte révolutionnaire, de parti prolétaire et de marxisme-léninisme. Eh bien, il existe une organisation secrète, que l’on qualifie souvent de « terroriste » pour son rôle depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui qui a à la fois, dans certaines situations données, a étudié ces catégories marxistes et léninistes mieux que ne l’ont fait les propres militants et « cadres de gauche » qui, depuis la chute de l’URSS et du bloc socialiste, ont remplacé la « critique des armes » par « l’arme de la critique ». Inversant ainsi la « tactique » et la « stratégie », cette (…) Lire la suite »

Le FBI et l’Opération Condor

Percy Francisco ALVARADO GODOY
Après l’échec de l’Alliance pour le Progrès, presque toutes les nations latino-américaines traversèrent une époque d’horreur, qui s’étendit à travers tout le continent sous la forme de dictatures militaires. La chute des démocraties fragiles et questionnables donna le pas à des régimes dirigées par des généraux, appuyés sur les formes de violation des droits humains les plus brutales, les tortures et les disparitions, sur les massacres et les assassinats sélectifs. Ce fut la nouvelle forme par laquelle les oligarchies exprimèrent leur totale soumission à Washington et mirent en valeur des ’individus sans scrupules dans le vieux style de Léonidas Trujllo, Anastasio Somoza, Fulgencio Batista et Alfredo Stroessner, mais cette fois le pouvoir dur paraissait n’avoir aucunes limites de perfidie en totale impunité. Des noms aux consonances macabres comme Rafael Videla, Augusto Pinochet, José Maria Bordaberry, Hugo Banzer et beaucoup d’autres, restèrent dans la mémoire historique de nos (…) Lire la suite »

Argentine, 30 ans de démocratie et les vieux démons toujours en embuscade

Estelle LEROY-DEBIASI
La fête gâchée. La démocratie, visée. Alors que l’Argentine commémore 30 ans de démocratie. La grève des policiers –sur fond de revendications salariales- qui a d’abord touché la province de Cordoba, s’est curieusement répandue comme une trainée de poudre aux forces de police de plusieurs les provinces argentines, créant le chaos en laissant la porte grande ouverte à des pillages de supermarchés qui ont mal tourné. Le bilan est toujours trop lourd. Mais surtout il est aussi lourd de sens, justement au moment ou le pays fête les 30 ans de son retour à la démocratie. Bien que les provinces jouissent d’une certaine autonomie, il s’agit bien d’un gouvernement fédéral- le chaos crée apparaît avec recul bien trop organisé pour être spontané. C’est bien la démocratie qu’on a voulu ainsi ébranler, menacer en ces jours de commémoration. Personne n’est dupe. Les vieux démons s’agitent avec des relents golpistes. Les pillages n’ont rien à voir avec la faim et le pouvoir d’achat, ils ont (…) Lire la suite »

Kerry, Kissinger et l’autre 11 septembre (Democracy Now !)

Amy Goodman, Denis Moynihan
Alors que l’intervention militaire du Président Barak Obama en Syrie semble être repoussée pour le moment, le fait que le Secrétaire d’Etat des Etats-Unis, John kerry, ait rencontré le 11 Septembre un de ses prédécesseurs, Henry Kissinger, supposément pour parler de la stratégie des prochaines négociations sur la Syrie avec des fonctionnaires russes, attire l’attention. La réunion entre Kerry et Kissinger, et l’opposition publique à l’attaque, que tous deux approuvent, devrait se regarder dans le miroir de ce qui s’est passé le 11 Septembre, mais de 1973. Ce jour là, il y a 40 ans le Président du Chili, Salvador Allende, démocratiquement élu, fut destitué violemment par un coup d’état qui eut l’appui des Etats-Unis. Le général Pinochet prit le contrôle du pays et initia un régime militaire de terreur qui devait durer 17 ans et par lequel 3000 chiliens furent assassinés ou portés disparus, à peu près le même nombre de personnes qui sont mortes le 11 Septembre 2001. Allende qui (…) Lire la suite »

L’hypocrisie de la démocratie libérale et bourgeoise : en souvenir de Salvador Allende.

Cellule Ouvrière du Bassin Minier Ouest du Pas-de-Calais
Le système ultralibéral dominant sur la planète nous donne l'image et l'idée que sa portée n’agit que dans le domaine économique, donc pour les intérêts du marché et pour une optimisation maximum des investissements sur le plus court terme possible. Cependant, s’il est toujours vrai que le développement économique capitaliste est basé sur la multiplication des profits, il n’est pas son unique champ d'action prioritaire. En effet, afin de renforcer son pouvoir économique, l’ultralibéralisme doit aussi avoir la maîtrise du pouvoir politique. Ceci implique que tous les paramètres pour soutenir l’action politique sont évalués. Malgré son discours qui se veut économique, certes de plus en plus réactionnaire, les ultralibéraux ne sollicitent pas nécessairement l’application de la démocratie pour intervenir dans les domaines politiques et sociaux. Ainsi un tout autre système, non démocratique, fasciste ou basé sur une justice de classe, lui conviendrait tout autant tant qu’il (…) Lire la suite »

Un dictateur meurt sur son bidet

Jean ORTIZ

Alors qu’il reste en Espagne neuf ex-ministres de Franco bien vivants et en liberté, le dictateur et tortionnaire argentin Videla vient de mourir en prison, en train de déféquer. Les agences de presse disent qu’il "purgeait" (oui, c’est bien le mot !) une peine de cinquante ans de réclusion pour "crimes contre l’humanité".

Videla était le plus connu des trois serviteurs des Etats-Unis qui perpétrèrent le coup d'Etat de 1976 pour combattre "l'ennemi intérieur, le "communisme", par des méthodes barbares . Le "monde libre" avait tous les droits, toutes les excuses... 30 000 disparus, des dizaines de milliers de torturés, et une coopération sanglante entre bourreaux : le "Plan Condor". C'était le prix à payer pour empêcher "de nouveaux Cuba". Les suppliciés, avant la dernière torture fatale, recevaient la bénédiction d'un prêtre. Les religieux allaient et venaient dans les centres de torture, les camps, comme on se promène dans un musée de l'horreur. Ils couvrirent et même organisèrent le vol de centaines de bébés à leurs mères détenues qui accouchaient en prison puis étaient assassinées. Tenus sans doute au "secret religieux", aucun dignitaire ensoutané, aucune instance officielle de l'Eglise, n'émirent la moindre protestation. Qui ne dit mot... devient complice de la barbarie. Le symbole de la (…) Lire la suite »

Videla : dictature et Coupe du monde de Football

Bernard GENSANE

Lors de la Coupe du monde de football de 1978 en Argentine, le pays hôte s’est qualifié par un 6 à 0 miraculeux face au Pérou. Cette victoire écrasante a toujours parue suspecte à beaucoup. Mais l’important est que, pendant que l’équipe trouvait le chemin des filets adverses, la dictature torturait et tuait sans répit.

En 1978, le Pérou subit la dictature militaire du général Francisco Morales Bermudez. Il est très vraisemblable que Videla et lui ont scellé un pacte de mort : l’équipe péruvienne prenait une déculotté (les Argentins devaient gagner par quatre buts d’écart pour se qualifier en demi-finale) et Videla s’occupait d’éliminer treize ressortissants péruviens opposés à la dictature. Selon l'ancien sénateur péruvien Genaro Ledesma Izquieta, Buenos Aires s’était engagée, en échange de la victoire, à accueillir ces opposants puis à les faire disparaître au cours d'un "vol de la mort". C’était la première fois que le Pérou rejoignait les régimes qui collaboraient – au sein de l’opération Condor – avec les régimes qui éliminaient leurs opposants politiques (Chili, Argentine, Uruguay, Paraguay, Brésil et Bolivie). Capturés pour avoir participé à la grève générale qui parvint à mettre un terme à la dictature péruvienne en mai 1978, les treize opposants péruviens furent emmenés par la force (…) Lire la suite »
Comment un ancien goulag de torture US est devenu la seule zone qui échappe au goulag mondial.

L’exception de l’Amérique latine (Tom Dispatch)

Greg Grandin
La carte dit tout (voir ci-dessous). Pour illustrer un nouveau rapport accablant, « Globalizing Torture : CIA Secret Detentions and Extraordinary Rendition » (Mondialiser la torture : les détentions secrètes et les restitutions extraordinaires de la CIA), récemment publié par l'Open Society Institute, le Washington Post a publié un graphique tout aussi accablant : il est couvert de rouge, rouge comme le sang, et montre que dans les années qui ont suivi le 11 septembre, la CIA a transformé à peu près le monde entier en un archipel du goulag. Au début du XXe siècle, une carte similaire teintée de rouge avait été utilisée pour montrer toute l'étendue de l'Empire britannique sur lequel, disait-on, le soleil ne se couchait jamais. Il semble que, entre le 11 septembre et le jour où George W. Bush a quitté la Maison Blanche, l'empire de torture mis en place par la CIA est devenu un autre empire où le soleil ne se couche jamais. Au final, sur environ 190 pays au monde, un nombre (…) Lire la suite »

Cout d’état oligarchique au Paraguay

Oscar FORTIN
Le 20 avril 2008, Fernando Lugo fut élu président de la République du Paraguay pour un mandat de 5 ans. Les urnes parlèrent en faveur du candidat Lugo avec une marge supérieure de 10 points sur son adversaire. Cette élection démocratique et ses résultats ont été reconnus et célébrés par la communauté internationale. La démocratie avait parlé et le peuple en était le fondement. A 9 mois des élections présidentielles, prévues pour avril 2013, un groupe de personnes, liées aux oligarchies et à des intérêts états-uniens, mirent en place un processus visant la reprise du pouvoir au plus haut niveau de la gouvernance de l'État. Ils y expulsèrent le président Fernando Lugo, dédié prioritairement aux intérêts du peuple paraguayen, pour le remplacer par un candidat, fidèle aux intérêts oligarchiques du pays. A ce niveau de la planification du coup d'État, il n'était plus question de savoir si c'était ce que voulait le peuple, fondement de toute démocratie. Seules comptèrent les (…) Lire la suite »