Nous sommes sept ou huit attablés dans un restaurant toulousain autour de Pierrette. Je suis le plus jeune. C’est dire !
Pierrette est une figure de légende dans le coin. 89 ans. Physiquement, on lui en donnerait 70. Mentalement, 50. Son visage est très mobile, souriant, peu ridé. Son débit est vif, elle ne cherche jamais ses mots. Ses souvenirs remontent sans peine à la surface en des phrases très construites. Elle n'est peut-être qu'à mi-vie. Un vrai miracle.
Communiste depuis toujours. Elle est de toutes les manifs, de toutes les rencontres militantes, gueuletons y compris.
Soudain, je l'écoute avec plus d'attention car elle nous dit avoir vécu en Côte d'Ivoire dans les années cinquante. Dans des petites villes que j'ai moi-même un peu connues. Son mari était médecin militaire. Elle nous parle de sa fille née en 1954. Je l'interromps :
– Dis-donc, Pierrette, ce n'était pas un peu tard, pour l'époque, d'avoir son premier enfant à 32 ans ?
– Figure-toi que nous n'étions même pas mariés.
– Tu aurais fêté Pâques avant les Rameaux ?
– La faute à Ridgway !
– Ridgway « la peste », le « (…)Lire la suite »