La fameuse lettre de Jaurès aux instituteurs et institutrices a été lue ce lundi 2 novembre 2020 dans les écoles du pays en hommage à Samuel Paty. Problème : c’est une version tronquée que Jean-Michel Blanquer a envoyé aux enseignants. Étrange pour un hommage à la liberté d’expression... De l’huile sur le feu dans un contexte déjà très tendu entre la communauté enseignante et le ministre de l’Éducation nationale.
Une première version de ce texte parut dans la Kievskaïa Mysl, dont Trotsky était le correspondant parisien en 1915. il sera réédité plusieurs fois. Nous utilisons ici le texte de la réédition russe de 1917.
C’est le 31 juillet 1914 qu’un fanatique de droite, motivé par les appels au meurtre de la presse bourgeoise belliciste contre Jaurès, abattit dans le dos le grand tribun populaire[1]. A l’instar de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht, qui refuseront de voter les crédits de guerre en Allemagne, Jaurès représentait en France l’ultime rempart de la paix mondiale. Jaurès assassiné, la voie était dégagée côté français pour que le parti impérialiste polycéphale pût envoyer au carnage des millions de gens du peuple, même s’il faut aussi saluer la longue marche à contre-courant d’intellectuels courageux comme Anatole France[2] (« on croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels »), Henri Barbusse ou Romain Rolland[3].
Une réimpression attendue : L’édition Albert Soboul du chef-d’œuvre de Jean Jaurès.
Devenue introuvable depuis plus de vingt ans, l’Histoire socialiste de la Révolution française de Jean Jaurès est pourtant une des plus importantes histoires des événements révolutionnaires jamais écrites.
Un siècle après son assassinat, la classe politique dans son ensemble ou presque va célébrer la mémoire de Jean Jaurès. L’occasion de mettre certains face à leurs responsabilités et leurs contradictions. Alors, qu’est-ce qu’il disait Jaurès ?
(Ce texte reprend les éléments d’une conférence faite dans le Lauragais, dimanche 18 mai 2014).
Pourquoi ont-ils tué Jaurès a chanté Jacques Brel en 1977. La chanson est reprise par la suite par Manu Dibango puis par Francesca Solleville, et par Zebda …On ne compte plus les noms de rues, ou de places, ou d’écoles qui portent le nom de Jaurès. Il y a aussi des stations de métro ( Paris, Toulouse). Des milliers d’articles ont été écrits sur lui, des centaines de livres lui ont été consacrés, des films, des thèses. Aujourd’hui, chacun le revendique.
Un siècle après son assassinat, la classe politique dans son ensemble ou presque va célébrer la mémoire de Jean Jaurès. L’occasion de mettre certains face à leurs responsabilités et leurs contradictions. Alors, qu’est-ce qu’il disait Jaurès ?
Dirigeant du Parti socialiste de l’époque, député de la ville minière de Carmaux, fondateur du journal L’Humanité, Jean Jaurès consacre les dix dernières années de sa vie à lutter contre la venue de la guerre qu’il pressent.
Dans un discours à la Chambre, le 7 mars 1895, il explique le refus des socialistes de voter le budget du Ministère de la Guerre :