Mais qui l'aurait cru ? Qui aurait pu imaginer que l'Ukraine pouvait être à l'origine de l'attentat qui a fait exploser les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 dans la mer Baltique, près de l'île danoise de Bornholm, le 26 septembre 2022 ? Les porte-drapeaux de l'"information de qualité" ne nous avaient-ils pas expliqué qu'il s'agissait de la Russie ? D'autre part, vous savez, tous les pays, dès qu'ils entrent en guerre, font sauter leurs infrastructures les plus importantes (Gazprom détient 51% des parts), les plus rentables et les plus sensibles politiquement. C'est bien connu, c'est comme ça que ça se passe.
Philippe Murer, économiste, prévoit une « véritable tempête économique » en Europe, en raison d'importants problèmes d'approvisionnement en énergies, liés aux sanctions européennes contre la Russie et aux mesures de rétorsion de cette dernière.
C’est le dernier article que j’écris sur le sujet de l’accord roubles contre gaz qui est entré en vigueur le jour du poisson d’avril 2022 – jusqu’à ce qu’un événement dramatique se produise. En ce qui concerne l’événement dramatique qui s’est déjà produit (l’émergence du rouble en tant que seule monnaie mondiale adossée à l’énergie), l’image était floue au début, mais elle est désormais très nette. Le plan de la Russie est aussi simple que brillant : les nations de l’UE (alias « nations inamicales » dans la terminologie officielle russe actuelle) peuvent continuer à payer leur gaz en euros ; il leur suffit d’ouvrir des comptes bancaires spécifiques (en devises étrangères de type K) dans une banque russe spécifique (Gazprombank, qui n’est soumise à aucune sanction). La Gazprombank échangera ensuite ces euros contre des roubles sur le marché interne des devises de la Russie et déposera le produit (s’il y a lieu) sur des comptes correspondants (en roubles de type K). Elle transférera ensuite ces roubles à Gazprom, qui laissera alors s’écouler une quantité correspondante de gaz naturel. En apparence, rien n’a changé ; les Européens paient toujours le gaz naturel russe en euros et le reste n’est qu’une sorte de Rube Goldberg byzantin que Poutine a imaginé et qui ne fait aucune différence pour personne d’autre que lui. N’est-ce pas ? Non, c’est faux ! C’est un piège ! Permettez-moi de vous expliquer.
Le projet de gazoduc Nord Stream 2 divise les pays européens. Il pose également de graves problèmes environnementaux, largement minorés par les études d’impact. Tirant la sonnette d’alarme et rappelant l’Europe à ses objectifs climatiques, les ONG appellent à l’abandon du projet, ou du moins à un tracé alternatif.
La Chine et la Russie ont conclu, hier, un méga-contrat d’approvisionnement en gaz de 400 milliards de dollars sur trente ans. L’expression de partenariat ou d’alliance « stratégique », trop galvaudée, prend ici tout son sens et pas seulement au plan économique.