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Thème : Ukraine

L’Ukraine : un enjeu géostratégique, au cœur de la guerre tiède

Jean GERONIMO

En se rendant à Kiev pour soutenir les opposants y compris d’extrême droite au régime ukrainien, Catherine Ashton assume un acte hostile à la Russie, qui avait demandé à l’UE de ne pas intervenir. Ce soutien des puissances occidentales à la troublante « révolution » ukrainienne vise-t-il à faire entrer ce pays dans le giron de l’UE et de l’OTAN, et aussi à empêcher le retour de la Russie comme grande puissance en cherchant son affaiblissement régional ?

A travers le soutien occidental à une troublante « révolution » ukrainienne et sa volonté d'ingérence, c'est l'idée d'empêcher le retour de la Russie comme grande puissance, via son affaiblissement régional, qui revient sur le devant de la scène. Dans le cadre d'une stratégie de reflux (roll back) de la puissance russe, menée depuis la fin de la Guerre froide, les puissances occidentales affichent une méfiance endémique à l'égard d'un État désespérément perçu comme l'héritier de l'axe (communiste) du mal. Cette stratégie « anti-russe » est attestée par les tentatives régulières de cooptation des anciennes républiques de l'URSS, au moyen d'innovations politiquement orientées telles que le « Partenariat oriental » (via l'UE) ou le « Partenariat pour la paix » (via l'OTAN) et, plus récemment, « l'accord d'association » de l'UE avec l'Ukraine. De manière plus ou moins explicite, ces « innovations » politiques développent l'idée d'un « voisinage partagé » et de valeurs communes, (…) Lire la suite »

Comment éviter la manipulation sur l’Ukraine ?

Nicolas BARDOS-FELTORONYI

En 2013, la Maison blanche avait alloué 100 millions de dollars pour un soi-disant soutien du processus démocratique en Ukraine. Tout au début des manifestations, la rencontre entre l’ambassadeur américain, Nuland, et les leaders des partis d’opposition apparaissaient comme un compte-rendu des exécutants des manifestations devant le principal mécène des événements à Kijev. Il est à supposer qu’un consensus ait été trouvé – à en juger par les sourires paisibles des leaders de l’opposition et le commentaire de Nuland en personne, qui a qualifié l’entretien avec l’opposition de fructueux.

Afin de comprendre les événements actuels en Ukraine, il convient de se rappeler quelques notions de base pour commencer : l’indépendance, la neutralité, le capitalisme et la corruption en Ukraine. Après des siècles de domination d’abord polonaise, puis russe, l’Ukraine a pu avoir une autonomie limitée dans le cadre de l’Union soviétique et enfin l’indépendance depuis la dissolution de cette dernière en 1991. Dans le passé comme aujourd’hui, les Ukrainiens de tous bords sont avant des Ukrainiens qui tiennent énormément à l’indépendance de leur pays : à l’Ouest comme à l’Est. Se réintégrer dans une union soviétique reconstituée leur reste hors de question. Les pressions exercées périodiquement par Moscou, notamment en matière du prix du gaz naturel, ne leur échappe non plus. Rapprocher l’UE leur plairait, mais en faire partie leur paraît douteux pour des raisons de sagesse populaire[1] et d’intérêts économiques [2]. Certes un Occident mythique leur apparaît comme un paradis [3] (…) Lire la suite »

Ukraine : au cœur des rivalités impériales

Ahmed HALFAOUI

Le scénario syrien semble bien se confirmer en Ukraine. Tous les ingrédients s’y rassemblent. D’abord la très forte et manifeste implication des Etats-Unis et de l’Union Européenne et de leur machine de propagande, ensuite le radicalisme des leaders de l’opposition, enfin le refus d’un pouvoir, élu démocratiquement celui-là, de souscrire à ce qui ressemble de plus en plus à une tentative de coup d’Etat.

Les Ukrainiens, eux, sont loin d’être consultés ou seulement d’intéresser les capitales occidentales qui font feu de tout bois pour obliger l’Etat ukrainien à se plier au diktat de Bruxelles, à celui des banques qui dirigent l’économie européenne. L’argument est le suivant : " les ukrainiens veulent rejoindre l’Europe ". Ils seraient dans le même temps désireux de se libérer d’un pouvoir " pro-russe ". Ce qui mérite pourtant un peu plus de circonspection, puisqu’un sondage réalisé en décembre 2013 ne donne que 46% d’opinions favorables à cette opération, contre 36 % pour l’intégration du pays à l’union douanière (russe). Un sondage n’étant pas un référendum, il reste à démontrer si ces taux peuvent se maintenir s’il est expliqué que les clauses de l’U.E comportent un certain nombre de mesures qui sont loin de conforter cette image galvaudée du " rêve européen ", vivace notamment dans l’ouest du pays. A commencer par les sévères mesures d’austérité que le gouvernement doit (…) Lire la suite »

Les révolutions de couleur sont-elles si spontanées que ça ?

Capitaine Martin

Depuis plus de trois ans, les pays du monde arabe ont vécu sous l’influence de « révolutions » qui ont secoué les fondements politiques d’un certain nombre d’États, conduisant à un changement et à la naissance de nouveaux partis et à un changement de la vie politique locale. Les véritables bénéficiaires et instigateurs de ces révolutions ont été au centre de nombreuses interrogations.

Ces questions sont de nouveau sous les feux de la rampe depuis la naissance et le développement des « révolutions de couleur » dans d’autres parties du monde. On pense particulièrement aux événements qui ont dernièrement marqué l’Ukraine. Les analystes sont particulièrement perplexes sur l’action des hommes politiques européens et étasuniens, l’opposition ukrainienne appelant à des réactions extrêmement virulentes contre le gouvernement légalement élu du pays. La question ne se limite pas seulement aux appels lancés par les États-Unis et par le sénateur John McCain pour faire tomber le régime ukrainien actuel, mais s’étend aussi au soutien financier dont bénéficient les leaders de l’opposition qui ont bien souvent un point d’ancrage à l’ouest. Le cas de l’ex-boxeur et candidat à la présidentielle Vitali Klitschko parle de lui-même : il dispose d’un permis de séjour en Allemagne et y paie ses impôts. Dans ce contexte, les conclusions tirées par les experts du Centre français de (…) Lire la suite »

L’insurrection citoyenne de Kiev, OVNI médiatique et politique

desobeissant

Le brouillage mediatique n’a pas permis jusqu’a peu de mesurer la taille réelle de l’occupation partie de la place Maidan et qui s’est etendue peu a peu, au fil des affrontements, radicalisations, incidents et apports de vagues successives d’occupants, à sa taille actuelle.

Le plan publié sur le site d’ Ilya Varlamov (journaliste photographe russe independant) il y a peu, laisse pantois : Maidan inside out Ilya Varlamov (zyalt) a écrit, 2014-01-28 02:02:00 plan au 27.1.2014 : http://varlamov.me/2014/-/kyiv_2014_01_27_1_lat_map2.jpg La zone occupée au centre de Kiev est grande de plusieurs km2, compte des batiments en dur, des tentes par centaines des cantines etc...et même des drapeaux rouges.. Elle s’est notablemment agrandie au fil des semaines, ressemble à ce jour à un camp retranché defendu par une barricade continue longue de plusieurs kilometres formé de sacs de jute remplis de neige glaçée,grace la temperature moyenne glaciale et haute de plusieurs métres. Ce type de forteresse populaire est donc dépendante complètement de la température, en cas de coup de chaud, plus de murailles... Il y a bien une course de vitesse contre le temps, et qui explique en partie la radicalisation inattendue de ces derniers jours. Les clichés de (…) Lire la suite »

Ukraine : « La très grande majorité des Ukrainiens ne veut pas de cette nouvelle guerre civile »

Jean-Marie CHAUVIER

Solidaire a interrogé Jean-Marie Chauvier pour mieux comprendre la situation actuelle de l’Ukraine. C’est un journaliste et essayiste belge, spécialiste de l’Ukraine et de l’ex Union soviétique. Connaissant ces pays et la langue russe de longue date, il collabore aujourd’hui au « Monde diplomatique » et à d’autres journaux et sites internet. - Jean Pestieau

Quels sont les problèmes économiques qui se posent à la population ukrainienne, principalement aux travailleurs, aux petits paysans et aux chômeurs ? Jean-Marie Chauvier. Depuis le démembrement de l’Union soviétique en 1991, l’Ukraine est passée de 51,4 à 45 millions d’habitants. Cette diminution s’explique par une baisse de la natalité, une augmentation de la mortalité due en partie au démantèlement des services de santé. L’émigration est très forte. 6,6 millions d’Ukrainiens vivent maintenant à l’étranger. Nombreux sont les gens de l’est de l’Ukraine qui sont partis travailler en Russie où les salaires sont sensiblement plus élevés, tandis que ceux de l’ouest se sont plutôt dirigés vers l’Europe occidentale, par exemple dans les serres de l’Andalousie ou dans le secteur de la construction au Portugal. L’émigration fait rentrer annuellement, en Ukraine, 3 milliards de dollars. Alors que le chômage est officiellement de 8 % en Ukraine, une partie importante de la population vit (…) Lire la suite »

L’Ukraine-Syrie, notre dernier Frankenstein en date

Philippe GRASSET
L’Ukraine est à nouveau dans une phase explosive, bien plus explosive certes que les phases précédentes. Entretemps, la situation, largement suscitée par les habituelles méthodes d’“agression douce” (voir le 14 mars 2012) et autres “révolutions de couleur”, avec cette fois l’UE à la pointe de cette vertueuse subversion, a pris une orientation un peu plus originale qu’à l’habitude. Elle concourt à placer les uns et les autres, et particulièrement les “sponsors”-Système du bloc BAO, dans une situation extrêmement délicate. On citera ici des extraits de trois textes qui représentent des commentateurs de tendances différentes mais qui échappent en partie au moins à l’exacerbation de l’affectivité constituant le principal moteur de la politique du bloc BAO, et de ses diverses manigances tellement à ciel ouvert que le terme de “complot” est à proscrire, – “agression” oui, qui dit hautement son nom, sans complexe, sans hésitation, sans rien, “complot” non, certainement pas, tant la (…) Lire la suite »

Ukraine : « quelle position » ?

Jean-Marie CHAUVIER
La question m’est posée – comme au temps de la « révolution orange » en 2004 – de savoir s’il ne faut pas « prendre position pour un camp contre l’autre », soit pour les opposants unanimement soutenus en Occident, soit pour ceux qui résistent aux ingérences occidentales, en l’occurrence maintenant : le pouvoir légal contre des émeutiers cherchant à « renverser le régime » avec l’encouragement de Bruxelles et de Washington, car c’est bien de cela qu’il s’agit et la violence première n’est pas celle du pouvoir, manifestement confus et incapable de se défendre ! Comme à l’époque, je ne vois aucune raison de « choisir un camp », en l’occurrence un clan de l’oligarchie industrielle et financière contre un autre, les groupes dominants de l’Est, plus proches de la Russie, contre d’autres groupes implantés à l’Ouest , soutenus par les EU et l’UE, et vice-versa. Je n’ai « d’intérêts » dans aucun. Donc, « ni, ni » ? Désolé, oui : « ni, ni ». Mais pas équidistance pour autant, ni (…) Lire la suite »

Ukraine : Les vrais enjeux

Jean-Pierre DUBOIS

Le titre « Ukraine : ce que l’Europe refuse de voir » , un article du quotidien La Tribune donne une analyse des évènements de Kiev bien éloignée du discours stéréotypé de la plupart des médias occidentaux.

Pour l'auteur, défendre les « bons manifestants » de Kiev contre le « mauvais pouvoir tyrannique » du président Viktor Ianoukovitch trahit une vision caricaturale de la réalité ukrainienne. Il en est de même lorsqu'on veut faire de l'association avec l'Union européenne un gage de démocratisation. En fait, depuis son indépendance de 1991, l'Ukraine est un pays profondément divisé où deux camps de force équivalente se font face. A l'est et au sud du pays, dans le bassin minier du Donbass, en Crimée et sur le littoral de la Mer Noire, la population est largement russifiée et, en dépit de la législation qui oblige à un usage exclusif de l'ukrainien dans l'espace public, le russe y est la seule langue réellement utilisée et le sentiment d'appartenance à l'ensemble russe est très fort. A l'inverse, à l'ouest du pays, dans des régions qui ont appartenu jadis à la Pologne ou à l'Autriche-Hongrie, on parle ukrainien et le sentiment identitaire ukrainien y est d'autant plus prononcé (…) Lire la suite »

Les véritables dimensions de la catastrophe de Tchernobyl

V.N. NESTERENKO

Lettre du Professeur Vassili Nesterenko à Wladimir Tchertkoff, Solange Fernex et Bella Belbéoch.

Chers collègues,

Bien peu sont encore en vie aujourd’hui de ceux qui, dès les premiers jours de la catastrophe de Tchernobyl, participèrent directement à l’estimation de la situation radiologique au bloc 4 de la centrale atomique de Tchernobyl, ainsi qu’aux actions visant à prévenir la dégradation de cette catastrophe en explosion atomique.

Par malheur l'académicien Valeri Legassov, radiochimiste de talent, nous a quittés un an après la catastrophe. Il était, comme moi, membre du Conseil interministériel à l'énergie atomique d'U.R.S.S. Dès avant l'accident de Tchernobyl, à nombre de réunions du Conseil présidées par le ministre de la construction mécanique moyenne, Efim Slavski, en présence de l'académicien Anatoli Alexandrov, Legassov a exigé le durcissement des mesures de sécurité de l'exploitation de la centrale atomique de Tchernobyl qui dépendait du Ministère d'Energétique d'U.R.S.S. (ministre Piotr Neporojni). Je vais donc essayer de reconstituer à l'aide de mes archives (notes de 1986) la chronologie des événements et je décrirai les mesures prises par le Gouvernement d'U.R.S.S. et la Commission Spéciale du Conseil des Ministres pour essayer de localiser l'accident survenu à la centrale de Tchernobyl. Le 27 avril 1986 je pris l'avion pour Moscou où je devais me rendre pour affaires. Je remarquai dans (…) Lire la suite »