Les visages de l’opposition extraits du reportage photo du Correo del Orinico
Le Venezuela étant une cible privilégiée de par son double caractère de pays riches de ressources naturelles et de mauvais exemples pour ceux qui voudraient dominer le spectre complet, la planète et ses habitants.
Depuis l’élection de Maduro, le coup d’état permanent s’était manifesté à travers une opération à grande échelle de déstabilisation économique, le détournement par millions de tonnes de produits de bases, la pratique de marges bénéficiaires atteignant les 1000%, la spéculation monétaire, et dans une guerre psychologique qui passe par la désinformation, utilisant des images de manifestations en Égypte ou du tournage d’un film sur les bandes violentes pour illustrer les articles stigmatisant une police brutale ou le climat d’insécurité qui règne dans le pays.
Il existe également des groupes de gauchistes armés, prônant la révolution par les armes et l’éradication du capitalisme par extinction des capitalistes, dont les bases de replis voisinent à la frontière colombienne avec celles de paramilitaires colombiens infiltrés, qui sèment la terreur chez les peuples indigènes et petits paysans qui voudraient voir appliquer la réforme agraire mise en route par Chavez et récupérer leurs terres volées toujours aux mains de riches terranientes, qui parfois se cachent sous une façade chaviste. Au cours des derniers mois, les meurtres d’indigènes et de paysans ont connu une recrudescence inquiétante au Venezuela.
Dans les composantes de violence se retrouve également les groupes de narcos et les délinquants en bande. Mais ce qui est très différents de pays comme le Mexique, la Colombie ou le Honduras, c’est que – insuffisamment jusqu’ici – ici, aidé par le peuple le gouvernement les combat, alors que dans les pays cités précédemment, narco, paramilitaires et autres bandes sont très clairement des alliés des oligarchies transnationales et des gouvernements oligarchiques locaux qui s’approprient le territoire, les diverses bandes contribuant à semer la terreur qui chasse les habitants de leur terre ou les extermine.
Et comme partout en Amérique Latine, au cours de ces 10 dernières années, un courant de jeunes, néonazis, qui témoignent une admiration inconditionnelle pour Hitler, a fait son apparition, curieusement ils ont pour slogan le nom même du groupe "Patria, honor y familia" de "très" droite auquel Caprilès Radonski et sa famille sont affiliés. La montée du néonazisme, partout en Amérique Latine, qui cible en particulier de très jeunes gens est à tenir à l’oeil.
Deux gros échecs déjà pour les fascistes (et l’usage du terme est fondé) vénézuéliens depuis les élections qui ont fait de Maduro, le président du Venezuela suite à la disparition de Chavez, le premier est l’élection – de justesse de Maduro – et ses suites immédiates, les exactions ordonnées par Capriles qui ce sont heurtées à la capacité du peuple bolivarien de garder le calme dans des circonstances parfois très difficiles, alors par exemple, que des groupes d’opposants tentent de pénétrer dans des logements de chavistes, lançant des pierres, frappant la porte, lançant des menaces contre des militants et leur famille. Un de ces bolivariens dit que « Ouf, ils n’ont pas réussi à entrer, mais s’ils devaient toucher un seul cheveu de mes enfants ou de ma femme, je les tue, je vais chercher mes copains ex-paras comme moi,et on les traquera jusqu’à la mort ». Les opposants n’hésiteront pas à mettre le feu de nuit à des logements sociaux dont les habitants incluant de jeunes enfants ; seront sauvés de justesse par un voisin insomniaque… De telles actions sont à double tranchant. A travers elles, le peuple à une vision de ce que serait un gouvernement de cette extrême droite, qui mènerait le Venezuela vers la terreur arbitraire et la répression ciblée qui culmine au Honduras. Et donc, grâce à la possibilité d’une critique active, impitoyable et constructive contre les écarts faits au « Plan de la Patrie », programme sur lequel Chavez avait été élu, il sert les coudes avec le gouvernement.
Pendant ses premiers jours d’existence, le gouvernement de Maduro – Cabello – Jaua était sur le fil… encore une fois, c’est la maturité d’un peuple à la conscience politique élevée qui a fait la différence. C’est cela aussi, le legs de Chavez, un sens des responsabilités personnelles et collectives d’un peuple conscient de ses droits, aussi parce que le peuple est encouragé à lire la Constitution et à prendre connaissance de toute nouvelle loi, mais aussi à participer à leur élaboration. Ce qui ne va pas toujours sans mal, comme c’est le cas en ce moment en ce qui concerne les semences et les transgéniques… je reviendrai sur ce sujet quand la tempête sera passée. Le Venezuela n’est plus un pays libre de transgéniques ni de semences Monsanto. Et des luttes se mènent aussi sur ce terrain.
La deuxième phase de tentative de déstabilisation massive aurait du se dérouler en décembre lors des élections communales de décembre dernier. Caprilès Radonski entendait bien en faire une plateforme de discrédit du gouvernement et de plébiscite de l’alliance d’opposition la MUD dont son parti Primero Justicia est un membre très à droite. Manque de bol, à quelques semaines du scrutin, le gouvernement qui battait de l’aile en conséquence des effets de la guerre économique intensive qu’affronte le pays, a joué un magistral quitte ou double, et a gagné. Maduro a demandé à l’Assemblée Nationale de lui accorder une Ley Habilitante qui lui permettrait de gouverner par décret pendant un an pour tout ce qui concerne les matières économiques… Il lui fallait pour cela obtenir 3/5 des voix de l’Assemblée Nationale, il les a eues - sa première grande victoire strictement personnelle qui lui délie les mains - à partir de là un spectaculaire redressement économique a été initié et les élections communales furent un immense succès pour le PSUV et ses alliés, qui confirme le raz-de- marée des régionales de 2012, qui a vu la victoire chaviste dans 20 états sur 23, autrement dit dans le système étasunien, un tel score représente une majorité plus qu’absolue dans une élection présidentielle… et le paltoquet qui joue le rôle de président des EU, ferait bien de la boucler… Et les communales, un an plus tard… le Grand Pôle Patriotique (alliance bolivarienne) obtient 240 des 337 mairies, mais aussi presque un million de voix de plus que la MUD (GPP 5.216.522 soit 48.69%, MUD 4.373.910 soit 39.34%) ce qui montre que depuis les élections sur le fil d’avril l’écart, s’est largement creusé entre les 2 formations, en faveur du gouvernement et de ceux qui le soutiennent.
Bien sûr que pour beaucoup ce n’est pas un soutien inconditionnel, loin de là, nombreux sont ceux qui voudraient voir la fin du capitalisme au Venezuela, d’autres défendent le modèle de Souveraineté Alimentaire qui souhaite voir une réduction drastique de l’industrialisme et extractivisme débridés qui sont un pillage des richesses, un incroyable gaspillage et une menace pour la survie de l’humanité. Et qui était aussi défendu par Chavez, faut-il le rappeler ? Et qui réunit des associations régionales et planétaires qui ne cessent de se renforcer, comme la Via Campesina, partenaire privilégié de la réforme agraire dans le Venezuela de Chavez, et dont l’implantation planétaire compte deux cents millions de membres et au moins autant de sympathisants. Mais tous ces critiques là et d’autres sont critiques en tant que co-héritiers de Chavez, dont ils entendent bien poursuivre l’œuvre inachevée comme une grande majorité du peuple du Venezuela, y compris ceux qui leurré par la campagne présidentielle « bolivarienne » du candidat Radonski ont été dessillée par les exactions que ce dernier avait ordonnées immédiatement après sa défaite et visaient toutes ces acquis du chavisme qu’il prétendait reprendre à charge et protéger.
Capriles est politiquement mort, et la MUD discute le choix d’un nouveau candidat, ce qui ne va pas sans de profondes divisions internes. L’empire lui doit « impérativement » reprendre le Venezuela sous sa coupe pour pouvoir poursuivre son projet de reprise en main de l’Amérique Latine et de domination du monde. Et voici qu’aujourd’hui Leopoldo Lopez est sur le devant de la scène, jusque-là, il était resté dans l’ombre parce que trop clairement catalogué comme fasciste, ce qui ne lui permet pas d’être un candidat recevable pour la MUD, composée aussi de partis « modérés » et de gauche « déçue »… Mais les prochaines élections sont loin, la possibilité d’un referendum révocatoire de mi-mandat présidentielle aussi, l’Assemblée de la CELAC a été un grand succès et le fait qu’elle ce soit tenue à Cuba est un soufflet aux visages occultes de Washington. Et donc nous entrons dans une stratégie qui ne s’embarrasse plus de faux semblants.
C’est donc le chef de guerre Lopez et sa copine Machado (qui a accompagné Caprilez dans tous les déplacements qu’il a fait au cours des derniers mois sur tout le continent pour organiser la subversion) qui reprennent les choses en main avec manifestement le but de mettre le feu aux poudres, quand bien même ils doivent assassiner et blesser un grand nombre de gens et détruire quantité de bien public pour y parvenir..
Aujourd’hui les actes de violences et les provocations se sont multipliés, de même que les manifestations de soutien au gouvernement. Les derniers chiffres officiels sont de trois morts et 66 blessés,
Arragua 41 blessés, Lara 4, Mérida 11, Táchira 1, Caracas 9 et trois morts, dont au moins deux par balles, plusieurs blessés dont un cameraman ont également été victimes de tirs. Il a été procédé à 69 arrestations.
Peu importe à Washington dans sa nouvelle stratégie que les opposants suivant Lopez soient une infime minorité, ni que lui-même soit un fasciste notoire, organisant le paramilitarisme d’opposition, il n’est plus question ici d’élection, mais bien de coup d’état suivi d’une intervention militaire de l’Empire, ce qui importe donc, c’est que même peu nombreux, les uns fassent la figuration qui justifie l’affirmation d’un peuple mécontent, pendant que d’autres usent d’une violence d’une telle intensité, aidé par quelques sicaires aux cibles bien choisies, afin que se produise l’étincelle qui mettrait le feu aux poudres.
Et tout pourrait basculer, rapidement, il faut donc que le gouvernement agisse avec fermeté vis-à- vis des organisateurs, des meneurs et des délinquants payés pour déstabiliser le pays, pendant que le peuple s’unit pour éteindre les incendies et faire barrage à la violence sans tomber dans la provocation. Et j’insiste, il est vital pour la poursuite des projets d’expansion de l’Empire Corporatiste du Nord de remettre la main sur le Venezuela à tout prix, et il y met les moyens. Après, que le Venezuela sombre dans une guerre civile meurtrière serait tout à son avantage. S’il agit maintenant, c’est qu’il estime avoir quelques atouts dans son jeu. Lesquels ?
En tout cas le gouvernement bolivarien du Venezuela n’a pas tardé à réagir, et la nuit dernière un ordre de capture a été lancé contre Leopold Lopez.
Un des atouts de Washington est très certainement la campagne de diabolisation du peuple bolivarien du Venezuela menée par les médias aux ordres qui manipulent de manière éhontée l’opinion publique occidentale et parfois locale, puisque contrairement à la légende, en Amérique Latine une écrasante majorité des médias de grande audience est au mains des oligarchies. Contribuer à créer un mouvement de soutien à ce peuple digne, constructif, combatif, inventeur de nouveaux possibles pour lui-même, la région, et le monde est certainement ce que nous pouvons faire de mieux pour lui venir en aide, et à nous même. Sans l’épine dans le Talon d’Achille des Corporations et de leur Monde-Marché que représentent les peuples en mouvements d’Amérique Latine, et le mur de contention du Venezuela, je ne donne pas cher de notre avenir...
Anne Wolff
CHAVEZ VIVE, LA LUCHA SIGUE !
EN COMPLEMENT
l’Humanité.fr 14 février 2014
Venezuela. L’opposition de droite poursuit sa contestation dans la rue
Que se passe-t-il au Venezuela ? Des informations contradictoires et controversées continuent d’affluer depuis que de nouvelles manifestations de la droite et d’étudiants liés à l’opposition ont dégénéré, mercredi, dans le centre de Caracas et en province.
La procureure Luisa Ortega Diaz, a indiqué que les violences ont fait trois morts, blessant gravement 66 autres personnes dans la capitale mais également dans les Etats d’Aragua, de Merida et du Tachira. Parmi ces victimes, on dénombre dix sept militaires ou policiers et 49 civils. Au moins 80 personnes ont été arrêtées. La magistrate a pris soin de préciser que ces actes – partie prenante d’un plan de coup d’Etat, selon le gouvernement du président socialiste Nicolas Maduro- ne resteraient pas « impunis ». Une politique de fermeté qui sera interprétée comme un coup de force anti-démocratique par l’opposition et les médias qui la soutiennent mais qui répond à la demande d’une frange de l’opinion publique, lasse de l’indulgence dont jouissent les auteurs de ces violences politiques qui entretiennent un climat d’instabilité depuis la victoire du socialiste Nicolas Maduro, en avril 2013. Pour rappel, à l’issue de cette élection, l’opposition de droite avait, une nouvelle fois, refusé de reconnaître son échec, appelant à descendre dans les rues pour contester les résultats. Des édifices publics, symboles du chavisme, dont notamment les dispensaires de santé gratuits, avaient alors été incendiés. Ces attaques post-électorales s’étaient soldées par la mort de neuf personnes dont au moins sept « chavistes ». Sans émouvoir plus que cela les médias. A croire que les morts, en fonction de leurs origines sociales ou de leurs étiquettes politiques, ne sont pas tous dignes d’être traités à égalité dans les médias.
Les violences dans la capitale ont fait trois morts.
Officiellement, la marche de mercredi avait pour objectif de protester contre la criminalité, la cherté de la vie et les pénuries. Des éléments du cortège ont fait feu sur plusieurs ministères, tandis que des groupes dits « chavistes » se seraient violemment interposés. Comment les événements se sont-ils enchaînés ? A l’heure où ces lignes étaient écrites, il était difficile, dans la confusion, de discerner la part des faits et celle des interprétations.
Une chose est sûre, le nouveau cycle de tensions, qui s’est ouvert au lendemain de l’élection présidentielle de 2013, se prolonge. Certes, la polarisation politique a été une constante au Venezuela ces quinze dernières années. Mais, depuis le mois d’avril dernier, elle représente un péril pour la stabilité du pays.
Des pénuries récurrentes orchestrées par le patronat
Sur le plan institutionnel, l’opposition, défaite une nouvelle fois dans les urnes lors des municipales de décembre, poursuit son travail de sape. Il semble que les secteurs les plus droitiers de la coalition de droite ont pris le dessus. Sur le plan économique, le pays est le théâtre de pénuries récurrentes. On le sait, elles sont orchestrées par le patronat qui détient des secteurs clés de la production et de la distribution. Elles sont aussi le fruit de réelles faiblesses du gouvernement. La nation de Bolivar reste trop dépendante de la rente pétrolière et de ce fait, de ses importations. La bataille que se livrent la droite et la gauche depuis l’accession du défunt président Chavez au pouvoir n’oppose pas des démocrates à des rouges autoritaristes. Elle est l’expression de la lutte des classes à l’œuvre au Venezuela. Et elle ne s’achèvera pas de sitôt. La droite entend poursuivre sa contestation dans la rue. Le gouvernement appelait hier ses partisans à manifester contre la violence de l’opposition.
Cathy Ceïbe
http://www.humanite.fr/monde/venezuela-lopposition-de-droite-poursuit-sa-contes-559164