Venezuela - Cher Monsieur Paranagua, journaliste au Monde... par Romain Migus.








Mercredi 30 mai 2007.


Cher Mr Paranagua, journaliste au Monde, envoyé spécial à Caracas ces derniers jours.

Je vous écrits au travers de ces nombreux sites webs qui publient une information alternative aux rouleaux compresseurs idéologiques comme le journal qui vous emploie. Je sais que vous lisez attentivement ces sources d’informations. Non pas que vous aimiez leur ligne éditorial généralement de gauche, mais pour vous faire une idée de la situation politique réelle en Amérique du Sud.

Cher Mr. Paranagua, vous étiez donc à Caracas ces derniers temps. Je crois qu’il est temps de rentrer à Paris. Il me semble que l’éloignement de la ville lumière vous ait fait perdre vos repères ; que l’excitation de votre mission au Venezuela vous ait fait oublié les lois de mon pays, les règles qui garantissent le bien commun dans notre société. J’ai donc une série de questions en tant que citoyen français, respectant les lois de la République.

Cher Mr. Paranagua, dans l’édition du Monde du 28 mai 2007, vous écrivez "les opposants (au non-renouvellement de la concession de RCTV) ont mobilisé plusieurs milliers de personnes face au Conseil national des télécommunications, où des heurts avec la police ont fait une dizaine de blessés". Passons sur le fait qu’il n’y avait que quelques centaines de manifestants (sur 6 millions d’habitants que compte Caracas), en revanche il me parait opportun de signaler que la dizaine de blessés se trouve toute dans le camps des forces de l’ordre. Un policier a même été grièvement blessé par balle. Mr Paranagua, qu’est-ce qu’il se passerait en France si un manifestant sortait son revolver pour tirer sur un CRS ? A combien d’années de prison serait-il condamné ?
Au Venezuela, cette personne est aujourd’hui en liberté. Et j’ose espérer que si la justice venait à la condamner un jour, vous ne prêteriez pas votre plume pour défendre un "prisonnier politique de plus" dans ce drôle de régime dictatorial qu’est le Venezuela.

Cher Mr. Paranagua, que se serait-il passé, en France, si trois semaines avant les dernières élections présidentielles, un leader du Parti Socialiste aurait déclaré sur TF1 à une heure de grande écoute "le 6 mai prochain, le Peuple doit aller voter. Durant la nuit, le Ministère de l’Intérieur va annoncer la victoire de Sarkozy quelques soient les résultats. Le 4, Ségolène Royal...On verra d’ailleurs qui est vraiment Ségolène Royal...elle doit prendre la tête des protestations de rue contre la fraude. (...) elle doit faire la Révolution orange " ? Vous pensez que le candidat et, par la suite, le président de la République, Nicolas Sarkozy, n’aurait pas traîné devant les tribunaux le leader du parti d’opposition et la chaîne qui lui a servi de support pour lancer un tel message ?
Au Venezuela, cette déclaration a été faite par le journaliste Rafael Poleo sur la chaîne Globovision. Jugez par vous vous-même :http://www.youtube.com.
Ni le journaliste ni la chaîne de télévision ne furent condamnés. Il est vrai qu’ils n’auraient pas manqué de soutien au niveau international pour dénoncer une "atteinte à la liberté d’expression".

Cher Mr. Paranagua que se passerait-il en France si, SANS AUCUNE PREUVE, à une heure de grande écoute et quinze jours avant l’élection présidentielle, TF1 accusait la CIA d’entraîner au maniement des armes à feux des supposées milices populaires du candidat Sarkozy ? L’accusation est double. D’une part, TF1 accuserait dans ce cas Mr. Sarkozy d’être le chef de milices armées, d’autre part de déléguer leur entraînement aux services secrets d’une puissance étrangère. Mr Paranagua, quelle serait la réaction de Nicolas Sarkozy face à cette calomnie ?
Au Venezuela, le 15 novembre 2006 sur RCTV, lors de l’émission de Berenice Gomez, on pouvait entendre que les services secrets cubains étaient dans les quartiers populaires de Caracas pour y enseigner le maniement des armes à feu. Berenice Gomez, vous avez du la croiser à la chaîne RCTV lors de votre passage. Ce n’était pas la peine de lui demander des preuves, après tout n’est-elle pas fidèle au titre de son émission : "Les ragots de machine".
Que se passerait-il en France dans le même cas ?

Cher Mr Paranagua, qu’auraient fait les autorités françaises si après la tentative d’assassinat de Jacques Chirac, le 14 juillet 2002, le journal de 20h de TF1 aurait adopté une ligne clairement en défense de Maxime Brunerie et aurait terminé le JT en passant des images de l’attentat contre Jean Paul II, accompagné d’une musique entraînante dont les paroles sont : "Ca ne se terminera pas là  !". Je doute que cela eut fait rigolé Mr Chirac.
Au Venezuela, cela s’est passé le 25 mai 2007 alors que l’idée de l’assassinat d’Hugo Chavez est une des options phares de l’opposition radicale vénézuélienne.

Cher Mr Paranagua, que se passerait-il si TF1, M6 et Canal + formeraient la pierre angulaire d’un Coup d’Etat contre Nicolas Sarkozy. Que se passerait-il si durant ce Coup d’Etat, France 2, France 3, France 5 seraient prises d’assaut et encouragé en ce sens par ces chaînes commerciales ?
La "dictature" d’Hugo Chavez les a absous de toute condamnation.

Cher Mr Paranagua, j’ose espérer que c’est la perte des réalités françaises et non un but politique qui vous a fait écrire de tels mensonges ces derniers jours sur la situation au Venezuela. Les lecteurs du Monde achètent ce journal pour y être informé, non pas pour y lire des tracts militants écrits par un envoyé spécial.

Cher Mr Paranagua, qu’est ce qui se passerait en France si un journaliste manquait à tout exercice minimum de déontologie pour utiliser son espace comme tribune politique ?

Sur ce dernier point, je crois avoir la réponse. Au Venezuela comme en France, il ne se passerait malheureusement rien.

Romain Migus



Venezuela : Le Monde encense un journaliste de RCTV employé par le gouvernement des Etats-Unis, par Romain Migus.

RCTV Venezuela : Robert Ménard (Reporters Sans Frontières) et le rouge de la honte montent au front, Maxime Vivas.





COMMENTAIRES  

30/05/2007 21:45 par Bourguignon

"en France si un journaliste manquait à tout exercice minimum de déontologie"

Si en plus d’être journaliste en France il faut respecter une déontologie, ou va-t-on ?

31/05/2007 13:45 par ArtDesChoix

le passage suivant n’est pas clair :

"le 6 mai prochain, le Peuple doit aller voter. Durant la nuit, le Ministère de l’Intérieur va annoncer la victoire de Sarkozy quelques soient les résultats. Le 4, Ségolène Royal...On verra d’ailleurs qui est vraiment Ségolène Royal...elle doit prendre la tête des protestations de rue contre la fraude. (...) elle doit faire la Révolution orange "

Je ne comprends pas la chronologie et je ne parle pas assez l’espagnol pour comprendre clairement la vidéo qui est sur youtube.
J’aimerais comprendre quand est ce que l’opposition était censée faire un coup d’état ?

31/05/2007 23:57 par Anonyme

La video (datée du 8 novembre, donc un mois avant les éléctions) est une recompilation de plusieures choses transmises dans des chaînes de TV d’opposition.

1. un discours de campagne de Manuel Rosales (le candidat de l’opposition) où il fait « un appel aux forces armées, pour qu’elles se tiennent prêtes pour preparer la transition et le changement de gouvernement qui aura lieu au Vénézuela dans les prochains jours »

2. Rafael Poleo (un journaliste agent de la CIA) invité dans l’emission de Leopoldo Lopez (connu comme "el matacuras", le tueur de curés, pour son implication dans les assassinats de réligieux et religieuses au Salvador dans les annés 1980), le matacuras lui demande ce qu’il convient de faire les 3, 4 et 5 decembre (les elections sont le 3 decembre ; donc il lui demande l’action à faire le jour des éléctions et les deux jours suivants).

réponse de Rafael Poleo : « le 3, les citoyens qui s’identifient avec l’opposition doivent aller voter » (admirez le discours équilibré et neutre... par comparaison, sur la chaîne d’Etat on appellait à voter cas c’est un droit de tout citoyen, sans faire aucune distinction ni allusion politique) ; « le 4, c’est a Manuel Rosales de prendre la tête des manifestations contre la fraude » (il n’envisage pas la possibilité que l’opposition puisse perdre les éléctions, le message est clair : soit on gagne, soit on n’accepte pas les resultats !) ; « et le 5, c’est aux forces armées de decider si elles vont continuer à supporter le régime honteux de Chavez »

plus loin il dit que le 4 (le jour après le vote donc) on va voir les rues se remplir de gens protestant contre les resultats, et qu’on verra alors la stature de Rosales, selon ce qu’il fera.
Et il ajoute même « le 4 sera même plus important que le jour précédent » et comme si ce n’était pas assez il remets une couche « le 4 c’est le momment de faire l’"ucrainienne" , de faire la révolution orange » (reference on ne peut plus claire à la "révolution orange" en Ucraine, où les Etats-Unis ont manipulé les éléctions ucrainiennes en injectant avant, pendant et après, des grandes quantités d’arget, en manipulant les sondages, et en incitant à des manifestations "contre la fraude" .

Et il finit en toute beauté en disant que Chavez « ne lâchera pas le pouvoir de bonne grâce car c’est un bandit de haut chemin (asaltante) » et qu’« il ne tiendra pas compte du nombre de votes, car c’est un nazi »

voilà ; joli n’est-ce pas ?
equilibré, pondéré, impartial,...
imaginez deux segondes que TF1 aie passé un truc comme ça.

Au Vénézuela, aucune des personnes vues dans cette vidéo n’a eu le moindre tracas, pas même une petite plainte pour diffamation, pas même un blâme.

Et après ils ont l’incroyable culot de prétendre que le Vénézuela est une "dictature" où la "liberté d’expression n’est pas garantie".

01/06/2007 03:44 par Anonyme

Il ne s’agit pas de Leopoldo Lopez mais de Leopoldo Castillo

01/06/2007 13:08 par Anonyme

Oups, oui !
mea culpa.

Leopoldo Lopez est le maire d’opposition de l’arrondissement chic de Chacao.
Physiquement ils ne se ressemblent pas du tout, Leopoldo Castillo es grassouillet, moustache à l’ancienne et lunettes ; Leopoldo Lopez fait jeune tennisman, avec comme trait caracteristique des yeux fixes et exhorbités.

Leopoldo Lopez est aussi beaucoup moins malin, et souvent trahi par son subconscient.
Ainsi recemment il a appellé les étudiants à faire des actions "non pacifiques".
Fâché de voir ses paroles repetés à la TV publique, il a dit qu’il n’acceptait pas qu’on "l’accuse d’être non violent" (sic !) et il a dit de façon vehemente qu’il a "toujours soutenu les actions non pacifiques" ; sa tête quand il s’est rendu compte de la bourde une 2e fois de suite valait de l’or :-D

01/06/2007 00:11 par Anonyme

ah, au fait, pour montrer le niveau moral et le courage de Rafael Poleo, après avoir dit à plusieures reprises que si Manuel Rosales, les vénézueliens, ou l’armée, ne suivaient pas le script "orange", c’est que c’était des lâches ; après avoir appellé au vote comme la chose la plus importante (juste après le renversement "orange") ; que fait-il, lui, les 3, 4 et 5 decembre ?

Il est bien au chaud à Miami ; il n’a pas voté le 3 (il aurait du être à Caracas pour ça) ; il n’a pas manifesté le 4 ni le 5 (alors qu’il accusait à l’avance de lâche ceux qui ne le feraient pas).

Il a mis la pression, chauffé à blanc, mais au momment de monter au charbon, ah ça non, les morts que ce soient les couillons qui se laissent embobiner qui les mettent ; les leaders de l’opposition, eux, sont toujours absents, bien à couvert, souvent même hors du pays, quand ça chauffe.

(d’un autre côté, cette attitude érode la confiance des votants de droite qui sont de moins en moins nombreux à se pretter aux destabilisatons. En 2002 la droite avait pu mobiliser une manif de 300.000 personnes lors des préparatifs du coup d’Etat ; actuellement (mai 2007), les manifs qui prennent le pretexte de la "fermeture" de RCTV pour faire tomber le gouvernement n’arrivent pas à 10-15.000 personnes ; la nuit quelques centains de vandales qui brûlent des poubelles et des voitures.

Avec de tels leaders, la droite n’a aucune chance de jamais revenir au pouvoir au Vénézuela.

01/06/2007 03:42 par Anonyme

il faut bien sur lire : "le 7, Segolene Royal,..."

R.

31/05/2007 19:07 par nore

mercredi 30 mai,à la fin du journal "arte info" de 19h45,la même présentation tronquée,orientée à propos de Chavez et de la chaine rctv....Arte,Kultur Konfitur,écoeurant,à fuir.

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