RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Encore une fosse commune en Espagne

« Une si placide existence » (Rebelion)

De ces temps passés, si lointains et si proches pourtant, que Mayor Oreja (1) nous a définis comme ces temps d’« une si placide existence », viennent de resurgir 59 nouveaux cadavres, dans les environs de Burgos, entassés au fond d’une longue tranchée et recouverts de chaux vive, " encore cette chaux vive et son acharnement à effacer les empreintes du crime ", 59 cadavres qui réclament avec insistance leur identification et qui exigent justice. Parmi les assassinés, des cheminots en majorité, des jeunes et des vieux, des syndicalistes, des républicains… et même un homme d’Église, un prêtre franciscain, probablement Emiliano Revilla Vallajera, curé engagé au nom de l’Évangile et auprès de son peuple, arrêté par les phalangistes (les franquistes), le 29 juillet 1936, et conduit à la prison de Burgos, puis sorti de cette prison, avec d’autres détenus, en septembre de cette même année et tenu pour mort en 1950. Emiliano Revilla ne sera pas considéré comme martyr et ne sera pas canonisé.

Des habitants du pays qui ont su garder leur dignité et leur mémoire racontent que ces hommes furent enterrés par des balayeurs de rue d’Aranda del Duero, après leur avoir volé ce qu’ils avaient encore sur eux, et que parmi ces fusillés certains avaient pu survivre aux tirs du peloton d’exécution, dans la fosse commune, jusqu’au lendemain comme ce fut le cas pour le conducteur de locomotive Fernando Macario qui avait supplié de lui donner un peu d’eau à boire ceux-là mêmes qui, après lui avoir pissé dessus, l’achevèrent de plusieurs balles et que ces faits furent connus de la population locale parce que ses assassins ne se privèrent pas de se vanter, dans tout le village, de leur fait d’armes.

Dans l’État espagnol d’aujourd’hui restent encore environ 2.000 fosses communes à ouvrir avec leurs dizaines de milliers d’assassinés par ceux-là mêmes qui justifient leurs crimes impunis en prétendant réécrire une histoire qu’ils ne condamnent pas et qui insistent, en outre, à proférer leur menace de nous ensevelir à nouveau sous quarante autres années d’« une si placide existence ».
Koldo Campos Sagaseta

Cronopiando

Koldo Campos Sagaseta

Rebelión
http://www.rebelion.org/noticia.php?id=132114

(1) Mayor Oreja : homme politique espagnol. Membre du bureau national du Parti Populaire espagnol (le P.P.), vice-secrétaire général du P.P. (depuis 1996) et président d’honneur du P.P. du Pays basque. Ministre de l’Intérieur (1996-2001). (N. D. T.)

Traduit par Manuel Colinas Balbona pour Le Grand Soir

URL de cet article 14203
  

Même Thème
ESPAGNE : un livre en plein dans le mille
Vladimir MARCIAC
Jean Ortiz a publié 90 articles sur le site Le Grand Soir. Son style impeccable, son cœur à fleur de clavier, son intelligence servant sa remarquable connaissance des dossiers qu’il traite, son humour, sa fougue, sa fidélité aux siens, c’est-à-dire aux guérilleros espagnols que le monde a laissé se faire écraser par un dictateur fasciste, le font apprécier par nos lecteurs (nos compteurs de lecture le disent). Il a en poche une carte du PCF qui rend imparfaitement compte de ce qu’est pour lui le (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Quand l’ordre est injustice, le désordre est déja un commencement de justice.

Romain ROLLAND

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.