Syrie et avenir de "la guerre humanitaire" : des lits "humanitaires" installés par la France pleins à craquer.

Laurent Fabius, le Juppé de François Hollande, a effectué le 16 aout 2012 une visite dans un camp de réfugiés en Jordanie. Là , le pauvre humanitaire ministre français des affaires étrangères, voyant des centaines voire des milliers de blessés que la France soigne humanitairement énonce que " tant que Bachar El-Assad continuera son oeuvre de mort il y aura des blessés et des réfugiés et il faudra faire de l’humanitaire ". Oui, des blessés dans des "lits vides", comme le constate le reporter, Patrick Fandio, qui n’a eu d’autre choix que de dire la vérité sur ces tentes inoccupées et des lits qui n’ont jamais reçu le moindre blessé. C’est dire combien sur ce coup-là , la propagande a donc foiré. Pas un mot de la part du "ministre humanitaire" en revanche sur des massacres et autres actes inhumains commis par les "pauvres révolutionnaires", "insurgés", "rebelles" (on ne sait plus quel vocabulaire adopté face à une horde de djihadistes armés pour la cause par les USA, la France, la Grande-Bretagne par l’intermédiaire des territoires mercenaires de la Turquie, du Qatar, de l’Arabie Saoudite et de la Jordanie) qui, pendant la même semaine, jetaient depuis des immeubles de plusieurs étages des personnes et égorgeaient publiquement d’autres dans les rues syriennes.

Extrait JT 13h, TF1, 16 août 2012

Comme on peut le voir sur ces images de TF1, un des plus grands outils de la propagande française, il y a des milliers de blessés, se tordant de douleur mais opérés par de braves français ayant abandonné pays et familles pour LA "cause humanitaire" du moment : sauver les victimes d’Al Assad, le nouveau méchant que la croisade occidentale pourchasse "diplomatiquement". Ces milliers de blessés imaginaires sous les tentes françaises vus par Laurent Fabius sont déchiquetés par les bombes de l’armée nationale syrienne renommée "l’armée d’Al-Assad". Ne les voyez-vous pas, vous ? Seriez-vous aveugles ? Regardez-là , là , là à à à , sous les tentes. Vooooilà à à à à ! vous les voyez maintenant ? Les victimes de "l’oeuvre de mort de Bachar Al-Assad" ? Voilà à à , c’est rassurant ! Sinon il devenait inquiétant de constater que vous ne voyiez pas ces civiles blessés malgré leur présence manifeste sous les tentes françaises.

Comme ces blessés et ces victimes du "bourreau, du massacreur" de Syrie, selon les mots mêmes de Fabius, sont innombrables et comme la Russie et la Chine n’entendent en rien céder aux chantages ni aux arguments mensongers dont les Occidentaux ont le secret en pareilles circonstances, Fabius ira dire en Turquie, un des canaux de transmission d’armes aux "rebelles-révolutionnaires-insurgés" syriens qu’au vu de l’hécatombe, " Bachar Al-Assad ne mérite pas d’être sur terre ". Quelle belle sentence après avoir vu des blessés occupant des lits vides ! Une telle déclaration est un appel clair et net au meurtre. Mais qui condamne ces propos ? Personne. Pas même la fameuse opposition incarnée par l’UMP, si prompte à taper sur les socialistes tombeurs de Sarkozy qui trouve d’ailleurs que la France de Hollande n’en fait pas assez sur la Syrie. Bien au contraire, tout le monde salue la fermeté du ministre. Dans les médias amoureux fous de "la guerre humanitaire" inventée par l’Occident, "la diplomatie française se donne enfin des dents" comme le souhaitait Dominique de Villepin sur Europe1 récemment. Sur France Inter le 17 août 2012, Frédéric Encel, intraitable idéologue se présentant malgré tout comme un universitaire enseignant de géopolitique prévenait ceux qui seraient tentés de juger Fabius de Talleyrand qui disait que tout ce qui est excessif est insignifiant, que l’excès verbal dont a fait preuve le sosie d’Alain Juppe en la personne de Laurent Fabius était " parfaitement justifié ", puisque ajoute-t-il, " des 18 mois d’une répression féroce accablant en priorité des civiles avec toute la panoplie de tortures et humiliations si un haut représentant d’une authentique démocratie n’emploie pas le terme de bourreau, alors jamais celui-ci ne s’imposera...Ces propos de notre ministre ne sont pas si virulents que cela. " Voilà qui est tranché !

Faut-il rappeler que ce nouvel Edit de Fabius s’inscrit dans une longue série de déclarations du nouveau Alain Juppé, celui qui s’était illustré dans la chasse à Mouammar Kadhafi avec le mythique massacre des populations civiles libyennes par le "fou" de Tripoli. Le samedi 21 juillet dernier, le même Fabius lançait un appel à une non-identifiable opposition montée de toutes pièces en affirmant que " Le moment est venu de préparer la transition et le jour d’après. Nous sommes tous d’accord pour considérer que l’heure est venue pour l’opposition de se mettre en ordre de marche afin de prendre les commandes du pays. Nous souhaitons la formation rapide d’un gouvernement provisoire ". L’envie est donc immense pour la France et ses alliés d’en découdre le plus tôt avec le gouvernement syrien et de le remplacer par des satrapes totalement soumis. La Syrie sera redevenue ce qu’elle fut : un pays sous "mandat" français comme elle l’avait été de 1919 à 1949. L’indépendance de la Syrie ne sera reconnue par la France qu’après la guerre de 1946 que celle-ci avait farouchement mené pour conserver sa tutelle sur le pays. Configuration identique à la Libye post-Kadhafi qui est une reconstitution de la Libye italienne après la défaite de Mussolini divisée en la Tripolitaine, la Cyrénaïque et le Fezzan. Jusqu’au renversement par Kadhafi et ses compagnons du roi Idriss en septembre 1969, l’Angleterre avait dirigé les deux premières régions (la Tripolitaine et la Cyrénaïque), la France, quant à elle, avait régenté le Fezzan et tout ceci avec leurs alliés les Etats unis d’Amérique. Autant ces mêmes pays qui se sont coalisés 42 ans plus tard pour assassiner Mouammar Kadhafi et reconstituer la Libye coloniale d’antan, autant les mêmes agissent en Syrie pour remettre ce pays sous leur juron et, par ricochet, se rapprocher davantage de l’Iran qu’ils ont ciblé depuis longtemps.

La Russie et la Chine, à l’aune de leurs propres intérêts géopolitiques, pour le moment, n’entendent pas céder sur la Syrie contrairement à ce qu’ils avaient fait sur la Libye. Ces deux pays avaient livré la Libye aux hyènes occidentales qui l’ont détruite et mis la main sur ses richesses avec de petits satrapes soigneusement recrutés à qui ils ont attribué l’exercice de la police locale. Aussi, la Russie et la Chine ont-ils donné la clé aux Occidentaux de redessiner tout le Sahara à partir de la Libye. "Qui possède Tripoli possède le Soudan" (le Soudan entendu ici comme l’Afrique centrale, le coeur de l’Afrique), énonçait en 1885, Gerhard Rohlfs, voyageur allemand qui parcourait la région. Cette prédiction est en train de trouver son accomplissement sous nous nos yeux. Le Mali découpé en est une preuve palpable avec la création du fameux Azawad après la création du Sud Soudan, créatures dont la vocation est de répondre aux préoccupations extérieures qu’on cache sous le manteau troué des revendications indépendantistes locales.

Alain Juppé avec l’appui de Nicolas Sarkozy avait fait des agressions contre le président laurent Gbagbo et contre Mouammar Kadhafi des affaires personnelles. Laurent Fabius porté par François Hollande, moins bavard et moins agité que son prédécesseur mais aussi résolu que lui, fait de la Syrie une affaire personnelle, multipliant invectives, livraison d’armes et matraquage verbal contre Bachar Al-Assad. C’est de bonne guerre, car ce caractérise fondamentalement l’Occident c’est qu’il ne s’engage que s’il a procédé à un calcul minutieux des pertes et profits. Lui dénier ce trait de caractère c’est faire injure à son génie et à sa civilisation que ses enfants n’hésitent d’ailleurs pas à présenter comme supérieure. Son histoire montre qu’il n’existe de cause humanitaire dans laquelle l’Occident s’engage que tout ce qui va dans le sens de sa puissance et du renforcement de sa domination sur les peuples. Avec des conséquences aussi juteuses pour l’Occident et surtout pour ses entreprises multinationales, la guerre humanitaire a de beaux jours devant elle. A moins que les peuples victimes et potentiellement victimes à cause des convoitises que suscitent leurs terres décident de se constituer en peuples solides dotés aussi bien de dirigeants, de citoyens informés et animés de patriotisme éclairé par l’histoire et les intérêts qui doivent être les leurs que d’organisation, de discipline et de moyens de défense puissants.

Komla KPOGLI
20 août 2012
Web. http://lajuda.blogspot.com

COMMENTAIRES  

22/08/2012 12:07 par dominique

Philippe Grasset attire l’attention dans son dernier article :
http://www.dedefensa.org/article-subrepticement_la_crise_syrienne_devient_haute_22_08_2012.html
sur une déclaration capitale du ministre russe des affaires étrangères Lavrov qui semble indiquer que si les USa attaquent la Syrie, la Russie ripostera et nous aurons un conflit international :
" "¢ Il y a surtout cette remarque d’ordre général, qui offre une définition de l’importance de la crise syrienne, de l’enjeu qui la domine dans la façon dont elle évoluera et dont elle se terminera. Cette remarque n’est pas théorique mais bien concrète, avec des termes violents à l’adresse du bloc BAO (la doctrine du "bombardement démocratique, ou "bombardement pour la démocratie" ), concernant des intentions opérationnelles affichées… Il s’agit clairement d’un avertissement définissant un enjeu irrémédiable pour l’issue de la crise syrienne : « We believe this issue attracts so much attention not only because of the scale of the bloodshed, which worries all of us, but also because the outcome of the crisis will significantly influence the patterns for conflict settlement - either everything will fall in accordance with laws, that is according to the UN Charter, or "˜bomb democracy’ will prevail… »
... "Ce que Lavrov nous dit, c’est que la Syrie devient un test final, fondamental, et que, par conséquent, pour la Russie il est politiquement inacceptable que triomphe la doctrine du "bombardement démocratique" ; ce que Lavrov nous dit, - allons un pas plus loin mais un pas évident selon la logique du propos, - c’est que la Russie fera tout ce qui est en son pouvoir pour faire en sorte que cela, le triomphe de cette théorie, ne se fasse pas. Ce que disent les Russes, enfin, c’est qu’ils ne peuvent accepter le triomphe de la doctrine du "bombardement démocratique" , parce qu’on se trouverait dans ce cas devant un déchaînement potentiel qui ne serait plus borné par rien, que plus rien n’arrêterait, qui toucherait même, qui sait, la Russie elle-même."
... "Cette analyse semblerait effectivement que la Russie est en train de faire son choix, si elle ne l’a fait déjà  : s’il s’avère, ou même puisqu’il s’avère que l’entente sur une issue acceptable par rapport aux lois internationales s’avère impossible, alors les choses se régleront sur le terrain de la crise devenue guerre civile, et qui menacerait alors de devenir un conflit international… Il est décidément extrêmement difficile de ne pas voir dans l’observation de Lavrov suivant celle d’Obama selon laquelle les USA pourraient intervenir en Syrie, le simple constat que les Russes, dans ce cas, interviendraient contre une aventure américaniste."

23/08/2012 12:08 par kristo

l’anti-impérialisme est une notion qui semble ne plus vouloir dire grand chose pour les partis de gauche, NPA, PG etc... car ils sont bien muets sur la question en ce moment.
Au lieu de critiquer les vetos à l’ONU de la Russie et la Chine, qui ont sans doute retardé l’échéance d’une guerre régionale voire mondiale, les partis dits anti-capitalistes ou révolutionnaires devraient critiquer d’abord l’armement des rebelles par les occidentaux qui cherchent à coloniser la Syrie par tous les moyens, avec la propagande qui va avec, et devrait aussi tenir compte du fait que le peuple syrien semble soutenir majoritairement son gouvernement même s’il désire des changements (non imposés par l’extérieur).
Ces partis devraient oublier pour l’instant, cela est plus réaliste, les slogans tels que : "les forces démocratiques qui luttent héroïquement pour l’avènement d’une Syrie démocratique, progressiste et laïque, enfin libérée de la dictature sanglante et archaïque qui l’opprime" que l’on trouve sur leurs sites internet.
Par qui sont composées ces "forces démocratiques" si l’on exclue tous ces mercenaires, opportunistes, salafistes jihadistes et ces quelques syriens expatriés en Europe et qui alimente la propagande otanesque ?
Ce genre de slogan ("les forces démocratiques qui luttent héroïquement" etc...) non seulement sont complètement décalés de la réalité mais en plus vont dans le sens des discours de tous les va-t’en-guerre, USA, OTAN et les irresponsables du PS ; ces derniers, je le rappelle, ont les mains tâchées du sang du peuple libyen.
Alors, j’en appelle à la lucidité des partis de gauche (je n’inclue pas le PS qui n’est qu’un parti social-libéral atlantiste qui ne changera rien au système) pour analyser mieux la situation et surtout pour ne pas croire naïvement à ces "révolutions" colorées, montées ou récupérées par des pays qui n’ont rien à faire du peuple syrien et du peuple arabe en général.
JE SOUHAITE QUE CETTE GAUCHE LéTHARGIQUE ET ILLUSIONNéE SE RéVEILLE AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD

25/08/2012 20:23 par Sheynat

Bonsoir à l’équipe du Grand Soir,
Je cherche sur la page d’accueil du site le bouton "proposez un article" pour vous donner le lien du texte d’Analyse de la situation en Syrie par Alain Chouet (au cas où il vous intéresserait de le publier sur votre site) mais je ne le trouve pas (à par le "Publier un article"), alors je le mets dans ce commentaire.

26/08/2012 10:07 par Sheynat

OK je vous ai soumis l’article en utilisant les mêmes paramétrages html que ceux générés automatiquement par mon blog comme ça c’est plus pratique, par contre j’ai eu du mal à aligner l’image, ’fin bref comme c’est la première fois j’espère que ça ira. ^^

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