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Salvini, la gauche et la décence (Sinistrainrete)

PIOTR

Malgré toutes les choses dont on peut accuser Salvini, pour le moment, au point de vue de la décence, il a gagné contre la France, contre l'Espagne et contre la gauche. Trois à zéro.

J’ai publié le 12 juin 2018 un article critique à l’égard de la politique sécuritaire de Salvini.

J’y soutenais deux choses : la première, c’est que cette politique ne résoudra pas le "problème migrants", la deuxième, c’est qu’on ne peut s’opposer à cette même politique qu’à partir d’une opposition que j’appelais "de classe" faute d’un autre mot hélas pas encore en vue. Car qu’il puisse y avoir une opposition "de gauche", ce n’est qu’une déplorable illusion.

La gauche des bons sentiments et la Ligue des mauvais sentiments, expliquais-je, sont comme belle-mère et belle-fille.

Je soulignais en particulier, dans cet article, que ce que je considère aujourd’hui comme effrayant, ce n’est pas tant que Salvini accomplisse des actes "inhumains" à l’encontre des migrants – comme nous le verrons, ceux qui le critiquent l’ont fait et le font – qu’un dangereux empoisonnement culturel qui pourrait finir par banaliser la méfiance et le dégoût envers l’Autre.

Une fois cette accusation énoncée, le problème qui se pose – et c’est un grave problème – c’est que la rhétorique et le mode de raisonnement grossier, irritant et culturellement dangereux de Salvini et d’autres leaders de la Ligue cachent des vérités.

Si cela cachait des mensonges, le problème serait bien moins important. Par contre, cacher et se cacher des vérités, c’est le pire qu’une opposition aux politiques sécuritaires puisse faire.

Mais quelles sont ces vérités ?

- 1 -

En 2017, l’Italie a accueilli 70% des migrants qui sont arrivés en Europe. Ce chiffre devrait déjà inciter à faire entendre des accents plus modérés la langue fourchue de tous les leaders européens, qui ne sont rien d’autre que des scribes et pharisiens hypocrites.

Nous pouvons faire la fine bouche sur bien des points, mais, s’il n’y avait pas l’Italie, les autres pays européens auraient fait couler à pic ces migrants en Méditerranée (pour ensuite pleurer sur eux).

En outre, il y a une norme intrinsèquement anti-européenne, qui veut que, si un immigré débarque dans un pays, c’est le problème de ce pays. Vive l’Europe Unie !

- 2 -

Il n’est pas vrai que les personnes qui arrivent chez nous soient surtout des réfugiés fuyant des conflits armés. Sur 100 immigrés arrivés en Italie, 85 y viennent pour des motifs économiques. C’est du moins ce que disent les statistiques de l’ISPI.

Or, personnellement, je considère le pillage néo-colonial des pays d’où proviennent par exemple les migrants de l’Afrique subsaharienne comme une guerre faite par d’autres moyens. Une guerre aux conséquences atroces et sournoises. Si sournoises qu’ensuite, ici, en Occident, nous nous complaisons dans cette subdivision byzantine ; réfugiés vs migrants économiques.

Non ! Ce n’est pas la réalité : les guerres qu’on fait avec les projectiles et les bombes et celles qu’on fait avec la dette et le pillage des biens nationaux font partie du même paquet. Les statistiques de l’ISPI n’absolvent pas notre conscience occidentale et ne nous dédouanent pas de nos responsabilités.

Au contraire, l’insistance sur la donnée (fausse) de la prépondérance des réfugiés sert précisément, qu’on le veuille ou non, à cacher un aspect de la guerre à deux faces, celui que préconisent les politiques néo-libérales de globalisation et de financiarisation. Qui sont par ailleurs les politiques qui conduisent à la guerre avec projectiles et bombes.

- 3 -

Sur l’immigration, la France est aussi hypocrite que son président Macron.

La France, qui devait accueillir plus de 9600 immigrés, n’en a en fait accueilli qu’environ 960. Les autres, y compris des femmes enceintes, elle est allée les matraquer directement en Italie ou dans la zone de passage de Vintimille, pour bien leur faire comprendre qu’il ne s’agit pas pour eux, accords ou pas accords, d’essayer d’atteindre son accueillant pays.

Et l’enfer de Calais ? Et les migrants congelés dans les Alpes ? Salvini a-t-il tort quand il renvoie l’expression "à vomir" à son impudent envoyeur, l’hypocrite Macron ?

Non ! Moi, Salvini ne me plaît pas, mais Macron me plaît beaucoup moins. Au moins, le leader de la Ligue a dénoncé, à juste titre, même selon le droit international, les bombardements de la France, du Royaume-Uni et des EU sur Damas en tant qu’actes d’agression. Par contre, Macron a bombardé Damas pour signaler à Poutine que "la France aussi est de la partie" (sic !). Qui est donc le champion du cynisme ? Pour moi, cela ne fait aucun doute : il est à l’Elysée.

- 4 -

L’Espagne a dressé des barrières à Ceuta et Melilla à coups de dizaines de millions d’euros. Les migrants qui tentent de les contourner à la nage sont tués par les gaz lacrymogènes et les projectiles en caoutchouc (car, évidemment, s’ils vous touchent quand vous êtes en train de nager, ils vous font couler !).

Or l’Espagne passe pour le pays qui a le cœur sur la main, le pays de l’accueil, contre la cynique Italie salvinienne. L’Espagne qui tire sur les immigrés et qui, même aujourd’hui, n’accueille que la moitié des immigrés de l’Italie de Minniti (1) ose parler ? Quelle indécence ! Et quelle indécence chez ceux qui la citent en exemple !

L’indécence espagnole et l’hypocrisie à vomir de la France sont en effet enjolivées par la gauche italienne. Tout comme les démocrates étasuniens braillaient contre le projet de Trump de construire un mur face au Mexique, oubliant tout simplement les milliers de kilomètres de palissade déjà construits par Clinton et Obama, ici, chez nous, la gauche, aujourd’hui, a tranquillement oublié son Minniti, elle a oublié que, sous la conduite de Napolitano, elle a récupéré Berlusconi pour qu’il fasse la guerre à la Libye, elle a oublié son soutien aux djihadistes coupeurs de têtes en Syrie, et elle a même oublié le massacre (car ce fut un massacre, pas une tragédie) du Canal d’Otrante, lorsque notre corvette "Sibilla" éperonna un navire chargé de 120 réfugiés albanais, causant la noyade de 81 d’entre eux. C’était en 1997. C’était l’époque du blocus naval anti-immigrés décrété par le gouvernement Prodi : "La surveillance de l’immigration clandestine effectuée également en mer rentre dans la juste protection de notre sécurité et dans le respect de la légalité que le gouvernement a le devoir d’assurer" (interview de Romano Prodi à Ballaro). L’ONU a dénoncé le blocus comme illégal. La Justice a déclaré coupable le commandant de la "Sibilla". Le gouvernement Prodi était à gauche, très à gauche.

Les Etats-Unis sont le seul pays au monde à avoir utilisé des armes nucléaires. Mais les méchants, ce sont les autres, la Corée du Nord, l’Iran. La gauche italienne a été jusqu’à présent la seule force politique à avoir délibérément tué des immigrés, mais le méchant, c’est Salvini. Même style de raisonnement, même arrogance, même hypocrisie. Même peur de peser de moins en moins lourd.

Comprenez-vous pourquoi je regrette le manque d’une opposition "de classe" ? C’est une question, non seulement de lucidité politique, mais aussi de décence morale.

Malgré toutes les choses dont on peut accuser Salvini, pour le moment, au point de vue décence, il a gagné contre l’Espagne, contre la France et contre la gauche. Trois à zéro.

Que cela plaise ou non, c’est ainsi.

Remettons le ballon au centre, et essayons, pour notre part du moins, de mieux jouer.

(1) Marco Minniti, membre du PD (Parti Démocrate, né de la dissolution du Parti Communiste Italien), a été Ministre de l’Intérieur du gouvernement Gentiloni (lui aussi du PD) de 2016 à 2018. Il est parvenu à réduire considérablement le nombre de migrants arrivant en Italie en négociant avec les tribus libyennes participant au trafic des migrants.

Traduction : Rosa Llorens

 https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/12618-piotr-salvini-la-sinistra-e-la-decenza.html

COMMENTAIRES  

23/06/2018 16:12 par Roger

Chacun à sa manière, Salvini, Trump,Poutine, Correa, Maduro, et bien d’autres, disent des vérités sur "notre occident". Nos élites sont donc celle de ce monde occidental qui pille le reste du monde , en exploitant sans limite les hommes et les ressources de notre planète. Etre les "meilleurs" du pire des mondes, c’est pas glorieux, c’est même impossible à reconnaître.
La lutte des classes devient une question de survie...

23/06/2018 16:30 par " déplorable "21

La nuit dernière, j’ai fait un rêve :
Je disais à Marion M qu’on pouvait pas avoir la réforme de la SNCF sans la GPA , l’accueil inconditionnel des migrants, le transhumanisme etc etc ; Et je disais à Mélenchon qu’on pouvait pas avoir la GPA et l’accueil inconditionnel des migrants sans la réforme de la SNCF et la guerre sociale !
Ils en convenaient tous les deux ! et ils étaient d’accord avec moi pour refuser le tout !
Bcp vont me dire que c’était là un vrai cauchemar mais d’autres ??

23/06/2018 16:36 par Georges SPORRI

Le pays d’Europe qui n’a strictement aucune légitimité pour refouler les "migrants" provenant de LIBYE ou de TUNISIE c’est la FRANCE ... Seule l’ignorance crasse et le racisme abject peuvent dire le contraire !

24/06/2018 04:01 par act

Exactement George !
Retour du boulot nocturne, enfin au calme, un tour sur LGS pour la forme et bardaf c’est l’embardée !
Il y a peu ce magnifique édito de Théo "Et nos frères pourtant" et puis ceci...
Quel est le projet camarade Piotr ? Des "vérités" ?!
1-en effet la politique européenne envers les réfugiés est d’une hypocrisie sans fin
2-comme toi je répète sans cesse que le pillage néo-colonial des pays d’où proviennent par exemple les migrants de l’Afrique subsaharienne est une guerre faite par d’autres moyens.
3-de fait la politique française envers les réfugiés est aussi d’une hypocrisie sans fin
4-comme la politique espagnole envers les réfugiés est scandaleuse

Mais purin de mortel de merle en quoi cela donnerait la moindre caution ou légitimité à cet encollé de salvini ?!
Ta prose est visqueuse, gluante et malsaine...et de quelle "gauche" parles-tu depuis le "PD" ?
"Les Etats-Unis sont le seul pays au monde à avoir utilisé des armes nucléaires. Mais les méchants, ce sont les autres.."
Pour qui ? Tu y crois ? D’où parles-tu ?
"La gauche italienne a été jusqu’à présent la seule force politique à avoir délibérément tué des immigrés, mais le méchant, c’est Salvini".
La pseudo "gauche" italienne trahit autant que celle qui sévit dans les autres pays mais en quoi cela rendrait les nervis du capital moins "méchants", à quoi joues-tu ? Où veux tu en venir ? Sois franc, lâche-toi. La gauche réelle, italienne ou autre, sera toujours la première cible des fascistes et dérivés. Et la première à combattre cet engeance, contrairement à toi qui lui accorde des "points" et "vérités".

Ce n’est pas parce que marine lapeine prétend vouloir s’en prendre aux banques lorsqu’elle est en campagne, la polissonne, qu’elle gagne un à zéro contre la "gauche". Idem pour ce fisse de pâte de la ligue.
Tu es bon pour minimum 6 mois de rééducation aux champs de cannes à sucre et une saine auto-critique,
Que cela te plaise ou non, c’est ainsi.

@ LGS c’est vraiment avec ce genre de prose que vous comptez conscientiser les camarades égarés, camarades ?
BàV

24/06/2018 08:42 par Xiao Pignouf

Excellent développement au récent article de Théophraste. Néo-colonialisme et guerre factice, les deux mamelles de l’exil auxquelles la France tête goulûment. Et même si la droite n’exècre que les effets tout en ignorant les causes, la (fausse) gauche est encore pire par son hypocrisie dont la conséquence principale est la montée de l’extrême-droite, du nationalisme, de l’identitarisme et de toute autre sentiment ultra-réactionnaire.

24/06/2018 11:04 par Autrement

Excellent article qui remet les choses à l’endroit.
C’est une saine démarche de réhabiliter ainsi les réfugiés dits économiques, en montrant de quelles prédations et dévastations précédentes de leurs pays ils sont les victimes.
Sans le point de vue de classe, personne ne peut rien y comprendre, et pendant ce temps politiciens et médias rivalisent de dissimulation et d’hyprcrisie larmoyante.
Macron mérite des baffes !

24/06/2018 12:42 par Xiao Pignouf

@act

en quoi cela rendrait les nervis du capital moins "méchants"

Excuse-moi, mais je crois que tu t’enflammes un peu. On ne peut pas dire, tu le sais, que Macron ou l’actuel gouvernement espagnol, ni même Prodi, et encore moins les deux précédents gouvernements français, sont ou étaient de gauche. Ce que dit l’auteur, c’est que le haro sur Salvini et sur la droite nationaliste, aussi justifié soit-il, ne doit pas dissimuler les fautes du camp d’en face et pas davantage de ceux qui se déclarent de gauche.

De droite comme de cette soit-disant gauche, ce sont tous des nervis du capital.

24/06/2018 14:50 par Assimbonanga

Effectivement Macron est en passe d’installer une dictature. Effectivement Macron est autant à craindre qu’un fasciste identifié alors que pourtant ses discours semblent démocratiques. Et on peut comprendre que l’Italie en ait marre de faire tout le boulot d’accueil à cause de sa situation maritime alors que les autres, tels des Ponce Pilate, s’en lavent les mains. Un régime répressif s’installe en France. Et, c’est marrant, la coopération internationale semble plus facile à obtenir lorsqu’il s’agit de réprimer les contestataires que lorsqu’il s’agit d’assurer l’hospitalité aux malheureux. Traque européenne : https://dijoncter.info/?la-police-d-hambourg-a-tellement-echoue-a-maintenir-l-ordre-qu-il-lui-faut-362

25/06/2018 10:46 par Autrement

Menacé par Matteo Salvini d’être privé de protection rapprochée, pour avoir critiqué sa politique xénophobe, Roberto Saviano, l’écrivain anti-mafia, l’a qualifié (non sans raisons apparemment) de "bouffon" et de "ministre de la pègre". Occasion de lire le dernier livre de Saviano : "Le combat continue, résister à la mafia et à la corruption", et voir ICI un compte-rendu éclairé du précédent.

25/06/2018 13:06 par depassage

@Act
L’humain reste un humain. La gauche actuelle avec ses errements peut aussi se verser dans un fascisme coloré à ses goûts. Il n’existe pas de vaccin contre les dérives idéologiques. Le moyen qui existe et qui n’est pas un vaccin est celui qui est basé sur l’attachement aux principes liés à la défense des masses laborieuses. Même c’est cela peut paraître kitsch, c’est le seul moyen. Comme les principes sont des principes politiques, seule une structure ou une organisation solide peut les défendre et les faires siens. Sinon, remettons tout au bon vouloir des vents.

25/06/2018 21:04 par Cinto

Roberto Saviano est une figure institutionnelle ; oui, c’est "l’écrivain anti-mafia" officiel : dénoncer la mafia, c’est un sport national, et totalement inoffensif. La "mafia", aujourd’hui, c’est du folklore ; la vraie mafia est indiscernable de l’économie légale. Rappelons aussi une anecdote : quand on a tourné "Gomorra", à partir du livre de Saviano, à Naples, c’est la camorra qui fournissait les figurants.

25/06/2018 21:05 par act

@Xiao
enflammé j’étais, après le taf on était passé par le Habana Club ;)
cela dit j’assume mes écrits nocturnes et tu noteras que je fais la différence entre la "gauche" entre guillemets et la gauche réelle en italique.
et si j’avais comme toi lu dans ce texte "que le haro sur Salvini et sur la droite nationaliste, aussi justifié soit-il, ne doit pas dissimuler les fautes du camp d’en face et pas davantage de ceux qui se déclarent de gauche", je n’aurais pas tiqué mais ce n’est malheureusement pas cette impression que ce texte me laisse, comme tu peux le constater. Sur le positionnement je suis tatillon, pour illustrer, je ne partage pas tout à fait ta conclusion : la soit-disant gauche sont les laquais du capital, la droite sont les authentiques gestionnaires assumés du capital et ce sont les déclinaisons de l’extrême droite qui en sont les "nervis". Ceux que le capital met au pouvoir quand quand la situation devient tendue, pour mater, persécuter, torturer, assassiner la gauche réelle.
Camarades, interrogez vos arrières-grands parents, des Chiliens ou des Argentins par exemple, ils pourront vous expliquer les nuances.

@Depassage
...et c’est précisément la raison de mon intransigeance sur ce point, parce que c’est en se prétendant les défenseurs des masses laborieuses que les nervis et autres néonazis trompent le prolétariat, d’où ma réaction à ce texte qui me semble toujours aussi gluant et malsain.
et à part ça vous me proposez de prendre ma carte au parti ? oui mais lequel ??
et encore quand on compare comment -à l’époque- le parti communiste allemand (pourtant puissant, structuré, etc) s’est fait décapiter/balayer par les nazis, tandis que les franquistes en ont bavé pour vaincre les anarcho-syndicalistes espagnols (qui auraient vaincu les franquistes si le "monde libre" ne les avait pas lâché), cela pose question.

BàV2

26/06/2018 03:08 par Georges SPORRI

Il faut cesser de raconter que le PS défend les immigrés blacks ou beurs ! Fabius a dit que le FN pose de bonnes questions / Edith Cresson a hurlé qu’elle affrèterait des charters pour virer les sans papiers / Rocard a essayé de faire croire que toute la misère du monde voulait venir en France / Jospin a dit que dans une économie ouverte ( ??? ) on ne peut pas régulariser les sans papiers et, en 2002, il a accepté que la campagne électorale se fasse sur les thèmes pourris de l’insécurité = apologie de l’état policier et du racisme . Ségogole proposait d’envoyer l’armée contre les quartiers populaire . Malek B passe son temps à insulter les "machos antisémites et pas polis avec la police" / Lorsqu’il prononce le mot islam Valls a un regard d’assassin maniaque et les mâchoires crispées ... J’oublie sûrement beaucoup de preuves ( Chevènement et Bauer qui réconcilient la gauche avec la sécurité ...etc. ).

26/06/2018 09:36 par babelouest

Attention Georges ! Comme beaucoup, tu tronques la citation de Rocard (que je n’aime pas, mais ce qu’il a dit, il l’a dit)

« Souvenez-vous de ce que disait Michel Rocard, l’Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle peut prendre sa part de cette misère. »

Michel Sapin, ministre des Finances, lundi 20 avril sur France Info (à partir de 1’12’’)

26/06/2018 15:06 par depassage

@Act
Cher Act, je ne vous invite pas à vous "encarter" à un parti, mais je parle de la nécessité d’un parti ou d’une organisation sans laquelle aucune lutte ne peut aboutir. Me concernant, je me sens fatigué mais je ne désespère pas. J’ai perdu trop de batailles et je connais l’amertume des échecs pour pouvoir croire aux miracles comme d’ailleurs je ne crois pas à la comparaison des époques et leurs répétitions systématiques. Chaque conjoncture à ses propres caractéristiques qui la distinguent des autres. Il y a plus de risques d’une déflagration généralisée qu’un retour du fascisme tel qu’il a été connu par le passé. Les discours peuvent se ressembler, mais sont-ils pour autant le reflet d’une réalité ? Les syndicats ouvriers qui étaient les fers-de-lance des luttes ouvrières sont devenus de simples gestionnaires des conflits, pour preuve que rien ne demeure en l’état.

26/06/2018 15:53 par act

@George : mais qui aurait écrit ici que le P"S" français défendrait les immigrés blacks ou beurs ?!
Et à Jospin il faut laisser son rôle dans "Le nom des gens"... ;)

27/06/2018 00:59 par Danael

La médaille de la décence n’appartient pas plus à l’Italie, selon moi. L’indécence est le terme qui convient le mieux à l’Europe dans son ensemble face à la tragédie des rescapés de la mer. Le tri des réfugiés est encore plus insupportable quand il s’agit ici de survivants en désespérance résultant des politiques des grandes puissances de l’OTAN et de leurs alliés. Cet article nous renvoie à un jeu de boulettes pitoyable entre Européens. Faut-il rappeler que ce sont les pays les moins développés qui reçoivent l’essentiel des victimes de nos tableaux de chasse ? S’il y a un peu de lucidité à sauver, parlons surtout de nos devoirs de dédommagements, de reconstruction, et de coopération véritable pour que des êtres humains n’en viennent pas à risquer leur vie en mer pour tenter d’exister chez leurs bourreaux.

27/06/2018 09:33 par Xiao Pignouf

@Danael
Tout est dit, merci.

28/06/2018 01:23 par act

Les syndicats ouvriers qui étaient les fers-de-lance des luttes ouvrières sont devenus de simples gestionnaires des conflits, pour preuve que rien ne demeure en l’état.

Concernant la plupart des directions syndicales c’est un fait mais au-de là de ce constat lucide, l’outil -fruit de tant de sacrifices- existe, faut-il le condamner ou se le réapproprier ? Particulièrement quand on voit l’engagement des membres, militants, délégués, etc, bref de la base. L’attitude du PTB et de certains libertaires en Belgique est intéressante à ce sujet : ne pas condamner, collaborer, radicaliser.
Cette attitude oblige aussi le P"S" belge à se repositionner vers la gauche, même si actuellement il s’agit de manœuvres électorales, cela amène un discours plus critique et offensif, cela contre et érode enfin l’hégémonie culturelle du capitalisme spectaculaire.

28/06/2018 08:01 par babelouest

@ depassage
Des organisations pyramidales, cela finit toujours pareil : les "dirigeants" du sommet de la pyramide sont circonvenus, piégés, neutralisés, et la belle organisation est bloquée dans son élan.

Je ne suis pas libertaire, je suis un strict égalitaire. Pour qu’un mouvement marche, il faut qu’il se crée à la base, et qu’il y reste. Que les formations de base, petites associations, collectifs... s’entendent, certes. Mais surtout que ne se créent pas des instances régionales et/ou nationales sur lesquelles le Capital pourrait avoir prise. Que chacun ait UNE voix, jamais plus. Pas même la voix du tribun, même si elle permet de passer le message : celui-ci est élaboré entre militants à la base, les différentes bases s’échangent arguments et informations.

Sur une pareille organisation, "les autorités" auront difficilement prise, parce que personne en particulier n’émerge. Tout le monde avance, d’une façon qui pourrait paraître désordonnée par ce que c’est tout simplement la vraie démocratie. En revanche, entre les différents mouvements il est recommandé d’appliquer une grande solidarité, pour que l’efficacité soit maximale.

Ah, mais alors, cela demande que tout le monde s’y mette ? Bien sûr. Si la pâte lève, il vaut mieux qu’elle lève partout de façon similaire. Pas forcément identique. C’est la grande force d’une telle non-organisation.

28/06/2018 15:23 par depassage

babelouest
Les formes d’organisation, les règlements, les stratégies de luttes et les tactiques s’inventent et doivent s’adapter aux situations et aux formes de luttes. Je n’ai pas parlé d’une organisation pyramidale quoiqu’une organisation pyramidale puisse répondre à des besoins spécifiques et à des nécessités particulières de l’histoire. Le système capitaliste ne repose entièrement que sur des organisations pyramidales et se tient. Donc, c’est moins la forme d’organisation qui joue par elle-même un rôle, mais la maîtrise des enjeux par une organisation et ses capacités à leur faire face tout en évoluant selon les situations et les défis qui se présentent. Ce sujet n’est pas nouveau et a été débattu à maintes reprises et continue à être débattu. Les vrais problèmes ne se posent pas à ce niveau, mais beaucoup plus au niveau de la compréhension des réalités que nous vivons parce que la réalité elle-même du capitalisme a changé dans ses formes d’exploitation et de la force du travail et du reste comme les ressources.

29/06/2018 00:46 par act

quoiqu’une organisation pyramidale puisse répondre à des besoins spécifiques et à des nécessités particulières de l’histoire

En effet et en relisant un de mes commentaires précédents où je comparais les situations allemandes et espagnoles, je m’étonne que personne ne m’ait fait remarquer qu’en définitive ce sont pourtant des "communistes" qui vinrent à bout des nazis sur le front Est. Les guillemets car si je laisse aux soviétiques et à Staline cette victoire qui leur appartient indiscutablement, avec une infinie gratitude, ils avaient toutefois une vison du communisme fort éloignée du conseillisme dont ils ont usurpé le nom ("tout le pouvoir aux conseils/soviets").
Pourtant les makhnovistes ou les brigadistes en Espagne ont démontré que si la confrontation armée nécessite une structure pyramidale, les combattants seront plus efficaces et motivés quand les ordres qu’ils reçoivent son ceux d’un officier qu’ils ont élu pour ses compétences et non d’un inconnu désigné par un état major bien planqué.

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