Quand le PS a rendez-vous avec l’histoire... il le rate. G.Filoche, J.Généreux, M.Dolez.


Interventions de Gérard Filoche, Jacques Généreux et Marc Dolez au Conseil national du Parti Socialiste du 4 juin 2005.


Ci-dessous l’intervention que j’avais préparée et que j’aurais faite à ce Cn... si on m’avait donné la parole.
Gérard Filoche


Samedi 4 Juin 2005


Chers camarades,

Le "non" a gagné massivement à gauche, de façon unitaire, enthousiaste, convaincante, sur le fond ! Le non de gauche était majoritaire à 75 % selon toutes les études, dans le salariat, c’était un "non" de classe, celui de notre camp. Vous venez encore d’essayer, cher François, chère Martine, chère Elisabeth, d’en diminuer la portée en agitant l’extrême droite et la xénophobie "contre le plombier polonais" . Mais avez-vous remarqué que le "non" était donné à 54 % avant que Le Pen ne commence sa campagne, que sa campagne a été minable, deux repas de 150 personnes, et que son "plus grand meeting" du "non" annoncé, le 1er mai devant Jeanne d’Arc s’est révélé ne regrouper que 2000 vieilles badernes épuisées. Ses premières paroles ont été : "Mon "non" ne sera ni social, ni économique, mais national" , tout était dit, le débat dans tout le pays a concerné un "non social" ...

Même le vicomte vendéen semblait découvrir le syndicalisme quand il parlait, tellement le thème était dominant ! C’est la première fois depuis plus de 20 ans qu’en fait, nous avons regagné du terrain sur l’électorat d’extrême-droite, et c’est la détermination du "non" de gauche, pro européen qui l’a permis !

Nous aimons l’ouvrier du bâtiment letton, le chauffeur bulgare, le sidérurgiste tchèque, l’électricien portugais, le peintre et le plombier polonais, nous les aimons tellement que nous voulons qu’ils gagnent autant que nous sans que nos salaires baissent ! Pour lutter contre les délocalisations et leurs compléments, les directives Bolkestein, il faut un Smic unique européen. La construction d’un tel Smic par voie de négociation et de législation est dissuasive pour ceux qui veulent emmener leurs machines d’ici à là -bas : à quoi bon, puisqu’un Smic est planifié ? Et pour ceux qui veulent exiler la main d’oeuvre de là -bas vers ici : à quoi bon si un même Smic est prévu ? Mais pour mettre en place un Smic, il fallait repousser l’article III-210 de la Constitution qui "excluait toute harmonisation sociale et fiscale" .

Il y avait une telle interpénétration entre le projet de texte constitutionnel, la politique de Chirac, la directive Bolkestein, qu’au cours même de la campagne, le 16 avril dernier, le Parlement français a voté un "Bolkestein sur mer" , le RIF, registre international français, qui introduit un ségrégation salariale sur les bateaux français entre les marins payés selon leurs pays d’origine ! Bolkestein sur fer est également en marche puisque le projet de Jacques Barrot-stein prévoit des trains privés dans les régions, le premier de ces trains privés ayant circulé cette semaine en Moselle. Le conducteur est formé en un mois et demi, contre neuf mois pour un conducteur Sncf, et il payé un tiers en moins, demain il pourra être bulgare, en effet, grâce au fait que toute entrave à la liberté d’établissement est interdite par les textes européens.

Nous devrions alors que le "non" a gagné en Hollande, qu’il progresse au Danemark, en Pologne, au Portugal, demander que la Constitution devienne l’oeuvre d’une Assemblée constituante européenne élue dans ce but. Nous devrions le demander publiquement et au sein du Pse. Nous devrions ré actualiser notamment les "sept exigences" [1] qui avaient fait l’unanimité entre nous et constitué la base de notre campagne électorale du 13 juin 2004 et amené 30 % des voix à notre parti.

Nous ne devrions pas parler de "projet 2007" mais de projet alternatif car les choses peuvent aller plus vite que prévu. Il n’est pas dit, au vu du gouvernement Galouzeau de Villepin et des frères Sarkozy, que le quinquennat ne soit pas abrégé, la colère sociale aidant. Leur projet de destruction du Code du travail, prétendument au nom de l’emploi, les conduira dans le mur. La logique voudrait des élections anticipées, et donc que nous nous y préparions vite, dans notre parti, comme dans la gauche : il faut prendre tous les contacts unitaires à gauche, sans exclusive, avec ceux qui veulent discuter d’un programme commun de gouvernement alternatif à la politique libérale.
Unité doit être le maître mot : unité de la gauche, unité des socialistes, et j’ajouterais, ici, au passage, unité des socialistes de gauche...

Dans cette salle houleuse du Conseil national, deux légitimités semblent s’affronter aujourd’hui, dans le Parti socialiste :
la légitimité n°1, en "interne" , celle du vote des adhérents, le 1er décembre, 98 000 votants,
... et la légitimité n°2, celle des électeurs socialistes, en "externe" , environ 59 % pour le "non" , selon tous les sondeurs sur 5 à 6 millions d’électeurs concernés.

Selon la légende de ce vote, 58 % des 98 000 adhérents auraient voté pour le "oui" et 42 % pour le "non" , en "interne" .
En fait, le résultat démontre que la légitimité n°1 était rendue contestable par la légitimité n°2.

Car, il y avait, sur 98 000 votants, un écart de 16 000 votants environ, il suffisait donc de 8 500 voix pour faire la bascule.
Ces 8500 voix étaient concentrées dans trois ou quatre grandes fédérations, qui faisaient presque une voix sur cinq.

Ce qui est révélé par le vote du 29 mai, dans les départements de ces fédérations, c’est qu’alors qu’elles avaient voté à plus de 60 % des voix en "interne" pour le "oui" , leurs électeurs socialistes, eux avaient voté à plus de 60 % pour le "non" .

N’importe qui examinant ces votes, bureau par bureau, section par section, ne peut que s’interroger, d’Arras à Marseille.

- Soit le vote était insincère.

- Soit ces sections et fédérations connaissent une "coupure" entre le vote des adhérents et celui de leurs électeurs, plus importante que dans le reste du parti, et alors comment l’expliquer ? : est-ce que, plus il y a de socialistes encartés, moins il y a d’électeurs qui les écoutent ?

Quelle est la vérité ? Les deux.

La réalité du vote du 1er décembre est mis en cause par la vérité du vote du 29 mai et c’est donc cette légitimité-là , la n°2, qui s’impose.

Alors ce soudain empressement, aujourd’hui, du rappel à la discipline, de la "clarification" , non seulement n’est absolument pas fondé par "la démocratie militante" comme certains d’entre vous ne cessent de le crier ici, mais il est très contestable !

La direction du parti avec 58 % des voix en interne a disposé, sans conteste de 100 % des moyens pour mener campagne en faveur du "oui" , 100 % de la presse, 100 % des affiches, 100 % des tracts, des meetings, 100 % et plus des médias... Avec tous ces moyens obtenus par le vote interne du 1er décembre, elle n’a gagné que 41 % des voix de nos électeurs. C’est sans doute qu’il y avait un problème dans le vote du 1er décembre, et au vu de ce "gap" avec notre électorat et s’il y a une leçon à tirer aujourd’hui, c’est celle-là  !

Ensuite, la démocratie, dans un parti, c’est que la majorité dispose des moyens d’actions, ce n’est pas que les minoritaires se taisent ! Nous n’en sommes plus aux vieux temps du centralisme démocratique !

C’est d’ailleurs ce que nous croyions, exemples à l’appui, être la pratique de notre parti ! Car lorsqu’en 2003, après que le Congrès de Dijon, à l’unanimité, eut voté une motion prévoyant l’abrogation de la loi Fillon contre les retraites, Michel Rocard exprima son soutien à ladite loi Fillon, dans le dos du mouvement social, il ne fut ni rappelé à l’ordre, ni sanctionné, mais promu tête de liste aux élections européennes de 2004 dans le grand sud-est. Lorsque Bernard Kouchner, prit position pour la guerre de Bush en Irak, il ne fut ni sanctionné, ni évincé puisqu’il était l’un des porte-parole du "oui socialiste" dans la récente campagne... Il y a donc, soudain, dans cette salle, aujourd’hui, contre ceux qui ont défendu le "non" , des indignations opportunes à géométrie variable.

François Hollande tente d’imposer la légitimité n°1 contre la légitimité n°2. C’est un très mauvais choix. C’est l’inverse qu’il faudrait faire. On ne peut "dissoudre le peuple" , il vaut mieux, au contraire, que le parti écoute le peuple de gauche.

Gérard Filoche, membre du Bn du Parti Socialiste, Nouveau Parti Socialiste, Inspecteur du Travail.
www.democratie-socialisme.org


Quand le PS a rendez-vous avec l’histoire ... il évince L. Fabius !


Samedi 4 Juin 2005


Après le désaveu massif de sa ligne par le peuple de gauche en général et les électeurs socialistes en particulier, tout le monde espère que le PS réagira par une refondation profonde de sa ligne et de son discours, que le PS manifestera ainsi qu’il a entendu le cri de joie populaire accompagnant la victoire du "non" et l’espérance ravivée d’une autre politique. Or la première décision, et donc le premier message adressé aux Français par la direction du PS a consisté aujourd’hui dans l’éviction de Laurent Fabius, c’est-à -dire du seul partisan du "non" qu’elle comptait en son sein. Quelle tragi-comédie ! Le PS a rendez-vous avec l’histoire... et il le rate. Il suffisait de quelques mots pour être au rendez-vous. Reconnaître la grandeur d’un peuple mobilisé pour débattre sérieusement de la Constitution, reconnaître dans le "non" ce qu’il est, une victoire de la gauche pro-européenne, et rejoindre son camp, celui des classes populaires, des salariés, des chômeurs. En lieu et place de ce qui eut été une réaction salutaire et fait de la victoire du "non" finalement aussi un nouveau départ pour le PS, nous avons assisté à un mesquine opération de police intérieure. Le PS a rendez-vous avec l’Histoire... alors il évince Laurent Fabius !

Comme vous le savez sans doute, j’appartiens à la direction nationale du courant Nouveau monde (H. Emmanuelli / J.-L.Mélenchon) et je combats publiquement le projet de traité constitutionnel depuis octobre 2003 (date de ma première tribune sur le sujet dans Libération). Je me situe donc dans ce que les médias ont coutume d’appeler la "gauche du parti". Je n’ai donc jamais été dans le courant de Laurent Fabius et je fais même partie de ceux qui ont critiqué quelques-uns des choix faits par ce dernier au pouvoir. Je ne suis donc pas là en service commandé pour mon camarade Laurent.
Seulement en service commandé pour rappeler mon parti à l’intelligence, comme l’ont fait aujourd’hui l’ensemble des minorités.

En effet, aujourd’hui, au Conseil national du PS, la gauche du parti a dénoncé fermement l’attitude d’une direction qui tire comme seule leçon immédiate du "non" de gauche et du "non" des électeurs socialistes l’impérieuse nécessité d’exclure le seul de ses membres qui se trouvait en phase avec le peuple de gauche !

Oh je sais, les médias partisans du "oui" ont beaucoup dénigré l’engagement de Laurent Fabius. A titre personnel, j’ai été à de nombreuses reprises questionné à la télévision ou à la radio sur le positionnement de Laurent Fabius que les médias ont l’habitude de présenter comme un "choix purement stratégique" et voici quelle est en substance et avec la plus grande constance ma réponse :

" Si vous appelez "comportement stratégique" le fait que L. Fabius choisisse une ligne qui est en phase avec l’aspiration du peuple de gauche et qui est la seule capable de réunir toute la gauche pour construire une alternative, eh bien voyez-vous, c’est une bonne stratégie et c’est aussi la mienne ! A dire vrai, l’incroyable est que ce ne soit pas la stratégie de toute la direction du PS.

" Certes L. Fabius a pris officiellement position contre le traité un an après nous. Mais le fait d’avoir été les premiers ne nous rend nullement chagrins de voir d’autres grands dirigeants socialistes faire le même choix que nous. Il était bien plus difficile et plus courageux d’assumer cette position pour L. Fabius, membre de la direction du PS, que pour nous qui sommes dans la minorité. Et on ne voit pas pourquoi le plus long délai pris pour mûrir une décision déprécierait celle-ci. N’est-ce pas au contraire une garantie supplémentaire qu’elle est ferme et définitive ? On a hélas vu d’autres responsables socialistes hurler contre cette Constitution dès ses premiers jours et s’aligner ensuite sur la ligne officielle pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le contenu de ladite Constitution.

" Et l’essentiel n’est pas le jour et l’heure auxquels quelqu’un décide qu’il se rendra à la bataille. L’essentiel est qu’il soit là au jour et à l’heure de la bataille. L. Fabius était au rendez-vous de la bataille dans le référendum interne au PS. Il était à nouveau là pour convaincre des Français de dire "non" dans le référendum populaire. Chacun a pris sa part dans la victoire du "non". Nous sommes convaincus que notre long et constant engagement public contre ce traité, en tant que socialistes, est pour beaucoup dans le fait que nos électeurs aient majoritairement voté "non". Mais nous sommes également convaincus que l’intervention de L. Fabius a aussi convaincu d’autres de nos électeurs qui, peut-être, ne nous auraient pas suivis. Elle a contribué à augmenter la crédibilité d’un "non" de gauche et pro-européen. Elle a (modérément certes) tempéré l’acharnement de certains médias à nous présenter comme des ringards anti-européens."

Aujourd’hui, 4 juin 2005, en prenant pour seule vraie décision (outre celle du lancement d’un Congrès anticipé) l’éviction de Laurent Fabius, la direction du PS a fait ce qu’elle reproche régulièrement au gouvernement français : se comporter comme si les Français ne rejetaient pas clairement sa ligne politique. Désormais, le PS n’est plus dirigé que par des partisans du "oui" attristés par une défaite qui a fait sauter de joie tout le peuple de gauche et que 59% d’électeurs socialistes considèrent comme une grande victoire pour l’Europe, pour la démocratie et pour le socialisme.

La seule explication plausible à un tel grand écart est là aussi "un comportement purement sratégique". Il s’agit de contrôler l’appareil du parti en espérant retrouver au Congrès la même majorité d’adhérents qui à 58% ont dit "oui" au référendum interne. Car, qui tient le parti, maitrise les investitures aux prochaines élections... Et, même si les électeurs de gauche ne sont pas satisfaits d’avoir à voter en 2007 pour des socialistes partisans du "oui", ils n’auront pas le choix espèrent certains : les Français seront tellement excédés par la politique de la droite et tellement désireux d’une alternance qu’ils voteront de toute façon pour n’importe quel candidat de gauche.

Stratégie suicidaire en vérité. Les électeurs de gauche ne veulent pas une alternance, mais une véritable alternative politique. Ils ne voteront pas pour un PS autiste qui rendrait la terre entière responsable de ses échecs et n’avouerait aucune erreur, qui ne ferait pas leur juste place à tous ceux qui sont constamment en phase avec les aspirations du peuple de gauche. Partout où ces électeurs ont voté à plus de 60 % pour le "non", ils ne voteront pas en 2007 pour un candidat partisan du "oui".

Cette évidence devrait, espérons-le, ramener beaucoup d’élus et de candidats à la raison : si le PS de 2007 est le même que celui du 29 mai 2005, les candidats socialistes iront à l’abattoir. Alors n’est-il pas plus raisonnable de convaincre nos électeurs que leur "non" n’a pas seulement gagné le référendum, mais aussi gagné dans notre parti ? Vous voyez bien que la stratégie électorale cela a parfois du bon. A la seule condition de ne pas choisir la mauvaise.

Jacques Généreux,
Membre du Conseil national du Parti socialiste, "Nouveau Monde", Professeur à Sciences Po.
Auteur de Manuel critique du parfait Européen. Les bonnes raisons de dire "non" à la Constitution (Seuil, mars 2005) et de Sens et conséquences du "non" français (Seuil, juin 2005)
http://genereux.fr


Communiqué de Force militante


Samedi 4 Juin 2005


Cher(e) camarade,

Le Conseil National qui s’est déroulé à Paris ce samedi 4 juin n’a pas été, comme nous pouvions le craindre, à la hauteur de la situation politique et des responsabilités qui sont aujourd’hui les nôtres. Une fois de plus, notre Parti s’est montré incapable de tirer les leçons du verdict populaire, et s’est enfermé dans une stratégie suicidaire de repli sur soi et de crispation d’appareil.

A peine 7 jours après la victoire massive du NON, la direction nationale du P.S. vient de rejeter tout rassemblement en excluant les derniers partisans du NON encore représentés en son sein. Alors même que les Socialistes reprochent aujourd’hui à Jacques Chirac d’avoir recomposé son Gouvernement au mépris du vote populaire, la direction nationale du P.S. reproduit un comportement similaire en se refermant autour d’un dernier carré de responsables désavoués une semaine plus tôt dans les urnes. François Hollande a par ailleurs annoncé l’organisation d’un Congrès qui devrait se conclure le 18 novembre prochain.

Plus que jamais, les modalités de ce Congrès sont aujourd’hui pour nous un combat essentiel. Sans ouverture ni refondation, notre Parti risque fort de s’enferrer dans une ligne social-libérale dont nous prévoyons les dégâts, tant sur le plan politique (absence d’une véritable alternative politique à Gauche) que sur le plan électoral (montée des populismes et du fascisme).

Il est donc urgent, ensemble, d’appeler au grand congrès d’ouverture et de refondation que les Socialistes se doivent d’organiser pour être à la hauteur de la situation. Rassemblons les Socialistes qui sont dans notre Parti, comme tous ceux qui aujourd’hui sont encore à l’extérieur. C’est notre seul espoir de faire du Parti Socialiste un Parti fidèle à son Histoire, en cohérence avec son électorat, un Parti capable de rassembler en faisant du combat antilibéral le ciment de l’Unité à Gauche !

Marc DOLEZ Député socialiste du Nord. A démissionné du Secrétariat National du PS en juin 2002 pour protester contre la recomposition de la direction nationale opérée à la hâte, deux mois après le 21 avril, afin d’y intégrer les ministres du Gouvernement Jospin.
www.forces-militantes.org


Ecouter le peuple de gauche !


Texte distribué par le "trio" du non socialiste lors du CN :


L’immense leçon du 29 mai, c’est qu’il s’agit d’un vote de classe, un vote du salariat contre le libéralisme. Des millions d’employés, d’ouvriers, d’agriculteurs, de fonctionnaires, en activité, en formation, en retraite ou au chômage, ont, dans un même mouvement dit "non" à la politique libérale en Europe comme à la politique libérale de Chirac. C’est un "non" pro-européen et social. La gauche a tellement dominé le "non", imposé son contenu, que pour la première fois depuis longtemps, nous avons reconquis de haute lutte du terrain contre le lepenisme et le villierisme. La campagne du "non" de gauche a été unitaire, populaire, massive, enthousiaste, débordante, et elle a, de loin, décidé de l’issue du scrutin, tiré à elle l’essentiel des « non ». Il y a eu surtout un fort "non socialiste" au coeur du "non" de gauche" : 59 % de l’électorat socialiste a ainsi contredit le résultat du référendum interne au parti socialiste.

On a même de quoi s’étonner sérieusement quand on considère les grosses fédérations du PS où le "oui" avait rassemblé 60 % des voix en interne, et qui ont eu, le 29 mai, plus de 60 % de "non" dans leur électorat. Qu’est-ce que cela signifie ? Est-ce que le vote interne était insincère ? Ou est-ce le fossé entre ces fédérations puissantes et la masse de leur électorat qui est plus considérable qu’ailleurs ? Le décalage entre la majorité du PS et ses électeurs est général : bien qu’elle disposait de 100 % des moyens du parti, de son autorité, des affiches, des meetings, du soutien des médias, elle n’a convaincu que 41 % des électeurs socialistes. Ces derniers ont largement préféré le "non" socialiste défendu par une minorité dépourvue de moyens et de tout soutien médiatique. La victoire générale du "non", dans 84 départements sur 100, avec 55 % des voix et une forte participation de 70 % indique que ce traité constitutionnel posait un vrai problème de fond aux Français. La sociographie précise du vote montre que c’est la droite et les cadres supérieurs qui ont porté le "oui", tandis que c’est la gauche et les classes populaires qui ont fait la victoire du "non". C’est là l’évidence que le parti socialiste doit désormais prendre en compte par-delà sa divergence interne sur le référendum.

Il est grand temps d’écouter le peuple de gauche. Car ce n’est pas la première fois qu’il indique la bonne direction ! Déjà le 21 avril 2002, notre candidat avait été éliminé au premier tour à la suite d’un déplacement du centre de gravité de la gauche vers la gauche et non pas d’un basculement vers la droite. En 2003, ce mouvement était confirmé avec près de 30 millions de jours de grève, 140 jours de lutte, 11 journées nationales enseignantes, 9 journées interprofessionnelles, 4 journées avec plus de 2,2 millions de manifestants... Chirac n’a pas voulu entendre la rue, il a été battu deux fois dans les urnes en 2004. Et le mouvement social a redémarré les 18-20 janvier, 5 février, 5 et 10 mars 2005 nourrissant le "non". Le peuple de gauche français, majoritairement et avec constance, dans les élections comme dans la rue, indique qu’il veut une vraie politique de gauche antilibérale, et non pas du "social-libéralisme".
La réponse de MM. Chirac, Villepin et Sarkozy est connue d’avance : prétendument pour faire descendre le chômage, ils vont flexibiliser le Code du travail, faciliter les licenciements, l’exclusion des chômeurs, développer des emplois aidés avec des cadeaux supplémentaires aux employeurs. En 100 jours, tout ce qu’ils peuvent réussir, c’est pousser le mouvement social à gronder à nouveau. Il n’est pas certain que le quinquennat de Chirac se prolonge à son terme. La logique voudrait qu’il y ait des élections anticipées. Il y a donc urgence sociale à prendre les initiatives anticipatrices : appeler toutes les forces de gauche qui le veulent, sans exclusives, à débattre immédiatement d’un programme commun d’action pour un gouvernement de gauche alternatif et désigner les candidats sur cette base.

Cela commence par une bataille publique unitaire pour une Assemblée constituante européenne, pour une Europe sociale, autour notamment des 7 exigences formulées à l’unanimité en 2003, 2004 par le Parti socialiste : harmonisation sociale par le haut, Smic unique européen, Europe des 35 h, harmonisation fiscale, défense et extension des services publics, l’initiative des lois au Parlement européen, une Banque centrale européenne sous contrôle démocratique et une politique monétaire favorable à l’emploi, gouvernement économique, assouplissement des procédures de révision de la Constitution, etc.

Cela commence aussi par l’engagement ferme d’abroger les mesures antisociales de la droite, la loi Fillon contre les retraites, la loi Douste-Blazy contre la Sécu, la loi Raffarin-Larcher contre les 35 h, les lois Fillon contre le Code du travail, contre l’école. Et la promesse d’une vraie priorité à la lutte contre le chômage, par la baisse du coût du capital et la meilleure rémunération du travail, par la réduction du temps de travail hebdomadaire et sur toute la vie, par l’emploi public partout où il est nécessaire, par la redistribution au profit des classes populaires, etc.

Un tel programme demande l’unité de la gauche mais aussi l’unité des socialistes. Le débat sur le « oui » ou le « non » a été tranchée le 29 mai par nos électeurs. On doit à présent travailler tous ensemble, dans des conditions qui permettent de réconcilier le parti autour du puissant message de nos électeurs. Le prochain congrès, doit être ouvert et refondateur, et préparé par une commission paritaire rassemblant correctement les sensibilités de notre parti. Il doit viser non pas à régler des comptes sur la question dépassée du référendum, mais à prendre en compte ce qui s’est passé : les leçons du 21 avril 2002 comme du 29 mai 2005 doivent s’imposer à nous, collectivement. Dans cette perspective, nous, qui avons milité, sans moyens, en tentant déjà d’incarner une forme d’unité antilibérale (entre Nouveau monde, Nouveau parti socialiste et Force militante) nous appelons à ce que la gauche du parti réalise aussi son unité.

Marc Dolez, Gérard Filoche, Jacques Généreux, 4 juin 2005.


Le NON n’ est pas un vote de gauche, c’ est un vote de classe ... par Danielle Bleitrach.


François Hollande n’a strictement rien à faire de la Constitution Européenne ... « si Chirac avait mis en jeu son mandat, le PS aurait naturellement appelé à voter NON, comme pour De Gaulle en 69 »... 26 mai 2005.



[1- harmonisation sociale par le haut, clause de non régression, interdiction du "dumping social" par le marché, Smic unique européen, Europe des 35 h, comités d’entreprise européens par la loi, le droit du travail doit devenir constitutif du droit de la concurrence, les lois doivent l’emporter sur le marché

- protection sociale assurée et étendue, retraites, droit à la santé gratuite pour tous, droit au plein et au bon emploi,

- défense et extension des services publics, rejet de l’Agcs et de l’Ami, de la marchandisation des services publics, de l’école et de la santé

- assemblée constituante européenne démocratiquement élue, ratification par les peuples, le pouvoir au Parlement européen, initiative des lois et vote du budget,

- banque centrale soumise au pouvoir politique, chargée d’assurer croissance et emploi de qualité, de lutter contre le chômage, taxation des capitaux pour les fonds structurels élévation du budget permettant d’aligner vers le haut les nouveaux pays entrant et les régions défavorisées

- suppression de la partie 3 et de tout ce qui introduit une politique libérale, ramener la constitution à une règle du jeu démocratique sans anticiper les politiques à suivre

- facilité de révision de la constitution adoptée


COMMENTAIRES  

06/06/2005 21:04 par jacqueline

encore bravo pour votre engagement ; mais le combat au sein du PS n’est-il pas perdu d’avance et ,quand bien même tous ces apparachiks feraient profil bas,leur ralliement à la cause sociale, que vous décrivez si bien, ne serait-il pas suspect pour les électeurs du NON ? Ne se sont -ils pas depuis les années 90 révélés tels qu’ils sont, des sociaux -libéraux qui ont bien préparé le terrain à Raffarin et Cie ? Le temps presse d’ici 2007, si nous voulons éviter un duel Sarkozy- Hollande pour lequel je vous le dis, je ne trancherai pas ; ne serait -il pas souhaitable ,et je crois que les "moutons noirs" du 29 mai y aspirent , de composer un nouveau parti, ou tout du moins une union de la vraie gauche , celle qui défend les valeurs républicaines : solidarité, laïcité,services publics, dignité des travailleurs et non charité version 19° siècle, sauvegarde des acquis gagnés de haute lutte par nos pères et nos grands pères ...De tout coeur avec vous mais , par pitié trouvez nous vite une solution...Nous nous sommes énormément et courageusement battus depuis 2002, mais il serait terrible de devoir assumer encore un quinquennat de cauchemar ultra libéral

07/06/2005 19:46 par Massol

encore un qui crois à la poupée qui tousse. M. Filoche que j’écoute sur Europe 1 tient toujours les mêmes propos des gauchistes.
Allons y, nationalisons et on retourne à l’époque de l’Union soviétique

Hélas un militant PS

16/06/2005 20:59 par Stanislas

Oui, bien sûr. Tandis que les "recettes" du modèle libéral où les nationalisations sont proscrites, ont montré elles, toute leur éclatante efficacité : chômage de masse, emplois précaire et temps partiel subi, démantèlement du droit du travail,saccage de l’environnement et crise climatique, baisse constante du pouvoir d’achat,exclusion, délitement du lien social qui est la conséquence immédiate de la compétition entre salariés, dumping social et j’en passe... telles sont les brillantes réussites dont peuvent se prévaloir les ayatollas du "tout sauf les nationalisations !"
Les gauchistes rabâchent, mais les libéraux au pouvoir répètent et pérénisent leur criminelle potion de la concurence libre et non-faussée.
Mais le plus fort, c’est que les socialistes y croient eux aussi. Triste époque.

Stanislas,
un ex-militant du P.S qui ne regrette vraiment pas d’avoir déchiré sa carte.

08/06/2005 11:54 par morico

10 millions de citoyens pour le non de gauche, 5 millions pour le oui de gauche. Les non de gauche sont pour une Europe démocratique et sociale contre la précarisation . De l’autre les oui de gauche ont été trompés par la majorité des directions PS et Verts elles même soumises aux desiderata des media de la haute finance et du gouvernement. Jospin disait en off : "On ne gouverne pas contre Le monde" -P.Péan, P.Cohen, La face cachée du monde-. Les deux tiers de la gauche qui ont voté non ont indiqué clairement qu’ils ne veulent plus aussi des dirigeants qui se couchent devant J.M.Colombani, S.July et 95 % des éditorialistes qui eux même se couchent devant la haute finance et le pouvoir en place, jusqu’à imposer le diktat de l’ultra libéralisme.
Alors que le oui de gauche a gagné de 15000 voix au PS et de 150 voix chez les Verts, doit-on laisser deux des principaux partis de gauche à la gauche archaique du centralisme démocratique sectaire (éviction des partisans du non socialiste de la direction du PS) et de l’ultra libéralisme qui sent très fort le XIXème siècle et la crise de 1929 , celle qui a mené où l’on sait.
Alors qu’il y a deux fois plus d’électeurs et sans doute cinq à dix fois plus de militants apartidaires pour le non de gauche que pour le oui de gauche, j’ai envie de dire à ces milliers de militants : voulez vous une présidentielle avec un oui de droite et un oui de gauche ou encore pire un non d’extrème droite au deuxième tour et ainsi laisser casser la dynamique anti-libérale et anti-précarisation qui a commencé à se mettre en place ?
Je ne crois pas en effet que les autres partis de gauche vont se substituer au PS dans les deux ans qui viennent alors qu’ils n’ont pas pu le faire depuis 1920 ou 1930.
En sachant que des milliers de socialistes qui avaient voté oui vont faire le choix du bon sens et de la gauche en rejoignant les citoyens et militants du non socialiste, il faudrait aussi pour faire échec aux magouilles internes de la direction ouiste que des milliers de sympathisants du non socialiste sur dix millions de votants rejoignent le principal parti de gauche. La représentation proportionnelle acquise par la gauche du PS d’alors à Epinay en 1971 permet à chaque courant de pensée de s’exprimer librement tout en étant représenté à tous les niveaux en proportion du vote des adhérents.Et compte tenu qu’il faut quatre mois pour voter, il faut adhérer maintenant en JUIN. Pour ceux qui sont prêts à s’engager dans ce Contacter les sites Non socialiste ou Pour une République sociale ou ceux de G.Filoche, J.Généreux, M.Dolez...

08/06/2005 22:25 par Stanislas

Il y a tout de même une question dont on ne peut plus faire l’économie : qu’attendent donc les "rebelles" du parti socialiste pour quitter ce parti moribond dont il n’y plus rien à attendre et rejoindre les collectifs de la gauche alternative qui travaillent en convergence pour l’élaboration d’une nouvelle gauche anti-libérale ? Qu’attendent-ils pour déchirer leur carte au lieu de continuer, par leur présence obstinée dont on ne perçoit plus le sens,de cautionner ce parti qui a résolument tourné le dos au grand projet de transformation sociale et de dépassement du capitalisme ? Ce parti qui promeut Rocard et Kouchner mais qui rêve d’exclure Emmanuelli ou Mélenchon !
Allons Messieurs ! Un peu de courage politique sans quoi vous allez perdre, vous aussi, toute crédibilité.

Un ex-militant du PS

10/06/2005 21:23 par Morico

Les dix millions de citoyens du non de gauche doivent ils se faire punir par la nomenklatura ouiste du PS ou au contraire les militants apartidaires qui sont pour un non socialiste doivent ils prendre leur carte au PS pour ramener celui-ci sur une position de classe. Ils aideront les 45% qui sont pour le non et qui voient leur poids grossir. Debout camarades.Rentrez au PS ce mois ci pour prolonger le combat antilibéral , sinon vous risquez une mauvaise surprise en novembre (congrès PS)et en 2007.

Un militant socialiste du NON "exclu" arbitrairement et agressé physiquement

par les responsables de sa section à Neuilly-Sur-Marne

Neuilly-Sur-Marne, le 8 juin 2005, 13 heures

Mardi 7 juin, Gérard Houri, militant socialiste bien connu de la Ville de Neuilly-Sur-Marne, s’est rendu vers 20h30 à la réunion de la section du Parti Socialiste où il milite depuis près de 10 ans, afin de tirer avec ses camarades les enseignements du vote du 29 mai et de préparer l’avenir de la gauche.

A peine entré dans la salle de réunion, Gérard a été violemment pris à partie verbalement par plusieurs militants visiblement très excités, et, au mépris des statuts du Parti Socialiste, Jacques Mahéas a fait procéder à un vote à main levée pour l’exclure immédiatement du PS au motif qu’il avait activement participé à la campagne pour le NON de gauche à la Constitution européenne.

A peine la sentence prononcée, quatre individus, dont le secrétaire de section en personne, se sont dressés autour de Gérard, l’ont empoigné brutalement, l’entraînant de force vers la sortie, où il a été violenté et jeté sur le trottoir, puis ils ont verrouillé la porte de l’intérieur.

Plusieurs dizaines de militants socialistes médusés ont assisté à cette scène.

Choqué et blessé, paralysé du côté gauche, Gérard a été emmené par des amis à l’hôpital où les médecins ont pu constater des contusions graves, entraînant une Interruption Temporaire de Travail de 7 jours.

Une plainte a été déposée au commissariat de Neuilly-Sur-Marne.

Gérard Houri a 50 ans, professionnel d’une importante association d’insertion il est aussi responsable local du Club Pour la République Sociale (fondée au niveau national par Jean-Luc Mélenchon). Il a en effet été l’un des principaux animateurs du collectif local pour le NON de gauche à la Constitution européenne.

Visiblement, les responsables de la section socialiste de Neuilly-Sur-Marne, et les gros bras à leurs ordres, ont tiré à leur manière les conclusions des décisions prises par François Hollande, premier secrétaire du PS, lors du Conseil National de ce week-end, choisissant de sanctionner tous ceux qui ont pris position pour le NON lors du référendum.

C’est devant la justice que ces personnages pourraient répondre de leurs actes inqualifiables.

Contact presse :

Gérard Houri, Membre du Conseil Fédéral du PS 93 - 0613336117

Nicolas Voisin, Maire-Adjoint à Montreuil, Membre du Conseil Fédéral du PS 93 - 0624398774

14/06/2005 12:57 par Hervé Filliol

Thibaud de La Hosseraye développe également des analyses allant dans le même sens, dans la droite suite de ses "Inédits pour le Non".

Je retiens notamment ce passage :
" Autrement plus grave est le comportement de la direction du parti socialiste qui confirme au-delà de mes craintes l’explication que j’avais risquée de l’ardeur de son engagement pour le Oui : une stratégie purement politicienne de conquête du pouvoir sur le court et long terme que je me suis déjà efforcé de clarifier dans l’exposé de mes arguments pour le Non (17, 18 et 19) et sur lesquels on voudra bien me dispenser de revenir, tant les effluves en sont nauséabondes.
En réalité, la confirmation de mon analyse, en tout cas sur le caractère exclusivement et médiocrement politicien du Oui de la direction du parti socialiste, m’avait été apportée, dès avant le 29 mai, par François Hollande en personne, le même qui n’a cessé de nous répéter qu’il ne fallait pas nous tromper d’enjeu, qu’il ne fallait pas sacrifier l’idéal européen à des visées de pure politique nationale, que ce serait une flétrissure indélébile à l’égard de nos enfants et petits-enfants que d’avoir laissé se perdre cette chance historique de donner une constitution à l’Europe, oui, le même François Hollande, le 26 mai, sur France Culture, à midi, déclarant… - mais ici, je préfère passer le relais de la narration et du commentaire à un résistant de la première heure (moi qui ne suis qu’un ouvrier de la dernière), l’héroïque Etienne Chouard qui, le surlendemain, notait dans son journal de bord :
« François Hollande, sur France Culture, le 26 mai à midi : « Si Chirac avait mis en jeu son mandat, le PS aurait naturellement appelé à voter Non, comme pour de Gaulle en 69 »…
Et quand le journaliste, médusé, demande de reformuler, le patron du PS en remet une couche.
On mesure là , dans toute son indécence, la position politicienne du PS, intéressé exclusivement par le pouvoir, très loin du texte pour lequel on peut finalement aussi bien appeler à voter Oui que Non en fonction de considérations tactiques.
C’est simplement consternant. On est au degré zéro du respect des citoyens : le texte suprême ( dont je rappelle qu’il consacre à la fois des institutions non démocratiques, la privation du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes sur le plan économique et l’instrumentalisation du chômage par une politique forcée de lutte contre l’inflation ), on s’en fout : ce texte, aujourd’hui ardemment défendu par le PS comme une urgente nécessité, ce texte aurait pu aussi bien être rejeté par le PS si le pouvoir s’était offert rapidement à ce prix.
Pour le PS on peut donc aussi bien dire Oui ou Non : ce qui compte, c’est faire tomber l’adversaire politique du moment et reprendre le pouvoir. Moi, ça me laisse pantois. »
Je n’aurais su mieux dire, si j’avais pu préserver, à l’égard du PS, la capacité d’innocence et donc de surprise et d’indignation qui honore l’auteur de ces lignes.

Mais que penser, alors, de l’attitude qui fut celle du « Bureau directeur » de ce parti envers Laurent Fabius, dès le soir des résultats du référendum ? Totalement imperméables à l’expression de la volonté du peuple, n’ayant rien de plus pressé que d’en détourner sciemment la signification pour la réduire à une simple manifestation de mécontentement populaire purement conjoncturel, se gardant bien, pour autant, d’exiger, en conséquence, la démission du chef de l’Etat, les ténors « socialistes » n’avaient déjà plus en tête que leur obsession de se positionner en vue de la course aux présidentielles de 2007, en commençant par en éliminer leur candidat, cette fois, en effet, le plus « naturel », c’est-à -dire par l’exclure de la direction du parti.
Et à quel titre ? C’est ici que la tartufferie atteint vraiment à son comble : Laurent Fabius aurait manqué aux règles élémentaires de la démocratie qui gouvernent le parti socialiste !
Il faut donc savoir que, comme aux plus beaux jours du stalinisme, la démocratie, dans le parti, c’est que lorsqu’une majorité de ses adhérents s’est dégagée sur une position, non seulement, comme il se doit, la minorité ne dispose plus du pouvoir ni des moyens matériels de campagne qui sont alloués au parti, mais elle est en outre, et avant tout, condamnée à se taire ! Au fond, à disparaître.
Voilà ce que nous enseigne de la « démocratie » François L’autre-pays-du-Non, Tartuffe en chef de Jack, Dominique et Martine Tartuffe dont le vertueux rigorisme ne se réveille qu’une fois connue l’issue du scrutin, une fois longuement consommée l’impardonnable transgression jusqu’alors si patiemment tolérée (ma minute récréative de politique-fiction : mettons que le Oui l’ait emporté, qui croit que Fabius aurait été exclu de la direction du PS ?), une fois seulement avéré que le fautif n’était en fait minoritaire que parmi les seuls encartés de son parti, et majoritaire aussi bien dans l’ensemble du pays que parmi les électeurs de ce même parti, donc dangereux pour la pitoyable coalition de présidentiables, premier-ministrables ou ministrables en herbe qui, bien plutôt que l’ombre d’aucune démocratie, dirige réellement cette pitoyable entreprise de démolition de la démocratie en France et dans l’Europe entière."

L’adresse où l’on peut trouver l’ensemble de son texte très intéressant est :

http://www.ineditspourlenon.com/

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